- 27/05/2025
1943 est une année charnière dans l’histoire de nos cinq héroïnes. Face au nazisme conquérant et impitoyable, elles s’engagent corps et âme pour sauver leurs proches, leur communauté attaquée ou les soldats blessés. Au risque d’y laisser leur peau...
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00:00Je distribuais des trappes et je fabriquais des fausses cartes d'identité.
00:15Pour que la résistance s'installe, il fallait qu'il y ait une espèce de trame sur laquelle
00:23on puisse construire et les femmes ont été en grande partie cette trame.
00:28L'année 1943 marque un tournant dans la seconde guerre mondiale.
00:41Sur le front russe, l'armée allemande encerclée à Stalingrad capitule face aux soviétiques
00:48le 2 février.
00:49Le troisième Reich commence à vaciller.
00:52En France, sentant le vent tourner, le régime de Vichy entame une nette radicalisation.
00:59Le président Laval a décidé que le service d'ordre légionnaire défendrait dorénavant
01:05du gouvernement et serait transformé en milice française tout en restant sous les ordres
01:10de monsieur Joseph Darnan.
01:12La milice française, confiée à Joseph Darnan, est désormais chargée du redressement moral
01:18et politique du pays.
01:19Sa mission est très simple, pour chasser tous les résistants.
01:23Ce durcissement politique a un impact sur nos résistantes et particulièrement sur Geneviève
01:30de Gaulle, Mila Racine et Lucie Aubrac, toutes trois restées en France.
01:47A Lyon, Lucie Aubrac, toujours très active au sein du mouvement Libération Sud, redouble
01:53de prudence face à la présence de la Gestapo.
01:55Malgré ces précautions, elle et son mari Raymond font très vite les frais de ce gouvernement
02:01de plus en plus féroce.
02:03Raymond se fait arrêter le 15 mars 1943 avec d'autres responsables de l'armée secrète.
02:13Il est arrêté, il faut le préciser, par la police française.
02:18Il a une fausse identité qui tient assez bien la route.
02:23Il est donc déféré à la justice française.
02:26Et c'est dans ces circonstances que Lucie Aubrac serait allée voir le procureur qui
02:35gérait le dossier de son mari et lui aurait dit c'est un envoyé de Londres et si vous
02:40ne le libérez pas avant le 10 mai 1943, vous entendrez un message à la BBC et ça
02:47voudra dire que votre vie est en danger à partir de ce moment-là.
02:50Le fait est que Raymond Aubrac est bien remis en liberté provisoire, alors on a une hésitation
02:58sur les dates mais entre le 10 et le 12 mai 1943.
03:01Après ce coup d'audace inouïe, Lucie Aubrac décide d'emmener son mari et leur jeune
03:08fils Jean-Pierre à Carcérane, dans une pension sur la côte d'Azur.
03:15C'est une parenthèse si vous voulez, il faut comprendre ça comme un havre de paix.
03:24On ne comprend pas bien la résistance et l'action de ces gens si on ne prend pas en
03:30compte l'extrême tension dans laquelle ces gens la vivent quotidiennement, 24 heures
03:36sur 24.
03:37Je pense que ce séjour, on peut le comprendre assez bien comme une manière de retrouver
03:44un équilibre.
03:45C'est intéressant parce qu'ils ont un enfant qui a deux ans et c'est au fond leur premier
03:51vrai moment de paix depuis la naissance de cet enfant en mai 1941.
03:55Lucie Aubrac, dans Ils partiront dans l'ivresse, 1984.
04:04Nous voilà pour la première fois au bord de la mer, jamais nous n'avons été aussi
04:11heureux.
04:12L'organisation de la résistance, les rendez-vous, les dangers, comme tout cela est loin.
04:20Restons dans la zone sud, désormais occupée par les nazis, et où se trouve Mila Racine.
04:30Les juifs ayant trouvé refuge dans les grandes villes, Nice, Cannes ou Grenoble, n'ont
04:35d'autre solution que de fuir dans la zone d'occupation italienne, frontalière, située
04:39en partie dans les Alpes et réputée moins dangereuse pour eux.
04:42Mila Racine, qui a rejoint le MGS, le mouvement de jeunesse sioniste créé par Simon Lévitte,
04:52accepte à seulement 23 ans de monter une antenne à Saint-Gervais, en Haute-Savoie,
04:57où près de 850 juifs ont été déplacés.
04:59Le but était d'accueillir les juifs réfugiés qui arrivaient, qui avaient besoin d'un logement,
05:07d'information, de vie sociale.
05:09Il faut bien avoir à l'esprit que les gens ne restent pas à ne rien faire.
05:13Ils essayent de vivre une vie la plus normale possible dans le contexte de persécutions
05:20qui s'accélèrent, et Mila est là encore, à Saint-Gervais, partie prenante de cette
05:26organisation de la vie juive.
05:30Mila décide de créer une école, d'aider les enfants à être scolarisés, propose
05:36aussi un dispensaire, avec l'aide d'une autre association, c'est l'OSÉ, l'œuvre
05:41de secours aux enfants, qui envoie des médecins qui sont là pour aider les juifs de Saint-Gervais.
05:50A Saint-Gervais, on a eu des mouvements sionistes importants qui sont arrivés, Simon Lévitte
05:58et d'autres.
06:00Ils ont dit, écoutez, ces deux ghettos, au milieu de la France allemande, c'est la
06:06chose la plus dangereuse qui puisse exister.
06:08Il faut essayer d'évacuer le plus d'enfants possible vers la Suisse.
06:14On savait que la Suisse acceptait des enfants jusqu'à 16 ans, ou des femmes avec des bébés,
06:21les autres non.
06:22C'est donc de ces ultimes refuges montagnards, Saint-Gervais et Meugèves, que s'organise
06:31la fuite et la filière d'évasion pour les enfants juifs.
06:34Dans une France où la police française a participé à la rafle du Veldive, au mois
06:40de juillet 1942 à Paris, avec un bilan de 13 000 juifs déportés, dont 4000 enfants,
06:47livrés aux nazis par Pierre Laval.
06:52Outre la persécution des juifs et la chasse aux résistants, le même Pierre Laval, chef
06:59du gouvernement, met en place au printemps 1943 une autre mesure phare pour satisfaire
07:05les ambitions d'Hitler.
07:07Le STO, service du travail obligatoire, prévoit d'envoyer les jeunes français de 21 à 23
07:14ans dans les usines de guerre allemandes pour remplacer les hommes engagés sur le front
07:18russe.
07:20Ne quittez pas l'écoute, vous allez entendre une déclaration du président Pierre Laval,
07:26chef du gouvernement.
07:27Ouvriers français, quand je vous ai demandé, il y a quelques mois, d'aller travailler
07:34en Allemagne, je ne me suis pas soucié de savoir si mes paroles heurteraient la sensibilité
07:40de certains d'entre vous, que je n'ai pensé qu'à l'intérêt supérieur de notre pays.
07:47Dès le départ, la population est hostile au STO.
07:50C'est vraiment à partir de l'été 1943 qu'il y a de plus en plus de refus et de
07:57réfractaires.
07:58Il y a entre 30 et 45 mille jeunes hommes qui vont refuser et donc être réfractaires
08:04du STO et qui vont rejoindre les maquis.
08:07Ce sont des groupes qui se structurent comme une formation militaire, avec les moyens du
08:12bord bien sûr, mais avec l'idée de combattre par les armes l'occupant allemand.
08:16Les scènes que nous voyons ont été tournées par les jeunes gens du maquis, en plein cœur
08:22du royaume de la Gestapo.
08:23Qu'elles aient traversé les 20 polices qui entretiennent Himmler et Darnan sur notre
08:27territoire est en soi seul un miracle de courage et d'audace.
08:31L'autre miracle, c'est que malgré les 20 polices et les troupes allemandes qui battent
08:35de leurs bottes nos villages, nos champs, nos chemins, les jeunes gens de France, chaque
08:40jour, montent vers le maquis, volontaire, toujours plus nombreux pour une vie toujours
08:46plus rude.
08:47Par un, par deux, par trois, ils sont aujourd'hui les dizaines de milliers.
08:51L'Allemagne à ses camps de concentration, la France à ses camps de liberté.
08:57Sachez qu'avec l'apparition des maquis un peu partout en France, se dessine une nouvelle
09:11spécificité féminine de l'engagement en résistance, autrement dit, un nouveau rôle.
09:16Un rôle particulier, les maquis, c'est un monde éminemment masculin.
09:25Donc de prime abord, si je disais les choses de manière un peu brutale, les femmes n'ont
09:30pas grand chose à faire en maquis, sauf qu'il y a cette nécessité évidemment absolue
09:35que le maquis ne puisse pas être repéré.
09:37Et donc là, d'un point de vue fonctionnel, les femmes sont utiles.
09:42Les femmes sont utiles parce qu'elles ne doivent rien dire de ce qu'elles savent des
09:48allées et venues, parce qu'elles vont participer très largement au ravitaillement du maquis,
09:55parce qu'elles vont participer aussi à la liaison entre les chefs de maquis et les
10:00bases arrières.
10:01Donc là, les femmes deviennent indispensables.
10:04Et plus on va rentrer dans un caractère opérationnel des maquis et dans le combat, plus leur rôle
10:12va encore s'accentuer, mais encore une fois, dans ce qu'il a de plus traditionnel, puisque
10:17les femmes vont aussi être celles qui vont soigner, soigner soit sur le maquis lui-même
10:21lorsqu'on arrive à créer un hôpital entre guillemets de campagne dans le maquis, soit
10:27en soignant ailleurs les maquisards.
10:30Donc oui, les femmes sont absolument indispensables dans un monde qui est éminemment un monde
10:35d'hommes, en jouant un rôle fondamental sur des fonctions qui sont traditionnelles pour
10:39elles.
10:40Et c'est cette dimension-là qui permet de revisiter la façon dont on considère la résistance.
10:47Et puis, progressivement, arrivent dans le maquis des femmes de Londres engagées dans
10:55les forces françaises libres et qui souhaitent participer au combat, comme Jeanne Boeck,
11:00venue instruire les maquisards sur la manière de créer des armes.
11:03Est-ce que vous avez fait des sabotages vous-même ?
11:08J'ai coupé la voie entre transversale, vanne, vanne d'hydrange.
11:18Vous avez posé vous-même les pains de plastique ?
11:21J'ai posé moi-même les pains de plastique avec des détonateurs que j'avais fabriqués
11:25moi-même parce qu'on en manquait.
11:27Et ça a bien marché ?
11:29Ça a très bien marché, ils ont mis huit jours à réparer.
11:38Pendant que certaines femmes dans les campagnes de France ravitaillent, soignent et se battent
11:45aux côtés des maquisards, Geneviève de Gaulle, elle, vit toujours à Paris.
11:50L'étudiante en histoire à la Sorbonne est aussi agent de liaison de la résistance.
11:55Au printemps 1943, elle a 23 ans et elle rejoint le mouvement Défense de la France.
12:01Défense de la France, c'est un mouvement qui est né en zone nord, la zone nord de
12:07la zone occupée par les Allemands en août 1941.
12:10L'originalité profonde de ce mouvement, c'est qu'il est créé par des très jeunes
12:14gens, des étudiants et des étudiantes parisiennes et parisiens, notamment de la Sorbonne, et
12:20qui vont à l'aide d'un journal qui porte le même nom, Défense de la France, essayer
12:24de diffuser vraiment une vision très consciente et très morale de ce que peut être la résistance
12:29et ses valeurs.
12:30D'abord, donc, c'est essentiellement un journal, une diffusion d'idées pour susciter
12:34la résistance chez les gens et qui va évoluer, notamment grâce à l'influence de Geneviève
12:39de Gaulle, vers une action un peu plus engagée sur le terrain avec le soutien au réfractaire
12:44du STO.
12:48Moi, j'ai distribué Défense de la France à la sortie de Saint-Christophe-de-Javel après
12:52les messes du dimanche.
12:53Mais ce n'était pas très dangereux parce qu'on faisait attention.
12:57Et puis, ça avait un but précis.
12:59Il fallait que les gens n'aient plus peur.
13:01Rappelez-vous quand même que jusqu'à une certaine époque, ça a été long de décrocher
13:05l'adhésion.
13:06Enfin, on n'a pas trouvé tout de suite dans la population toute l'aide qu'on pouvait
13:12en attendre.
13:13Et ça devenait important puisque c'est à les débuts du STO.
13:16Donc, il fallait provoquer absolument l'adhésion.
13:20Et c'est ce qu'on a fait.
13:23Donc, il fallait provoquer absolument ce sentiment que la résistance était là, qu'elle
13:29était bien implantée et qu'on pouvait quand même faire beaucoup de choses.
13:34Ce n'était pas des jeux d'enfants.
13:36C'était très sérieux, notre truc.
13:38C'est à cette époque-là, véritablement, au début 1943, que Geneviève de Gaulle entre
13:44en clandestinité.
13:45C'est-à-dire qu'elle ne peut plus se permettre de rester sous le nom de de Gaulle, qui en
13:49plus est très, très visible.
13:51Et donc, elle va avoir plusieurs pseudonymes successifs, des faux papiers.
13:55Elle va être la seule femme à signer un article avec un pseudonyme qui, en plus, est
14:01magnifique et puis très transparent.
14:04C'est Gallia.
14:05C'est un article consacré à son oncle Charles de Gaulle.
14:09Donc, elle va présenter qui est de Gaulle en quelques mots pour que les gens le connaissent
14:13tout simplement.
14:14Et elle termine par la phrase suivante.
14:16Charles de Gaulle quitte la France, mais c'est pour la ramener au combat et à la victoire.
14:21Et grâce à cette espèce de force de conviction gaullienne de Geneviève, Défense de la France
14:28va se rallier à partir de ce moment-là à la France libre et recevoir également une
14:33aide financière de cette France libre.
14:36Nous nous étions engagés.
14:38Nous étions engagés souvent dans des conditions difficiles.
14:41Les réseaux de la France combattante n'avaient pas d'argent.
14:45On vivait avec rien.
14:48Je me souviens qu'à Paris, moi j'étais à Paris en zone nord.
14:52Nous mangeons sur les marches de Saint-Eustache un cornet de frites où on disait, c'était
14:58tellement mauvais qu'on disait qu'il était fait avec la graisse de Chahar.
15:02On n'avait pas de repas de marché noir.
15:04On ne savait pas ce que c'était que ça.
15:18En juin 1943, la Résistance intérieure essuie un coup dur.
15:24Après l'arrestation de Charles de Lestrin, le chef de l'armée secrète, Jean Moulin,
15:29président du Conseil national de la Résistance, organise en urgence une réunion dans la banlieue
15:34de Lyon à Caluire et Cuir.
15:40Klaus Barbie et la Gestapo y font une descente, capturent Moulin et d'autres cadres de l'armée
15:46secrète dont Raymond Aubrac et les détiennent dans la prison de Montluc.
15:50Une arrestation capitale qui anéantit Lucie Aubrac.
15:57L'arrestation, ce n'est pas seulement celle de son mari, c'est celle de Max, c'est-à-dire
16:02de Jean Moulin, qui est quand même rien moins que le délégué général de la France
16:07cibre en France, qui est le président du Conseil national de la Résistance.
16:12Une prise capitale, Raymond arrêté avec lui, et puis d'autres cadres de l'armée secrète
16:18et pas des moindres, donc c'est un coup de filet magistral.
16:24Il faut essayer de les sortir avant que quelqu'un soit suffisamment tabassé pour parler.
16:29Et c'est là que, muni d'une fausse identité, je me suis présentée bien habillée,
16:36j'ai plutôt pas l'allure d'habitude de quelqu'un, je me farde pas et tout,
16:41vraiment bien habillée, bien fardée avec des bijoux.
16:43Et puis j'étais jeune, j'avais 30 ans.
16:45Je me suis amenée à l'école de santé militaire Ruebertelot et j'ai demandé à voir
16:50la personne qui s'occupait des arrestations de Caluire.
16:54Il y a eu immédiatement un branle-bas général et on m'a montée au premier étage,
16:58dans un grand bureau sur lequel il y avait écrit Goleiter, de chef,
17:02et je suis rentrée dans ce bureau où je suis tombée en face de ce personnage qui était Barbie.
17:09Klaus Barbie, le chef de la Gestapo lyonnaise, tristement célèbre pour sa cruauté
17:15et son extrême violence.
17:18Lucio Braque, enceinte de quelques mois, invente alors un stratagème
17:22pour provoquer une ultime rencontre avec son mari.
17:26Elle raconte que l'homme emprisonné a fait d'elle une fille mère
17:30et qu'il faut absolument qu'il saigne un contrat de mariage avant son exécution.
17:35J'avais l'air assez convaincante, où Barbie était peut-être dans un jour de fatigue.
17:39Moi ce que je crois plutôt, c'est que c'est son côté sadique qui a joué.
17:43Ce personnage était tellement content de voir devant lui une grande jeune femme, jeune,
17:48qui était bouleversée à l'idée que son ami était en prison,
17:52qu'il a joué là-dessus.
17:54Et puis finalement il m'a dit, il ne sortira pas, c'est un terroriste.
17:57Je démarrais une deuxième grossesse et j'ai eu,
18:01je démarrais une deuxième grossesse et j'ai eu un choc
18:05et sans le vouloir, ce n'était pas une histoire de comédie,
18:09je me suis effondrée et j'ai pleuré.
18:13Barbie y croit et consente à ce que le couple signe les papiers au siège de la Gestapo.
18:20C'est là que Lucio Braque monte une opération pour intercepter
18:24le camion transportant Raymond et 14 autres prisonniers, le 21 octobre 1943.
18:31Le camion est arrêté
18:35Ce qu'il fallait d'abord c'était arrêter ce camion.
18:37Nous avions donc dans la voiture où j'étais un très bon tireur
18:41qui était mudit d'une mitraillette avec un silencieux.
18:44Ça ne fait pas de bruit du tout quand ça tire.
18:47Il a ajusté d'une manière très précise le chauffeur et les gardiens qui étaient à côté.
18:52Ils ont été tués.
18:54Le camion s'est arrêté assez tranquillement.
18:56La bagarre a été très courte.
18:59Raymond a voulu sauter plus vite que les autres.
19:02Il était muni d'une gabardine et l'un de mes copains lui a tiré dessus
19:06avec une balle qui lui est rentrée dans la joue, qui est sortie en septons sous l'oreille.
19:10L'autre dans l'épaule.
19:11On a eu le temps de détourner le tir en vitesse et il a été saint et sauf.
19:17C'est une évasion époustouflante.
19:19Elle restera pourtant aux yeux de Lucio Braque un fait divers
19:23dans la masse des actions héroïques accomplies à travers ces années de résistance.
19:28Mais tous ne pourront pas être sauvés.
19:30Jean Moulin, le chef des résistants, mourra en détention sous les coups de la Gestapo.
19:45Alors que les femmes et les hommes de la résistance continuent leur travail de sable sur le terrain,
19:49en juin 1943, le général de Gaulle a installé ses quartiers en Algérie,
19:54libérés par les alliés quelques mois plus tôt.
19:58Il a créé le CFLN, le Comité français de libération nationale,
20:02destiné à organiser le déploiement des forces libres en Afrique du Nord.
20:11Et c'est là, à Alger, que nous retrouvons la trace de Simone Mathieu, l'ex-championne de tennis.
20:18Jugée trop autoritaire par sa hiérarchie masculine,
20:21la capitaine des forces françaises libres a été évincée de son poste londonien
20:26et mutée dans un nouveau service.
20:28Elle débarque au Maghreb à l'été 1943.
20:32On retrouve une archive de la presse d'Alger,
20:36où elle est invitée pour un gala en 1943,
20:40où il y a le grand tennisman qui s'appelle Davis, qui donnera son nom à la célèbre Coupe Davis ensuite,
20:46où elle est signalée comme étant une grande star du tennis français
20:52par un journal de la résistance française.
20:55Et en fait, c'est la première fois qu'on utilise son pédigré tennis-woman
20:59dans la propagande et pour indiquer qu'elle est de la France combattante.
21:09Si l'ancienne championne, désormais capitaine Mathieu, est à Alger,
21:13ce n'est pas pour s'exhiber sur les cours de tennis,
21:15mais pour une mission bien particulière.
21:19En 1943, Simone Mathieu trouve sa place auprès du général de Gaulle.
21:24Elle s'occupe du renseignement dans le secrétariat particulier du général de Gaulle.
21:29Ça consiste à lire des messages codés envoyés par les agents du BCRA,
21:35des services secrets de la France libre, de la France combattante,
21:38et aussi à leur envoyer des messages.
21:44On sait qu'au sein des services secrets gaullistes,
21:47dont dépend le service du chiffre, là où est affectée la capitaine Mathieu,
21:52on dénombre trois fois plus de femmes que d'hommes.
21:57La raison principale, c'est que les services secrets,
22:00c'est une très vaste administration papraciaire
22:03dans laquelle on a besoin d'un énorme personnel subalterne.
22:07Il y a trois fois plus de femmes que d'hommes dans les services secrets,
22:11mais tous les postes de décision, sans aucune exception, appartiennent à des hommes.
22:17Il y a tout un personnel de petite main qui est indispensable au fonctionnement des services.
22:21Les femmes sont dactylo, parce que dans les services secrets,
22:25on crée un énorme fichier de contre-espionnage
22:28pour essayer de ficher les gens en France,
22:31et essayer de repérer ceux qui sont dangereux,
22:33ceux qui risquent d'être des agents doubles, etc.
22:36Ce fichier est reproduit en des centaines d'exemplaires pour pouvoir être diffusé.
22:40Il est alimenté par des cartes, donc il faut des femmes pour les dactylographier,
22:44des femmes pour les classer.
22:47Depuis l'Algérie, les petites mains de la France libre
22:50contribuent à l'essor de la résistance intérieure.
22:54Et sur ce même continent africain, bien plus à l'est d'Alger, au Proche-Orient,
22:59la chanteuse René Daveli récolte des fonds pour les blessés.
23:03Elle multiplie les galas et les visites aux chevets des soldats
23:07qui ne tarissent pas d'éloges pour celles qu'ils considèrent comme une marraine,
23:11une sœur, un soutien précieux en ces temps troublés.
23:16Poème d'un soldat à René Daveli, Beyrouth, le 15 mai 1944.
23:24Bien chère et noble ambassadrice du patriotisme français,
23:29votre nom serait désormais celui de cette cantatrice qui fut déesse des armées.
23:38Entre 1942 et 1944, René Daveli ne quitte plus son uniforme ni son accordéon.
23:45Son arme de guerre.
23:49La quasi-totalité des photos que l'on a d'elle est un uniforme.
23:52Uniforme qu'elle est autorisée à porter.
23:55Son activité est bien une activité de chanteuse,
23:58mais elle est un uniforme parce qu'elle est une femme des forces françaises libres.
24:03C'est pas simplement une vedette qu'on vient chercher.
24:05Elle-même va organiser des équipes autour d'elle.
24:08Un comique, un contorsionniste, etc.
24:11C'est elle qui est son chef d'entreprise de ces tournées auprès des blessés.
24:21René Daveli, dans son rapport au ministère de l'Information, le 13 novembre 1944.
24:30J'effectuais tous les deux mois des tournées en Syrie et au Liban
24:36pour visiter les gains de Beyrouth, de Damas, d'Alep,
24:41ceux de la marine et des centres d'accueil de Sofar.
24:45J'ai été jusqu'en Iran où j'ai donné, à Téhéran,
24:48une grande fête au profit des œuvres françaises
24:52et où j'ai chanté pour l'escadrille Normandie en route pour la Russie.
25:06Pendant que René Daveli chante à Téhéran durant l'été 1943,
25:11sachez qu'à Paris, le mouvement Défense de la France,
25:14le mouvement de Geneviève de Gaulle,
25:16est noyauté par un étudiant en médecine,
25:19traître à la solde de la Gestapo.
25:26Le 20 juillet 1943, une souricière est tendue
25:30aux membres de Défense de la France à Paris
25:33dans un endroit qui est leur boîte aux lettres,
25:36c'est-à-dire un endroit où ils laissent du courrier clandestinement
25:39pour d'autres résistants.
25:41C'est une librairie qui s'appelle Au vœu de Louis XIII,
25:44qui est située rue Bonaparte.
25:46Geneviève de Gaulle s'y rend ce jour-là
25:49avec des documents qu'elle doit y laisser.
25:52Dès qu'elle entre, elle remarque quelque chose de cloche,
25:55qu'il y a des personnes bizarres qui sont là.
25:58Elle tente de cacher ces documents,
26:02de les lancer dans un coin, mais ça ne marche pas vraiment.
26:05Elle est interpellée, non pas par un Allemand,
26:08mais par un Français, tout ce qu'il y a de plus français
26:11et tout ce qu'il y a de plus connu,
26:14puisqu'il s'agit de Bonny, ex-inspecteur de police,
26:17qui, sous l'occupation, a rejoint un certain Lafon.
26:20Ils vont former ce qu'on a appelé la bande Bonny-Lafon,
26:23qui vont s'enrichir considérablement sous l'occupation
26:26en se polluant des familles juives,
26:30Ce Bonny, il l'arrête, elle a des faux papiers.
26:33Il lui dit, écoutez, ces papiers sont faux,
26:36qui êtes-vous vraiment ?
26:39Et là, ce qui est vraiment incroyable,
26:42c'est qu'elle s'était toujours dit que si on perçait à jour
26:45que ces papiers étaient des faux,
26:48elle dirait immédiatement son vrai nom.
26:51Son argument était qu'elle voulait que les collaborateurs
26:54et les nazis sachent que toute la famille de Gaulle
26:58Elle lui dit, mon vrai nom, c'est Geneviève de Gaulle.
27:01Et elle voit passer une sorte de lueur d'inquiétude
27:04dans les yeux du fameux Bonny,
27:07qui doit quand même anticiper un petit peu
27:10que cette arrestation, en même temps très importante,
27:13pourrait, à l'avenir, si l'avenir tourne mal,
27:16lui coûter fort cher, ce en quoi il ne s'est pas trompé.
27:19En effet, Pierre Bonny sera arrêté par les résistants
27:22le 31 août 1944 dans une ferme du Loiret.
27:26Ce gestapiste français sera condamné à mort
27:29puis fusillé le 27 décembre 1944 à Arcueil,
27:32au fort de Montrouge.
27:40Dans la zone sud, nous retrouvons Mila Racine à Saint-Gervais.
27:43Alors qu'elle prend soin des populations juives étrangères,
27:46de l'autre côté de la frontière,
27:49la situation politique bascule.
27:56La radio de Rome a annoncé, un peu avant 11h15,
27:59que le roi d'Italie a accepté la démission de Mussolini
28:02et qu'il a désigné pour lui-même,
28:05le maréchal Badoglio.
28:08Plus qu'une démission, c'est la chute de Mussolini.
28:11En quelques années,
28:14le duché a fait de l'Italie,
28:17aux côtés de l'Allemagne nazie,
28:20un autre pays de l'Europe.
28:23Face à la progression alliée,
28:26les caciques du fascisme italien,
28:29inquiets de cette guerre qui tourne mal pour eux,
28:32ont finalement sacrifié leur chef,
28:35avec l'espoir de sauver leur peau aux yeux des Alliés.
28:38Et cette chute de Mussolini
28:41a une répercussion immédiate sur la vie de Mila Racine.
28:44Dès septembre 1943,
28:47les Allemands investissent,
28:50toute l'ancienne zone italienne
28:53où se trouvent Mila et sa sœur.
28:56La conséquence, c'est d'abord une grande angoisse
28:59chez les Juifs de Saint-Gervais, de Meugève,
29:02parce que tous s'interrogent.
29:05Que va-t-il se passer ?
29:08Simon Levit, dirigeant du mouvement de la jeunesse sioniste,
29:11contacte Mila et lui demande si elle se sent capable
29:14de convoyer un certain nombre d'enfants de Saint-Gervais en Suisse.
29:17Mila accepte.
29:20Ça devait être septembre, c'était encore les vacances.
29:23Là, on avait déjà des passeurs à Annecy qu'on payait.
29:26On nous amenait des enfants.
29:29Et nous, on les amenait à Annemasse.
29:32Et Mila va leur donner un certain nombre de conseils.
29:35Il faut être vêtu légèrement,
29:38comme si on allait faire une promenade,
29:41en mettant par contre deux couches de sous-vêtements.
29:44Pas de nourriture à part du sucre dans les poches.
29:47Et on se met en route comme si on était un groupe
29:50qui part en randonnée.
29:53On se tenait par la main.
29:56Et comme j'étais un des plus jeunes et seul,
29:59certains étaient en général avec un frère
30:02ou un autre enfant de la famille.
30:05Moi, j'étais seul.
30:08Donc cette jeune femme qui, elle, m'a donné la main,
30:11c'est-à-dire que c'est elle qui, d'Annemasse,
30:14jusqu'à la frontière, malgré les passeurs,
30:17m'a donné la main pour me rassurer
30:20et pour être en confiance avec un adulte.
30:23Jusqu'à ce qu'on arrive au bord d'une rivière
30:26qui délimite la frontière entre la France et la Suisse.
30:29Mila repère un peu les lieux.
30:32Elle leur donne le signal.
30:35Donc elle se baisse pour refaire son laçon.
30:38Et les enfants traversent.
30:41Pour passer ces barbelés,
30:44il fallait gratter la terre et passer en dessous.
30:47On s'est glissé sous les barbelés.
30:50On s'est mis à courir le plus loin possible.
30:53C'est comme ça que j'ai été sauvé.
30:56Voilà.
30:59Le seul souvenir que j'ai d'elle,
31:02c'est que je l'ai trouvé très belle.
31:05Elle a été gentille en plus.
31:08Alors que je ne la connaissais pas.
31:11Si ce n'est peut-être la chaleur de sa main.
31:14C'est tout.
31:17C'est vraiment devenu une amie.
31:20André Panzer fait partie
31:23des 254 enfants sauvés par Mila et son équipe.
31:26En octobre 1943,
31:29la traque des Juifs s'intensifie dans la région.
31:33L'objectif désormais,
31:36une fois qu'ils ont évacué les enfants de Saint-Gervais,
31:39c'est de sauver le plus d'enfants possibles.
31:42Enfants venus de toute la France.
31:45Mila, au mois d'octobre,
31:48fait au moins 2 allers-retours entre Annecy et Nice
31:51pour aller chercher des groupes d'individus
31:54qu'elle amène à Annecy pour les faire passer.
31:57En octobre, il n'y a jamais eu autant de convois.
32:00Il y a quasiment un convoi par jour.
32:03D'ailleurs, plus seulement d'enfants.
32:06Parfois des familles.
32:09Mais le 21 octobre 1943,
32:12alors que Lucie Aubrac libère son époux
32:15des griffes de Klaus Barbie,
32:18le même jour, ce 21 octobre 1943,
32:21Mila Racine et son coéquipier Roland Epstein
32:24tombent dans un piège en convoyant un groupe particulier.
32:27Ce ne sont pas des enfants.
32:30Ce sont un couple de personnes âgées,
32:33une femme avec un enfant, un bébé,
32:36et une vieille dame.
32:39Alors qu'ils attendent au lieu de passage
32:42sur ordre du passeur,
32:45ils tombent dans une embuscade allemande.
32:48Roland Epstein a raconté plus tard
32:51avoir entendu le cri des chiens, des lumières,
32:54des hurlements.
32:57Il y a eu des coups de feu.
33:00Ces coups de feu ont tué un bébé et une dame âgée.
33:03Le groupe est arrêté et emmené à Hanmas,
33:06à l'Hôtel Pax, qu'on appelle parfois la prison.
33:09En fait, le lieu de la Gestapo à Hanmas.
33:12Le matin, je vais chez le passeur.
33:15Il me dit, allez-vous-en, allez-vous-en.
33:18On les a tous pris hier.
33:21On a été là, on a tiré, on a tué le bébé
33:24dans les bras de sa mère.
33:27Votre soeur et les autres ont été emmenés en prison.
33:30Vous pouvez imaginer dans quel état
33:33je suis revenue à Annecy.
33:36C'est là que tout de suite,
33:39les gens du MGS sont venus.
33:42On dit, tout de suite, vous disparaissez.
33:45Parce qu'on n'était jamais sûr de personne.
33:48Quand les gens étaient interrogés par la Gestapo,
33:51on ne savait jamais.
33:54Personne ne peut savoir comment ils réagiront.
33:57S'ils donneront des adresses, des noms,
34:00on ne peut pas savoir.
34:03Dès que quelqu'un a été pris, il fallait que les gens s'éparpillent
34:06et qu'on ne les retrouve pas.
34:09En détention, Roland, le coéquipier de Mila Racine,
34:12subit de violents interrogatoires.
34:15Elle s'y échappe et reçoit la visite du maire d'Annemas,
34:18un résistant à qui elle confie des lettres pour sa famille.
34:24Souvenirs de Jean Defaut, maire d'Annemas, 1989.
34:31Mila, quelle belle jeune fille c'était.
34:36Avant de partir, elle avait écrit sur la porte de sa cellule
34:39un petit quatrain dont je me rappelle le sens.
34:43Amie qui passera, qui sera un jour dans cette cellule,
34:46quoi qu'il puisse arriver,
34:49conserve toujours confiance et sourire.
34:52C'est pour la France.
34:58Mila est détenue à l'hôtel Pax,
35:01en compagnie de toutes les victimes juives de ce coup de filet.
35:04Cependant, elle-même n'a pas été identifiée comme juive.
35:08Elle est arrêtée en tant que résistante.
35:11Lorsqu'elle écrit à sa famille sous sa fausse identité,
35:14Marianne Richemont, Mila fait diversion,
35:17sachant très bien qu'elle sera lue par la Gestapo.
35:20Les hôteliers dont elle parle,
35:23ce sont les tenanciers du lieu, donc ses gardiens.
35:38Avec ses lettres,
35:41elle assoie sa couverture de françaises non-juives.
35:44Alors certes,
35:47elle évite ainsi la déportation,
35:50mais pas la détention dans une nouvelle prison.
35:57Dans ce cas-ci,
36:00il ne s'agit que d'une prison.
36:04Avec Roland,
36:07ils sont envoyés à Montluc,
36:10une prison tristement célèbre.
36:13C'est une prison qui est connue pour sa violence
36:16et les deux mois qu'ils y passent sont extrêmement difficiles.
36:22Cela dit,
36:25une chose qu'il faut noter,
36:28c'est le groupe d'amis que Mila se fait à Montluc.
36:32Elle rencontre quatre autres jeunes femmes
36:35à qui elle ne dévoile pas sa véritable identité.
36:38Elle ne dit pas qu'elle est juive,
36:41elle ne prend pas ce risque,
36:44mais elle crée avec ces quatre jeunes femmes
36:47un lien très important pour la suite de sa vie
36:50et pour le soutien moral que ça représente.
36:54Pendant que Mila Racine croupit dans sa cellule de Montluc à Lyon,
36:57le couple Aubrac,
37:00désormais réuni depuis l'évasion,
37:03entame une longue cavale.
37:06Raymond, lui aussi détenu et torturé à Montluc,
37:09se remet difficilement de son emprisonnement.
37:12C'était un homme très ébranlé
37:15par sa détention et les conditions de sa détention à Montluc
37:18et ce qu'il avait vu à Montluc,
37:21les interrogatoires qu'il avait subis.
37:24Son équilibre psychologique était fortement perturbé.
37:27D'autant que les parents de Raymond avaient été arrêtés
37:30et qu'il savait que ça pouvait laisser présager le pire.
37:41Durant leur vie clandestine dans le Jura,
37:44à l'automne 1943, Lucie et Raymond Aubrac
37:47éprouvent la fatigue et l'angoisse d'attendre
37:50leur exfiltration du territoire.
37:53Ils tiennent le coup grâce à la formidable solidarité
37:56au sein de la résistance.
37:59C'est vrai qu'ils vont éprouver une solidarité extraordinaire
38:02de la part de gens qui ne connaissent ni d'Eve ni d'Adam
38:05mais qui prennent le risque de les héberger.
38:08Comme il faut prendre des précautions, ils passent d'un logis à un autre
38:11donc ils voient des gens très différents.
38:16La solidarité des femmes à mon égard
38:19fut extraordinaire.
38:22Elles se sont toutes entendues pour me trouver de la layette,
38:25taillant dans les chemises des hommes pour coudre une brassière
38:28alors que le fil était si rare,
38:31détricotant des pullovers,
38:34défaisant des dessus de lits de coton pour faire des langes,
38:37débitant des draps.
38:40Chaque fois qu'on tuait un lapin, on gardait sa peau
38:43pour en faire une couverture pour les enfants.
38:46Je n'ai jamais oublié.
38:49Aux yeux de ces femmes si courageuses, j'étais une héroïne
38:52alors qu'elles-mêmes étaient extraordinaires.
38:58Il est certain que ce qu'ils expérimentent là,
39:01c'est ce que Jean-Pierre Vernon appelait l'amitié, la philia grecque.
39:04C'est-à-dire qu'entre les résistants,
39:07quel que soit leur rôle,
39:10les responsabilités qui leur échoient,
39:13il y a une solidarité qui est extrêmement forte
39:16et qui peut quand même permettre de surmonter bien des passages avides.
39:19Et ça, l'un comme l'autre ont souligné à quel point
39:22ils avaient été sensibles à cette chaîne de solidarité
39:25de gens qu'ils ne connaissaient pas du tout
39:28et qu'ils avaient pris des risques pour leur permettre de partir.
39:35D'endroit en endroit, de cachette en cachette,
39:38de merveilleux accueils de ces gens tout simples
39:41dans l'Inde, dans le Jura, de ces demoiselles du château de Villevieux,
39:44nous avons attendu qu'à une lune favorable,
39:47et ça a été la lune de février,
39:50un avion clandestin anglais vienne nous chercher.
39:53Il est venu nous chercher dans la nuit du 8 au 9 février 1944
39:56par une belle nuit de pleine lune,
39:59mais tout de même avec un temps qui s'était radouci,
40:02qui fait que cet avion s'est embourbé.
40:05Il a fallu que tout le village, au milieu de la nuit,
40:08accepte de venir avec des fagots, avec des madriers,
40:11avec des pelles, des bœufs pour tirer cet avion,
40:14le sortir de sa boue, le mettre sur cette espèce de tranchée
40:17qui avait été faite, de rail qui avait été fait pour le sortir,
40:20et nous sommes partis vers la liberté.
40:28En ce début d'année 1944, alors que le couple désormais mythique
40:31Lucie et Raymond Aubrac s'envole pour rejoindre Londres,
40:34Simone Mathieu est encore à Alger
40:37et René Daveli au Caire.
40:40Quant à Geneviève de Gaulle et Milla Racine,
40:44elles sont toutes les deux prisonnières des nazis.
40:47Quel sera le dénouement de la guerre pour nos cinq héroïnes ?
40:50C'est l'horizon du prochain épisode.
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