- 25/05/2025
LAMI DES MILLIARDAIRES, comment il « braque » la France pour eux
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00:00:00Emmanuel Macron a mené une politique vis-à-vis des milliardaires ultra favorable, c'est une perfection ce qu'il a fait.
00:00:08Toutes les chaînes de télévision se méfient de l'investigation.
00:00:11Dans les groupes privés, comme celui de Vincent Bolloré, on l'a tué depuis longtemps.
00:00:15Dans l'audiovisuel public, on réfléchit à deux fois avant d'égratigner l'exécutif.
00:00:20Aujourd'hui, pour mettre en lumière cette domestication des médias, on est obligé de faire appel à vous.
00:00:30L'élection à Paris
00:00:56Dès son élection, devant le musée du Louvre à Paris,
00:01:00Le plus jeune président de la Vème République va promettre de mieux prendre en considération
00:01:04les électeurs du Rassemblement national.
00:01:06Et je veux enfin avoir un mot pour ceux qui ont voté aujourd'hui pour Mme Le Pen.
00:01:19Ne les sifflez pas ! Ils ont exprimé, ils ont exprimé aujourd'hui une colère.
00:01:29Un désarroi, parfois des convictions.
00:01:33Je les respecte, mais je ferai tout durant les cinq années qui viennent pour qu'il
00:01:43n'y ait plus aucune raison de voter pour les extrêmes.
00:01:47Malgré cette promesse, dès le début de son quinquennat, ce sont plutôt les plus
00:02:03grandes fortunes de France qu'Emmanuel Macron va favoriser à coup de cadeaux fiscaux.
00:02:06Avant Macron, l'impôt sur la fortune, l'ISF, prélevait au maximum 1,5% du patrimoine
00:02:18des plus riches.
00:02:19Ils étaient axés sur leurs biens immobiliers, châteaux, villas de luxe, et sur leurs placements
00:02:26financiers, qu'on appelle des valeurs mobilières.
00:02:28Précision, pour les 0,1% les plus fortunés, ces placements financiers représentent 80%
00:02:35de leur richesse.
00:02:36Or, avec Macron, ces valeurs mobilières, ces placements financiers, actions, etc. vont
00:02:43échapper à l'impôt sur la fortune, des placements qui font pourtant l'essentiel
00:02:51de la fortune des plus aisés.
00:02:52Dès que vous passez à 10% ou 10% les plus riches, 5% les plus riches, 1% les plus riches,
00:03:040,1% les plus riches, vous voyez la part du capital financier qui augmente, et qui
00:03:09augmente de façon très importante, au point que les ultra-riches en France ont principalement
00:03:16la structure de leur fortune, c'est principalement du capital financier, c'est-à-dire ce qui
00:03:20a été exonéré d'impôt sur le patrimoine par la réforme de 2018.
00:03:26Ces grandes fortunes à qui Macron a fait cet incroyable cadeau fiscal, cette chercheuse
00:03:32du CNRS les étudie depuis une vingtaine d'années.
00:03:34J'aime beaucoup celle-ci aussi.
00:03:36Elle en a tiré ce livre, co-signé avec un talentueux photographe.
00:03:45Ça raconte l'histoire d'une oligarchie, un certain nombre de personnes qui sont issues
00:03:54des grandes familles fortunées de l'aristocratie et de la bourgeoisie, qui sont issues des mêmes
00:04:00quartiers, les beaux quartiers.
00:04:02De nombreuses études confirment aujourd'hui que les 500 plus grandes fortunes de France,
00:04:11celles pour qui Macron a atténué l'ISF, celles dont le patrimoine a été multiplié
00:04:15par 6 en 15 ans pour atteindre près de 45% du PIB, ont été très avantagées par les
00:04:21cadeaux fiscaux d'Emmanuel Macron.
00:04:26L'État, en revanche, y a perdu beaucoup d'argent.
00:04:31Selon ce rapport gouvernemental de 2023, le remplacement de l'ISF par l'IFI, l'impôt
00:04:37sur la fortune immobilière, aurait fait perdre plus de 4 milliards d'euros aux finances
00:04:41publiques rien qu'en 2022.
00:04:42Si les placements financiers des plus riches échappent à l'ISF depuis 2018, les revenus
00:04:50du capital générés par ce patrimoine financier, comme les dividendes, sont également beaucoup
00:04:55moins taxés.
00:04:56Avant Macron, c'était jusqu'à 45%.
00:04:59Mais à l'arrivée au pouvoir de Macron, ce taux d'imposition est réduit à 12,8%.
00:05:05C'est la magie de la flat tax.
00:05:08Bizarrement, les médias des milliardaires vont avoir tendance à escamoter ce taux d'imposition
00:05:13très bas de 12,8 pour communiquer plutôt sur un mystérieux taux à 30%.
00:05:19Après des semaines de débats tendus, l'Assemblée nationale a donné son feu vert cette nuit
00:05:26à la flat tax, une taxe forfaitaire de 30% sur les revenus de votre épargne.
00:05:31L'objectif du gouvernement ? Simplifier les dispositifs et inciter davantage les Français
00:05:36à investir dans l'économie.
00:05:38Ces 30%, c'était un tour de passe-passe médiatique selon Monique Pinçon-Charlot.
00:05:44Quand il s'agit des revenus du capital, on intègre tous les prélèvements sociaux.
00:05:51Et donc, tout le monde croyait que c'était 30%, ça ne paraissait pas un cadeau si extraordinaire
00:05:58que ça.
00:05:59Tandis que quand il s'agit des impôts sur les revenus des salariés, là, on n'intègre
00:06:05jamais la CRDS, les cotisations sociales et les prélèvements sociaux, parce que sinon
00:06:11comme ça grimpe jusqu'à 45%, on arriverait à 60%.
00:06:15Et donc, ça a marché, ça a marché et il y a encore plein de gens qui ne peuvent pas
00:06:21comprendre que c'est 12,8% la nouvelle imposition sur les revenus du capital.
00:06:27Ces cadeaux fiscaux vont évidemment ravir les grandes fortunes des médias, notamment
00:06:35Xavier Niel, alors propriétaire du groupe Le Monde.
00:06:40C'est ce que révélera cette passionnante enquête de la journaliste Sophie Desdeserts
00:06:43dans Vanity Fair, témoignage de sa consoeur Aude Lancelin.
00:06:50Lorsqu'Emmanuel Macron, à peine élu, a passé la flat tax et l'exit tax, dont on
00:06:56sait de quoi ils privent aujourd'hui les Français en termes de revenus fiscaux massifs,
00:07:03Xavier Niel lui a répondu par un smiley, un smiley radieux, ravi, c'est la mesure
00:07:10que nous attendions et c'est pour ça que nous avons poussé pour que tu sois au pouvoir.
00:07:15Selon le très libéral Institut Montaigne, cette flat tax réduite à 12,8%, c'est
00:07:21un cadeau fiscal de 3,6 milliards d'euros aux plus riches chaque année.
00:07:25Ajouté aux 4 milliards déjà offerts avec la suppression de l'ISF, ça fait presque
00:07:298 milliards d'euros de cadeaux fiscaux aux grandes fortunes par an.
00:07:32Dans le même temps, les macronistes vont matraquer fiscalement les plus pauvres.
00:07:37Quand le Premier ministre annonce fin 2018 une nouvelle taxe diesel, elle est censée
00:07:43favoriser une transition écologique.
00:07:45On va progressivement faire peser sur le pétrole, et donc sur le carbone, et donc sur la pollution,
00:07:55une partie des prélèvements fiscaux, plus tôt que sur le travail.
00:07:59Mais selon des mails secrets échangés en 2016 entre le secrétaire général de l'Elysée,
00:08:04Alexis Colère, et un collaborateur, c'est en réalité une baisse des cotisations patronales
00:08:08que devait permettre cette hausse de la fiscalité diesel.
00:08:11Problème, ces cadeaux fiscaux aux entreprises coûtent près de 75 milliards d'euros par an
00:08:17aux contribuables.
00:08:17En novembre 2018, des milliers de gilets jaunes furieux de cette politique fiscale pro-riche
00:08:25vont tenter d'envahir l'Elysée.
00:08:27Macron démission ! Macron démission !
00:08:34Macron on a ri ! Macron on a ri !
00:08:39On a ri !
00:08:40Il est fini ! Il est fini !
00:08:42Il a le droit de la bouffer ! Il a le droit de la parole !
00:08:45Non !
00:08:51Le 1er décembre 2018, il sont plusieurs milliers à prendre d'assaut l'arc de triomphe.
00:08:58Macron on a ri !
00:09:12Des scènes de révolte qui auraient fortement inquiété l'exécutif,
00:09:15selon ce syndicaliste policier.
00:09:17La République a réellement tremblé le 1er décembre.
00:09:21D'ailleurs, il y a eu des appels où on se demandait s'il est gris finalement de l'Elysée
00:09:25ou n'allait pas tomber parce que les manifestants se sont rapprochés de plus en plus
00:09:29et que c'était extrêmement compliqué de tenir.
00:09:36Le samedi suivant, le gouvernement va déployer 40 000 policiers et gendarmes dans les rues
00:09:41avec des blindés pour protéger l'Elysée.
00:09:44Ce soir-là, au cœur du palais, des caméras de la présidence filment une réunion de crise.
00:09:50Alors, dites-moi un peu.
00:09:53Depuis 16 heures, le public gilet jaune est remplacé par des casseurs,
00:09:58par des provocateurs qui sont en train de se livrer aux abords des Champs-Elysées,
00:10:04au quartier de Saint-Augustin, à des tensions avec les forces de l'ordre.
00:10:08Tensions qui s'accompagnent de voitures brûlées et de quelques pillages.
00:10:12Lyon, où se déroule en même temps la fête des Lumières,
00:10:15où il y a eu une manifestation de place Bellecoupe et une tentative d'intrusion dans la mairie.
00:10:19À Bordeaux, c'est toujours en cours.
00:10:21Les images montrent que sur la place principale de Bordeaux, il y a des affrontements
00:10:25avec également une tentative de pénétration dans la mairie.
00:10:29Marseille, 600 policiers et gendarmes,
00:10:34qui ont été rejoints par 400 jeunes des quartiers,
00:10:37qui se livrent à quelques pillages de boutiques.
00:10:39Ça a été tendu dans la journée à Grenoble, puisque le mot d'ordre des gilets jaunes
00:10:44tenus par l'ultra-gauche était d'envahir la préfecture.
00:10:48On a des risques de débordements justes sur le sujet MO.
00:10:51Je comprends qu'à Paris, la situation est quand même modulée,
00:10:55avec des petits points de fixation sous contrôle.
00:10:58Où est-ce qu'on est aujourd'hui ?
00:11:00À Toulouse, Saint-Etienne, Bordeaux et Lyon, où Lyon s'est passé.
00:11:05Lyon, ça s'est calmé avec Bordeaux, effectivement.
00:11:08On surveille leur activité sur les réseaux.
00:11:13On apprendra que le jour même de cette réunion de crise,
00:11:16un hélicoptère était prêt à décoller pour exfiltrer le président.
00:11:21Le président de la République, Jean-Luc Mélenchon,
00:11:24a été arrêté par la police.
00:11:26Il était prêt à décoller pour exfiltrer le président.
00:11:3748 heures plus tard, le président prépare une allocution télévisée.
00:11:57Plutôt que de remettre en cause sa fiscalité pro-riche,
00:12:01il va demander à ses amis patrons de le soutenir financièrement dans la tempête.
00:12:08Les événements de ces dernières semaines dans l'Hexagone et Outre-mer
00:12:11ont profondément troublé la nation.
00:12:14Nous voilà ensemble au rendez-vous de notre pays et de notre avenir.
00:12:19Et je veux qu'une vraie amélioration soit tout de suite perceptible.
00:12:24C'est pourquoi je demanderai à tous les employeurs qui le peuvent
00:12:27de verser une prime de fin d'année à leurs employés.
00:12:31Dès le lendemain, des milliardaires des médias proches du président s'exécutent.
00:12:36Patrick Drahi, Bernard Arnault ou encore Xavier Niel
00:12:39promettent 1000 euros de prime à leurs employés.
00:12:43S'il se précipite ainsi au secours du président,
00:12:45c'est qu'il a développé avec chacun d'eux des rapports d'intérêt.
00:12:50A commencer par le propriétaire du groupe Le Monde,
00:12:53soutien des premières heures d'Emmanuel Macron.
00:13:02Dès 2017, Emmanuel Macron va réserver l'un de ses premiers déplacements présidentiels
00:13:06à son ami Xavier Niel.
00:13:12Ce jour-là, dans une ancienne gare parisienne,
00:13:14ils inaugurent un temple de la Start-Up Nation tant vanté par Emmanuel Macron.
00:13:23Entrepreneur is a new France.
00:13:26Et ça commence ici, avec vous.
00:13:33Yes !
00:13:35Et ce jour-là, the President va évoquer les winners,
00:13:38mais aussi avoir un mot malheureux pour les gens qu'il trouve insignifiants.
00:13:42Souvenez-vous.
00:13:44Et donc ne pensez pas une seule seconde
00:13:46que si demain vous réussissez vos investissements ou votre start-up,
00:13:50la chose est faite.
00:13:53Non.
00:13:54Parce que vous aurez appris dans une gare.
00:13:58Et une gare, c'est un lieu où on croise.
00:14:02Les gens qui réussissent, c'est les gens qui ne sont rien.
00:14:05Il y a trois ans, à peu près,
00:14:09j'avais promis à ma femme que j'arrêtais totalement la vie politique
00:14:14et que j'allais créer une entreprise,
00:14:18que j'allais être entrepreneur.
00:14:20C'est vrai et je crois que Xavier Niel peut témoigner.
00:14:27Leur amitié remonte à 2010.
00:14:30En 2014, ils visitent ensemble la Silicon Valley,
00:14:33temple high-tech mythique de la Californie.
00:14:37A l'automne 2018, Emmanuel Macron propose aux propriétaires du monde
00:14:40de candidater à la mairie de Paris sous les couleurs de La République En Marche.
00:14:46Niel décline.
00:14:48Officiellement, son truc, ce n'est pas de protéger le président,
00:14:52c'est l'investigation.
00:14:54C'est ce qu'il expliquera devant le Sénat en 2022.
00:14:58Vous avez une jeune génération qui a envie de faire l'investigation.
00:15:01Et souvent, on a discuté de ça au monde en se disant
00:15:04est-ce qu'on ne devrait pas former plus de gens pour faire l'investigation ?
00:15:07Parce que l'investigation, c'est quand même le cœur de ce métier.
00:15:10Et en général, si vous voulez avoir une vie tranquille,
00:15:13vous ne faites pas d'investigation dans des journaux.
00:15:16L'investigation donc.
00:15:19En 2011, Niel aurait pourtant reconnu en off
00:15:22que c'est plutôt pour faire taire les critiques qu'il investissait dans la presse.
00:15:26Quand les journalistes m'emmerdent, je prends une participation dans leur canard
00:15:29et ensuite, ils me foutent la paix.
00:15:35Questionné sur cet aveu par un sénateur en 2022,
00:15:38Xavier Niel se montrait embarrassé.
00:15:42J'ai un problème.
00:15:44Je suis sous serment.
00:15:46Et si je vous raconte quelque chose de faux, c'est 50 prisons.
00:15:53Je suis incroyablement ennuyé parce que je ne sais pas quoi faire.
00:15:56Je n'ai jamais dit cette phrase.
00:15:58Maintenant, mes détracteurs...
00:16:00Oui, je sais bien, je n'en doute pas, et c'est dans un livre, on va en parler.
00:16:03Mes détracteurs, mes concurrents me la font toujours porter.
00:16:07Et je vous avouerai, ça me fait tellement plaisir de leur faire plaisir
00:16:11que je suis obligé de continuer de soutenir, je l'ai dit.
00:16:13Alors, je suis un peu gêné, je dis non, mais je l'ai dit en...
00:16:15Je ne sais plus quoi inventer à chaque fois.
00:16:17Malheureusement, je suis censé l'avoir dit d'après un livre.
00:16:20Ses dénégations embarrassées, Daniel ne convainc pas la journaliste Aude Lancelin.
00:16:25Virée de son groupe Le Monde en 2016
00:16:27pour avoir critiqué le virage libéral de François Hollande,
00:16:30elle se fait peu d'illusions sur la récente passion de son ancien employeur
00:16:33pour l'investigation.
00:16:35Xavier Niel profite, on va dire, de l'aura maléfique
00:16:42de Vincent Bolloré et de sa percée fulgurante,
00:16:48voilà, avec une ligne extrêmement radicale,
00:16:51pour se foussiler et se faire passer quasiment maintenant
00:16:54pour le protecteur des journalistes, le saint patron des journalistes.
00:16:58Je cite parce que c'est important, l'investigation.
00:17:01Saint patron des journalistes, Xavier Niel ?
00:17:04Plutôt fan de Macron.
00:17:07Fin 2018, alors que le président fait matraquer des reporters
00:17:11et éborgner des gilets jaunes,
00:17:13le propriétaire du Monde va lui rendre un vibrant hommage sur Europe 1.
00:17:17Je ne suis pas la mode, quand je vais vous dire ça,
00:17:19je crois qu'on a un super président qui est capable d'amener des choses,
00:17:23de réformer la France.
00:17:24Il faut qu'il la réforme de tous les côtés,
00:17:26c'est-à-dire qu'on a le sentiment qu'il l'a réformée ou qu'il l'a fait
00:17:29pour aider les plus aisés.
00:17:30Il est en train de faire des lois fantastiques.
00:17:33Alors c'est quand même amusant que Xavier Niel,
00:17:36qui se vante de ne pas être interventionniste
00:17:39et de ne pas donner le « là » à ses journalistes ou que ce soit,
00:17:43soit lui-même monté au créneau après les gilets jaunes
00:17:46pour dire que les Français avaient une chance folle d'avoir ce président
00:17:51et qu'à quel point il avait de l'estime pour lui
00:17:56et à quel point Macron avait absolument tout son soutien.
00:18:00Donc vous savez les journalistes,
00:18:02dans un contexte de chantage à l'emploi,
00:18:05il n'y a pas besoin de faire beaucoup plus l'autocensure
00:18:10et quand même la règle au sein de notre profession.
00:18:14Or, à la tête du journal Le Monde, qui vous avez ?
00:18:18Vous avez Jérôme Fénoglio et quand vous reprenez l'histoire,
00:18:22une fois de plus je n'invente rien, c'est totalement documenté,
00:18:25Jérôme Fénoglio a été nommé par Xavier Niel à la tête du Monde
00:18:28parce qu'il avait fait un véritable panégérique du hacker génial, etc.
00:18:33Xavier Niel dans les colonnes du Monde, c'est aussi simple que ça,
00:18:36c'est comme ça qu'ils se sont rencontrés
00:18:38et c'est pour ça que Xavier Niel a toute confiance en lui.
00:18:43Et ces dernières années, Niel a donné d'autres coups de main médiatiques
00:18:46plus discrets à la Macronie.
00:18:50En 2020, le quotidien Nice Matins cherche un repreneur.
00:18:54Le maire de la ville, Christian Estrosi, un LR rallié à Macron,
00:18:57est alors débordé sur sa droite par Éric Ciotti,
00:19:00qui prône pour sa part une alliance avec le Rassemblement National.
00:19:07À un an des élections municipales, Nice Matins devient stratégique.
00:19:12Si le tréréac Iskandar Safa, le propriétaire de Valeurs Actuelles, le rachète,
00:19:16Nice Matins risque de tomber entre les mains de l'extrême droite.
00:19:21Dans ce contexte, Xavier Niel va racheter Nice Matins au nez et à la barbe du camp Ciotti.
00:19:28Décryptage du spécialiste média du canard enchaîné.
00:19:32Quand Niel va racheter Nice Matins, c'est pas un projet d'industriel,
00:19:35c'est parce que Macron le lui demande, c'est tout.
00:19:38Et moi, quand j'avais interrogé Xavier Niel là-dessus,
00:19:41en lui disant que vous êtes allé un peu en service commandé,
00:19:44il s'était marré. Il va pas vous dire oui, c'est vrai,
00:19:47mais il s'est marré et puis on s'est compris.
00:19:49On comprend bien qu'effectivement, en tout cas, le rachat de Nice Matins
00:19:52par Xavier Niel, c'était pas pour déplaire à M. Macron, ça c'est sûr.
00:19:55Par contre, ça a beaucoup déplué à M. Ciotti.
00:20:00Si Xavier Niel a réussi son coup à Nice, il va en revanche se casser les dents à Marseille.
00:20:07Dans la cité phocéenne, le propriétaire du Monde possède 11% de la Provence,
00:20:11quotidien local longtemps contrôlé par Bernard Tapie.
00:20:14Et en 2021, Niel se met en tête de prendre le contrôle total du journal.
00:20:21Sauf qu'il a laissé un mauvais souvenir aux journalistes de la rédaction.
00:20:26Bon, il faut savoir que Xavier Niel, du temps où il était actionnaire minoritaire
00:20:30avec Bernard Tapie, on ne l'a pas vu une seule fois au journal.
00:20:33C'est-à-dire qu'il a laissé, sans maudire, s'inscrire des dérives dans ce journal,
00:20:39mais des choses qui feraient hurler tout journaliste.
00:20:42Une confusion entre la pub et l'info, une absence totale d'investissement,
00:20:47une collusion avec les pouvoirs politiques, des directeurs de la rédaction
00:20:53qui ont été nommés, des France Olivier Gisbert, par exemple, pour ne pas le citer,
00:20:57qui a été une véritable catastrophe pour ce journal,
00:21:00qui a pris parti pour la droite locale au moment des élections municipales.
00:21:04Enfin, j'en passe et des pires.
00:21:07Fin 2021, Niel se croit pourtant en position de racheter la Provence
00:21:10pour une bouchée de pain, 20 millions d'euros.
00:21:13Sauf qu'un autre milliardaire, le franco-libanais Rodolphe Saladé,
00:21:16propriétaire de CMACGM, va mettre quatre fois plus d'argent sur la table.
00:21:21Début 2022, le tribunal de commerce de Marseille choisit donc Saladé.
00:21:25Niel est furieux.
00:21:27Donc Rodolphe Saladé avait fait une offre à 80 millions d'euros
00:21:30et Xavier Niel voulait la bloquer en vertu de son pacte d'actionnaire
00:21:33qu'il avait passé avec Tapie, qui lui permettait de refuser un nouvel actionnaire.
00:21:41Et on apprend donc que Xavier Niel va venir rencontrer le personnel de la Provence.
00:21:49Officiellement.
00:21:51Alors qu'il vient d'être débouté par le tribunal.
00:21:55Le 2 mars 2022, contre l'avis de nombreux salariés,
00:21:58Xavier Niel débarque à la Provence.
00:22:02Vous avez eu besoin d'argent.
00:22:04Parce qu'aujourd'hui, vous avez besoin des salariés,
00:22:06des salariés que vous ignorez depuis des années.
00:22:08Mais pourquoi ?
00:22:10Pourquoi vous avez besoin des salariés ?
00:22:12C'est notre question.
00:22:14Donc il n'y a pas de problème.
00:22:17J'ai pas besoin de vous.
00:22:19Le problème, c'est qu'il n'y a pas plus de soignants.
00:22:21Parce qu'on m'a dit que j'étais interdit.
00:22:23J'ai cru comprendre que j'étais interdit ces jours-ci.
00:22:25On nous a fait une petite salle cachée.
00:22:28Là, on n'est pas dans la procédure.
00:22:30À l'époque, on était vraiment exaspérés par cette situation.
00:22:33On avait notre petit travail qui était en train de partir en lambeaux
00:22:36et on avait deux actionnaires qui se battaient comme des chiffonniers,
00:22:39des millionnaires qui se battaient comme des chiffonniers,
00:22:41en plus sur un journal qui était à l'agonie.
00:22:46Est-ce que je suis un actionnaire minoritaire dans cette entreprise ?
00:22:49Vous n'êtes pas là au titre d'un actionnaire minoritaire.
00:22:52Pardon monsieur, je vous en prie.
00:22:54Débarque alors Jean-Christophe Sarfati, le PDG de la Provence.
00:22:57Lui préférerait que son journal soit repris par la CMACGM de Redolcet Indé.
00:23:01Donc vous souhaitez que je parte ?
00:23:03C'est la seule question, parce que vous êtes le directeur de l'établissement.
00:23:06Est-ce que vous souhaitez que je m'en aille ?
00:23:08C'est ma question, et répondez clair, oui ou non.
00:23:11Oui, je m'en vais monsieur.
00:23:14Excusez-moi, vous avez souhaité, vous n'êtes pas d'accord ?
00:23:17Oui, je n'arrive pas à suivre.
00:23:19Je ne vous empêchais pas de faire...
00:23:20Non, non, non.
00:23:21Est-ce que vous voulez quitter cet établissement ?
00:23:24Oui ou non, vous voulez quitter cet établissement.
00:23:26Mais la question elle est simple monsieur Sarfati.
00:23:28Il faut s'assumer.
00:23:29Vous n'êtes pas employé de CMACGM.
00:23:31Est-ce que vous me demandez de sortir de cet établissement ?
00:23:33Est-ce que vous me demandez de sortir de cet établissement ?
00:23:35Qu'est-ce que vous avez dit ?
00:23:36J'ai dit que j'ai le sentiment que vous êtes un représentant de CMACGM.
00:23:39Un salarié de M. CMACGM.
00:23:41C'est mon sentiment de la manière dont vous vous portez.
00:23:44Ma question aujourd'hui, vous me demandez de sortir d'ici.
00:23:46Sortez monsieur.
00:23:54Six mois plus tard, les deux milliardaires trouveront un accord.
00:23:57On apprend qu'à l'occasion d'un voyage à Alger avec Emmanuel Macron,
00:24:04les deux milliardaires se sont enfin parlé et sont tombés d'accord.
00:24:08Rodolphe Saadet proposera finalement à Xavier Niel
00:24:11de lui racheter ses 11% de la Provence pour 29 millions d'euros,
00:24:15soit près de 15 fois ce que Niel espérait.
00:24:18Je n'ai pas fait le calcul mais Niel a fait une très très belle affaire.
00:24:23En juin 2024, avec ses millions d'euros,
00:24:26Xavier Niel va faire une acquisition autrement plus stratégique pour les Macrons.
00:24:30Xavier Niel il rachète par exemple la fameuse boîte d'estimage de Mimi Marchand,
00:24:35la grande copine qui a fait toutes les campagnes de communication de Macron et de Madame.
00:24:38C'est Xavier Niel qui rachète ça, c'était au cœur de l'été.
00:24:40Xavier Niel rachète la boîte avec tout le fond d'image de Macron,
00:24:43parce qu'il faut quand même savoir que chez Bestimage,
00:24:45vous avez tout le fond d'image de Macron, Madame, Monsieur, etc.
00:24:48Donc ces images-là, elles appartiennent à Niel, c'est-à-dire aux copains de Macron.
00:24:51Il ne faut pas que ça tombe dans les mains d'un ennemi.
00:24:53Quand vous rachetez une agence de presse, People, ce n'est pas pour rien.
00:24:58C'est parce qu'il y a un fond d'image.
00:24:59Il y a celles qui sont parues et il y a celles qui ne sont pas parues.
00:25:02Et si Emmanuel Macron est protégé par Xavier Niel depuis le début de sa carrière politique,
00:25:07il peut désormais compter sur le soutien d'un autre milliardaire des médias,
00:25:11le franco-libanais Rodolphe Saadé.
00:25:14Propriétaire de La Provence, qu'il avait raflé au nez et à la barbe de Niel,
00:25:18mais aussi de BFM TV et de RMC, il serait encore plus un féodé à l'Élysée.
00:25:28Je ne travaille pas de secret.
00:25:30Je ne travaille pas de secret.
00:25:31Une fois que j'avais vu Xavier Niel au téléphone, il m'avait dit, à l'époque où il se disputait La Provence,
00:25:37il m'a dit « mais ce serait grave que Saadé prenne La Provence, vous savez, il est macroniste ».
00:25:43Je lui ai dit « mais attendez, vous n'en devouez quand même ».
00:25:45Il m'a dit « ça n'a rien à voir avec moi, c'est beaucoup plus que moi ».
00:25:50Le franco-libanais Rodolphe Saadé serait-il le plus macroniste des magnats de la presse ?
00:25:55Ces dernières années, il a en tout cas tout fait pour que le président ne taxe pas ses super profits maritimes.
00:26:07À la mort de son père Jacques en 2018, Rodolphe Saadé hérite de la CMA-CGM,
00:26:12troisième groupe de transports maritimes mondial.
00:26:16Milliardaire philanthrope, il finance des opérations humanitaires,
00:26:19des cantines solidaires ou prête ses bateaux, comme récemment pour Mayotte.
00:26:25Je suis de ceux qui pensent que l'entreprise doit aller au-delà,
00:26:28qu'elle a un véritable rôle à jouer dans la société.
00:26:33Premier employeur privé de Marseille, la CMA-CGM est aussi le principal sponsor de l'OM,
00:26:38le club de cœur d'Emmanuel Macron.
00:26:41Comme ses amis oligarques, Saadé a intérêt à se faire bien voir du président,
00:26:45notamment pour continuer à bénéficier d'un incroyable avantage fiscal.
00:26:49On vous explique.
00:26:51Après la crise Covid et le ralentissement des échanges internationaux,
00:26:55la reprise de 2021 va faire exploser les profits des transporteurs maritimes.
00:27:03Rien qu'entre 2020 et 2021, le chiffre d'affaires de CMA-CGM a presque doublé,
00:27:08ce qui a entraîné des bénéfices records.
00:27:1116,4 milliards d'euros en 2021, plus de 23 milliards en 2022.
00:27:17Ces super profits de Rodolphe Saadé, ce député PS les a analysés.
00:27:23Au moment où le déconfinement s'est lancé,
00:27:25il y a eu un très très grand besoin de transports maritimes
00:27:28et finalement très peu d'armateurs pour l'assurer,
00:27:30si bien que le prix du container a explosé.
00:27:33Il était en moyenne à peu près de 2 000 euros le container,
00:27:36et on est passé à 20 000 euros, donc c'est x10.
00:27:39Et donc ça a fait exploser le prix du container.
00:27:42Problème, depuis 2004, les compagnies de frettes maritimes
00:27:45ne sont plus taxées sur leurs profits,
00:27:47mais au tonnage, sur le volume des marchandises transportées.
00:27:52Très pénalisant pour l'État, ce cadeau fiscal avait été décidé
00:27:55par un ministre des Transports chiraquien, Dominique Busserand.
00:27:59Après avoir fait gagner des milliards à CMA-CGM,
00:28:02il avait été se mettre au service d'une entreprise
00:28:04qui avait été dénoncée par l'État.
00:28:06Bonjour, le conflit d'intérêts.
00:28:08D'autant qu'en 2022, Philippe Brun va découvrir
00:28:11que le cadeau fiscal décidé sous Busserand était colossal.
00:28:15Sur ses 45 milliards de profits réalisés par CMA-CGM
00:28:18entre 2020 et 2023,
00:28:20Saadet n'a payé que 2,7 % d'impôts.
00:28:23Comparé aux 25 % que les entreprises payent normalement,
00:28:26c'est un immense manque à gagner
00:28:28pour les compagnies de frettes maritimes.
00:28:30Fin 2022, alors que le déficit public
00:28:32atteint 125 milliards d'euros
00:28:34et qu'avec plus de 23 milliards d'euros de profits,
00:28:37CMA-CGM est l'entreprise la plus rentable du CAC 40,
00:28:40notre député va tenter de convaincre le Parlement
00:28:42d'imposer davantage les super-profits.
00:28:46On voyait bien qu'il y avait en cours
00:28:48un dérapage des comptes publics.
00:28:50Pour trouver d'autres recettes,
00:28:52nous avons décidé d'utiliser
00:28:54le dérapage des comptes publics.
00:28:56Pour trouver d'autres recettes,
00:28:58mon idée en 2022, c'était de dire
00:29:00qu'il faut mettre à contribution
00:29:02toutes les entreprises qui réalisent
00:29:04des super-profits en raison de la crise
00:29:06et CMA-CGM n'était une.
00:29:08A l'époque, même Léa Salamé
00:29:10va demander à Rodolphe Saadet
00:29:12s'il ne devrait pas payer un peu plus d'impôts.
00:29:14Vos profits ont explosé ces deux dernières années.
00:29:17Vous avez fait des profits supérieurs
00:29:19à Total et LVMH avec un chiffre d'affaires
00:29:21de 75 milliards de dollars prévus pour 2022.
00:29:23C'est colossal.
00:29:25C'est dû, pour vous, non pas à la guerre en Ukraine
00:29:27comme pour Total, mais à la reprise post-Covid
00:29:29qui a fait flamber les prix des transports de marchandises.
00:29:31Alors, un profit exceptionnel,
00:29:33une taxe exceptionnelle, ne faudrait-il pas
00:29:35par souci de justice, payer cette taxe exceptionnelle,
00:29:37ces dividendes exceptionnels
00:29:39ou cette taxe sur les dividendes exceptionnels ?
00:29:41Est-ce qu'il ne faut pas faire d'efforts ?
00:29:43Ce qui est important à souligner, Léa Salamé,
00:29:45c'est que nous ne sommes ni responsables
00:29:47ni bénéficiaires de cette inflation.
00:29:49Nous prenons des mesures
00:29:51depuis maintenant plusieurs mois
00:29:53pour aider au pouvoir d'achat des Français
00:29:55en réduisant les tarifs de fret.
00:29:57Aujourd'hui, si on regarde,
00:29:59au plus haut de la crise du Covid,
00:30:01le tarif de fret
00:30:03sur une paire de baskets représentait 1 euro.
00:30:05Et maintenant que les tarifs
00:30:07de fret ont beaucoup baissé,
00:30:09cette différence n'est plus que de 30 centimes
00:30:11sur une paire de baskets.
00:30:15N'empêche,
00:30:17si Saadet avait payé 25% d'impôts
00:30:19sur les bénéfices, comme les autres entreprises françaises,
00:30:21c'est plus de 11 milliards d'euros supplémentaires
00:30:23qui seraient entrés dans les caisses de l'État
00:30:25entre 2020 et 2023.
00:30:27Fin 2022,
00:30:29quand Philippe Brun tente d'abolir
00:30:31la niche fiscale Bussereau,
00:30:33il va faire face à une incroyable campagne de lobbying.
00:30:37On est allé interroger mes proches,
00:30:39faire pression sur des gens
00:30:41que je connais.
00:30:43On est même allé
00:30:45essayer de mobiliser
00:30:47une certaine nombre de figures du Parti Socialiste
00:30:49sur mon amendement.
00:30:51Je crois qu'il y a un certain nombre de méthodes
00:30:53qui ne sont pas acceptables.
00:30:55Il n'y a pas que ça. Il y a à la fois le lobbying politique
00:30:57et puis aussi le lobbying intellectuel.
00:30:59On sait qu'il y a un certain nombre
00:31:01de soi-disant économistes
00:31:03qui ont été payés pour écrire des tribunes de complaisance
00:31:05pour dire que le régime de taxes au tonnage
00:31:07était formidable.
00:31:09Entre 2019 et 2023,
00:31:11Saadet aurait dépensé
00:31:13près de 2,5 millions d'euros
00:31:15pour dissuader les macronistes de le taxer
00:31:17comme les autres entreprises françaises.
00:31:19Et ça marche.
00:31:21Alors qu'une taxe sur les superprofits rapporterait
00:31:23au moins 10 à 20 milliards d'euros par an,
00:31:25selon l'Oxfam,
00:31:27pour récupérer une partie de ces milliards,
00:31:29Macron choisira plutôt de faire bosser les vieux encore plus vieux
00:31:31en retardant le départ à la retraite à 64 ans.
00:31:33Tout un symbole.
00:31:37À compter de 2023,
00:31:39grâce à ces superprofits peu taxés,
00:31:41Rodolphe Saadet va investir massivement dans la presse.
00:31:43Rachat de la Provence,
00:31:45de la Tribune,
00:31:47création de la Tribune Dimanche
00:31:49pour concurrencer le JDD de Vincent Bolloré.
00:31:51Saadet est partout.
00:31:53Et au fil des mois,
00:31:55il va multiplier l'EU une complaisante
00:31:57pour le président qui protège ses superprofits.
00:32:01En 2024,
00:32:03en rachetant BFMTV et RMC à Patrick Drahi
00:32:05pour 1,5 milliard d'euros,
00:32:07Saadet devient encore plus influent.
00:32:09S'il choisit
00:32:11soudain d'investir massivement
00:32:13dans la presse,
00:32:15de racheter BFMTV et RMC,
00:32:17c'est bien évidemment
00:32:19dans une relation
00:32:21très particulière avec le pouvoir.
00:32:25Rodolphe Saadet chercherait-il
00:32:27à avoir prise sur l'Elysée,
00:32:29un peu comme Vincent Bolloré ?
00:32:31C'est le maximum de l'influence
00:32:33qu'on puisse s'offrir en France,
00:32:35BFM et RMC.
00:32:37Je ne le regarde pas
00:32:39comme une influence,
00:32:41je le regarde comme une activité
00:32:43qu'on peut développer,
00:32:45et c'est là où j'interviens
00:32:47en tant que nouvel actionnaire
00:32:49en leur donnant des moyens
00:32:51à BFM pour pouvoir grandir,
00:32:53se développer à l'international
00:32:55et être encore plus rentable qu'aujourd'hui.
00:32:57Mais lors d'une réunion à BFMTV
00:32:59convoquée quelques semaines auparavant,
00:33:01loin des caméras,
00:33:03le nouveau propriétaire de la chaîne
00:33:05répond à la question d'un journaliste.
00:33:09Si demain, il y a un scandale
00:33:11à la CMACGM,
00:33:13est-ce que c'est la une
00:33:15de nos antennes ?
00:33:17Pas bien.
00:33:19Je ne veux pas vous raconter l'histoire.
00:33:21Je considère qu'à un moment donné,
00:33:23il ne faut pas cacher l'info.
00:33:25Mais depuis que j'achète,
00:33:27je suis propriétaire de la Provence,
00:33:29chaque fois qu'il y a une information
00:33:31sur CMACGM,
00:33:33elle est en tout petit.
00:33:35Et des fois, je me dis que j'ai mis autant d'argent
00:33:37pour avoir que des petits encarts
00:33:39dès que ça concerne CMACGM.
00:33:41C'est un peu dommage. Je vous prends un exemple extrême.
00:33:43Mais je n'interviens pas.
00:33:45S'ils veulent faire comme ça, c'est leur choix.
00:33:47Mais je considérerais
00:33:49que c'est très agressif de la part
00:33:51d'un des médias qui appartient au groupe
00:33:53d'avoir une attitude agressive
00:33:55vis-à-vis de son actionnaire.
00:33:57Que l'information, on la relate,
00:33:59je n'ai pas de problème.
00:34:01C'est ce qu'il y a dans la presse
00:34:03ou dans un média audiovisuel,
00:34:05il y a manière et manière.
00:34:07Cette formule de Rodolphe Saadet,
00:34:09de nature à encourager l'autocensure,
00:34:11a fait marrer l'un des journalistes présents.
00:34:13Ça veut dire qu'on n'est pas indépendants.
00:34:15Mais après, je pense que c'est la définition
00:34:17même de tous les principes aux médias d'aujourd'hui.
00:34:19C'est une expression assez connue.
00:34:21On ne se sent à l'aise que quand on le sert dessus.
00:34:23On sait très bien que, par exemple,
00:34:25le terme « génocide »,
00:34:27on sait qu'on ne peut pas l'utiliser,
00:34:29mais en fait, c'est tellement désapprouvé
00:34:31par ce qu'on peut voir sur notre propre antenne
00:34:33qu'en fait, on va se faire reprendre.
00:34:35Et du coup, on ne dit pas quoi.
00:34:37Tous les gens,
00:34:39à différents niveaux de la hiérarchie,
00:34:41ont bien intégré ce qui était possible
00:34:43et ce qui n'était pas possible de faire.
00:34:47À BFM TV, peut-être.
00:34:49Mais à La Provence,
00:34:51le quotidien marseillais racheté
00:34:53par Saadet en 2022,
00:34:55les journalistes vont se montrer
00:34:57à l'hôtel.
00:34:59Le jour même
00:35:01où Saadet était à BFM TV,
00:35:03Emmanuel Macron se déplaçait à Marseille.
00:35:07Dans le quartier de la Castellane,
00:35:09gangréné par le trafic de drogue,
00:35:11le président va montrer les muscles
00:35:13devant les caméras.
00:35:15Tout se passe bien ?
00:35:17Tout se passe parfaitement bien.
00:35:19Ce qu'on a voulu faire, c'est ce que j'ai annoncé le 16 janvier dernier,
00:35:21c'est maintenant systématiser des opérations place nette
00:35:23où on concentre
00:35:25beaucoup de moyens pour avoir des résultats supplémentaires
00:35:27ou aller au bout de ce travail.
00:35:29Le lendemain,
00:35:31le directeur de la rédaction de La Provence,
00:35:33Aurélie Inverse, valide cette une frappante.
00:35:35Il est parti
00:35:37et nous, on est toujours là.
00:35:41Selon ce chercheur spécialiste de la délinquance,
00:35:43cette une était pertinente
00:35:45car les coups de com' politiques
00:35:47n'ont jamais été efficaces contre le narcotrafic.
00:35:51Tous les présidents
00:35:53les ministres de l'intérieur
00:35:55depuis Sarkozy et même avant
00:35:57ont tous été à Marseille,
00:35:59ont tous été dans les mêmes quartiers,
00:36:01se sont tous fait filmer
00:36:03avec des kalachnikovs,
00:36:05des liasses
00:36:07de billets
00:36:09et des saisies de drogue.
00:36:11Et ils ont tous dit
00:36:13leur détermination absolue
00:36:15à gagner la guerre.
00:36:17En fait, on a surtout une indignation morale.
00:36:19Comme on ne peut rien faire,
00:36:21on va dire que c'est absolument insupportable.
00:36:23Et ça, c'est la stratégie de communication
00:36:25qui est celle de M. Darmanin
00:36:27mais qui était celle de ses prédécesseurs.
00:36:29Et pour le trafic de drogue,
00:36:31c'est intéressant de voir que les approches
00:36:33style opération XXL,
00:36:35où on fait 150 interpellations en une fois,
00:36:37le trafic reprend immédiatement.
00:36:39Donc ce ne sont pas des méthodes
00:36:41qui sont efficaces.
00:36:43Et voilà, c'est un peu
00:36:45ce que sous-entendait La Provence.
00:36:47Mais du coup, cette une aurait fortement
00:36:49pu à l'Elysée.
00:36:51Selon Blast, le président en personne
00:36:53aurait appelé Rodolphe Saadé pour s'en plaindre.
00:36:55Du coup, le directeur
00:36:57de publication de La Provence, Gabriel Darkour,
00:36:59aurait été convoqué au siège de la CMACGM
00:37:01pour s'expliquer.
00:37:05Cette représentante syndicale
00:37:07va nous raconter l'incident.
00:37:11On avait un comité social extraordinaire,
00:37:13enfin un comité d'entreprise le lendemain.
00:37:15Donc avec mes collègues,
00:37:17on entend dire que
00:37:19notre directeur général, Gabriel Darkour,
00:37:21aurait été convoqué
00:37:23à la tour pour s'expliquer
00:37:25sur cette une.
00:37:29La tour, c'est ce qu'on appelle
00:37:31le bâtiment de Rodolphe Saadé,
00:37:33la tour de la CMACGM.
00:37:35Donc on monte voir notre directeur
00:37:37à l'issue de ce CSE pour lui demander
00:37:39s'il a vraiment été convoqué
00:37:41pour l'histoire.
00:37:43Il ne nous confirme pas avoir été convoqué,
00:37:45donc lui, non, je n'ai pas été convoqué.
00:37:49Le fait est que le lendemain,
00:37:51le directeur en question va se confondre
00:37:53en excuses à la une du journal.
00:37:55La une de La Provence de jeudi
00:37:57a ému beaucoup d'entre vous.
00:37:59En effet, la citation en une
00:38:01et la photo d'illustration qui l'accompagnait
00:38:03ont pu laisser croire que nous donnions
00:38:05complaisamment la parole à des trafiquants de drogue
00:38:07décidés à narguer l'autorité publique,
00:38:09ce qui ne reflète en rien les valeurs
00:38:11et la ligne éditoriale de votre journal.
00:38:13Nous avons induit en erreur nos lecteurs
00:38:15et La Provence leur présente ses plus profondes excuses.
00:38:19Ce qui va intriguer la rédaction,
00:38:21c'est la phrase
00:38:23« la une a ému beaucoup d'entre vous ».
00:38:25Car en réalité,
00:38:27aucun lecteur ne s'était plaint.
00:38:31On a un système au sein de l'entreprise
00:38:33qui permet à chaque lecteur
00:38:35de pouvoir rebondir personnellement
00:38:37sur chaque article
00:38:39et d'interpeller le journaliste
00:38:41et on a absolument eu
00:38:43aucune remarque, aucune plainte,
00:38:45aucun coup de fil, aucun écrit,
00:38:47rien au sujet de cette une.
00:38:49Notre syndicaliste interpelle alors
00:38:51le big boss de la branche média de CMACGM,
00:38:53Jean-Christophe Tortora.
00:38:57Je demande à Jean-Christophe Tortora
00:38:59qui s'est fait remarquer
00:39:01au sujet de la une
00:39:03et il nous explique
00:39:05que très naturellement,
00:39:07ce sont des habitants de la Castellane
00:39:09qui l'ont appelé, lui directement,
00:39:11le patron de Why Not Media.
00:39:13Donc moi, je suis contente
00:39:15de savoir que des habitants
00:39:17de la Castellane ont le 06
00:39:19de Jean-Christophe Tortora,
00:39:21parce que moi, je ne l'ai toujours pas.
00:39:23En clair, les journalistes ne croient
00:39:25pas un instant que des habitants
00:39:27des quartiers nord de Marseille
00:39:29se soient plaints de leur une.
00:39:31Là-dessus, coup de théâtre,
00:39:33ils apprennent qu'Aurélien Wiers,
00:39:35leur directeur de la rédaction
00:39:37est viré.
00:39:41Alors là, je suis
00:39:43estomaqué, honnêtement.
00:39:45J'hallucine.
00:39:47C'est la première fois
00:39:49qu'il y ait une telle ingérence, oui, complètement.
00:39:51Et en plus, qu'il y avait des conséquences
00:39:53graves de renvoyer
00:39:55quelqu'un.
00:39:57Ça portait
00:39:59à atteindre notre crédibilité.
00:40:01Il y a beaucoup de jeunes journalistes à la rédaction
00:40:03qui pourraient être tentés
00:40:05de s'autocensurer.
00:40:07Donc,
00:40:09la rédaction, très naturellement, s'est mise en grève
00:40:11pendant quatre jours pour soutenir son directeur
00:40:13de la rédaction.
00:40:15Et au bout de ces quatre jours,
00:40:17les salariés obtiennent la réintégration
00:40:19de leur directeur.
00:40:23Et Saadet sera obligé.
00:40:25Mais Saadet, ultra-macronien,
00:40:27au point de prendre des mesures de sanction
00:40:29de son directeur.
00:40:31Donc, c'est l'univers, quand même,
00:40:33très inquiétant.
00:40:35Si BFM TV,
00:40:37RMC, La Tribune et La Provence
00:40:39sont désormais sous la coupe d'un milliardaire
00:40:41protégeant lui aussi Macron,
00:40:43quoi qu'il en dise, le président pactise
00:40:45depuis 2014 avec un troisième soutien
00:40:47encore plus influent.
00:40:49Bernard Arnault, homme le plus riche de France
00:40:51et véritable sponsor du couple présidentiel.
00:40:53Empereur du luxe,
00:40:55propriétaire de LVMH
00:40:57mais aussi du journal Le Parisien,
00:40:59le milliardaire Bernard Arnault
00:41:01avait appelé à voter Emmanuel Macron
00:41:03dès 2017 dans son quotidien économique
00:41:05Les Echos.
00:41:07Parmi les deux branches
00:41:09de l'alternative électorale
00:41:11qui se présente aux Français
00:41:13le 7 mai prochain,
00:41:15l'une est une branche morte.
00:41:17C'est celle de l'enfermement,
00:41:19de la peur, de l'abandon.
00:41:21C'est celle de l'illusoire protection
00:41:23qu'on appelle protectionnisme
00:41:25qui ne protège contre rien,
00:41:27stérilise les échanges
00:41:29et rabougit les volontés.
00:41:31Tout dans le programme de Marine Le Pen,
00:41:33en dépit de son habillage de souveraineté,
00:41:35respire la crainte et la faiblesse.
00:41:39C'est sans hésiter que je vote pour Emmanuel Macron.
00:41:43Il faut dire que depuis une dizaine d'années,
00:41:45les couples Macron et Arnault sont proches.
00:41:47En avril 2018,
00:41:49Jean-Jacques Bourdin va faire allusion
00:41:51à cette amitié
00:41:53lors d'un monologue présidentiel
00:41:55sur l'optimisation fiscale des plus riches.
00:41:57Parce que le scandale, il est là.
00:41:59Parce que vous avez des opérateurs du numérique
00:42:01qui concurrencent des artisans,
00:42:03des acteurs français
00:42:05qui payent la TVA, l'impôt sur les sociétés, etc.
00:42:07Donc ce scandale moral, je le ressens en même temps que vous,
00:42:09mais il faut qu'on puisse le déconstruire proprement.
00:42:11Ils ne payent pas les impôts en France.
00:42:13Ça remonte en Irlande
00:42:15parce que le taux d'impôt sur les sociétés est très bas
00:42:17et que la propriété intellectuelle a été localisée là.
00:42:19Puis, on emmène tout l'argent aux Pays-Bas
00:42:21parce qu'il n'y a plus de taxes
00:42:23et c'est dans un pays de l'Union Européenne.
00:42:25Et ensuite, cet argent va au Bermude parce qu'il y a un traité bilatéral.
00:42:27C'est un peu ce que fait votre ami Bernard Arnault.
00:42:29Pardon, moi je n'ai pas d'amis,
00:42:31monsieur Bourdin.
00:42:33Non, je n'ai pas d'amis.
00:42:35De là où je suis, vous savez, il y a une chose.
00:42:37Vous me parliez de la solidarité.
00:42:39Si officiellement,
00:42:41Emmanuel Macron n'a pas d'amis,
00:42:43son épouse, en revanche, est très copine
00:42:45de Bernard Arnault.
00:42:47En mars 2024, elle s'amusait à essayer
00:42:49des filtres Snapchat dans un resto parisien
00:42:51avec la star Ayanna Camoura.
00:42:57Dans les années 2000,
00:42:59au prestigieux lycée Franklin à Paris,
00:43:01Brigitte était devenue la prof
00:43:03des enfants Arnault.
00:43:05Puis, elle s'était rapprochée de la fille aînée de Bernard,
00:43:07Delphine, épouse de Xavier Niel,
00:43:09qui en a fait une égérie officieuse
00:43:11de LVMH.
00:43:13Depuis 2016, la famille Arnault lui prête
00:43:15gracieusement des tenues Louis Vuitton
00:43:17à près de 3 000 euros pièce pour chacune de ses sorties.
00:43:25Et depuis 2019,
00:43:27l'homme le plus riche de France dépense également
00:43:29des millions d'euros pour financer Live,
00:43:31des écoles privées que la première dame
00:43:33préside un peu partout en France.
00:43:35L'inauguration d'une école
00:43:37de la deuxième chance,
00:43:39sans présence de sa présidente Brigitte Macron
00:43:41et Bernard Arnault, le patron du groupe
00:43:43LVMH qui finance l'association.
00:43:45En septembre 2024,
00:43:47ils inauguraient un sixième campus
00:43:49au Havre, dans le Fief d'Édouard Philippe.
00:43:53Le problème de cette école,
00:43:55c'est qu'elle est présidée par Brigitte Macron,
00:43:57elle est intégralement
00:43:59financée par LVMH,
00:44:01donc là on rentre dans un mélange des genres
00:44:03qui est quand même proprement fou.
00:44:05C'est-à-dire que la femme du président de la République
00:44:07s'allie dans une action
00:44:09avec l'homme le plus riche
00:44:11de France,
00:44:13selon les périodes du monde,
00:44:15selon le cours de bourse
00:44:17de LVMH.
00:44:19Donc là on arrive dans quelque chose
00:44:21qui, à mon sens, doit être dénoncé,
00:44:23doit au moins être pointé, porté
00:44:25à la connaissance du public.
00:44:27D'autant que les liens financiers
00:44:29entre Bernard Arnault et la Macronie ne s'arrêtent pas là.
00:44:31Depuis quelques années,
00:44:33l'empereur du luxe s'applique aussi à recaser
00:44:35des proches du président,
00:44:37Ismaël Emelien.
00:44:39A l'été 2018,
00:44:41ce conseiller spécial d'Emmanuel Macron
00:44:43s'était pris les pieds dans l'affaire Benalla.
00:44:47Pour discréditer le jeune homme frappé
00:44:49par son collègue de l'Elysée,
00:44:51Emelien avait récupéré illégalement
00:44:53une image de vidéosurveillance montrant
00:44:55un passant jetant une bouteille sur la police.
00:44:59Il l'avait fait diffuser sur Twitter,
00:45:01via un compte anonyme, avec cette légende.
00:45:03Ne faisons pas passer cet étudiant
00:45:05pour un garçon bien sous tout rapport.
00:45:07C'était un individu violent qui était venu
00:45:09sciemment en place de la contre-escarpe pour casser du flic.
00:45:13Problème,
00:45:15ce passant montré du doigt par Emelien
00:45:17n'était pas le garçon frappé par Benalla.
00:45:19Quand la manip éclate au grand jour,
00:45:21Emelien doit quitter l'Elysée.
00:45:23LVMH le récupère alors
00:45:25comme conseiller environnement.
00:45:31En 2022, c'est Clément Leonarduzzi,
00:45:33ex-chargé de com du président,
00:45:35qui se met à conseiller LVMH depuis Publicis.
00:45:41En plus de faire travailler des proches du président,
00:45:43Bernard Arnault n'hésite pas à le défendre
00:45:45publiquement en cas de révolte populaire.
00:46:03En 2019,
00:46:05les journaux télévisés du monde entier
00:46:07documentent la violence de Macron
00:46:09contre les gilets jaunes.
00:46:11Mais l'empereur français du luxe, lui,
00:46:13va le défendre sur Radio La Gardère.
00:46:19Depuis l'arrivée du président Macron
00:46:21à la présidence de la République,
00:46:23l'image de la France,
00:46:25son attractivité s'est beaucoup améliorée.
00:46:27Ce qui s'est incontestablement amélioré
00:46:29sous Macron,
00:46:31c'est le business de LVMH.
00:46:35Notamment quand, grâce à l'exécutif,
00:46:37Bernard Arnault avait économisé
00:46:39près d'un demi-milliard de dollars
00:46:41sur le dos d'un bijoutier américain.
00:46:43C'est l'affaire Tiffany,
00:46:45on vous explique.
00:46:49En 2019, Bernard Arnault
00:46:51s'engage à racheter le prestigieux
00:46:53joaillier américain Tiffany
00:46:55pour 16,2 milliards d'euros.
00:46:574 milliards d'euros de chiffre d'affaires en 2018,
00:46:59plus de 14 000 salariés
00:47:01à travers le monde.
00:47:03L'empereur français du luxe se frotte les mains.
00:47:07Tiffany, c'est un mythe.
00:47:09C'est un mythe pour les Américains
00:47:11et c'est aussi un mythe mondial.
00:47:13La petite boîte bleue,
00:47:15c'est quelque chose qui fait rêver.
00:47:17D'ailleurs, Tiffany
00:47:19est la seule marque au monde
00:47:21qui est propriétaire d'une couleur.
00:47:25Mais en septembre 2020,
00:47:27avec la catastrophe du Covid
00:47:29qui confine la planète,
00:47:31le bijoutier américain perd 15% de sa valeur.
00:47:33Du coup, Bernard Arnault
00:47:35voudrait renégocier son prix à la baisse.
00:47:37Problème, le contrat américain
00:47:39est verrouillé.
00:47:41Le seul prétexte qui autoriserait LVMH à renégocier,
00:47:43ce serait que l'État français évoque
00:47:45un cas de force majeure.
00:47:47La suite nous est racontée par cette journaliste de Mediapart.
00:47:51Évidemment, il va les liser,
00:47:53il trouve une oreille très attentif
00:47:55à sa demande,
00:47:57auprès d'Emmanuel Macron
00:47:59et d'Alexis Kohler,
00:48:01le secrétaire général de l'Élysée.
00:48:03Mais il faudra même trouver,
00:48:05ça ne peut pas être l'Élysée directement
00:48:07qui invoque le cas de force majeure
00:48:09puisqu'il n'en a pas
00:48:11les possibilités institutionnelles.
00:48:13Bernard Arnault va alors obtenir
00:48:15un rendez-vous à Bercy, dans le bureau de Bruno Le Maire.
00:48:17Il va lui demander
00:48:19d'intercéder en sa faveur auprès de Washington.
00:48:21Mais selon Le Monde,
00:48:23Bernard Arnault l'aurait envoyé bouler.
00:48:27La différence entre vous et moi,
00:48:29c'est que moi je n'ai rien.
00:48:31Ou plutôt si j'ai deux choses qui ont du prix,
00:48:33ma popularité et mon honneur.
00:48:35Si je perds ça, je n'ai plus rien.
00:48:39Du coup, Bernard Arnault
00:48:41va se tourner vers le quai d'Orsay.
00:48:43Pour l'aider à payer Tiffany moins cher,
00:48:45le ministre des Affaires étrangères,
00:48:47Jean-Yves Le Drian,
00:48:49accepte de lui adresser ce courrier.
00:48:51Le gouvernement américain a décidé
00:48:53d'instaurer de nouveaux droits de douane sur certains produits français,
00:48:55en particulier dans le secteur du luxe,
00:48:57en réaction à l'adoption par la France
00:48:59d'une taxe sur les services numériques.
00:49:01Par conséquent, les projets d'investissement
00:49:03d'entreprises françaises dans des secteurs
00:49:05pouvant faire l'objet de sanctions
00:49:07doivent être réévalués.
00:49:09Vous devriez différer l'acquisition de Tiffany
00:49:11au-delà du 6 janvier 2021.
00:49:13En clair, un ministre de Macron
00:49:15fait semblant d'invoquer les intérêts nationaux
00:49:17pour permettre à Bernard Arnault
00:49:19de passer son deal avec Tiffany
00:49:21sans en payer les frais.
00:49:23On n'a jamais vu ça,
00:49:25parce que nous sommes dans un cadre privé.
00:49:27C'est une opération boursière,
00:49:29donc l'État français
00:49:31n'a pas à se mêler
00:49:33d'une opération boursière privée
00:49:35qui ne met ni de près
00:49:37ni de loin
00:49:39en cause les intérêts
00:49:41de souveraineté française.
00:49:43La France n'a aucun intérêt
00:49:45dans cette opération
00:49:47LVMH rachète Tiffany
00:49:49ou pas Tiffany,
00:49:51s'il y a un domaine où on est vraiment
00:49:53dans le ressort du droit privé,
00:49:55c'est bien ça.
00:49:57Et si M. Bernard Arnault risquait
00:49:59des mesures de rétorsion commerciale,
00:50:01c'était son problème,
00:50:03c'était pas le problème de la France.
00:50:05Grâce à cette très opportune intervention
00:50:07de Jean-Yves Le Drian,
00:50:09LVMH rachètera finalement Tiffany
00:50:11425 millions de dollars
00:50:13moins cher que prévu.
00:50:15Plus tard, c'est en grande pompe
00:50:17que Bernard Arnault invitera son ami Emmanuel Macron
00:50:19à inaugurer la Samaritaine,
00:50:21son nouveau temple du luxe,
00:50:23devant les caméras de LVMH.
00:50:25Je voudrais remercier
00:50:27tous les participants
00:50:29qui sont de la Samaritaine,
00:50:31tous les participants extérieurs,
00:50:33tous les artisans pour le travail magnifique
00:50:35qu'ils ont accompli.
00:50:39On n'a jamais vu
00:50:41un président de la République
00:50:43inaugurer l'ouverture d'un magasin.
00:50:45C'est pourtant Macron
00:50:47qui est présent
00:50:49aux côtés de Bernard Arnault.
00:50:51C'est une scène inouïe
00:50:53lors de l'ouverture de la Samaritaine.
00:50:55Il faut regarder cette vidéo.
00:50:57Je suis extrêmement fier et heureux
00:50:59d'être parmi vous aujourd'hui.
00:51:01La capacité aussi à restaurer, réinventer
00:51:03les lieux qui ont fait l'histoire
00:51:05de nos villes, de notre nation, est essentielle.
00:51:07C'est une vidéo folle
00:51:09dans ce qu'elle raconte
00:51:11de Emmanuel Macron.
00:51:13Puisqu'il est là, avec Bernard Arnault,
00:51:15qui est également
00:51:17entouré de ses proches,
00:51:19c'est l'Ancien Régime.
00:51:23Et ces aristocrates rentrent
00:51:25dans leur magasin.
00:51:29Des aristocrates modernes
00:51:31qui se croient parfois tout permis.
00:51:37En 2013, le réalisateur François Ruffin
00:51:39prépare « Merci patron »,
00:51:41un documentaire explosif dénonçant
00:51:43les délocalisations de LVMH.
00:51:49Inquiets ?
00:51:51Bernard Arnault va missionner l'ancien chef espion
00:51:53de Nicolas Sarkozy pour surveiller
00:51:55secrètement Ruffin avec l'aide
00:51:57des services de l'État.
00:51:59En 2020, Mediapart publiait
00:52:01des enregistrements judiciaires de Squarcini
00:52:03fomentant avec le bras droit de Bernard Arnault
00:52:05l'infiltration de Fakir,
00:52:07journal de Ruffin.
00:52:37Pour avoir fait infiltrer et espionner
00:52:39illégalement le journal de François Ruffin,
00:52:41LVMH risquait une amende
00:52:43pouvant approcher 30% de son chiffre d'affaires,
00:52:45soit près de 14 milliards d'euros.
00:52:49Mais en décembre 2021,
00:52:51le parquet national financier a proposé
00:52:53à l'empereur du luxe un incroyable deal.
00:52:55Échappé à tout procès en échange
00:52:57d'un chèque de 10 millions d'euros.
00:52:59Cette convention judiciaire d'intérêt public
00:53:01dite Cégyp, Bernard Arnault
00:53:03la détaillait devant le Sénat début 2022.
00:53:07Le juge nous a proposé
00:53:09cette transaction
00:53:11afin d'éviter que nous soyons
00:53:13pris
00:53:15dans cette affaire
00:53:17à laquelle on n'avait rien à voir
00:53:19et notamment aucune responsabilité.
00:53:21Voilà.
00:53:23Quant à monsieur Ruffin,
00:53:25monsieur Ruffin,
00:53:27tout le monde le connaît,
00:53:29c'est quelqu'un de très brillant,
00:53:31qui est d'extrême gauche
00:53:33et pour lequel le groupe LVMH
00:53:35est un épouvantail.
00:53:37Alors pourquoi sommes-nous un épouvantail ?
00:53:39Parce que nous sommes français,
00:53:41parce qu'on embauche en France,
00:53:43parce qu'on crée des ateliers en France
00:53:45et que c'est un contraire du simple
00:53:47tellement flagrant pour sa stratégie
00:53:49de communication
00:53:51qu'il est obligé d'essayer de trouver
00:53:53des poux dans la tête partout.
00:53:55Et si on a essayé d'éviter que monsieur Ruffin,
00:53:57lors d'une assemblée générale
00:53:59où il avait prévu
00:54:01de venir pour enfariner tout le monde
00:54:03ne puisse entrer dans la salle,
00:54:05franchement,
00:54:07c'est pas le problème.
00:54:13À l'automne 2024,
00:54:15Bernard Squarsini et une dizaine de barbouzes
00:54:17qui avaient espionné illégalement Ruffin
00:54:19à la demande de LVMH
00:54:21étaient jugés à Paris.
00:54:23Grâce au chèque de 10 millions d'euros
00:54:25payé par LVMH, Bernard Arnault
00:54:27n'est convoqué ce jour-là que comme simple témoin.
00:54:29Mais avec Élise Lucet,
00:54:31M. Arnault, pourquoi est-ce que vous faites espionner
00:54:33illégalement des journalistes ?
00:54:35Pourquoi vous faites espionner
00:54:37illégalement des journalistes ?
00:54:39M. Arnault, est-ce que vous avez lancé, oui ou non,
00:54:41des opérations d'espionnage vis-à-vis
00:54:43d'un de vos concurrents ou de certains journalistes ?
00:54:49Devant la cour,
00:54:51avec François Ruffin à sa gauche,
00:54:53l'empereur du luxe va marteler son message
00:54:55en substance.
00:54:57Je n'ai aucune responsabilité
00:54:59dans cette opération
00:55:01dont je n'ai pas eu à connaître.
00:55:13Mais à la sortie de l'audience,
00:55:15François Ruffin va mettre en doute
00:55:17la version de l'homme le plus riche de France.
00:55:21On a un Bernard Arnault
00:55:23qui, là, à l'audience,
00:55:25a tout oublié
00:55:27ou tout ignoré.
00:55:29Il se trouve que, pendant trois ans,
00:55:31j'ai été espionné jusqu'à mon domicile.
00:55:33Il y a des trombinoscopes
00:55:35qui figurent au dossier
00:55:37avec les photos de mes enfants,
00:55:39avec des numéros de plaques minéralogiques,
00:55:41avec des adresses personnelles.
00:55:43Le chef de cabinet de Bernard Arnault
00:55:45est au courant. Le numéro 2 de LVMH
00:55:47est au courant. C'est même lui qui commandite
00:55:49une infiltration à l'intérieur
00:55:51du journal Fakir. Et M. Arnault
00:55:53vient à la barre en disant
00:55:55qu'il ne sait rien. Il ne sait rien
00:55:57de rien.
00:55:59Et il avait déjà menti
00:56:01sous serment devant
00:56:03la commission d'enquête du Sénat
00:56:05en disant que je venais
00:56:07là pour enfariner tout le monde.
00:56:09Le dossier révèle que je n'ai jamais eu
00:56:11un gramme de farine sur moi.
00:56:13En disant que la Cégyp
00:56:15était une reconnaissance de non-culpabilité.
00:56:17Ce n'est pas du tout ça. Et en disant
00:56:19surtout que LVMH n'avait rien
00:56:21à faire dans cette affaire.
00:56:23LVMH apparaît à toutes les pages
00:56:25de ce dossier. LVMH
00:56:27est le commanditaire de l'infiltration
00:56:29par le biais de Pierre Godet.
00:56:31Et LVMH est le bénéficiaire permanent
00:56:33des pressions qui se sont effectuées
00:56:35sur Fakir. Mais au-delà
00:56:37des pressions que par des détectives privées
00:56:39M. Bernard Arnault
00:56:41fait sur la presse depuis 40 ans.
00:56:43Et en particulier sur le magazine
00:56:45Complément d'Enquête qui a été diffusé en 2014.
00:56:47Donc il y a là
00:56:49des mensonges de Bernard Arnault
00:56:51qui sont renouvelés sous serment
00:56:53à nouveau devant le tribunal.
00:56:55Je ne pense pas que M. Arnault
00:56:57prenne au sérieux la justice
00:56:59de notre pays. Il a déjà payé 10 millions d'euros
00:57:01pour échapper à être
00:57:03aujourd'hui sur le banc des prévenus.
00:57:05Mais là il vient sous serment
00:57:07faire des déclarations qui sont mensongères.
00:57:13Le 7 mars 2025, la justice
00:57:15a condamné Bernard Squarsini,
00:57:17ancien chef du contre-espionnage français,
00:57:19à quatre ans de prison, dont deux fermes
00:57:21et 200 000 euros d'amende pour avoir détourné
00:57:23les moyens de l'État au profit de LVMH.
00:57:27Bien que son empire du luxe
00:57:29ait fait espionner le journaliste François Ruffin,
00:57:31Bernard Arnault ne semble pas
00:57:33trop voir le problème que ça peut poser
00:57:35pour la liberté de la presse.
00:57:37On est dans un pays
00:57:39où les médias sont libres.
00:57:41Aujourd'hui,
00:57:43si un journaliste
00:57:45veut faire sortir un article
00:57:47négatif
00:57:49sur le président de la République,
00:57:51sur le Premier ministre,
00:57:53sur
00:57:55un responsable politique,
00:57:57un article négatif
00:57:59sur un dirigeant d'entreprise,
00:58:01il peut le faire.
00:58:03Évidemment, il faut que ce soit un article fondé
00:58:05ou avec des arguments.
00:58:07Il peut le faire. On est quand même dans un pays
00:58:09où la liberté de la presse,
00:58:11la liberté de la communication
00:58:13est assurée.
00:58:15En réalité,
00:58:17la liberté de la communication,
00:58:19ce n'est évidemment pas la passion de Bernard Arnault.
00:58:21En septembre 2024,
00:58:23il allait jusqu'à imposer au cadre de LVMH
00:58:25une interdiction absolue de parler
00:58:27à une dizaine de médias indépendants,
00:58:29comme Mediapart ou le Canard Enchaîné.
00:58:33Et dans les journaux de Bernard Arnault,
00:58:35il ne fait pas bon critiquer Emmanuel Macron.
00:58:37En décembre 2020,
00:58:39le président poste
00:58:41cette petite vidéo sur Youtube.
00:58:45Mais quand le Parisien cite
00:59:07Emmanuel Macron à la une,
00:59:09Arnault pique une crise.
00:59:11Selon Le Monde,
00:59:13il a mis la pression sur Jean-Michel Salvator,
00:59:15le directeur de la rédaction du journal,
00:59:17en ces termes.
00:59:19Si vous ne vous sentez pas capable de faire ce job,
00:59:21on va trouver quelqu'un qui le sera.
00:59:27Lors de la révolte des retraites,
00:59:29Bernard Arnault va à nouveau instrumentaliser
00:59:31ses journaux pour protéger Emmanuel Macron.
00:59:33On va tout bloquer !
00:59:35On va tout bloquer !
00:59:37On va tout bloquer !
00:59:39On va tout bloquer !
00:59:41Le 6 mars 2023,
00:59:43après cinq jours d'une grève ultra populaire,
00:59:45c'est du point de vue des usagers du métro parisien
00:59:47que le quotidien de Bernard Arnault
00:59:49décide de se placer.
00:59:51Décryptage d'une représentante des journalistes.
00:59:55On voit même le choix
00:59:57de la photo à la une,
00:59:59c'est les gens qui attendent
01:00:01au bondé,
01:00:03ce qui montre les conséquences des grèves,
01:00:05mais pas les manifestations,
01:00:07les raisons de ces grèves,
01:00:09de ces manifestations, etc.
01:00:11C'est vraiment ça qu'on a reproché
01:00:13à la direction de la rédaction.
01:00:15Pour nous, c'était un refus
01:00:17d'avoir refusé de montrer à la une
01:00:19la colère
01:00:21d'une majorité de Français,
01:00:23si on en croit les sondages à ce moment-là.
01:00:27Autre exemple, avec le passage en force
01:00:29des retraites début 2023.
01:00:31Aussi, sur le fondement
01:00:33de l'article 49
01:00:35alinéa 3 de la Constitution,
01:00:37j'engage la responsabilité
01:00:39de mon gouvernement
01:00:41sur l'ensemble du projet
01:00:43de loi de financement rectificatif
01:00:45de la Sécurité sociale pour 2023,
01:00:47modifié par l'amendement
01:00:49de coordination
01:00:51communiquée à l'Assemblée nationale.
01:00:53Au moment où la Première ministre
01:00:55Elisabeth Borne choisit d'opter
01:00:57pour le 49-3 pour faire passer
01:00:59cette réforme,
01:01:01je crois que l'ensemble de la presse
01:01:03titre sur le passage en force
01:01:05ou en tout cas à peu près
01:01:07cette thématique-là.
01:01:09Et nous, en titre, le gouvernement
01:01:11joue la sécurité.
01:01:13Et c'est le lendemain de ce titre-là
01:01:15que la rédaction s'est mobilisée
01:01:17en se disant que ce n'était pas possible
01:01:19parce qu'on avait l'impression
01:01:21que pour nous, ce n'était pas la réalité.
01:01:23C'était une manière
01:01:25très édulcorée de parler
01:01:27de la réalité qui était celle
01:01:29d'un passage en force politique.
01:01:31L'impression que ça a donné à beaucoup dans la rédaction,
01:01:33c'est que c'était une manière d'habiller
01:01:35une réalité qui était
01:01:37un petit peu plus simple que ça,
01:01:39que le journal était
01:01:41assez explicitement pro-gouvernement
01:01:43et pro-Macron.
01:01:45Si Bernard Arnault
01:01:47a tendance à défendre la Macronie,
01:01:49on sait moins qu'il finance les médias bollorés
01:01:51via ses marques de luxe.
01:01:55Alors que le collectif Sleeping Giants
01:01:57et même Elisabeth Badinter de l'agence Publicis
01:01:59tentent depuis quelques mois
01:02:01de dissuader les annonceurs de financer
01:02:03le JDD d'extrême droite face au Geoffroy Lejeune,
01:02:07Bernard Arnault a été le premier
01:02:09à y acheter des pages de pub à coût de dizaines
01:02:11de milliers d'euros.
01:02:15En d'autres temps, jamais
01:02:17Bernard Arnault n'aurait continué
01:02:19à porter de la publicité au JDD.
01:02:21Là, ils ont continué. LVMH
01:02:23continue à être l'un des principaux
01:02:25financeurs du JDD.
01:02:27Et quand, par hasard,
01:02:29un article du Parisien risque de gêner
01:02:31Vincent Bolloré, il se retrouve souvent
01:02:33cantonné au site web du journal.
01:02:37Il y a des papiers qui sont faits,
01:02:39qui sont parés sur le site,
01:02:41mais qui n'ont pas trouvé leur place
01:02:43dans le journal papier.
01:02:45Je pense notamment
01:02:47au moment où la rédaction
01:02:49du JDD s'est mise en grève
01:02:51après le rachat du journal par Bolloré.
01:02:53On a une rubrique médias.
01:02:55À ce moment-là, ce sujet a fait pas mal de remous,
01:02:57y compris à l'Assemblée nationale,
01:02:59dans le milieu politique.
01:03:01Ça valait à notre sens des sujets.
01:03:03On a posé la question
01:03:05sur ce thème précis à la direction
01:03:07de la rédaction, qui nous a répondu
01:03:09que ça n'intéressait pas les gens,
01:03:11et que c'est pour ça que ça ne figurait pas.
01:03:13Les tractations entre LVMH
01:03:15et le groupe Bolloré pour se partager
01:03:17les médias Lagardère auraient-elles
01:03:19favorisé une certaine autocensure ?
01:03:23On remarque quand même
01:03:25qu'il y a une gêne
01:03:27à parler de Bolloré.
01:03:29On suspecte que c'est parce que
01:03:31ces derniers mois,
01:03:33il y avait sans doute
01:03:35des négociations en cours
01:03:37entre le groupe LVMH et Bolloré
01:03:39et qu'on imagine,
01:03:41mais là, on imagine
01:03:43que la consigne
01:03:45est passée
01:03:47et qu'il ne fallait pas parler de Bolloré.
01:03:51Autre victime collatérale
01:03:53de ces tractations LVMH-Bolloré,
01:03:55le directeur de la rédaction des Échos.
01:03:57Début 2023,
01:03:59Nicolas Barré avait doublement contrarié Bernard Arnault.
01:04:01D'abord en évoquant
01:04:03un livre d'Éric Orsena,
01:04:05assimilant Bolloré à un ogre.
01:04:07Ensuite, en osant évoquer
01:04:09l'article des Échos du LVMH.
01:04:11Un article, aujourd'hui disparu
01:04:13du site des Échos.
01:04:15Et Bernard Arnault,
01:04:17qui fait congélier
01:04:19sur un coup de téléphone
01:04:21le directeur de rédaction des Échos,
01:04:23rentre en conflit
01:04:25frontal avec sa rédaction
01:04:27et se permet pendant
01:04:29un an de laisser la crise
01:04:31se poursuivre.
01:04:33Quand on parle de ces gestionnaires,
01:04:35de ces hommes d'affaires formidables,
01:04:37Bernard Arnault n'a cessé
01:04:39de détruire de la valeur,
01:04:41pour reprendre leur vocabulaire,
01:04:43aux Échos.
01:04:45Un patron correct d'une entreprise
01:04:47ne laisse pas cette entreprise,
01:04:49en l'occurrence
01:04:51le quotidien des Échos,
01:04:53pendant un an sans directeur de la rédaction.
01:04:55Qu'est-ce que ça signifie ?
01:04:57Interrogé au Sénat début 2022
01:04:59par le sénateur communiste Pierre Laurent,
01:05:01Bernard Arnault assumait
01:05:03son interventionnisme éditorial.
01:05:07Je n'ai pas envie d'avoir
01:05:09un journal qui devienne
01:05:11financer un journal
01:05:13qui devienne
01:05:15le support
01:05:17de l'extrême droite
01:05:19ou de l'extrême gauche.
01:05:21Et s'il y a une indépendance
01:05:23absolue, totale,
01:05:25on ne sait jamais.
01:05:27Donc il faut quand même qu'on puisse réagir
01:05:29à un moment ou à un autre.
01:05:31Je prends un exemple stupide,
01:05:33si les Échos,
01:05:35demain, devaient défendre
01:05:37l'économie marxiste,
01:05:39qui plaît peut-être à monsieur Laurent,
01:05:41on ne sait rien, mais bon.
01:05:43Ce serait quand même
01:05:45extrêmement gêné.
01:05:51Il faut quand même qu'il y ait des gardes fous.
01:05:55Si Bernard Arnault bénéficie
01:05:57d'une telle impunité, c'est notamment
01:05:59parce que c'est l'homme le plus riche de France.
01:06:01En 2023, Emmanuel Macron
01:06:03a un problème.
01:06:05Il manque 150 millions d'euros pour financer
01:06:07les JO de Paris.
01:06:09Ni une, ni deux, les pouvoirs publics sollicitent
01:06:11Bernard Arnault comme il le confiera au monde.
01:06:13C'est la seule chose
01:06:15qu'on m'ait vraiment demandé
01:06:17et à laquelle finalement j'ai cédé.
01:06:19Ce qu'on sait moins,
01:06:21c'est que l'affaire avait failli capoter.
01:06:23En mai 2023,
01:06:25le Premier ministre Gabriel Attal avait osé
01:06:27évoquer dans Le Monde la fraude fiscale
01:06:29des puissants.
01:06:31Notre priorité, faire payer
01:06:33ce qu'ils doivent aux ultra-riches et aux multinationales
01:06:35qui fraudent.
01:06:37Mais quelques mois plus tard,
01:06:39Attal avait étrangement retourné sa veste
01:06:41dans un débat organisé par la presse de Bernard Arnault.
01:06:45Je ne peux pas laisser dire que les riches
01:06:47ne contribuent pas pleinement à la nation.
01:06:49Par exemple, Bernard Arnault est le plus gros
01:06:51contribuable français.
01:06:53Attal aurait-il cédé à des pressions
01:06:55de l'empereur du luxe ?
01:06:57Bernard Arnault le confirmera en personne.
01:07:01J'ai protesté auprès de lui.
01:07:03Et d'ailleurs, vous observerez que,
01:07:05à la suite de ma protestation,
01:07:07il a rectifié de lui-même.
01:07:09Le 13 mars 2024,
01:07:11même Emmanuel Macron lui fera allégeance
01:07:13en le décorant du plus haut grat de la Légion d'honneur
01:07:15devant de nombreuses stars mondiales
01:07:17comme Beyoncé, Jeff Koons,
01:07:19Elon Musk, mais aussi
01:07:21Vincent Bolloré.
01:07:23Ce jour-là, le propriétaire du groupe
01:07:25Canal avait rendu hommage à son ami Bernard
01:07:27devant l'Assemblée.
01:07:32Je connais Bernard depuis 40 ans.
01:07:34On a commencé ensemble.
01:07:36Bon, il a réussi mieux, mais tant mieux.
01:07:38Et c'est quelqu'un pour qui j'ai
01:07:40beaucoup d'amitié.
01:07:42Il y a une sorte d'entente entre lui
01:07:44et Bernard Arnault puisqu'il
01:07:46s'apprête à recéder Paris Match
01:07:48à Bernard Arnault
01:07:50qui en rêve, et qui en rêve tellement
01:07:52qu'il est prêt à mettre
01:07:54120 ou 130 millions d'euros sur la table
01:07:56pour en prendre le contrôle
01:07:58alors que le journal perd de l'argent.
01:08:00C'est sidérant.
01:08:02C'est pas un secret, il a envie de match.
01:08:04Il aime les belles choses,
01:08:06il aime les choses importantes
01:08:08et il trouve que match est un magazine important.
01:08:10Et c'est vrai que match est un magazine important.
01:08:12Bon.
01:08:14Et à force
01:08:16de fréquenter Vincent Bolloré,
01:08:18comme ici au Puy-du-Fou avec
01:08:20Philippe Devilliers en août 2024,
01:08:22Bernard Arnault deviendrait
01:08:24de plus en plus tradi.
01:08:26Les femmes, mettez-vous ça
01:08:29voire vieille France.
01:08:40Quelques jours plus tôt,
01:08:42dans un autre château-fort,
01:08:44présidentiel celui-là,
01:08:46Bernard Arnault et son épouse déjeunent
01:08:48avec les couples Macron et Sarkozy
01:08:50à Brégançon.
01:08:52Entre la poire et le fromage,
01:08:54l'homme le plus riche de France
01:08:56est le président de la République.
01:08:58Il est aussi le premier ministre de gauche,
01:09:00comme Lucie Castex.
01:09:04Et là je pense qu'on vit
01:09:06dans une époque où les élites françaises,
01:09:08l'oligarchie française,
01:09:10dont Macron est le symbole,
01:09:12ont intériorisé le fait que
01:09:14c'est là que les choses se passent.
01:09:16Ce dont on débat,
01:09:18c'est des thématiques de l'extrême droite.
01:09:20Il y a une forme d'entente
01:09:22entre les milliardaires
01:09:24qui dit bien que chacun observe Bolloré
01:09:26en disant qu'il annonce
01:09:28le monde vers lequel on risque de basculer.
01:09:38En mars 2024,
01:09:40interrogé sur ses orientations idéologiques
01:09:42par une commission d'enquête de l'Assemblée
01:09:44sur les fréquences TNT,
01:09:46Vincent Bolloré se présentait
01:09:48comme un actionnaire débonnaire,
01:09:50voire tout doux.
01:09:52On écoute ce que je dis.
01:09:54Je suis démocrate, chrétien,
01:09:56je n'ai aucun projet idéologique
01:09:58et si j'en avais d'ailleurs,
01:10:00les chaînes de Canal seraient effondrées depuis longtemps.
01:10:02Il y a heureusement dans notre pays
01:10:04une pluralité, il y a des gens différents,
01:10:06mais je suis tout doux et débonnaire
01:10:08et pas du tout un Attila.
01:10:14En réalité, avec son empire médiatique
01:10:16inégalé,
01:10:18Canal+, CNews,
01:10:20C8, le JDD européen,
01:10:22le célèbre milliardaire
01:10:24mène un combat civilisationnel,
01:10:26imposer dans le débat public
01:10:28les thématiques de l'extrême droite.
01:10:32L'âge venant, Bolloré a décidé
01:10:34de mettre sa fortune et ses intérêts
01:10:36au service de ses obsessions
01:10:38idéologiques.
01:10:40Donc, obsession réactionnaire,
01:10:42obsession
01:10:44religieuse,
01:10:46xénophobe,
01:10:48bon, voilà, on est là
01:10:50dans la matrice
01:10:52de l'extrême droite française
01:10:54et il a trouvé
01:10:56tous ses relais, d'Éric Zemmour
01:10:58à Pascal Praud,
01:11:00enfin voilà, toute la fine équipe.
01:11:02En 2021,
01:11:04Vincent Bolloré rêve d'ajouter le groupe
01:11:06Lagardère, Paris Match, le JDD,
01:11:08Europe 1, Hachette et ses relais H
01:11:10à son empire médiatique.
01:11:12De quoi inquiéter Emmanuel Macron.
01:11:14Il y a eu quand même
01:11:16une grande crainte à l'Élysée
01:11:18de voir émerger
01:11:20un groupe aussi puissant,
01:11:22puisque c'est de la télé,
01:11:24c'est de la radio, c'est de la presse écrite,
01:11:26c'est de l'édition,
01:11:28donc de voir émerger
01:11:30une telle puissance médiatique
01:11:32mise au service
01:11:34de l'extrême droite.
01:11:36Le 22 octobre 2021,
01:11:38Hervé Gattegnaud est remplacé
01:11:40à la tête de Paris Match par Patrick Maé,
01:11:42un proche de Vincent Bolloré
01:11:44qui militait au groupe d'extrême droite
01:11:46occident dans les années 70.
01:11:50Le mouvement a pour ambition
01:11:52de réunir et d'unifier
01:11:54toutes les forces nationalistes.
01:11:56Les mouvements d'extrême droite sont venus au meeting
01:11:58sous la même bannière, anciens du mouvement dissous-occident,
01:12:00militants de l'ex-OAS,
01:12:02jeunes étudiants du groupe Union droit
01:12:04et nationalistes de tous horizons.
01:12:08Près de 50 ans plus tard,
01:12:10sous la houlette de Patrick Maé,
01:12:12ce courant politique a tendance
01:12:14à contaminer Paris Match,
01:12:16où les papiers sur les cathos tradis
01:12:18se multiplient dans l'album de famille des Français.
01:12:22Fin 2021, par exemple,
01:12:24Match va promouvoir
01:12:26« Quand la science prouve l'existence de Dieu »,
01:12:28un livre co-écrit par Michel-Yves Bolloré.
01:12:30Ça tombe bien, c'est le frère de Vincent.
01:12:34Sur CNews,
01:12:36le chroniqueur d'extrême droite Éric Zemmour
01:12:38est toujours à l'affiche de Face à l'info.
01:12:40Au Moyen-Âge,
01:12:42l'Europe était christianisée.
01:12:44Elle a trouvé en elle
01:12:46un ressort,
01:12:48des ressources
01:12:50pour résister
01:12:52à l'invasion islamique.
01:12:54En novembre 2021, alors qu'il n'est même pas
01:12:56encore candidat à la présidentielle,
01:12:58un premier sondage le donne qualifié au second tour
01:13:00face à Emmanuel Macron.
01:13:02Un nouveau sondage qui donne le polémiste Éric Zemmour
01:13:04puisqu'il est encore polémiste au second tour
01:13:07C'est dans ce contexte de rivalité politique grandissante
01:13:10qu'un dossier industriel inattendu
01:13:12va amener l'Elysée et le groupe Bolloré
01:13:14à se rapprocher.
01:13:16Car avant d'être un magnat des médias,
01:13:18le célèbre milliardaire est un empereur
01:13:20de la France-Afrique.
01:13:22L'Afrique,
01:13:24cœur de l'Empire Bolloré.
01:13:26Une présence dans plus de 40 pays,
01:13:28notamment au travers d'activités logistiques.
01:13:32En 2021, son groupe
01:13:34est à la tête du plus grand réseau logistique
01:13:36du continent noir.
01:13:3842 ports,
01:13:402700 kilomètres de voies ferrées,
01:13:4220 000 salariés.
01:13:44Problème ? En Afrique,
01:13:46Vincent Bolloré est empêtré dans plusieurs affaires de corruption.
01:13:50En 2010, il aurait illégalement financé
01:13:52des campagnes présidentielles au Togo
01:13:54et en Guinée-Conakry en échange de concessions portuaires.
01:13:58En février 2021,
01:14:00épinglé par la justice française
01:14:02et la corruption active d'agents publics étrangers
01:14:04et complicité d'abus,
01:14:06Bolloré accepte une reconnaissance préalable
01:14:08de culpabilité.
01:14:10En clair, son groupe s'achète une impunité
01:14:12pour 12 millions d'euros.
01:14:14Lui, en revanche, devra finalement être jugé.
01:14:18Tous ces tracas auraient pesé dans sa décision
01:14:20de se débarrasser de son empire africain.
01:14:22Explication.
01:14:24Quand, en 2021,
01:14:26on apprend que Vincent Bolloré
01:14:28est en train de négocier pour la vente
01:14:30de ses activités africaines logistiques et portuaires
01:14:32auprès de deux armateurs
01:14:34CMACGM
01:14:36dès l'été 2021,
01:14:38puis à l'automne 2021,
01:14:40on apprend qu'en fait, c'est MSC qui est sur les rangs également.
01:14:44MSC, la compagnie maritime des cousins d'Alexis Kohler,
01:14:46le bras droit d'Emmanuel Macron.
01:14:52Moi, ce que je sais, c'est qu'à l'époque, en octobre 2021,
01:14:54l'Elysée, en gros,
01:14:56regarde le dossier de très près,
01:14:58c'est Alexis Kohler qui s'en occupe.
01:15:00Puis, fin 2021,
01:15:02en décembre 2021,
01:15:04il est officialisé le fait que
01:15:06MSC Bolloré entre en négociation exclusive
01:15:08pour le rachat des activités africaines
01:15:10et logistiques de Bolloré.
01:15:12Et à cette époque,
01:15:14les cousins d'Alexis Kohler vont faire à Bolloré
01:15:16une offre qui ne se refuse pas.
01:15:18Alors qu'avant le Covid,
01:15:20son empire africain était évalué à environ 2 milliards d'euros,
01:15:22les cousins d'Alexis Kohler
01:15:24vont lui en proposer 5,7 milliards.
01:15:26Presque trois fois plus.
01:15:30À partir de là,
01:15:32on peut effectivement se poser des questions
01:15:34sur où se situe
01:15:36à ce moment-là
01:15:38l'Elysée dans le deal financier
01:15:40qui va avoir lieu quelques mois après,
01:15:42c'est-à-dire en pleine campagne présidentielle.
01:15:44Avec les 5,7 milliards d'euros
01:15:46que Bolloré compte toucher des cousins d'Alexis Kohler,
01:15:48il va continuer d'investir
01:15:50massivement dans les médias.
01:15:52En juin 2022,
01:15:54le groupe de Vivendi annonce détenir 60%
01:15:56du capital du groupe Lagardère.
01:15:58Paris Match, ou Europe 1,
01:16:00mais aussi le groupe Hachette,
01:16:02tombe alors dans son escarcelle.
01:16:04Un an plus tard,
01:16:06au journal du dimanche,
01:16:08la nomination du zémoriste Geoffroy Lejeune
01:16:10provoque une grève historique.
01:16:12Mais au lieu de soutenir les grévistes du JDD,
01:16:14les macronistes vont se précipiter
01:16:16dans les bras de leur direction.
01:16:18Le 6 août 2023,
01:16:20la secrétaire d'Etat à la Ville détaille
01:16:22qu'elle crée actionnaire pour les banlieues
01:16:24dans une interview au JDD relue et validée par l'Élysée.
01:16:26Un coup de poignard
01:16:28pour les grévistes de l'hebdo
01:16:30et une bénédiction pour Vincent Bolloré.
01:16:32Car à l'époque, pour ne pas avoir
01:16:34attendu le feu vert de la Commission européenne
01:16:36pour prendre le contrôle effectif du groupe Lagardère,
01:16:38il risque une amende pouvant atteindre
01:16:4010% du chiffre d'affaires de Vivendi,
01:16:42soit près d'un milliard d'euros.
01:16:44A la rentrée 2023,
01:16:46loin de reprocher à Bolloré
01:16:48cette violation des règles européennes,
01:16:50Macron invite ses ministres à s'exprimer
01:16:52dans ces médias.
01:17:08Mi-septembre 2023,
01:17:10une rencontre secrète Macron-Bolloré
01:17:12se serait même tenue à l'Élysée.
01:17:14Il y a eu un pacte de passer
01:17:16en septembre et à l'automne
01:17:18dernier. Le journal Le Monde
01:17:20s'en est fait l'écho par un article
01:17:22en citant une
01:17:24rencontre Bolloré-Macron
01:17:26à l'Élysée au mois de septembre 2023.
01:17:30Dans la foulée, Emmanuel Macron
01:17:32aurait proposé à Vincent Bolloré que Paris Match
01:17:34est un accès privilégié au roi Charles III
01:17:36lors de sa visite officielle en France
01:17:38le 21 septembre.
01:17:40Et en novembre,
01:17:42c'est au tour de Brigitte d'apparaître
01:17:44radieuse à la une du nouvel hebdo Bolloré.
01:17:46Rien à voir avec la façon
01:17:48dont Match traitait le couple présidentiel
01:17:50quelques mois auparavant.
01:17:54Et après ce réchauffement,
01:17:56les ministres macronistes se jettent
01:17:58tous dans les bras du beau logis dédé.
01:18:06Et on voit très clairement
01:18:08qu'un pacte a été passé entre
01:18:10les deux puissances, la puissance
01:18:12présidentielle, la puissance médiatique
01:18:14de Bolloré.
01:18:16Puisqu'on voit les ministres
01:18:18qui, ça y est, ont relégitimé
01:18:20le journal du dimanche
01:18:22en étant omniprésents
01:18:24par leurs interviews, etc.
01:18:26Et le 12 février 2024,
01:18:28la connivence Macron-Bolloré va faire
01:18:30une nouvelle victime, la ministre de la Culture
01:18:32Rima Abdulmalak. En 2023,
01:18:34elle avait osé rappeler sur France Inter
01:18:36que les médias Bolloré devaient, comme les autres,
01:18:38respecter la loi.
01:18:40Je suis dans mon rôle quand je rappelle le cadre existant.
01:18:42Il y a des chaînes qui ont accès à des fréquences
01:18:44gratuites, en échange
01:18:46de certaines obligations qu'elles doivent respecter.
01:18:48Ces obligations, il suffit de les lire,
01:18:50elles sont dans la loi, elles sont très
01:18:52claires. Parmi elles, il y a le respect du
01:18:54pluralisme, il y a le fait de traiter
01:18:56les affaires judiciaires avec mesure,
01:18:58c'est écrit comme tel, le fait de créer
01:19:00un débat contradictoire
01:19:02avec l'ensemble des points de vue sur des sujets
01:19:04pouvant porter à controverse, c'est écrit comme ça.
01:19:06Donc, c'est le rôle de l'ARCOM
01:19:08ensuite, au moment de
01:19:10faire le bilan de ces
01:19:12obligations, de vérifier
01:19:14qu'elles ont bien été respectées pour pouvoir
01:19:16ensuite évaluer
01:19:18si la reconduction de cette fréquence
01:19:20est justifiée ou pas.
01:19:22Il y a bien des obligations à respecter
01:19:24et c'est mon rôle de le rappeler.
01:19:26C8 et Cnews pourraient perdre leur fréquence ?
01:19:28Il y a des obligations à respecter.
01:19:30Il y a déjà eu une vingtaine d'interventions
01:19:32de l'ARCOM depuis 2019
01:19:34pour C8 et Cnews.
01:19:36Au bout d'un
01:19:38mois, combien d'interventions
01:19:40pourrait l'ARCOM dire
01:19:42à tel degré, les obligations
01:19:44ne sont pas respectées ? C'est le rôle de l'ARCOM.
01:19:46Je rappelle juste le cadre qui existe. C'est important.
01:19:48Quelques mois après ce rappel,
01:19:50Rima Abdoulmalak est débarquée
01:19:52Merci.
01:19:58remplacée par la sarcosiste Rachida Dati.
01:20:02Une éviction significative pour François Bonnet.
01:20:04Qu'est-ce qu'elle fait Rima Abdoulmalak ?
01:20:06Elle rappelle ce qu'est la loi.
01:20:08Elle rappelle la règle du jeu.
01:20:10Elle est virée.
01:20:14Et après avoir fait virer sa ministre,
01:20:16c'est au JDD extrême-droitisé
01:20:18que Macron lui-même se confie désormais.
01:20:24Manuel Macron
01:20:26a toujours instrumentalisé
01:20:28l'extrême droite et qu'il y avait toujours
01:20:30une certaine collusion avec l'extrême droite
01:20:32parce qu'il a toujours voulu construire son pouvoir
01:20:34en faisant de l'extrême droite
01:20:36son principal opposant,
01:20:38la principale force alternative.
01:20:40Et il a fait ça
01:20:42pour marginaliser la gauche
01:20:44voire même la criminaliser.
01:20:46Et pour favoriser la droite
01:20:48de l'échiquier politique, Emmanuel Macron
01:20:50utilise une dernière arme,
01:20:52les aides à la presse.
01:20:58Quand Vincent Bolloré s'empare du JDD en 2023,
01:21:00il rejoint le club des milliardaires
01:21:02des médias subventionnés par l'État.
01:21:04C'est le système des aides à la presse.
01:21:08Censée garantir le pluralisme,
01:21:10le transport des journaux et leur modernisation,
01:21:12elle finance principalement
01:21:14Bernard Arnault, l'homme le plus riche de France,
01:21:16Xavier Niel, le groupe Bayard,
01:21:18Le Figaro ou Patrick Drahi.
01:21:20Majoritairement donc les médias dominants,
01:21:22souvent des journaux écrits.
01:21:26Si on regarde par exemple
01:21:28le chiffre 2022,
01:21:30Bernard Arnault,
01:21:32avec ses deux journaux,
01:21:34Les Echos et Le Parisien,
01:21:36perçoit 14 millions d'euros
01:21:38d'aides publiques.
01:21:40Donc l'État
01:21:42finance une partie
01:21:44des coûts des journaux
01:21:46de la première fortune mondiale.
01:21:48On est là.
01:21:50En 2023,
01:21:52les aides directes ont doublé,
01:21:54plus de 200 millions d'euros.
01:21:5665% de cette enveloppe sert à réduire
01:21:58le coût de transport de journaux papiers,
01:22:00de moins en moins lus,
01:22:02au détriment des médias en ligne,
01:22:04notoirement plus indépendants.
01:22:06Donc on finance le mort ou le mourant,
01:22:08au lieu de financer
01:22:10ceux qui naissent,
01:22:12ceux qui créent
01:22:14et ceux qui vont créer de la valeur.
01:22:16C'est ça qu'on fait.
01:22:18Je veux dire, on finance
01:22:20à coût de centaines de millions d'euros
01:22:22chaque année
01:22:24la distribution de journaux papiers
01:22:26qui ne sont plus lus,
01:22:28alors qu'on devrait financer
01:22:30évidemment d'une presse numérique
01:22:32indépendante,
01:22:34etc.
01:22:36Et ces financements publics
01:22:38se font sans conditionnalité.
01:22:44Pour cet économiste de médias
01:22:46proche de la France insoumise,
01:22:48il faudrait totalement changer le système
01:22:50afin que les citoyens puissent choisir
01:22:52les journalistes qu'ils veulent soutenir.
01:22:54Et je pense que ça serait mieux,
01:22:56justement en termes d'allocation
01:22:58et de justice de cette allocation,
01:23:00de passer du système actuel
01:23:02à un système où on donnerait à chaque citoyen
01:23:04ce que j'ai appelé des bons pour l'indépendance des médias,
01:23:06on peut appeler ça différemment,
01:23:08où les citoyens alloueraient le montant actuel
01:23:10des aides à la presse aux médias qu'ils préfèrent.
01:23:12Et puis ça créerait aussi un lien plus direct
01:23:14entre les médias et les citoyens,
01:23:16où les médias devraient convaincre les citoyens
01:23:18qu'ils ont besoin de ces ressources.
01:23:20Et ça permettrait de revoir complètement
01:23:22la distribution actuelle des aides à la presse.
01:23:26En plus d'être sous perfusion de l'État,
01:23:28certains grands journaux multiplient
01:23:30les partenariats commerciaux
01:23:32avec les géants américains du numérique,
01:23:34au risque de tuer les médias indépendants.
01:23:36Les journaux des milliardaires
01:23:38tendent la main à Google et Facebook
01:23:40pour obtenir des financements
01:23:42avec des systèmes fous.
01:23:44Les accords commerciaux secrets,
01:23:46par exemple les accords pour les abonnements,
01:23:48ça a commencé par Le Monde, le Figaro, l'Ibé,
01:23:50mais si vous abonnez à ces journaux
01:23:52via Google,
01:23:54Google prend en charge la moitié
01:23:56du prix de l'abonnement.
01:23:58Donc les GAFAM ont toutes les données
01:24:00des lecteurs de la presse.
01:24:02Ça pose un problème aussi
01:24:04de rupture de concurrence.
01:24:06C'est-à-dire que l'abonnement
01:24:08au Monde coûte moitié moins cher
01:24:10que l'abonnement
01:24:12à un journal numérique indépendant.
01:24:14J'ai longtemps dirigé la rédaction
01:24:16de Mediapart.
01:24:18Quand vous êtes Mediapart,
01:24:20les premières années,
01:24:22que vous inventez des choses,
01:24:24que vous essayez de créer des choses,
01:24:26et que vous êtes face à des journaux
01:24:28comme Le Monde,
01:24:30qui se prennent
01:24:328-10 millions d'euros
01:24:34de subventions publiques,
01:24:36les chiffres sont tenus secrets,
01:24:38mais d'après les quelques-uns confluités,
01:24:40plusieurs millions d'euros
01:24:42de la fondation Bill Gates,
01:24:44plusieurs millions d'euros
01:24:46de Facebook et des autres GAFAM
01:24:48pour des productions de contenus,
01:24:50de formats éditoriaux,
01:24:52vous êtes morts.
01:24:54Tout bêtement, il faut le dire.
01:24:56Vous ne pouvez pas
01:24:58être dans une concurrence
01:25:00libre et non faussée avec des titres comme ça.
01:25:02Donc ça menace
01:25:04toute l'innovation.
01:25:06L'Europe et Le Monde
01:25:08attendent
01:25:10que nous défendions partout
01:25:12l'esprit des Lumières
01:25:14menacées dans tant d'endroits.
01:25:16Ils attendent
01:25:18que partout
01:25:20nous défendions
01:25:22les libertés,
01:25:24que nous protégions
01:25:26les opprimés.
01:25:28Protéger les milliardaires,
01:25:30aider à l'optimisation fiscale
01:25:32de notre pays,
01:25:34aider à l'optimisation fiscale
01:25:36des plus riches,
01:25:38banaliser l'extrême droite,
01:25:40telles auront été les actions d'Emmanuel Macron
01:25:42durant ces deux quinquennats.
01:25:44Loin, bien loin de ses promesses de 2017.
01:25:46Ils attendent
01:25:48que nous portions une nouvelle espérance,
01:25:50un nouvel humanisme,
01:25:52celui d'un monde plus sûr,
01:25:54d'un monde de liberté
01:25:56défendue,
01:25:58d'un monde de croissance,
01:26:00de plus de justice,
01:26:02de plus d'écologie,
01:26:04de plus de fraternité,
01:26:06de plus de soins,
01:26:08de plus d'amitié.
01:26:28Merci d'avoir visionné cette enquête refusée par toutes les chaînes.
01:26:30Si vous le pouvez,
01:26:32aidez-nous à contourner l'ascension du système.
01:26:34Faites un don.
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