“Appartement proche Paris, charme atypique” : vivre un arrêté de péril, entre désespoir et besoin d’en rire

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00:00En fait, je trouve bien un acheteur, si vous n'achetez pas, il faut faire 8 ans.

00:12Appartement Proche Paris Charmatypique, c'est l'histoire d'une rénovation rocambolesque,

00:17presque cauchemardesque, d'un immeuble placé en insalubrité en Seine-Saint-Denis.

00:24Mais c'est aussi l'histoire d'un collectif de voisins venus du monde entier

00:29et qui, en fait, est entraîné dans cette odyssée dingue qui est la rénovation d'un immeuble dans un très très sale état.

00:38Vous avez montré ça ?

00:40Ça, c'est le type qui a failli être tué en bas, à partir de ma fenêtre.

00:45C'était au-dessus de ma fenêtre que c'est tombé, je vous montre.

00:52Fissures, corrosion, moisissures, fuites, peintures toxiques.

00:56Le rapport de l'architecte nous glace le sang.

00:59Et il conclut qu'il devra être envisagé un plan de redressement global de l'immeuble,

01:04portant aussi bien sur des campagnes de travaux que sur les habitudes de vie des occupants.

01:12Pour sauver l'immeuble, il faut refaire tout l'immeuble.

01:16On ne sait ni par où commencer, ni combien va nous coûter cette résurrection.

01:20Arrive un jour, ce courrier qui démarre le film, qui est le courrier du tribunal administratif,

01:26et qui m'apprend que mon immeuble est en arrêté de péril,

01:30et qu'a priori, ils font un très grand audit de cet immeuble,

01:32parce que la sécurité des habitants est mise en danger.

01:35Moi, je n'en ai aucune conscience de ça, parce que je vis dans ma petite bulle.

01:39Je dis souvent que j'ai vécu dans une cabine première classe,

01:41dans un bateau qui était en train de prendre l'eau, et je ne me rendais pas compte de ça.

01:45Et donc, en fait, c'est un choc, parce que j'ai un attachement personnel intime à ce lieu dans lequel j'habite,

01:50ce qui fait qu'en fait, je ne peux pas me casser comme ça.

01:52Donc, démarre à ce moment-là, et ça fait déjà cinq ans que je vis là à ce moment,

01:56au moment où ce courrier arrive, démarre une aventure,

01:59et je pense que c'est un réflexe professionnel.

02:01Je commence à faire des images des premiers chantiers,

02:02parce que je suis assez affolée de ce qui se passe,

02:04et puis je vais aller de découverte en découverte,

02:06c'est-à-dire que le spectateur avec moi, quand il va voir ce film,

02:08il va voir ce que je découvre, comment c'est chez les uns, chez les autres,

02:11les portes s'ouvrent enfin chez les voisins,

02:14et c'est une catastrophe.

02:23Regarde ces installations, faites avec du scotch.

02:28Il y a une évacuation d'une chiote,

02:30qui voit les pipi, le caca, les rats,

02:31et qui rentre pour cette eau-là, pour s'il y a rat.

02:35Putain, mais regarde l'extraction, regarde.

02:38Est-ce qu'il y a eu un parfum sur la gueule, c'est...

02:41Putain.

02:41Moi, je suis partie dans cette aventure de rénovation,

02:45mais avec une foi absolue.

02:48Je me suis dit, après tout, on est chez nous,

02:51alors pas comme certains le disent et le pensent,

02:55mais on est chez nous, c'est à nous, ça nous appartient,

02:57c'est notre bien commun.

02:59On n'est pas que propriétaire de notre appartement,

03:01on est propriétaire d'un immeuble, ça a du sens,

03:03la partie commune qu'on partage, ça a du sens.

03:05Donc, je me suis dit, après tout,

03:07pourquoi est-ce qu'on attend d'un syndic qui fasse tout ?

03:09Donc, on a viré le syndic,

03:10on est allé chercher une femme formidable, extraordinaire, folle,

03:13que j'aime beaucoup.

03:14Je me suis dit, allez, à cœur vaillant, rien d'impossible,

03:17et on va essayer de faire quelque chose.

03:19En tout cas, moi, c'était vraiment mon envie.

03:21J'avais envie d'harmonie.

03:23C'est une lunuche, hein, mais j'avais envie qu'on soit tous bien.

03:26Je n'avais pas envie qu'on fasse une culbute financière.

03:28Je n'avais pas envie de rénover la copropriété

03:30pour qu'on puisse bien la vendre.

03:32J'avais simplement envie que ce soit propre, sécurisé, clean.

03:36Donc, moi, je suis partie avec cette seule ambition.

03:40Et je me suis fracassée sur un nombre incalculable de déconvenus.

03:44C'est-à-dire que dès qu'on fait quelque chose,

03:46aussitôt, le moindre plaisir, la moindre satisfaction

03:49est balayée par un truc qui pète,

03:51le coup de folie d'un propriétaire, d'un voisin.

03:55Un nouveau merdier démarre au quatrième étage

03:57où plusieurs appartements subissent des dégâts des eaux monstres.

04:03Évidemment, on grimpe au cinquième étage

04:05et on comprend mieux ce qui se passe.

04:07La fille qui se prostituait a fini par s'en aller

04:09en laissant derrière elle un studio ravagé

04:12et un accès privilégié aux gouttières

04:14à faire pâlir les experts d'assurance.

04:19Ce film, il se présente comme une comédie documentaire

04:23et moi, je revendique parfaitement qu'il s'agit d'une comédie.

04:26C'est une comédie, une dramedie, en fait.

04:29C'est une comédie noire, un peu une comédie à l'italienne.

04:32Et pour moi, ça s'est imposé.

04:34D'abord parce que je pense que c'est une histoire de personnalité.

04:38C'est le fait, tout simplement, d'aborder les sujets les plus difficiles

04:41avec un regard caustique, ça me caractérise un petit peu.

04:44Et puis, en fait, j'avais aussi envie de rendre un hommage

04:49aux voisins, aux personnes avec qui j'ai vécu cette aventure

04:53parce qu'ils ont, eux, de l'humour.

04:56Et souvent, ils ont de l'humour parce qu'en réalité,

04:58ils n'ont presque rien d'autre.

05:00Ils n'ont plus rien d'autre.

05:01Il n'y a plus qu'à pleurer.

05:02C'est-à-dire que souvent, je dis, on avait de bonnes raisons

05:04d'appeler la police 15 fois par jour dans cet immeuble

05:06ou d'appeler les services sociaux ou de se lamenter.

05:10Le truc, en fait, c'est qu'au bout d'un moment,

05:12on s'aperçoit que le rire entre nous vient comme un extincteur

05:15éteindre les heurts et ça permet aussi, en fait, de fraterniser.

05:20Parce que franchement, il ne nous reste vraiment que dalle.

05:22Ils n'ont pas réussi à rentrer, mais ils ont complètement...

05:26Ah, ils vont rentrer.

05:28Et voilà, la porte verte, alors, quatre ventes.

05:31Putain, la porte blandaise, ils ont réussi à faire ça.

05:32On repère vite la petite bande qui veut prendre ses quartiers

05:40au cinquième étage.

05:44Même attrapés en flagrant délit, ils reviennent tous les jours.

05:49Cette fois, on n'appelle pas l'État à l'aide.

05:52On se débrouille nous-mêmes pour mûrer un à un

05:54les studios fracassés.

05:55Et malgré ça, le jeu du chat et de la souris

06:03continuent entre ces relous et les flics.

06:07Ouais, les deux là, les deux là, c'est des flics.

06:09Je ne sais pas, j'ai pas.

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