Bordeaux va présenter son plan de continuation de son activité au tribunal de commerce ce mardi. Mais Oliver Kahn, légende du Bayern Munich, a de son côté envoyé un dossier de reprise au dernier moment pour tenter de récupérer le club. Les explications de Nicolas Paolorsi dans l'AFter Foot.
00:00Raconte ce qui va se passer parce que là, ce qu'a fait Oliver Kahn pourrait être décisif pour en fait piquer le club sous le nez à Lopez.
00:07Raconte-nous pourquoi.
00:09C'est vrai que c'est peut-être une journée très importante dans l'histoire du club aujourd'hui.
00:13Ce qui s'est passé, c'est que demain, les Girondins de Bordeaux vont être auditionnés par le tribunal de commerce de Bordeaux.
00:19C'est une date importante parce que c'est demain que Gérard Lopez doit présenter son plan de restructuration de la dette.
00:27On appelle ça un plan de continuation. En clair, qu'est-ce que c'est ?
00:31Gérard Lopez va aller voir le tribunal de commerce de Bordeaux avec une stratégie pour le reboursement de la dette.
00:40On va donner 2 millions à la métropole. On va donner 10 millions à ce créancier.
00:45On va donner 0 à ce créancier là.
00:47Et le tribunal de commerce va voter pour savoir si ça leur va, ça correspond à ce qu'ils veulent.
00:58Certains créanciers aussi vont voter pour savoir si ce mode de remboursement leur plaît ou pas.
01:04Donc ça, c'est la première des choses.
01:05Il y avait dans toute cette procédure là un dossier qui devait être déposé dans la journée.
01:13La deadline, c'était ce soir. Si jamais quelqu'un était intéressé pour racheter le club, tu pouvais postuler, créer un dossier.
01:24Pour qu'on comprenne bien, à ce stade, un dossier qui, de fait, devenait un concurrent du dossier Lopez.
01:29Exactement. C'est-à-dire que tu pouvais, toi Gilbert, si tu avais les fonds, envoyer un dossier au tribunal de commerce de Bordeaux.
01:36Et de fait, ce dossier était examiné par le tribunal de commerce.
01:40C'est ce qu'a fait Oliver Kahn. C'est ce qu'a fait Oliver Kahn, qui s'est fait discret ces derniers jours.
01:46Il n'est pas trop parlé. Il est arrivé sur Bordeaux déjà au mois de février, Oliver Kahn.
01:51Ça fait longtemps qu'il a dit qu'il était intéressé par le club.
01:54Il allait rencontrer la métropole, il allait rencontrer la mairie.
01:57Donc il a beaucoup bossé. Il a échangé aussi avec les créanciers de Gérard Lopez.
02:02Et on pense notamment à un fonds d'investissement Fortress qui est très important dans ce projet de remboursement de la dette.
02:09Donc Oliver Kahn, il a présenté ce dossier au tribunal de commerce de Bordeaux.
02:13C'est-à-dire que le tribunal de commerce de Bordeaux...
02:14Il est avec des Suisses. Je ne sais pas si ça a été dit. Il est avec des Suisses, Oliver Kahn.
02:17Les investisseurs sont suisses.
02:20Donc voilà, il y a ces deux dossiers-là.
02:23Et désormais, le tribunal va devoir trancher.
02:26Est-ce que Gérard Lopez, qu'il y a encore la priorité, le président actuel a encore la priorité ?
02:31Ça veut dire que c'est forcément son plan de restructuration et de continuation qui va être examiné en premier.
02:37Est-ce que ce projet est viable, valide et plaît au tribunal de commerce de Bordeaux ?
02:42Est-ce que les créanciers acceptent cette stratégie-là ?
02:45Et dans ce cas-là, si c'est oui, Gérard Lopez continuera.
02:50Et en gros, il n'y a que la décision de justice qui peut enlever le club de Gérard Lopez
02:54puisque lui ne veut absolument pas se barrer.
02:56Il est accroché, menotté au radiateur.
02:59Comme un forcené, il ne veut pas lâcher.
03:01Et en gros, est-ce qu'il va réussir à embominer encore les gens et à dire...
03:06Il n'y a pas que la justice.
03:07En fait, c'est les créanciers qui vont avoir un rôle super important à jouer.
03:10Il va leur vendre quoi ? Un remboursement sur 10 ans ?
03:13C'est ce qu'il a proposé.
03:16Détaler sur 10 ans. Est-ce que les mecs vont encore accepter ça ?
03:19Eh bien, il y a justement Fortress, le fonds d'investissement
03:23avec lequel Gérard Lopez était allé complètement au bras de fer
03:26au moment de renégocier la dette.
03:30Eh bien, Fortress, dans cette renégociation de dette,
03:32ils avaient obtenu un statut ultra privilégié.
03:35C'est le seul créancier qui a, entre guillemets, son droit de veto
03:39sur le plan de Gérard Lopez.
03:40C'est-à-dire que si Fortress, demain, quand on leur présente le plan de restructuration,
03:44ils disent « nous, ça ne nous va pas », Gérard Lopez est hors jeu.
03:47Mais Nico, il faut ajouter un truc.
03:50C'est qu'il va y avoir, au-delà du passage devant le tribunal de commerce,
03:54il va y avoir la DNCG dans la foulée.
03:56Alors oui, ça c'est totalement juste, tu as raison.
03:59Eh oui, parce que la DNCG, si elle prononce une nouvelle rétrogradation
04:02parce qu'il n'y a pas la thune, ce qui peut également arriver.
04:05D'ailleurs, Gérard Lopez a rencontré, il y a deux semaines, un truc comme ça,
04:11Philippe Diallo pour essayer de le convaincre, de jouer également là-dessus.
04:16Genre « non, ne soyez pas sévère avec nous ».
04:19Comme il fait tout le temps, Gérard Lopez, de toute façon, il arrive avec les casseroles
04:23et les cravates, il fait son camelot comme d'habitude.
04:27Il essaye de vendre sa boutique.
04:30Je ne suis pas sûr qu'il ait réussi à le convaincre.
04:32Mais il va y avoir ça aussi.
04:34Il va y avoir la crainte du passage devant la DNCG.
04:36Il va y avoir ça.
04:38Donc franchement, pour Bordeaux, le mieux, c'est que demain, ça se termine.
04:41Qu'on en termine.
04:42C'est quand même fou.
04:43On a un investisseur qui est ultra motivé.
04:46Parce que les gens pourraient se dire « mais qu'est-ce qu'il a, Olivier Arcade ? »
04:48En tout cas, il s'accroche.
04:49Voilà, exactement.
04:50Il est prêt à mettre 15 millions d'euros.
04:52Le projet, c'est là, il arrive avec 15 millions d'euros.
04:54Et lui, il dit « moi, je paye les créanciers tout de suite. »
04:56Voilà, et il dit « dans la foulée, on verra comment on progresse et tout. »
04:59Si t'es le créancier entre Lopez qui te dit « moi, je vais te rembourser sur 10 ans »
05:03et l'autre qui dit « moi, je te rembourse tout de suite. »
05:04Pour arriver en quatrième division avec le projet,
05:07t'as une star du foot qui, bon, s'est fait écarter du Bayern.
05:10Il a envie d'un projet dans le foot.
05:11Alors l'histoire dit, ce sera son storytelling, si jamais il a le club,
05:15que c'est en 96 que Bordeaux lui a tapé dans l'œil.
05:18Au moment de la finale de la Coupe de l'UE.
05:19Justement, on lui pardonnera qu'à la finale de la Coupe de l'UE s'il reprend le club.
05:23Il faut savoir...
05:23Qui était en aller-retour.
05:25Et tu verras que c'est son storytelling,
05:29c'est que Bordeaux lui a tapé dans l'œil à cette époque-là,
05:31quand la finale se jouait en aller-retour en UEFA à l'époque.
05:33Bien sûr.
05:34Et il y avait Kostadinov avec le Bayern.
05:36Voilà.
05:37Et Klinsmann.
05:39Et Papin aussi.
05:40Papin.
05:40Mais il y a pas...
05:41Pardon, mais je suis toujours...
05:42Il avait beaucoup aimé ce club et tout ça.
05:45Et au moment de se dire « j'ai envie d'un club »,
05:47il s'est dit « tiens, Bordeaux, ça me plaît, j'ai envie d'aller. »
05:49On a un mec qui est motivé.
05:50Et tu vas mettre 15 millions pour repartir en 4ème division, donc.
05:54Ça va se faire pour monter, non ?
05:56Peut-être plus bas, parce que si jamais...
05:58Peut-être plus bas.
05:59Parce que je veux dire, ça me paraît une somme énorme.
06:01Non, mais 15 millions, c'est pour éponger les dettes.
06:02J'ai pas excité, Nico.
06:04Il y a 93 millions de dettes à Bordeaux.
06:0693 millions.
06:07En fait, sur les 93 millions de dettes,
06:08tu as des créanciers qu'on appelle de classe 1.
06:12Tu es obligé de les rembourser, ceux-là.
06:14Donc, tu peux pas y couper.
06:17En gros, t'as le loyer du Matmut, d'ailleurs.
06:19Alors oui, mais la métropole n'est pas un créancier de type 1.
06:22Il est de classe 1, tu le rembourses tout de suite.
06:24T'es pas obligé de rembourser la métropole tout de suite.
06:26Par contre, Fortress, par exemple, il y a Fortress, il y a les AGS.
06:30En gros, c'est l'État, les AGS, c'est ce qui va payer les salaires des personnes
06:33qui ont été licenciées.
06:34Ça, ce sont des créanciers de type 1.
06:35Et dans les 15 millions proposés par Cannes,
06:38c'est pour rembourser ces créanciers dits de type 1.
06:41La métropole n'est pas un créancier de type 1,
06:43donc Oliver Kahn peut renégocier avec la métropole derrière
06:47et il n'est pas obligé de payer exactement le montant.
06:50Les autres, ils pourraient s'asseoir sur une partie de l'argent qu'il aurait dû, Nico.
06:54C'est bien ça.
06:54Exactement.
06:54Mais c'est toujours comme ça.
06:56D'ailleurs, aujourd'hui, pour la métropole, j'ai lu ça pour le stade,
06:59ce qui est dingue et pas entendable, évidemment,
07:02c'est que je crois qu'on leur proposerait 2 millions dans un plan versus,
07:07je ne sais plus combien les loyers ça représente.
07:09Donc évidemment, personne ne peut accepter ça.
07:11Mais déjà, tu as un délai supplémentaire, tu peux négocier.
07:15Et sur certaines, effectivement, tu as une partie de la dette qui peut disparaître.
07:17Et d'ailleurs, Lopez, il a souvent espéré ce genre de choses.
07:23Parce que quand tu as des dettes comme ça, tu as des plans où parfois une partie de la dette disparaît.
07:28C'est vrai.
07:28Oui, puis Gérard Lopez, en fait, il s'est toujours senti en situation de force.
07:32Excuse-moi, Daniel, juste pour expliquer.
07:34Mais en fait, là où il s'est senti toujours en situation de force avant le dépôt du dossier par Oliver Kahn,
07:38c'est que, hormis Fortress, aucun créancier ne pouvait dire,
07:42nous, on veut que Gérard Lopez dégage parce que ça ne nous vaut pas.
07:44On vote contre son plan de continuation.
07:46Ils n'ont pas ce pouvoir-là, les créanciers.
07:48Si le tribunal de commerce de Bordeaux disait « Fortress est d'accord et nous, ça nous va »,
07:52en gros, toi, tu es créancier, c'est la métropole, c'est soit tu acceptes les 2 millions d'euros,
07:57et avec l'argument du 2 millions d'euros, c'est toujours mieux que rien.
08:00En même temps, Nico, ça peut lui donner une porte de sortie à Lopez.
08:02Parce que comme il ne veut pas faire le gars qui s'en va, quitter le navire et tout,
08:06genre « je l'ai promis, il est supporter », on sait le lien qu'il a.
08:09Il faut toujours avoir en tête que malgré tout ce qui s'est passé,
08:14il continue d'avoir le soutien d'un groupe ultra important à Bordeaux.
08:17La grande folie, elle est là.
08:21Il continue d'être soutenu par le principal groupe ultra à Bordeaux.
08:24Je me permets quand même de rappeler son palmarès.
08:26Et donc, il a coulé.
08:28Tu veux qu'il a coulé ? Vas-y, c'est pour le palmarès.
08:30Donc Lotus, l'écurie Lotus, qui a été coulé, racheté pour un euro symbolique.
08:35Il n'avait plus papier WC au Hayan alors qu'il a dirigé l'équipe Lotus.
08:38Moucron, faillite du club.
08:40Boa Vista, relégué en Ligue 2 et on ne paie même pas l'électricité du stade.
08:44Lille, 160 millions d'euros de dettes quand il est parti.
08:47Ça, c'est le palmarès de Lopez.
08:48Et 100 000 de notes de taxi.
08:50Ah oui.
08:51Et puis, quand Gérard Lopez arrive, les Girondins sont encore en Ligue.
08:55On a tendance un peu à l'oublier.
08:57Et le principal groupe ultra de la ville soutient ce type-là encore.
09:01Je ne sais pas comment il les a maraboutés.
09:02Nous, on s'est toujours dit, les observateurs sur Bordeaux, on s'est toujours dit que tant qu'il y avait ce soutien des ultramarines, rien ne bougeait.
09:11Mais pourquoi en fait ? Quelqu'un va enfin essayer de le dire un jour le pourquoi ou pas ?
09:15Je t'avoue que c'est très compliqué de savoir.
09:16Ou à Bordeaux, vous avez peur de le dire.
09:18Non, mais même, c'est compliqué vraiment de connaître le lien qu'il y a entre Gérard Lopez et les ultramarines.
09:26Quand il est arrivé à Bordeaux, il a tout de suite essayé de recréer ce lien.
09:29Parce qu'il est arrivé après Frédéric Longépé, qui était en guerre ouverte, vous vous en souvenez, avec les supporters bordelais.
09:35Il a réussi à renouer ce lien-là.
09:37Et stratégiquement, il a eu raison de le faire.
09:39Après exactement ce qu'ils ont dealé, les liens qu'ils ont créés entre eux, je t'avoue que c'est très difficile de le savoir.
