Passer au playerPasser au contenu principalPasser au pied de page
  • 28/05/2025

Catégorie

🗞
News
Transcription
00:00A 7h44, tout pile au top, vous avez la parole. Voyez-vous autour de vous les ressources en eau baissées ?
00:07Comment faites-vous pour conserver cette eau ? On attend vos exemples, vos témoignages.
00:12Vous nous appelez 04 76 46 45 45. Vous pouvez également laisser un message sur le mur Facebook d'ici Isère.
00:20Et là maintenant on parle de gestion de l'eau avec notre invité Théo.
00:23On voyait cette matinale spéciale intitulée « Alerte sur l'eau ». Bonjour Thierry Lebel.
00:27Bonjour. Merci d'être en ligne avec nous.
00:31Vous êtes hydroclimatologue, directeur de recherche à l'Institut des géosciences de l'environnement de Grenoble.
00:36On a voulu vous inviter aussi en cette matinale spéciale sur l'eau.
00:40Et puis parce qu'on arrive quasiment à cet anniversaire, c'est un an, il y a un an quasiment tout pile,
00:46le hameau de la Bérarde a été ravagé par une crue torrentielle.
00:49Est-ce que ça illustre la pression du changement climatique sur la ressource en eau ?
00:54Vous qui êtes hydroclimatologue.
00:55Oui, alors clairement c'est une illustration qui est en même temps un peu piégeuse.
01:03D'une part, là on n'est pas sur la ressource, on est au contraire sur un excès d'eau en quelque sorte.
01:09Et par ailleurs le fait qu'il y a un lac pro-glaciaire qui a lâché...
01:14Voilà, ça vient d'une poche d'eau glacière qui a cédé.
01:17Une poche d'eau, voilà. Et donc ça, elle n'a pas cédé du fait du réchauffement en tant que tel,
01:22mais ces lacs pro-glaciaires ont tendance à se développer du fait de la fonte des glaciers et de leur retrait.
01:28Et donc quand ils se retirent, il peut y avoir des surcreusement, des lacs qui se forment,
01:34avec des barrages naturels qui ne sont pas forcément très solides et qui peuvent céder.
01:38Donc ça c'est une menace très claire qui est liée au réchauffement climatique via la fonte des glaciers.
01:45D'une manière plus générale, le premier impact du réchauffement, c'est effectivement une diminution des chutes de neige
01:52et la fonte des glaciers. Ça c'est visible par tout un chacun qui fréquente un peu la montagne.
01:59Il y a un autre aspect du réchauffement qui, lui, impacte plus directement la question des ressources,
02:05c'est qu'avec des températures plus chaudes, une atmosphère plus chaude,
02:10on va avoir une demande évaporatoire plus importante.
02:13Et donc avec des stocks de neige au printemps qui sont plus faibles,
02:17on se retrouve dans des situations d'assèchement beaucoup plus rapides que ce qu'on avait auparavant.
02:23Comme on avait connu d'ailleurs en Isère, il y a deux ans il me semble, ou il y a trois ans.
02:26Exactement, 2022, c'est typiquement l'exemple à la fois d'une canicule et d'une sécheresse.
02:33Ça ne veut pas dire que toutes les canicules sont associées à des sécheresses ou non,
02:36mais quand on a la conjonction des deux, c'est sûr qu'il y a une pression très forte sur la ressource.
02:42Et puis la troisième conséquence du réchauffement climatique,
02:47c'est effectivement un renforcement des extrêmes, pas seulement en température,
02:50mais en précipitation à la fois des périodes sèches plus longues
02:53et des potentiels d'inondations plus fortes.
02:57On va détailler tout cela avec vous Thierry Lobel,
02:59hydroclimatologue, directeur de recherche à l'Institut des géosciences de l'environnement de Grenoble.
03:04On parle de la ressource en eau ce matin et vous pouvez nous appeler au standard d'ici Isère.
03:09On a d'ailleurs quelqu'un au standard, Alexandre.
03:11Oui, à 7h47. Bonjour Sylvie.
03:16Sylvie, est-ce que vous êtes avec nous ?
03:18Ah, on voit que vous...
03:20Allô ?
03:20Oui, bonjour Sylvie, on vous écoute.
03:22Non, mais je n'ai jamais dit que c'était Sylvie, moi, je n'ai pas donné de prénom.
03:26D'accord, autant pour moi.
03:28Vous vouliez vous exprimer sur l'eau.
03:30Non, non, moi c'est Rosvie, c'est pas grave.
03:31Ok.
03:32Oui, voilà, oui.
03:33Voilà, moi je voulais faire part de mon étonnement.
03:38J'habite au-dessus du cimetière des Grands Sablons, exactement.
03:42Et je n'y passe souvent, voilà, bon, je m'y promène souvent.
03:48Et je suis étonnée de voir qu'on continue d'arroser des plantes en peau à Tiers-Larigot.
03:53Et surtout les fontaines qui restent, qui coulent comme ça à flot,
03:56alors que quelqu'un avait lancé l'idée, là, dans les projets,
04:01comment dire, de stopper l'eau automatiquement.
04:07Donc il y a plein de fontaines comme ça qui coulent à flot, même pas que là d'ailleurs.
04:10Il y en a pas mal d'endronomes.
04:12Et ces arrosages de plantes, enfin bon, je comprends qu'on arrose un arbre,
04:16vous voyez une plante en terre, mais alors des plantes en peau, ça ridicule.
04:19Sachant que la réglementation, elle évolue aussi en fonction de la ressource,
04:23et que quand il y a des sécheresses, il y a des réglementations qui se mettent en place
04:25pour limiter ces usages.
04:27Non, mais là, c'est pas fait.
04:29Je peux vous le dire, parce que moi, j'y vais régulièrement,
04:31l'été, c'est arrosé tout le temps, et on puisse attirer les moustiques.
04:34Donc on ne peut même plus s'asseoir, enfin on est bouffé par les maringouins là-bas, c'est énorme.
04:40Le témoignage de Sylvie, merci en tout cas de nous avoir appelé ce matin.
04:44Merci.
04:44Notre invité ce matin, Thierry Lebel, hydroclimatologue,
04:48directeur de recherche à l'Institut des géosciences de l'environnement de Grenoble.
04:51L'état des nappes aujourd'hui, alors on parlait avec un instant de l'auditrice
04:56des réglementations qui se mettent en place quand la ressource en eau n'est pas là.
05:00Aujourd'hui, elle est plutôt là, on a eu des bonnes précipitations cet hiver.
05:05On en est où aujourd'hui de la ressource en eau, M. Lebel, en Isère ?
05:09Alors, je ne peux pas parler d'une façon générique.
05:12La ressource en eau, elle est présente de différentes manières.
05:15Il y a les grandes nappes souterraines, les grandes nappes alluviennes,
05:19alluviales, la nappe de la Romange, la nappe du Drac, la nappe de l'Isère.
05:23Donc c'est vrai que la recharge a été plutôt bonne.
05:27Après, il y a beaucoup de ressources qui sont des ressources plus localisées,
05:30des petits captages, des petites sources dans les zones de montagne.
05:35Et moi, ce qui me frappe quand même, c'est que même par rapport à...
05:39Bon, là, on a eu une année vraiment très humide.
05:41Mais par exemple, en 2023 et même jusqu'en 2024,
05:45on voyait encore clairement dans les débits des cours d'eau
05:48la trace de la grande sécheresse et de la canicule de 2022.
05:52Ah oui, ça avait laissé des traces même un an et demi après.
05:55Oui, parce qu'en fait, ce qui se passe, c'est que quand vous avez des nappes,
05:58donc chaque rivière, chaque cours d'eau de surface,
06:01c'est... pas systématiquement, mais très souvent est associé à une nappe
06:07qui est sous le cours d'eau, et les deux communiquent.
06:11Et donc, un des rôles de ces nappes, qu'elles soient plus ou moins grandes,
06:16c'est de soutenir les débits qu'on appelle des tiages, dans les périodes sèches.
06:21Et donc, quand on a une très grande sécheresse et que les nappes sont très basses,
06:24eh bien, elles ne vont plus jouer ce rôle.
06:26Ce qui fait que ça va se traduire dans les débits des cours d'eau en surface.
06:32Donc, c'est vrai que là, tant mieux, on a eu des très bonnes conditions hydriques
06:35au cours de ces derniers mois.
06:37Mais ça ne veut pas dire qu'on ne va pas retrouver prochainement
06:41des situations analogues à 2022.
06:45Et surtout, le fait qu'une année comme 2022,
06:48elle était exceptionnelle, à la fois du point de vue de la sécheresse et des températures,
06:52mais des années comme ça, on en aura peut-être plusieurs par décennie.
06:58Et de plus en plus.
06:59Et de plus en plus, voilà, plusieurs par décennie.
07:01Et que si on a deux ou trois de suite, là, on ne sait pas trop
07:04quel peut être l'impact profond en profondeur sur les réservoirs d'eau.
07:08Est-ce qu'il y a des secteurs, M. Lebel, des secteurs en Isère
07:10qui sont plus fragiles que d'autres ?
07:13Plus en danger ?
07:15Oui, alors, plus en danger, là aussi, c'est difficile à dire.
07:18Ce qu'on sait, c'est qu'on a un certain nombre de massifs karstiques,
07:21de massifs calcaires.
07:23Le Vercors, notamment ?
07:24Voilà, le Vercors, la Chartreuse.
07:27Et dans toutes ces zones-là, bien évidemment, le stockage,
07:32l'eau draine très rapidement.
07:34Le karst, il y a des grandes fissures, des grandes diaclases.
07:37L'eau coule à travers ces grandes fissures
07:39et descend très rapidement vers l'aval.
07:42Donc, dans tous ces secteurs, on a, disons, moins d'inertie
07:46à partir d'une ressource.
07:48Et d'une manière générale,
07:51donc, on peut être en état, il faut être en état de vigilance, on va dire,
07:55mais on les connaît mal, ces ressources.
07:57C'est-à-dire que c'est compliqué d'aller faire de l'observation
08:01des ressources en eau souterraine, dans des captages.
08:05Il faut une instrumentation un peu spécifique.
08:08C'est coûteux à installer, c'est coûteux à suivre.
08:09La surveillance est compliquée à mettre en œuvre.
08:12Voilà, la surveillance est coûteuse et compliquée.
08:14Et très souvent, je pense que les collectivités,
08:16de plus en plus, en ont conscience.
08:18Mais très souvent, dans les zones de montagne,
08:20on avait quand même l'idée qu'on était assez bien pourvu en eau.
08:24Il y avait des petits aménagements, bien entendu.
08:27Il y a toujours eu des captages pour se prémunir des sécheresses estivales.
08:31Mais là, maintenant, je pense que de plus en plus,
08:33on comprend qu'il va y avoir des enjeux d'une autre ampleur
08:36dans les années qui viennent.
08:38Et on va suivre ça, évidemment.
08:40Vous nous en avez bien parlé ce matin.
08:42Merci beaucoup Thierry Lebel, hydroclimatologue,
08:45directeur de recherche à l'Institut des géosciences
08:47de l'environnement de Grenoble.
08:49Merci d'avoir été avec nous pour cette journée spéciale.
08:51Alerte sur l'eau, sur l'antenne d'ici Isère.
08:53Belle journée.
08:54Merci à vous.

Recommandations