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  • 02/06/2025
[#Reportage] Gabon : Entente directe, le poison institutionnel de la dépense publique

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00:00Au Gabon, 93,25% des marchés publics passaient en entente directe sur l'exercice budgétaire 2025.
00:07Ce chiffre révélé lors du Conseil des ministres du 30 mai dernier n'est pas qu'une donnée comptable,
00:11c'est le symptôme d'un système à bout de souffle miné par la dérogation érigée en normes et la légalité vidée de sa substance.
00:18Derrière ces chiffres, c'est toute la commande publique qui s'effondre sous le poids de l'opacité,
00:23des arrangements clientélistes et d'un laisser-aller qui compromet gravement le développement économique du pays.
00:28Dans un contexte où chaque front public doit être rigoureusement investi pour reconstruire les bases d'une économie durable,
00:35le recours quasi généralisé à l'entente directe, mécanisme dérogatoire prévu à titre exceptionnel,
00:40traduit une faillite administrative à plusieurs étapes.
00:43D'une part, l'administration centrale est gangrenée par une culture de facilité,
00:47où l'absence d'appels d'offres devient un raccourci institutionnel.
00:51D'autre part, les organes de contrôle semblent impuissants ou complaisants,
00:55incapables de freiner une pratique devenue structurelle.
00:57Ce mode de passation, censé représenter au maximum 15% des marchés,
01:01selon l'article 71 du Code des marchés publics,
01:04a donc littéralement explosé sous le regard de ceux qui, pourtant, ont prêté fermement de servir l'État.
01:10Dans cette situation de dérive chronique, le président de la République, Brice Plottero-Légui Nguema,
01:14a eu le courage politique de dénoncer cette pratique.
01:17Il en a fait un point d'honneur lors du Conseil des ministres,
01:20en rappelant que l'État gabonais ne saurait tolérer plus longtemps
01:23un contournement aussi massif des règles de bonne gouvernance.
01:26De même, le ministre d'État en charge de l'économie, Henri-Claude Oïma,
01:30incarne une nouvelle exigence de rigueur administrative et de transparence
01:34dans la gestion des finances publiques.
01:36Il revient désormais à ce tandem exécutif porteur de la transition
01:39de transformer la dénonciation en action.
01:42Pour y parvenir, des mesures fortes doivent être prises.
01:44L'audit complet des marchés publics de ces cinq dernières années
01:47apparaît comme une nécessité démocratique.
01:49La publication de la liste des marchés attribuée par entente directe
01:52ainsi que l'identité des bénéficiaires effectifs,
01:55comme l'exige l'arrêté numéro 032-22-MER-1-BCP du 17 juin 2022,
02:03permettra de rétablir la confiance.
02:05À cela s'ajoute l'obligation de redonner à la procédure d'appel d'offre
02:08sa place de norme absolue.
02:10Une norme à laquelle nul ministère, aucune direction générale
02:13ne devrait pouvoir déroger sans justification circonstanciée
02:17et publication obligatoire.
02:20La prédation sur les marchés publics est l'un des concerts de l'économie gabonaise.
02:24Elle détourne les ressources de l'État au profit d'une minorité,
02:26crée des distorsions de concurrence, tue les PME,
02:29décourage les investisseurs et produit une administration captive
02:32de ses propres vices.
02:34Il ne peut y avoir de transformation économique sans transformation des pratiques.
02:38Et cette transformation commence par la commande publique
02:40qui représente l'un des premiers vecteurs de redistribution de la richesse
02:43et de stimulation de l'activité économique nationale.
02:47Il ne s'agit pas uniquement de réformer pour réformer,
02:50mais d'installer un nouveau paradigme,
02:52celui d'une commande publique vertueuse, inclusive, transparente et conforme aux droits.
02:57Un État exemplaire dans ses pratiques qui cesse de confondre urgence administrative
03:01avec entorse à la loi.
03:03Un État qui offre aux entreprises locales, notamment aux jeunes et aux femmes,
03:07une véritable opportunité d'accéder au marché public sans passe-droit ni copinage.
03:11Cette situation n'est pas née sous la transition.
03:14Elle est le produit de décennies d'une gouvernance opaque
03:16dans l'axisme administratif encouragé par l'impunité
03:20et d'un désintérêt total pour l'impact réel des marchés publics sur la vie des Gabonais.
03:24Mais c'est bien à cette transition, incarnée par Brice Ruteroli-Gengema,
03:28qu'il revient aujourd'hui de rompre avec cet héritage
03:30et cela passe par l'exemplarité des actes,
03:32la fermeté face aux dérives et la redevabilité de tous les ordinateurs publics.
03:3693,25% d'ententes directes, ce n'est pas qu'une anomalie budgétaire,
03:41c'est une menace pour la République,
03:43une insulte à ceux qui croient encore à l'État de droit,
03:46une entrave à l'émergence.
03:48C'est pourquoi cet éditorial est en appel,
03:50non à la dénonciation vaine, mais à l'action résolue.
03:53Il est temps d'assainir le système,
03:55de restaurer la rigueur et d'éteindre définitivement
03:57ce foyer de corruption qui consomme l'avenir.
04:00A l'avenir.

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