« Pourquoi les femmes sont un enjeu central de l’extrême droite »

ELLE

30/05/2025

Être féministe et d’ extrême droite, est-ce vraiment compatible ? La journaliste Léane Alestra, fondatrice du média en ligne Mécréantes, a publié un nouvel essai, « Les Vigilantes : surveillées et surveillantes, ces femmes au cœur de l’extrême droite » (JC Lattès). Pour ELLE, elle explique comment le féminisme est détourné pour servir les causes du nationalisme.

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00:00Les femmes qui votent à l'extrême droite ou les femmes qui incarnent l'extrême droite,

00:03elles sont capables de faire abstraction du sexisme de leur parti

00:06parce qu'elles ne se sentent pas directement concernées.

00:08Aux dernières élections européennes, les femmes ont voté autant pour le Rassemblement National que les hommes.

00:14Et aussi aux États-Unis, 53% des femmes blanches ont voté pour Donald Trump aux dernières élections.

00:19Il y a effectivement une progression à la fois du vote à l'extrême droite

00:23et en même temps de figures montantes mises en avant.

00:26Par exemple, avant on n'avait pas des femmes à la tête de partis d'extrême droite.

00:30Aujourd'hui on a Georgia Meloni, on a Marine Le Pen, Alice Wedel en Allemagne.

00:34Donc on voit effectivement qu'il y a un essor pour plusieurs raisons.

00:37La première c'est que déjà en Europe, dans beaucoup de pays, il y a des quotas.

00:40Donc du coup il faut à la fois une représentation des femmes pour encourager l'électorat à voter plus pour l'extrême droite

00:45mais aussi parce qu'il leur faut présenter des militantes sur des listes électorales.

00:50Le profil type des femmes qui va voter à l'extrême droite,

00:52c'est surtout des femmes blanches, hétérosexuelles évidemment, plutôt petites classes moyennes

00:57et aussi jusqu'à la bourgeoisie et qui habitent plutôt en région périurbaine.

01:02Les partis d'extrême droite, ils ont plusieurs stratégies pour convaincre les femmes de voter à l'extrême droite.

01:08Ils vont utiliser beaucoup une rhétorique qui va essayer de rassurer.

01:12Donc par exemple, le Front National a été rebaptisé le Rassemblement National.

01:16Marine Le Pen s'est beaucoup mis en avant chez elle,

01:18en montrant qu'elle aimait beaucoup ses chats, le jardinage, la personnifier et essayer d'assagir son image

01:24pour rassurer l'électorat féminin qui avait tendance à bouder les partis d'extrême droite

01:29parce qu'il les assimilait à un virilisme trop conquérant et trop violent.

01:32Le Rassemblement National essaie aussi de mettre en avant ou de soutenir des collectifs fémo-fascistes

01:38comme par exemple le cropuscule Némésis, un cropuscule identitaire qui se revendique féministe

01:44et qui lui va essayer de reprendre les éléments de langage qui chez les féministes peuvent parler au plus grand nombre,

01:50les vider de toute substance politique et essayer de faire avancer un agenda raciste et xénophobe

01:56au nom d'une prétendue lutte pour qu'il y ait moins de violence envers les femmes.

02:01Le mot féminicide, elles vont le remplacer en reprenant le terme d'Éric Zemmour par franquicide

02:06donc en prétendant qu'il y aurait des meurtres faits parce qu'on est français

02:11et donc ça permet à la fois de vider le mot féminicide de son sens

02:15et donc d'avancer un agenda anti-féministe

02:18et en même temps de faire avancer un agenda raciste de paranoïa

02:23qui dirait qu'il y aurait des agressions sur les personnes blanches uniquement parce qu'elles sont françaises

02:28ce qui est évidemment complètement faux.

02:29Ce qui est important de comprendre pour les femmes qui votent à l'extrême droite

02:32ou les femmes qui incarnent l'extrême droite et qui militent pour l'extrême droite

02:35c'est aussi qu'elles sont capables de faire abstraction du sexisme de leur parti

02:40parce qu'elles ne se sentent pas directement concernées

02:42parce que pour elles, comme elles incarnent la bonne féminité, la voie d'être une bonne femme

02:47et bien elles ne craignent rien

02:48puisque pour elles, les discours sexistes qu'elles entendent

02:50c'est adressé qu'envers les « mauvaises femmes » entre guillemets

02:53donc par exemple les femmes musulmanes ou les femmes trans

02:56qui vont être mis comme contre-modèles

02:58et donc pour les femmes d'extrême droite

03:01et bien elles ne risquent rien.

03:02Donc en miroir, le mouvement féministe se questionne beaucoup plus

03:06en fait sur la dangerosité de l'extrême droite

03:09sur pourquoi est-ce que c'est leur mouvement précisément qui est visé.

03:12Il nous faut un petit peu de recul supplémentaire

03:15pour comprendre vraiment ce qui s'est joué à cet endroit-là.

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