Le militant écologiste Cyril Dion, invité à la 5ᵉ édition du Week-end des Possibles organisé par « le Nouvel Obs » à l’Académie du Climat à Paris, nous donne des clés pour faire face à la montée en puissance des discours anti-écolo.
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00:00Vous ne sauvrez pas la planète à vous tout seul, vous n'arrêterez pas le fascisme à vous tout seul.
00:03En revanche, vous pouvez rentrer dans une forme de cohérence et de dignité qui vous rend heureux ou heureuse.
00:09C'est pas l'écologie qui est en danger, c'est les conditions d'habitabilité de cette planète.
00:12Mais l'écologie est un peu balayée du débat public, oui, et balayée des politiques publiques.
00:16Parce que les gens qui ont pris le pouvoir, et qui lui ont pris à la fois politiquement, médiatiquement,
00:20n'ont pas du tout envie qu'on mette en place des politiques post-croissance.
00:23Les responsables, c'est ceux qui sont aussi responsables de la montée de l'extrême droite.
00:27Tous les milliardaires qui ont financé à la fois des campagnes, qui ont acheté des médias,
00:32qui diffusent en permanence des messages anti-écologiques et populistes.
00:36C'est-à-dire que maintenant, être écologiste, c'est pas bien.
00:38Parce que c'est des gens qui veulent, soi-disant, vous priver de liberté, vous empêcher d'avoir une voiture,
00:42de manger de la viande quand vous voulez, de prendre de la viande quand vous voulez,
00:44qui sont dangereux, qui sont des éco-terroristes.
00:47Et ça, c'est évidemment un discours qui est construit de toute pièce pour flatter une forme d'électorat
00:51en lui faisant croire que l'extrême droite a toutes les réponses.
00:54Je pense que si on veut lutter contre les discours anti-écolo,
00:56il y a trois endroits où on peut y arriver de façon efficace.
00:59Un endroit médiatique, aller vers les médias indépendants, les soutenir, les financer
01:03pour faire en sorte que la discussion médiatique ne soit pas celle qui est imposée justement par les milliardaires.
01:07Il y a un autre endroit qui est local, s'impliquer dans des luttes locales,
01:10comme ce que font par exemple les soulèvements de la terre,
01:12mais aussi dans des processus de démocratie locale.
01:14C'est-à-dire reprendre en main son quotidien, sa vie et la vie de son territoire
01:18et le faire avec des mécanismes démocratiques, typiquement comme des assemblées citoyennes tirées au sort.
01:23Et le troisième endroit où on peut lutter, c'est dans notre métier.
01:26Faire en sorte que toute l'énergie qu'on met participe à construire un monde dans lequel on a envie de vivre.
01:30Et si on travaille dans un endroit justement très problématique, essayez de changer.
01:34Je n'ai pas eu de moment de prise de conscience écologique.
01:36C'est quelque chose qui se fait de façon progressive.
01:38C'est en fait quand j'ai monté le mouvement Colibri avec Pierre Rabhi que j'ai été obligé de faire une formation accélérée.
01:42Et plus je m'intéressais à la question, plus je me rendais compte que c'était grave,
01:45plus je me disais mais comment se fait-il que personne ne fasse rien ?
01:47Et moi je ne pouvais pas rester les bras croisés.
01:50Si je devais vous donner un conseil pour ne pas vous décourager, je vous dirais faites quelque chose qui vous passionne.
01:54Vous ne sauverez pas la planète à vous tout seul, vous n'arrêterez pas le fascisme à vous tout seul.
01:58En revanche, vous pouvez rentrer dans une forme de cohérence et de dignité qui vous rend heureux ou heureuse.
02:03Faites en sorte que chaque journée vous ayez vécu la chose la plus formidable que vous ayez envie de vivre
02:10et que ces choses que vous avez vécues participent à construire un monde dans lequel vous avez envie d'habiter.