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00:00Christal Fleming, bonsoir. Vous êtes professeure de sociologie et d'études africaines à Smith College.
00:06Alors on vient de le voir cinq ans après la mort de George Floyd, il y a encore du pain sur la planche.
00:10Qu'est-ce qu'il reste aujourd'hui du fameux mouvement Black Lives Matter ?
00:15Le mouvement continue. En fait, aujourd'hui, plus de 50% de la population américaine soutient toujours le mouvement Black Lives Matter.
00:27Surtout, on trouve que le soutien soit très partisan. C'est plutôt chez les démocrates qu'on trouve les gens qui soutiennent le mouvement antiraciste, plutôt que chez les républicains, malheureusement.
00:42Donc le problème, c'est qu'aujourd'hui, on est en train de vivre une réaction violente contre le progrès, contre le mouvement Black Lives Matter.
00:54On voit par exemple à Washington, le président Trump et les conservateurs autour de lui sont en train de faire la censure contre les livres, les programmes scolaires concernant l'histoire de l'esclavage, l'histoire du mouvement pour les droits civiques.
01:15Donc la lutte continue. Il ne faut pas penser que c'est fini.
01:21Vous parliez de la population qui soutenait ce mouvement à hauteur de 50% environ. Elle était de près de 67% en 2020. Pourquoi il y a eu une baisse du soutien ?
01:35Oui, c'est clair. En 2020, à peu près 67% de la population américaine soutenait le mouvement.
01:45Depuis ce moment-là, on a vu que les conservateurs a travaillé sur la peur pour faire en sorte que ce chiffre baisse.
01:55Et c'est pour cela qu'on vit maintenant cette réaction violente contre les mouvements antiracistes.
02:06Donc le problème, c'est que chez les conservateurs, ils soutiennent cette promissie blanche.
02:11C'est clair. Et bon, c'est pour ça qu'il faut continuer. Il ne faut pas perdre l'espoir.
02:17Mais c'est clair qu'on est dans une situation assez difficile aux Etats-Unis en ce moment.
02:23Politiquement, il y avait un projet de loi emblématique.
02:26Le projet de loi de George Floyd qui prévoyait de réformer justement le maintien de l'ordre
02:31avec notamment l'interdiction de manœuvres d'étranglement dangereuses lors des arrestations.
02:36Mais il n'est pas arrivé jusqu'au bout.
02:40Comment vous l'expliquez finalement sur le plan politique ? Rien n'a changé ?
02:45Non, c'est faux que rien n'a changé. Le problème, à mon avis, c'est que les démocrates sont beaucoup trop conservateurs.
02:54C'est-à-dire qu'il y a cinq ans, on a vu des militants qui soutenaient l'idée d'abolir, par exemple, la police, entre guillemets.
03:06Et chez les démocrates, la réaction était très conservateur en disant que non, il faut protéger en fait la police.
03:16Il ne faut pas faire comme les militantes voulaient.
03:22Pour moi, c'est le problème parce que les progressistes à l'époque et maintenant, ils veulent beaucoup plus que la réforme.
03:30Ils veulent changer la société aux États-Unis pour la justice raciale.
03:39Et en ce moment, maintenant, on voit les militants conservateurs, les extrémistes en fait.
03:46Et eux, ils veulent quasiment abolir la Constitution.
03:50Donc, je pense que les démocrates doivent être à la côté des militants progressistes pour vraiment soutenir le changement qu'il faut faire pour la justice raciale.
04:04Depuis l'arrivée au pouvoir de Donald Trump, est-ce qu'il y a encore justement de la place pour le militantisme ?
04:08Ou alors, est-ce qu'il va falloir faire profil bas jusqu'à ce qu'il quitte le pouvoir ?
04:12Mais non, non, non, pas du tout. Il ne faut pas faire profil bas.
04:17Je veux dire l'histoire des États-Unis.
04:19Après l'abolition de l'esclavage, on a vécu ce qu'on appelle la reconstruction.
04:25C'était une réaction très, très violente contre les Noirs américains.
04:32Et on a vu à ce moment-là un hausse de violence de la suprématie blanche.
04:42Mais ça n'a pas empêché que le mouvement pour la justice raciale a continué.
04:48Et donc, maintenant, il faut faire comme auparavant.
04:51Il faut continuer.
04:52Il faut continuer dans la tradition de Martin Luther King et des autres qui, depuis des générations,
05:01a continué, même dans les moments difficiles, à soutenir la justice raciale.
05:07Merci. Merci beaucoup, Christelle Fleming, de nous avoir consacré ces quelques minutes sur l'antenne de France 24.