Tsunami en Méditerranée : catastrophe imminente ?

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00:008h moins le quart, tsunami en Méditerranée, une catastrophe imminente.

00:05C'est le thème d'une conférence gratuite ce soir à Saint-Estèvres, au Théâtre de l'Étang.

00:09Et Simon Kolbock, le scientifique qui va animer cette conférence, est notre invité.

00:12Bonjour à vous Pierre Serrat.

00:14Bonjour M. Kolbock, bonjour aux auditeurs.

00:16Vous êtes docteur en hydrologie, chercheur au CNRS,

00:19rattaché aussi au laboratoire CEPREM de l'université de Perpignan.

00:23Les tsunamis, vous connaissez bien.

00:25Y a-t-il vraiment un risque chez nous dans le département ?

00:28Alors effectivement, nous devons faire face à un risque qui est plus ou moins avéré.

00:35Ça veut dire quoi plus ou moins ?

00:37Plus ou moins, ça veut dire que, écoutez, on ne sait pas...

00:39Comme je vais vous le dire, les tsunamis dépendent beaucoup des séismes.

00:47Alors on n'est pas autant exposé que dans la partie orientale de la Méditerranée,

00:52l'Arc Hellénique, la Grèce, la Crète, etc.

00:54Mais la partie occidentale est aussi exposée.

00:59Et un des derniers événements qui s'est produit, c'est celui qui a eu lieu en 2003,

01:05suite au séisme de Boumerdes en Algérie.

01:08Et donc on pourra développer cela un peu plus.

01:11Donc pour répondre à votre question, oui, on est exposé à des tsunamis.

01:15Et oui, il y en a déjà eu.

01:17Alors, oui, il y a eu des tsunamis.

01:21Mais il est difficile de répondre à cette question parce qu'un tsunami dépend de...

01:28Et là, on entre dans le domaine de la Sainte-Dinique.

01:30La Sainte-Dinique, c'est l'étude des dangers, en gros, du grec Kindounos, danger.

01:34Et donc, il y a un facteur qui intervient, c'est l'exposition des enjeux.

01:43Donc on a des enjeux, on a un aléa.

01:45Alors le tsunami, c'est un aléa, c'est-à-dire un événement naturel,

01:48qui dépend de plusieurs facteurs.

01:51Alors on a quatre facteurs qui provoquent des tsunamis.

01:55Premier facteur, statistiquement, ce sont les séismes.

01:58À 80%, 83% exactement.

02:01Le deuxième facteur, ce sont les effondrements de falaises,

02:05les éboulements, les écoulements solides dans les canyons de la Méditerranée.

02:12Ça, c'est le deuxième facteur.

02:13Le troisième facteur, moins important, ce sont les...

02:17C'est le volcanisme, ce sont les volcans, donc ils représentent 5%.

02:21Et puis après, c'est infinitésimale, c'est-à-dire les chutes de météorites.

02:27Oui, ça devient très improbable.

02:30C'est dangereux à partir de quelle hauteur, finalement ?

02:32Une vague de quelques centimètres peut faire des dégâts ?

02:36Ou est-ce que vraiment, il faut qu'elle atteigne des hauteurs impressionnantes ?

02:39Écoutez, le dernier tsunami provoqué par le séisme,

02:44la vague était de l'ordre...

02:45Par le séisme de Boumerdes, en 2003,

02:48la vague était de l'ordre de 50 centimètres à 1 mètre, selon les endroits.

02:53Il n'empêche que, par exemple, les premiers qui ont été touchés,

02:56c'est les ports des Baléares,

03:00dont Majorque et Minorque.

03:01Sur Minorque, il y a eu 150 bateaux coulés.

03:06Avec une vague de 50 centimètres, ça ne paraît pas énorme ?

03:08Non, à Minorque, c'était plus important.

03:10Disons qu'elle s'atténue au fur et à mesure de la distance parcourue.

03:13Elle était de quelle hauteur au niveau des Baléares ?

03:15A peu près 1 à 2 mètres.

03:17Et ça suffit pour couler 150 bateaux ?

03:20Il y a une certaine inertie, il y a une force du courant.

03:24Alors, pour les simulations qui ont été faites sur notre département,

03:31la vitesse de la vague est de l'ordre de, on va dire, entre 30 et 50 kilomètres heure.

03:37Ce qui n'est pas négligeable.

03:39Ensuite, pour les hauteurs, dont vous me parliez tout à l'heure,

03:42on peut avoir des hauteurs de 50 centimètres,

03:44mais les simulations qui ont été faites selon les scénarios,

03:47c'est-à-dire s'il y a un effondrement de terrain plus ou moins important,

03:51peuvent être jusqu'à 5 mètres.

03:53Jusqu'à 5 mètres ?

03:545 mètres, oui, je dis bien 5 mètres.

03:56Ça, c'est de l'ordre du possible ?

03:58Tout à fait, tout à fait.

03:59Alors, comme je vous disais tout à l'heure,

04:01il y a une probabilité d'occurrence,

04:03c'est-à-dire qu'il y a des situations qui peuvent être très fréquentes

04:07et d'autres qui sont beaucoup moins fréquentes.

04:09Est-ce que 5 mètres, c'est quand même une maison de deux étages

04:12qui nous arrive dessus quand on est sur la plage avec sa serviette ?

04:14Tout à fait, tout à fait.

04:16Alors, par exemple, les simulations qui ont été faites

04:19par le Bureau de recherche géologique et minière à Montpellier

04:21montrent qu'on peut avoir un effondrement au niveau des canyons

04:27qui est de l'ordre de 200 000 mètres cubes.

04:30Alors, pour comparer par rapport à ce qu'on est de dire,

04:32200 000 mètres cubes, ça fait un immeuble de 30 étages

04:36sur 100 mètres de façade et 60 mètres de profondeur.

04:40Ça fait quand même un bel immeuble, effectivement.

04:44Il est 8h moins 10, vous écoutez, ici, Roussillon, notre invité,

04:46Pierre Serrat, docteur en hydrologie,

04:48qui propose une conférence,

04:49« Tsunami en Méditerranée, une catastrophe imminente »,

04:51c'est ce soir à Saint-Esteve au Théâtre de l'Étan.

04:53Et alors, si jamais il y a cet effondrement dans un canyon en Méditerranée,

04:57s'il y a un séisme, est-ce qu'on va le savoir à temps ?

05:00Comment on fait pour être prévenu ?

05:01Alors, tout dépend du lieu exact, d'une part,

05:06et tout dépend également de l'amplitude du phénomène.

05:09Alors, pour parler du lieu,

05:12et le troisième élément,

05:14c'est tout dépend de combien de personnes,

05:16pour la catastrophe,

05:19tout dépend de combien de personnes se trouvent sur la plage.

05:21Alors, reparlons du lieu.

05:22Si ça se passe dans un des canyons

05:24qui entaillent la bordure du plateau continental Méditerranéen...

05:29C'est pas très loin de nos côtes, ça.

05:31C'est quelques dizaines de kilomètres,

05:32donc ça peut aller extrêmement vite.

05:33Oui, exactement.

05:34C'est quelques minutes.

05:35On a des capteurs là-bas ?

05:37Non, il n'y a pas de capteurs.

05:38Donc, on ne le saura pas.

05:39Ce sera trop tard.

05:39Écoutez, c'est très compliqué à déterminer

05:43parce que d'abord, c'est très proche,

05:46comme vous l'avez dit.

05:47C'est les deux principaux canyons

05:50qui sont à proximité des côtes.

05:52C'est le canyon de la case du Thiers

05:53et le canyon du Cap Créus.

05:57Donc, s'il y a un effondrement de falaises...

06:00En fait, pas de falaises, c'est sous-marin.

06:02S'il y a un effondrement au niveau de ces canyons,

06:05la capacité pour nous de répondre sera extrêmement compliquée

06:10parce que si vous avez des plongeurs

06:12qui sont en train de faire de la pêche sous-marine

06:15au large de...

06:17Je veux dire, pas au large,

06:18même à proximité des côtes,

06:19bon, si c'est un gros immeuble qui s'effondre

06:23et donc ça fera une vague de 3-4 mètres,

06:25ils seront projetés sur...

06:26Bon, eux, il n'y aura rien à faire pour les sauver,

06:28franchement.

06:30Et celui qui fait bronzette,

06:32qui fait le lézard sur la plage,

06:33Argelès, par exemple ?

06:34Oui, alors...

06:35Là, ce sont des dispositifs qui ont été mis en place.

06:38Il y a deux types de dispositifs.

06:41D'une part, la création en 2012 du Sénalp,

06:44c'est le Centre National d'Alerte au Tsunami

06:46qui a été créé par plusieurs ministères

06:49sous l'égide de Roland Courteau

06:51qui était le sénateur de l'Aude

06:53et donc il faut remercier Roland Courteau.

06:54Qui a été un des premiers à tirer la sonnette d'alarme

06:56avec un rapport en 2019, notamment.

06:59Oui, c'est ça, et même avant.

07:00En 2008, 2009, il y a des rapports au Sénat

07:02qui font...

07:04On est assez prêts, très clairement, je vous pose la question.

07:06On est prêts en cas de catastrophe ?

07:09Alors...

07:09On est assez protégés ?

07:11Écoutez, alors...

07:12Vous avez un grand sourire qui ne me rassure pas du tout.

07:15Non, je ne sais pas quoi répondre à cette question

07:18parce que, d'une part, on ne connaît pas le lieu

07:19où va se produire soit l'effondrement,

07:22soit le séisme, etc.

07:23On ne connaît pas l'amplitude.

07:25Et la deuxième chose, c'est les enjeux.

07:28Alors, les enjeux, c'est sociétal.

07:30C'est-à-dire, comme enjeu, nous avons les biens,

07:33les personnes et la population.

07:35Alors, vous imaginez bien que les enjeux sont différents

07:37selon que le séisme, ou en fait l'événement de tsunami

07:42se produit, on va dire, le 5 janvier à 4h du matin.

07:47Il n'y aura personne sur la plage, en principe.

07:48Ou le 15 août à midi.

07:50Ou le 15 août à midi, ou à 14h.

07:52Voilà.

07:53Donc là, il y a des études qui ont été faites.

07:56Par exemple, on a 4 000 personnes sur la côte

08:01avec les personnes permanentes, les habitants.

08:05Et il y en a plus de 500 000 le 15 août,

08:08comme vous l'avez souligné.

08:09Donc là, vous faites peut-être partie, d'ailleurs,

08:11M. Colbock.

08:12Comme tout le monde, on aime bien aussi aller à la plage, effectivement.

08:16Alors, la deuxième chose...

08:17Allez-y rapidement, s'il vous plaît.

08:18Oui, oui, rapidement.

08:20Donc, la deuxième chose, c'est qu'il y a ce centre national d'alerte de tsunami.

08:24Donc, ils vont prévenir assez rapidement.

08:26Il y a un circuit d'alerte montante et descendante

08:29du Sénat jusqu'aux préfectures,

08:31et des préfectures jusqu'aux mairies, etc.

08:33Ça prend un certain temps.

08:35Et avec des téléphones portables, avec cette sonnerie,

08:37il y avait un exercice qui a été fait en janvier 2024,

08:39et un autre qui est prévu le 24 juin.

08:41Comme quoi, finalement, ce risque,

08:42on commence à en prendre conscience un petit peu ?

08:43Tout à fait.

08:44Tout à fait.

08:46Donc, que voulais-je dire ?

08:49Oui, en 2022, a été créé le système d'alerte par téléphone.

08:57Alors, on raccourcit les délais, effectivement,

09:01puisque c'est la préfecture qui va directement alerter les opérateurs téléphoniques,

09:05et les opérateurs téléphoniques vont envoyer sur les téléphones portables de chacun

09:09cette information.

09:12Et on l'a dit, donc, un nouvel exercice prévu le 24 juin.

09:14Pour en savoir plus, il faut venir vous voir ce soir à Saint-Estèvres,

09:17Théâtre de l'État.

09:17C'est une conférence gratuite à partir de 18h30.

09:21Vous y serez, Pierre Serrat,

09:23donc à Saint-Estèvres, au Théâtre de l'État.

09:25On arrive à la fin de ce rendez-vous.

09:26Je sais qu'il y a plein de choses à dire sur les tsunamis,

09:28c'est un sujet passionnant.

09:29Je vous remercie simplement de m'avoir invité, d'une part.

09:32Je remercie surtout les rendez-vous de Saint-Estèvres

09:36qui m'ont invité ce soir,

09:37et en particulier la présidente Marie-Claire Bassoux,

09:39qui m'a fait l'honneur de m'inviter

09:41pour parler de ce phénomène.

09:44Ce soir, au Théâtre de l'État à Saint-Estèvres.

09:46Merci beaucoup, Pierre Serrat.

09:47Je rappelle que vous êtes docteur en hydrologie,

09:49chercheur au CNRS,

09:50aussi à l'Université de Perpignan.

09:52Excellente journée et bonne conférence ce soir.

09:54Je vous remercie.

09:55Je vous remercie.

09:57Ici Roussillon.

09:58Actu locale, musique et bonne humeur.

10:02Ici Matin.

10:04Il est 7h57, vous écoutez Ici Roussillon,

10:06et nous, on lit vos messages météo.

10:08Ça se passe avec les messages qui arrivent par WhatsApp aussi,

10:11messages écrits, messages beaucoup.

10:12C'est possible également.

10:14Au 04 68 35 5000, Anthony 8,

10:16à Réal-Formiguerre, on est à la montagne en Cap-Cyr.

10:18Et puis, près de la Méditerranée,

10:21à Canet, 19 degrés avec Paul.

10:23Annie est à Saint-Génis-des-Fontaines,

10:2519 au thermomètre.

10:27Et puis, il y a des nouvelles aussi d'Arles-sur-Tech.

10:28On va l'inspire avec 18.

10:30Merci à Françoise.

10:32Continuez comme ça vos messages, n'hésitez pas.

10:34Prochain arrêt, Rive-Zalte.

10:36Et la scène se déroule au marché,

10:37avec l'ambiance, les produits d'ici et la vie.

10:39Chaque jour, on est au cœur des marchés des Pyrénées-Orientales.

10:43Et on vous rejoint dans un petit instant.

10:45Dans 3 minutes,

10:46l'actu locale des P.O. avec Simon Colbock.

10:51Ici Matin,

10:52revient dans un instant.

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