Le procès de 13 membres d’un groupuscule d’identitaires s’ouvre demain. Ils sont soupçonnés d’avoir déployé la banderole injurieuse contre la participation d’Aya Nakamura aux JO…
Retrouvez « Charline explose les faits » sur France Inter et sur : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/le-billet-de-charline-vanhoenacker
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00:00Charline, le procès de 13 membres d'un groupuscule d'identitaires s'ouvre demain.
00:05Ils sont soupçonnés d'avoir déployé la banderole injurieuse contre la participation d'Aya Nakamura au JO.
00:13Tout le monde se souvient de cette polémique.
00:15Une banderole avait été déployée avec ce message
00:18« Il n'y a pas moyen Aya, ici c'est Paris, ce n'est pas le marché de Bamako ».
00:22Et Aya Nakamura avait splendidement répondu en chantant avec la garde républicaine à l'ouverture des JO.
00:27L'enquête sur la fabrication de cette banderole est savoureuse.
00:30Mediapart et Streetpress expliquent que le slogan validé au départ c'est
00:35« Il n'y a pas moyen Aya, ici c'est Paris, pas Kinshasa ».
00:39Sauf que l'hé d'origine malienne, pas congolaise.
00:41La tuile, parce qu'Aya ça ne rime pas avec Bamako.
00:44Que faire ?
00:45Et là démarre un échange entre trois identitaires,
00:48un dialogue que je vous livre brut parce qu'il est authentique et que je respecte les auteurs.
00:52Non mais on peut laisser, ça va, elle est noire quoi.
00:54Ouais, Kinshasa c'est Congo, mais bon c'est l'Afrique quoi.
00:57Après on est raciste, donc on s'en fout.
01:00PTDR j'avoue.
01:01Ça vous donne un aperçu du niveau au Vichy Comédie Club.
01:05Mais il faut aimer l'humour d'extrême droite.
01:06À partir de demain, ils devront expliquer ses propos devant la justice.
01:09Quant à moi, je m'intéresse au côté poétique de la chose.
01:13On a beau avoir affaire à une banderole haineuse, on sent l'amour de la rime.
01:17Su t'étais Damso qui chantait aux JO.
01:19Bon, Damso ça rime avec Bamako.
01:21Pas de bol, il est né à Kinshasa.
01:22Est-ce que ça vaut la peine qu'on leur dise qu'il y a deux Congos ?
01:25Parce qu'avec le Congo Brazzaville, le seul chanteur qu'on peut insulter pour la rime, c'est Philippe Laville.
01:30Mais il est blanc.
01:31Ouais mais il tape sur des bambous, allez ça dégage et tant pis si il est numéro 1.
01:35Vous imaginez le contenu des réunions identitaires.
01:37À votre avis, qu'est-ce qui sonne le mieux ?
01:39Les étrangers piquent nos métiers ou les négros volent notre boulot ?
01:42Pfff, négros ça craint.
01:43Oh, je trouve pas.
01:44Ah si, c'est réducteur.
01:46Les étrangers, ça permet d'élargir à tous les immigrés.
01:48Mon imagination est en dessous de la réalité.
01:51D'après l'Office de lutte contre les crimes de haine, pour définir la musique d'Ayana Kamoura,
01:55l'un des identitaires déclare
01:57« C'est le genre musical reconnu par France Inter de pop nègre. »
02:02La pop nègre !
02:04Attendez, à ne pas confondre avec l'électro couscous, parce que ça c'est surmouve.
02:07Vous voyez qu'il n'y a pas que le traitement de l'actu pour lequel il nous déteste,
02:11il y a aussi la programmation musicale.
02:13À deux doigts d'inventer l'islamo-playlist.
02:15Par ailleurs, ces militants avaient déroulé une banderole place Louis Aragon à Paris.
02:19Bon, Aragon, résistant communiste, opposé aux idées racistes.
02:22Donc, en plus d'être nuls en géographie et en musique, ils sont nuls en histoire.
02:26Il n'y a pas qu'au tribunal qu'il faut les renvoyer, en CM1 aussi.
02:29Pour ne pas se faire repérer, ils se retrouvent dans des bars en sous-sol et utilisent des pseudonymes.
02:34Alors là, pas de bol, parce qu'ils se sont fait gauler quand même.
02:36D'ailleurs, la banderole a même été retrouvée chez l'un d'eux, fabriquée avec un drap.
02:40L'enquête ne dit pas s'il avait complété sa parure de lit avec une housse de couette « Ici, c'est mon lit, c'est pas la Tunisie ».
02:46Et en garde à vue, lorsqu'on leur demande qui ils auraient préféré pour représenter la France, ils répondent Céline Dion.
02:52Ils sont tellement en retard sur leur temps qu'ils pensent que le Québec appartient encore à la France.
02:56Au passage, Ayanna Kamoura, elle, est française.
02:58Et enfin, parmi les auteurs de la banderole, on trouve une assistante parlementaire de trois députés RN au moment des faits.
03:05Voyez bien que ça leur arrive de travailler aux assistants parlementaires RN.
03:09Et grâce à cette histoire, on sait enfin à quoi ils sont payés.