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00:00L'actualité est chargée à l'Assemblée Nationale, notre invité et député de la première circonscription de la Loire.
00:05Pierre-Écourbon, bonjour.
00:06Bonjour, on a appris la semaine dernière que vous alliez vous consacrer à ce mandat de député
00:10et non pas une candidature socialiste à la mairie de Saint-Etienne.
00:12C'est donc à ce titre que ce week-end vous étiez encore à l'Assemblée pour étudier le texte sur la fin de vie
00:16qui sera soumis au vote demain en même temps que le texte sur le renforcement des soins palliatifs.
00:21Il y a une inquiétude, une colère parfois chez une partie de la population
00:24qui assimile ce texte à une extrême violence.
00:27Ce week-end, il y avait un rassemblement d'handicapés, de malades contre ce texte.
00:31Vous restez convaincu de son bien fondé ?
00:33Évidemment, je suis convaincu de la nécessité de faire évoluer la loi.
00:37C'est une attente sociétale forte.
00:39On a plus de 80% des Français qui attendent tout simplement que l'on puisse partir dans la dignité.
00:45Et c'est le cas avec les deux textes que nous allons voter et que je vais voter demain.
00:49A la fois la généralisation des soins palliatifs, puisqu'on a aujourd'hui 22 départements qui en sont dépourvus
00:54et ça doit être la réponse primordiale pour une fin de vie digne.
00:58Mais il y a un certain nombre de cas aujourd'hui où la médecine n'arrive pas à répondre aux douleurs
01:02à la fois physiques et psychologiques et puis surtout n'arrive pas à assurer une fin de vie dans la dignité.
01:09Et c'est avec ce droit à l'aide à mourir que nous avons créé dans la loi
01:12que nous allons pouvoir rendre effectivement cette possibilité effective de manière extrêmement encadrée.
01:18Moi, je tiens à le dire.
01:18Il y a des critères qui sont très précis, définis dans la loi.
01:22Chaque mot a été pesé.
01:24Nous avons débattu pendant plusieurs dizaines d'heures pour aboutir, je le crois, à un texte relativement équilibré.
01:30J'ose peut-être même dire assez consensuel, en tout cas,
01:33qui devrait recueillir une majorité à l'Assemblée nationale
01:36et qui devrait pouvoir poursuivre son parcours parlementaire.
01:39Consensuel, ça veut dire qu'il aurait pu aller encore plus loin, ce texte-là ?
01:42Oui, à titre personnel, moi, je faisais partie de ceux qui auraient aimé qu'on aille plus loin,
01:46en particulier, par exemple, sur la question de la prise en compte des directives anticipées
01:49ou sur la notion du tiers de confiance,
01:52quand on n'est plus soi-même en capacité de manifester sa volonté de mourir.
01:56Mais il a fallu trouver des points d'équilibre, justement,
01:59pour que ce texte puisse recueillir une majorité,
02:01parce que je pense que les Français nous attendent
02:03et attendent une évolution concrète de la loi rapidement.
02:06Et donc, avec un texte, finalement, qui prend en compte l'ensemble des préoccupations,
02:12on doit pouvoir avancer rapidement, maintenant, en particulier au Sénat.
02:16Texte plus controversé, en revanche, qui va être étudié cet après-midi,
02:19celui du sénateur de Haute-Loire, Laurent Duplon,
02:22sénateur Les Républicains, qui veut lever les contraintes à l'exercice du métier d'agriculteur,
02:26notamment en réintroduisant certains insecticides,
02:29colères de médecins, de scientifiques, d'apiculteurs,
02:32dont vous faites partie, vous avez une trentaine de ruches.
02:34Qu'est-ce qui vous inquiète, vous, en tant qu'élu et en tant qu'apiculteur ?
02:38Alors déjà, moi, je raisonne aussi en tant que citoyen
02:42par rapport, tout simplement, à la non prise en compte des faits scientifiques
02:47dans ce texte de loi qui, sous couvert de vouloir répondre au malaise agricole,
02:51et c'est une réalité, finalement privilégie des réponses court-termistes
02:55au service d'un modèle agricole qui, aujourd'hui, est déjà à bout de souffle,
03:00c'est-à-dire ce modèle productiviste.
03:01Ce qui m'inquiète, c'est qu'on est en train de légiférer contre l'effet scientifique.
03:05Quand nous avions fait le choix en France, il y a une dizaine d'années,
03:08d'interdire ces insecticides tueurs d'abeilles, les néonicotinoïdes,
03:11et en particulier l'acétamipride, pour être technique,
03:15nous ne l'avions pas fait par l'ubi partisane,
03:17mais bel et bien parce que la littérature scientifique
03:19a montré la dangerosité de ces produits,
03:21non seulement pour les abeilles, mais pour l'ensemble des pollinisateurs,
03:25pour l'ensemble de la chaîne alimentaire,
03:26et surtout pour la santé humaine,
03:28parce qu'on retrouve des traces de ces produits
03:30dans un certain nombre d'études, de prélèvements
03:35qui sont faits chez les humains,
03:36avec finalement des effets avérés en termes de perturbateurs endocriniens,
03:41en termes d'éléments cancérigènes,
03:43en termes de contamination in utero d'un certain nombre de fœtus,
03:47et donc on est en train finalement de légiférer
03:48en toute connaissance de cause,
03:50en s'assayant finalement sur la science,
03:52et pour moi ça c'est absolument inacceptable.
03:54Laurent Duplom, il dit qu'il faut qu'il y ait une concurrence loyale,
03:58notamment avec les autres agriculteurs européens,
04:00qu'est-ce que vous lui répondez ?
04:01Comment on peut arranger les choses si on ne passe pas par ce que lui propose ?
04:04Moi je pense qu'il se trompe de combat, bien évidemment,
04:07moi je comprends les agriculteurs qui disent
04:09on m'interdit d'utiliser un certain nombre de produits,
04:11on retrouve sur le marché des produits qui sont fabriqués finalement,
04:15ou en tout cas qui sont produits avec ces insecticides
04:18dans d'autres pays européens.
04:19Je dis qu'il ne faut pas vouloir niveler par le bas
04:22nos normes environnementales, tout comme nos normes sociales,
04:25et au contraire mener le combat pour que ces produits
04:27qui sont interdits en France et qui doivent le rester,
04:29le soient aussi demain au niveau européen.
04:32Mais finalement, on se trompe véritablement de bataille,
04:36et ce qui véritablement m'inquiète,
04:38et surtout ce que j'ai du mal à comprendre,
04:40c'est qu'au motif de préserver une ou deux filières agricoles,
04:44en particulier la question de la betterave,
04:46la question de la noisette,
04:47eh bien on s'apprête à tuer une filière agricole qui compte,
04:51c'est la filière de l'apiculture,
04:52avec ces milliers de professionnels
04:55qui aujourd'hui sont aussi à bout de souffle
04:57et tirent la sonnette d'alarme.
04:58Le débat n'aura peut-être pas lieu cet après-midi
05:00à l'Assemblée nationale,
05:01avec une motion de rejet qui va être déposée
05:03par le centre et la droite,
05:05qui défendent pourtant ce projet-là.
05:07C'est une manière de contourner
05:08les milliers d'abondements qui ont été déposés.
05:11C'est normal ?
05:12C'est une stratégie politique comme une autre ?
05:13C'est absolument scandaleux,
05:15parce que c'est relativement inédit,
05:16en tout cas ces dernières années,
05:18que des partisans d'un texte
05:20déposent finalement ce qu'on appelle une motion de rejet
05:22pour s'aborder leur propre texte
05:24et faire en sorte qu'ils ne soient pas examinés
05:26à l'Assemblée nationale,
05:27pour que le débat ne se fasse pas devant les Français,
05:29aux yeux de tout le monde,
05:30mais finalement dans le huis clos
05:32d'une commission mixte paritaire,
05:33tout simplement parce que je pense
05:35qu'ils ont peur d'assumer
05:36les positions qui sont les leurs
05:37et ce qu'ils s'apprêtent à défendre
05:39devant l'ensemble des Françaises et des Français.
05:41Donc nous allons dénoncer finalement
05:43ce tour de passe-passe parlementaire
05:45avec force et vigueur,
05:46parce qu'il faut assumer en toutes circonstances
05:48ces positions,
05:49et là ils vont évidemment essayer
05:51de trouver une voie détournée.
05:53Merci Pierre Courbon,
05:55député de la première circonception de la Loire,
05:57député socialiste d'avoir été avec nous ce matin.
05:59Bonne journée.
06:00Merci.
06:00Merci.
06:01Merci.
06:01Merci.
06:01Merci.
06:01Merci.
06:01Merci.