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  • 31/05/2025

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Transcription
00:00On passe à présent à notre focus de ce samedi qui s'intéresse au business des visas en Afrique
00:05où obtenir ce sésame est souvent un véritable parcours du combattant.
00:09Frais non remboursés, procédure interminable, discrimination.
00:13Derrière ce marché se cache une réalité difficile, celle des milliers d'Africains en quête d'opportunités
00:19mais freinés par un système parfois injuste et lucratif.
00:22Ce soir, nous accueillons Mickaël Porron, journaliste spécialiste de l'Afrique pour décrypter ce business des visas.
00:30Rédacteur en chef de la revue Afrique 21, auteur de l'ambassade de la France-Afrique,
00:37l'héritage colonial de la diplomatie française, luxe éditeur, collection dossier noir de survie.
00:43Comme ça, on est très complet.
00:44Bonsoir Mickaël Porron, merci d'être ici dans le JTA.
00:48Alors on va rentrer dans le vif du sujet.
00:50Pourquoi ces visas sont-ils si chers et coûtent-ils si chers aux Africains ?
00:55Et pourquoi faut-il passer maintenant par des sociétés privées ?
00:58Alors c'est un long processus, mais déjà ce qu'on peut expliquer en préambule, c'est que les Africains payent le prix du visa Schengen.
01:05Ce visa Schengen a augmenté. Il était de 60 euros il y a quelques années, il est passé à 80, il est à 90 euros aujourd'hui.
01:12Donc déjà rien que le prix du visa a augmenté.
01:13Ensuite, depuis maintenant une quinzaine d'années, la France et même d'autres pays européens ont décidé de sous-traiter la gestion des dossiers de demande de visa à des entreprises privées.
01:27Et selon les pays, l'Angleterre fait différemment, mais en tout cas en France par exemple, c'est des appels d'offres.
01:32Et le coût de gestion de ces dossiers est répercuté sur le demandeur.
01:37Ce qui n'est pas le cas par exemple avec l'Angleterre, c'est différent.
01:40C'est l'Angleterre, le ministère des Affaires étrangères, qui va payer la société privée pour gérer les dossiers.
01:44Donc ça ne va pas sur...
01:45Et ça change tout quand même ?
01:46Voilà, ça change tout parce que quand ils ont mis en place ces sociétés privées, à l'époque, ça augmentait de 30% quasiment le prix de la demande de visa.
01:54Avant, on allait au consulat, on payait le prix du visa uniquement.
01:57Le dossier était pris en charge ensuite par le consulat.
01:59Aujourd'hui, il y a une société privée intermédiaire qui prend de l'argent en passant.
02:03Oui, on parlera de ça et on parlera aussi de tout le système parallèle parce que ça n'empêche pas aussi d'avoir des systèmes parallèles.
02:11J'aimerais qu'on aille, on va aller écouter en allant au Sénégal, je tiens à préciser que ça a été difficile de faire parler des demandeurs de visa sur place
02:21parce que tout simplement, ils ont eu peur qu'on les bloque, qu'on leur refuse leur visa par ailleurs.
02:27Et donc, c'est quand même quelque chose d'assez compliqué.
02:29On va sur place à Dakar grâce à notre correspondant Elie Mandau.
02:34Obtenir un visa pour la France et l'espace Schengen, un véritable parcours du combattant pour les citoyens sénégalais désirant se rendre en Europe.
02:41La première des difficultés est l'obtention de rendez-vous sur le site internet de VFS Global, l'opérateur indien chargé de traiter les demandes.
02:50Les créneaux offerts aux demandeurs de visa sont rares et difficiles à obtenir.
02:54Il s'est même développé ces dernières années un marché parallèle où les demandeurs de visa sont obligés de payer un prix fort pour espérer avoir un rendez-vous.
03:03Les demandeurs de visa se plaignent également du prix des frais de dossier pour les visas autour de 100 euros, un montant qui n'est pas remboursable si le visa est refusé.
03:16Je propose d'écouter le témoignage de ce demandeur.
03:18Les frais de dépôt quand même, on ne va pas dire que ce n'est pas cher parce que si c'est facile pour moi, ce n'est pas facile pour peut-être d'autres personnes.
03:30Et surtout les gens qui viennent de loin, ceux qui viennent de Tambaconda, ceux qui viennent d'un peu partout, rien que le transport, ça coûte cher.
03:38Et puis après d'avoir payé ces frais de dépôt, on n'est pas sûr vraiment d'avoir le visa.
03:44En mars dernier à l'Assemblée nationale, la ministre sénégalaise des Affaires étrangères, Yacine Fall, avait décrié les conditions difficiles pour les citoyens sénégalais d'obtenir ces visas pour l'espace Schengen.
03:55Elle est dans la même lignée que le premier ministre Ousmane Sonko qui, lors de sa déclaration de politique générale en fin 2024, avait brandi le principe de la réciprocité face à l'Union européenne.
04:07Cinq mois plus tard, on attend toujours de savoir les contours de cette réciprocité.
04:12Voilà pour l'exemple au Sénégal, Michael Porron, on a vu ce business des visas. Maintenant, on découvre qu'il y a même un business du rendez-vous.
04:21Oui, alors au Sénégal, c'est particulier. Il y a eu une affaire il y a quelques années, enfin de trois ans, où il n'y avait plus de rendez-vous disponible.
04:28Il fallait payer via des systèmes parallèles. En fait, il y avait tout un trafic qui s'était organisé.
04:33Je crois qu'il y avait eu des annonces de l'ambassade de France, mais également du ministre à l'époque des Affaires étrangères qui avait dit qu'ils allaient régler le problème, rouvrir de nouveaux créneaux, ce genre de choses.
04:43Mais en fait, il y a un problème, quoi qu'il en soit, de délai.
04:46On peut dire que dans la plupart des pays aujourd'hui, l'attente est extrêmement longue.
04:50Donc ces sociétés privées qui devaient s'avérer très efficaces pour gérer les dossiers ne le sont pas spécialement pour les...
04:58Mais est-ce que c'est un problème de délai ? Est-ce que c'est un problème d'efficacité ?
05:02Ou est-ce que c'est une volonté déguisée de la France de faire une sorte de diplomatie des visas, en fait ?
05:08Ce qui est sûr, c'est qu'à Dakar, quand il y avait eu cette affaire il y a quelques années, l'ambassade de France avait exprimé le fait qu'il manquait de créneaux.
05:16Donc en fait, c'est l'ambassade, le consulat, qui ouvre des créneaux de rendez-vous et qu'il fournit à la société privée.
05:24Donc la société privée, elle ne peut pas faire plus que ce que lui propose le consulat.
05:28Donc il y avait une volonté manifeste de...
05:30À l'époque, c'était après le Covid, ils avaient dit qu'il y avait une reprise normale et que donc ils n'avaient pas anticipé.
05:38Mais en fait, je l'ai écrit, c'était un faux argument en fait.
05:41C'est comme si, voilà, ça revenait juste au trafic normal, donc ils auraient dû rouvrir les créneaux.
05:46Donc ils avaient ouvert des nouveaux créneaux.
05:48Mais encore récemment, j'ai discuté avec quelqu'un qui attendait que sa tante vienne en France, une tunisienne,
05:53et elle a mis plusieurs mois à avoir des rendez-vous et à avoir des réponses par rapport à son visa.
05:57Donc c'est général en fait.
05:59Est-ce que, alors on va terminer là-dessus, mais est-ce que, par exemple, la réciprocité des visas,
06:02est-ce que ça peut être une solution chez les pays africains ?
06:07Encore sur le Sénégal, Boulayouad à l'époque avait voulu le faire.
06:10Oui, c'est vrai.
06:10Il avait mis un visa à soi.
06:11Mais ça n'avait pas marché pour le tourisme.
06:13Parce qu'en fait, voilà, en fait, il y a ce problème.
06:15C'est déséquilibré.
06:15Voilà, c'est ça.
06:16Mais je tiens à préciser, parce qu'on ne l'a pas abordé, c'est très important,
06:19il y a une politique réellement discriminatoire vis-à-vis des demandeurs africains.
06:23Les chiffres le prouvent.
06:24Il y a encore une étude, le 2 avril, qui est sortie d'un centre d'études européen qui explique ça.
06:2930% des visas en provenance d'Afrique sont refusés.
06:32C'est beaucoup plus qu'ailleurs dans le monde.
06:34Donc, il y a, de toute façon, ça ne se dit pas, mais il y a une discrimination au visa.
06:40Une discrimination, et effectivement, et le fait que ces frais engagés ne sont pas remboursés non plus.
06:44Et ne sont pas remboursés.
06:45Ne sont pas remboursés.
06:46Merci beaucoup, Michael Porron, d'être venu dans ce journal de l'Afrique.
06:49C'est la fin de cette édition.
06:51Merci à tous ceux qui nous ont suivis partout dans le monde ce soir.
06:54Évidemment, on pense à Paris, n'est-ce pas ?
06:56Et à Munich, restez avec nous, car l'actualité continue.
06:59Sous-titrage Société Radio-Canada

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