"J'avais fait la série Mafiosa et je voulais continuer à raconter cette partie sombre de la Corse, du milieu des voyous."
Pierre Leccia, le créateur, réalisateur et co-scénariste de Plaine Orientale revient sur la genèse de sa nouvelle série, de ce qui la différencie de Mafiosa, de son casting et du tournage.
Plaine Orientale, la Création Originale avec Raphaël Acloque et Lina El Arabi, seulement sur CANAL+.
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00:00Une série qui s'appelle Pleine-Orientale, qui raconte l'histoire d'un jeune voyou qui sort de prison,
00:04qui, parce que son père est corse et sa mère algérienne, est à cheval sur deux communautés,
00:09et qui a un peu de mal à retrouver sa place dans le milieu de la voyoucrie corse,
00:14parce que ses anciens amis corse le trouvent un peu trop arabe,
00:18et les arabes qui ont repris le deal de l'Oupine le trouvent un peu trop corse en leur goût.
00:21Avant Corse, on n'avait pas cette mafia.
00:23Parce qu'il a du mal à trouver sa place, et parce qu'il n'est ni accueilli véritablement par l'une et par l'autre,
00:27il va devoir se la faire lui-même, en faisant une alliance avec une demi-sœur,
00:31qui redécouvre au moment de sa sortie de prison, qui est elle, une jeune magistrate,
00:35qui vient d'être nommée à Bastia, qu'il n'a pas vue depuis 20 ans.
00:38Il va le jouer. On va jouer.
00:40J'avais fait pour Canel Plus la série Mafiosa, et je voulais continuer à raconter cette partie sombre de l'histoire de la Corse,
00:47du milieu des voyous, qui nécessairement évolue, comme tout fait de société.
00:51Je trouvais que c'était le bon moment d'avoir ce personnage qui se retrouve, un espèce de chien dans un jeu de kire,
00:57et que ça pouvait être intéressant de voir cette jeune génération de voyous
01:00confrontés à la vieille génération du banditisme un peu plus installé en Corse.
01:04Et si je te disais qu'on voulait niquer ?
01:07On aura le temps que ça prendra.
01:09Ça coûtera ce que ça coûtera, mais ils vont payer.
01:11Mafiosa ne parlait que du banditisme corse.
01:13Là, on parle d'un banditisme qui concerne deux communautés.
01:17C'est la communauté arabe qui gère tout le trafic de deal pour le compte des vieux voyous corse,
01:22et cette génération de voyous corse, quinquagénaires, qui sont là depuis 30 ans,
01:27et qui n'ont pas envie de laisser leur place, évidemment.
01:29Et je trouvais que c'était le bon moment de faire une série qui parle de problèmes entre communautés.
01:36Parce que c'est toujours un sujet qu'on évite, parce que c'est un peu touchy de parler des communautés.
01:40Parce qu'évidemment, le propre d'une communauté, moi je suis ici d'une communauté, donc je le sais,
01:44c'est de vivre malheureusement un peu reclus, un peu refermé sur elle-même.
01:48Et que voilà, c'était le bon moment de raconter ça, et de montrer ces deux mondes qui vont se confronter,
01:54se heurter, se tamponner, par le prisme de ce personnage de Reda.
01:59Jean-Dôme veut te voir.
02:00Il veut me voir, pourquoi ?
02:03Il veut te voir, j'ai compris ?
02:04Oh les gars, t'occupes pas de ça, toi !
02:05C'est bon, c'est bon, calme !
02:06Oh, je viens, c'est bon ! Calme !
02:09Évidemment, moi je ne représente pas la Corse à l'écran, je représente la partie sombre de la Corse.
02:14Parce que, évidemment, on est dans un contexte où on parle beaucoup de la Corse et des dérives mafieuses.
02:19Donc, c'était le bon moment.
02:20Cette série est finalement arrivée au bon moment, parce qu'elle raconte aussi la création d'un pôle anti-mafia,
02:25parce que la justice et la police commencent, enfin, osent nommer ce mot mafia,
02:30qui était assez tabou pendant des années.
02:32Même s'il n'existe pas de mafia Corse, au sens proprement parlé du terme,
02:37il n'y a pas de système pyramidal.
02:38Malgré tout, il y a une espèce de mafia horizontale, comme en Calabre,
02:43qui est constitué de petits groupes, qui ne sont pas drivés par un big chef,
02:47mais qui, de temps en temps, ponctuellement, font des affaires ensemble, se font la guerre ensemble.
02:50Il y a une espèce d'équilibre entre ce que raconte la série et la réalité.
02:54C'est plus qu'à signer et lui donner un chef.
02:56Un chef de combien ?
02:58500 000, pour commencer.
03:00C'est marrant parce que la première fois que j'ai fait des essais avec eux,
03:02avec Lina, L'Arabi et Raphaël Akloc,
03:04que j'ai vu tout de suite que ça matchait entre eux,
03:07c'est-à-dire qu'il y avait une complicité,
03:09la façon dont ils se parlaient, ils se regardaient, leur silence.
03:12C'était assez évident qu'il y avait quelque chose entre eux,
03:15alors qu'ils ne se connaissaient pas particulièrement.
03:17Ça s'est imposé à tout le monde,
03:18parce que l'un et l'autre se sont emparés de leurs personnages,
03:21leurs personnages se sont emparés d'eux.
03:23Aujourd'hui, ils se sont vus très très potes,
03:26et sans doute que l'histoire qu'on raconte de la série les a rapprochés,
03:29mais il y avait une espèce d'alchimie entre eux qui était assez évidente.
03:33Qu'est-ce qu'on fait ? On s'embrasse ?
03:35Viens à la petite soeur.
03:37Après, voilà, une série, comme je réalise les huit, c'est intense.
03:40Comme j'aime beaucoup le rapport avec les acteurs,
03:42parce que les acteurs, c'est magique, en fait.
03:45C'est comme disait Jean Gabin, les acteurs, c'est battre,
03:47et c'est vrai, parce que tant qu'il n'y a pas les acteurs,
03:49tout reste théorique, tout reste virtuel.
03:52Et puis ils arrivent, ils incarnent,
03:53on voit les gens vivre,
03:55on sent les cœurs battre,
03:56et tout devient magique.
03:58En fait, les séries, c'est comme les enfants, en fait.
04:00On les fabrique, on les fait, on les élève,
04:03puis à un moment, on les lâche dans la nature,
04:04en disant, voilà, maintenant, faites votre vie,
04:06et puis on attend de rencontrer quelqu'un qui dise,
04:08ah, tiens, j'ai vu ton fils, ta fille,
04:10il est sympa, il est très gentil,
04:11très bien élevé, très intéressant,
04:13et on est ravis.