Les Européens désappointés face à Trump
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00:00Et bienvenue dans les informés de l'Europe, comme chaque semaine à 9h40 sur France Info,
00:12votre émission de décryptage de l'actualité européenne.
00:15Avec vous cette semaine encore, José-Emmanuel Lamarck, bonjour.
00:17Bonjour Adrien Peck.
00:18Spécialiste des questions européennes et maritimes à France Info.
00:22Aujourd'hui, on va s'interroger sur la place de l'Europe
00:26et peut-être le côté un petit peu déçu, attentiste de l'Europe
00:30après les réactions de Donald Trump, le dôme d'or américain.
00:35On va parler aussi, ce sera notre deuxième thème, d'un début de bronca des dirigeants européens
00:40sur la Convention européenne des droits de l'homme.
00:42Et pour ça, vous nous présentez, José-Emmanuel, nos deux invités.
00:46Théo Bourgerigonce, journaliste spécialiste des affaires européennes
00:50et Fabien-Janique Charbonnet, journaliste international à France Info.fr.
00:54Et après l'échange par téléphone lundi dernier entre Donald Trump et Vladimir Poutine.
00:59Vladimir Poutine parle d'un entretien instructif et utile.
01:03Donald Trump évoque le démarrage immédiat de négociations en vue d'un cessez-le-feu entre Russie et l'Europe.
01:08Le Russie et l'Ukraine, pardon.
01:10L'Europe, dans tout ça, est-elle un petit peu désappointée, laissée de côté ?
01:14On peut le penser qu'elle est désappointée.
01:16Peut-être espérait-elle, après Donald Trump, dans son entretien téléphonique avec Vladimir Poutine.
01:22Il faut dire que Donald Trump, pour lui, s'est fait.
01:24Il annonce la fin de la guerre entre la Russie et l'Ukraine, tout simplement,
01:28parce que lui, il veut l'établissement de relations commerciales de grande ampleur entre la Russie et les Etats-Unis.
01:33Il a aussi évoqué, entre autres, une rencontre, bien sûr, Russie-Ukraine au Vatican.
01:37Le pape n'est pas contre, mais n'oublions pas que le pape est américain.
01:40Et quelque part, on sent un dégagement de Donald Trump de la résolution du conflit en Ukraine.
01:45Ainsi, pour de nombreux commentateurs, l'Europe doit repenser ses priorités et renforcer sa résilience à tous les niveaux.
01:51D'autant plus que le ministre polonais des Affaires étrangères, il s'appelle Radoslaw Sikorski,
01:56la Polonie a souvent été très proche des Etats-Unis,
01:59eh bien, pour ce ministre, nous devons nous préparer à ce que les Etats-Unis se désintéressent totalement de l'Europe.
02:04Donald Trump, lui, continue en menaçant d'augmenter les tarifs douaniers de plus de 50% pour l'Europe dès le 1er juin,
02:10quand le commissaire européen au commerce, le Slovaque Maroszewskowicz,
02:15déclarait vendredi dernier que l'Europe est prête à défendre ses intérêts.
02:18Et enfin, nous ne l'oublions pas, Donald Trump répète à l'envie que si l'Europe veut bénéficier du parapluie stratégique américain,
02:24il faudra mettre la main à la poche, soit 5% du PIB.
02:28L'Europe désappointée peut-être, mais est-elle lucide enfin ?
02:31Théo Bourger-Rigon, effectivement, on a l'impression que les Européens ont peut-être été prévenus ces dernières semaines,
02:37ces derniers mois par Donald Trump.
02:40Malgré tout, on a l'impression que là, peut-être qu'on franchit encore un pas supplémentaire.
02:43Il y a aussi eu, effectivement, on le rappelait, les menaces de Donald Trump avec des droits de douane dès la semaine prochaine.
02:48Totalement. Alors, on connaît les sorties un peu erratiques du président Trump, notamment sur la question commerciale.
02:54Donc, c'est toujours un peu compliqué d'analyser ces déclarations.
02:58Néanmoins, je crois que le message vis-à-vis de l'Europe, il est très clair.
03:00Il est très clair depuis plusieurs mois et en fait, il est très clair même depuis la campagne présidentielle américaine.
03:05C'est que la question, la menace de droits de douane est réelle si l'UE ne se plie pas aux injonctions américaines,
03:14quitte à rentrer dans une guerre commerciale.
03:16D'ailleurs, cette menace, elle est déjà en partie mise en œuvre, puisqu'on sait que l'aluminium, les voitures et l'acier européen
03:23sont surtaxés depuis quelques mois à hauteur de 25 %, 10 % pour un vaste éventail d'autres biens européens.
03:30Ça n'a rien à voir avec la trêve qui avait été... Enfin, ils ne sont pas soumis à cette trêve.
03:35Alors, il y avait la trêve qui avait justement ramené ça à 10 %.
03:38Aujourd'hui, avec les dernières déclarations du président Trump, on pourrait atteindre 50 %.
03:42Donc, on perd un petit peu le rythme de ce qui se passe.
03:47En revanche, moi, ce que je trouve frappant, c'est que depuis quelques mois,
03:50il y a une réelle prise de conscience de la part des Européens,
03:53qui, je crois, sont prêts maintenant à revoir ou réanalyser leur relation transatlantique
03:58et ont compris l'étendue du désamour de Donald Trump vis-à-vis de l'UE,
04:02sont prêts à avoir une réponse choc.
04:06C'est 21 milliards d'euros d'importations américaines
04:08qui sont sujets à des surtaxations depuis les 25 % sur l'acier européen.
04:12On pense au Harley-Davidson, on pense au frigidaire, au soja.
04:16Et là, ce sont les 27 qui planchent sur une potentielle contre-attaque
04:19de 95 milliards d'euros de surtaxations sur les importations américaines
04:25si les négociations des derniers jours venaient à capoter,
04:28ce que les dernières déclarations de Trump pourraient laisser entendre.
04:31Très bien, Jannick Cherbonnel, est-ce que vous êtes d'accord avec ça ?
04:33Est-ce que cette prise de conscience, et prendre conscience est une chose,
04:38prendre des actions concrètes en est une autre,
04:40est-ce que sur le concret, on commence à avoir des choses
04:42prouvant que l'Europe, ça y est, se dit,
04:44bon, les États-Unis, non pas que ce ne sont plus nos alliés,
04:47mais en tout cas, ils sont moins fiables ?
04:48Ça se fait dans un temps assez court, quand même,
04:50l'arrivée de Trump au pouvoir, c'est en janvier.
04:52Ce n'est qu'en janvier, effectivement.
04:54Je sais qu'on a l'impression d'avoir déjà vécu 4 ans,
04:56mais ce n'est qu'en janvier, on n'est que fin mai.
04:59Je pense que quand même, il y a plein d'indices
05:00qui nous montrent que les choses bougent.
05:03La réponse de l'UE sur les tarifs,
05:05l'arrivée du chancelier Mers au pouvoir en Allemagne,
05:08qui est quand même, dans le discours pour l'instant,
05:10mais qui était à la base 13 pro-atlantiste,
05:13et complètement inversé, dit qu'il faut se passer aux États-Unis.
05:16Donc moi, oui, je pense que les choses avancent.
05:19L'UE donne toujours l'impression d'avancer lentement.
05:21C'est normal, c'est comme ça qu'elle fonctionne,
05:23c'est pour ça qu'elle a été créée, pour créer du consensus.
05:26À l'inverse, Trump donne l'impression qu'il avance vite,
05:29mais c'est aussi beaucoup de paroles.
05:30Théo l'a dit tout à l'heure,
05:32c'est très difficile de donner beaucoup de crédit à chaque fois,
05:34à chacun de ses messages.
05:36Je regardais ce matin son réseau social, Trousse Social,
05:39il redisait encore qu'il voulait avoir un deal maintenant
05:42entre l'Ukraine et la Russie.
05:43Il le dit tous les jours, et tous les jours,
05:44il ne se passe rien de plus.
05:46Donc je pense que les pays européens ont pris conscience,
05:50ça avance, on pourra se regarder ça dans deux ans.
05:53Mais est-ce qu'on doit imaginer, Fabien,
05:56que si l'Ukraine passe au second plan pour Donald Trump,
05:58ça veut dire que l'Europe aussi, d'une certaine façon,
06:02et avec les aspects économiques qu'on a évoqués,
06:04mais aussi avec des aspects stratégiques ?
06:06Oui, mais je pense que ce n'est pas une surprise.
06:10On l'a déjà vu pendant le premier mandat de Donald Trump,
06:13ça a été dit pendant la campagne présidentielle américaine.
06:15Oui, je pense que l'UE, enfin l'Europe en général,
06:17l'UE en particulier n'est pas une priorité pour Donald Trump,
06:20parce qu'il est très transactionnel,
06:22et que je pense que c'est aussi une explication,
06:24il ne comprend pas du tout le fonctionnement de l'Union européenne.
06:26Je viens de le dire, c'est quand même un endroit,
06:28où on se met d'accord en 2017.
06:29Il n'aime pas l'Union européenne.
06:30Il n'aime pas l'Union européenne, il l'a dit,
06:31j'adoucis un peu ses propos,
06:33mais il a dit plusieurs fois que l'UE avait été créée
06:35pour entuber les Etats-Unis.
06:37C'est quand même pas très bien connaître l'histoire
06:38de notre continent, de penser ça.
06:41Et c'est aussi pas très bien comprendre
06:42les gens qui sont au pouvoir à Bruxelles,
06:44c'est-à-dire qu'eux, ils défendent encore une vision du monde,
06:48de respect mutuel, avec du commerce libre, etc.,
06:50et des règles basées sur l'état de droit.
06:53Donc je pense que vraiment, il y a une incompréhension
06:55de la part de Trump sur l'objet de l'UE.
06:57Et lui, il préfère régler les problèmes
06:59en seul à seul, d'homme à homme.
07:01Il préférait aller voir Poutine dans une pièce.
07:02Et puis, sur l'aspect stratégique,
07:04José Manuel, Donald Trump s'est encore éloigné,
07:07semble-t-il, un petit peu plus de l'Europe.
07:08On peut dire qu'il bouleverse ses équilibres,
07:10tout simplement, c'est vrai qu'il s'est plané de l'Europe.
07:12Il a déclaré, mardi dernier, donner le coup d'envoi
07:14d'un chantier qui est titanesque,
07:16s'inspirant du dôme de fer israélien.
07:18Là, il s'appelle le dôme doré, le Gordon Dome.
07:20Alors, imaginez un vaste réseau de 400 à 1 000 satellites
07:23chargés de détecter les missiles de croisière balistiques,
07:27hypersoniques et des drones,
07:28approchant, bien sûr, du territoire américain
07:30et les interceptant ou les détruisant
07:32grâce à un autre réseau de 200 satellites supplémentaires
07:35armés de missiles ou de lasers.
07:37Ce réseau serait en orbite terrestre
07:39entre 200 et 1 200 km d'altitude.
07:42La facture, elle, s'élèverait à 175 milliards de dollars.
07:47Ça devrait être opérationnel en 2029,
07:49la fin du mandat de Donald Trump.
07:50Et après cette annonce, il faut savoir que le Canada, lui aussi,
07:53a déclaré, aimerait bien profiter de ce dôme doré.
07:56Quant à l'Europe, bien, elle ne peut être que spectatrice
07:58une nouvelle fois et se compter.
08:00Et Théo Bourgerigonce, quand même, on se dit,
08:02venant d'un président plutôt réputé pour être isolationniste,
08:07lancer un programme qui permet de protéger les Etats-Unis
08:11et peut-être une partie de l'Amérique du Nord,
08:13mais essentiellement les Etats-Unis,
08:14l'Europe pouvait peut-être s'y attendre.
08:16Enfin, c'est pas complètement...
08:17On ne tombe pas de notre chaise, là.
08:18Tout à fait. Et le discours...
08:19Alors, outre l'extravagance du projet en question,
08:22le discours n'est pas nouveau.
08:23Il y a un désintérêt radical de la part des Etats-Unis
08:25vis-à-vis de l'Europe.
08:26Il y a un refus très évident de ne plus défendre l'Europe,
08:30de ne plus s'occuper de la défense de l'Europe,
08:32ce qui était en partie le cas.
08:33En partie le cas par le biais de l'OTAN
08:36et par le biais du parapluie nucléaire.
08:38Et puis qu'en réalité, les intérêts de défense américains
08:41se limitent aujourd'hui sous Donald Trump
08:42à leurs frontières nationales.
08:44Et ces discours, on l'a entendu,
08:46Donald Trump qui fustigeait ses alliés européens
08:48pendant très longtemps de ne pas dépenser assez dans leur défense.
08:52Maintenant, il y a une vraie prise de conscience européenne,
08:53mais qui est peut-être trop nouvelle au goût de Donald Trump.
08:57Fabien le disait avant,
08:58je pense qu'il y a un réel désintérêt,
09:00voire une réelle antipathie de la part de Donald Trump
09:02et de l'administration Trump vis-à-vis de l'Union européenne.
09:05Et puis, il faut se souvenir aussi que Friedrich Merz,
09:08il y a quelques mois avant de devenir chancelier allemand,
09:12était le premier à alerter sur un potentiel retrait
09:15du parapluie nucléaire américain à l'Europe.
09:18Et d'ailleurs, avait annoncé à ce moment-là
09:19vouloir travailler avec les Français et les Britanniques,
09:21qui sont les deux seuls détenteurs de l'arme nucléaire en Europe,
09:24pour pallier à ce potentiel le retrait.
09:27Donc, on est là dans une réelle nouvelle donne.
09:30Le parapluie américain n'est pas encore retiré.
09:31Il existe encore des conversations et des échanges
09:35entre les militaires européens et américains.
09:38Et s'ils sont plus compliqués qu'avant, ils existent encore.
09:40Mais on va vers un monde où, effectivement,
09:43le désintérêt des États-Unis est patent.
09:46Vous iriez jusqu'à dire que la question,
09:47ce n'est pas de savoir si c'est si, mais si c'est quand ?
09:51Pour le retrait de ce parapluie ?
09:53Alors, pour le retrait du parapluie, je ne sais pas.
09:54Pardon, je vous demande de vous mouiller, mais...
09:56Non, non, mais vous avez raison.
09:57Pour le retrait du parapluie nucléaire, je ne sais pas.
09:59Mais en tout cas, qu'il y ait moins d'échanges militaires,
10:01qu'il y ait un désintérêt graduel, on va dire,
10:05de la part des États-Unis qui veulent laisser l'Europe
10:08s'autodéterminer sur les questions de défense,
10:11ça, c'est une réalité qui va aller de l'avant dans les prochaines années.
10:13Fabien, Yannick Cherbonnel, juste un mot sur ce dôme d'or.
10:17Finalement, c'est fait pour faire peur à qui ?
10:20Ce n'est pas fait pour faire peur à nous.
10:21D'ailleurs, ce n'est pas du tout un message envoyé à l'Europe.
10:23Je pense que c'est vraiment un message envoyé à la Chine, à la Russie.
10:26Dans un moment où le Pentagone le disait l'année dernière,
10:27la Russie visiblement a développé ou est en train de développer
10:30des armes nucléaires dans l'espace.
10:31C'est vraiment une façon de répondre à cette course à l'armement.
10:34On voit que la Chine dit à son armée qu'elle doit être prête
10:38pour 2027 pour envahir Taïwan.
10:40Je pense que ce n'est pas nous la cible.
10:43Et d'ailleurs, je pense que Pékin et Moscou
10:46ne s'y sont pas trompés parce qu'ils ont fait un communiqué commun
10:48pour dénoncer, je le cite,
10:50la transformation de l'espace en arène pour la confrontation armée.
10:52Ce n'est quand même pas très courant,
10:53les communiqués de la Chine et de la Russie sur un sujet.
10:56Même si la Russie, effectivement, cette semaine,
10:57je crois, a adouci un petit peu sa position
11:00en disant que c'était une question de souveraineté américaine.
11:02Vous restez avec nous.
11:03On va passer à notre deuxième sujet,
11:04juste après le fil info de 9h52.
11:06Marine Klet.
11:08En Ukraine, le bilan provisoire s'alourdit à 12 morts
11:11et une dizaine de blessés après de nouvelles frappes russes.
11:13Cette nuit, 69 missiles et près de 300 drones
11:16dans la région de Kiev, la capitale,
11:18mais également dans l'ouest du pays.
11:20Le président Volodymyr Zelensky appelle de nouveau.
11:22Ce matin a exercé une pression vraiment forte, dit-il, sur Moscou.
11:26Les agriculteurs français se mobilisent demain
11:28pour dénoncer, disent-ils, l'obstruction parlementaire
11:31à l'Assemblée nationale.
11:323 500 amendements, notamment des insoumis et des écologistes,
11:35alors qu'une proposition de loi qui prévoit notamment
11:38de faciliter l'accès à certains pesticides
11:40est examinée à partir de demain.
11:42Les frères Luc et Jean-Pierre Dardenne
11:44sont repartis avec le prix du scénario.
11:46Hier soir, au Festival de Cannes,
11:47pour jeune mère, une immersion au sein d'un foyer
11:50qui accueille les mères adolescentes
11:51en situation de précarité.
11:53La palme d'or, elle, a été décernée
11:55au réalisateur iranien dissident Jafar Panaï.
11:58Enfin, début du tableau final de Roland-Garros
12:00à 11h aujourd'hui.
12:0127 Françaises et Français sont en lice.
12:03Première journée marquée par un hommage tout à l'heure
12:05au roi de la terre battu, Raphaël Nadal.
12:0814 fois vainqueur porte d'auteuil.
12:13France Info
12:14Les informés de l'Europe
12:17José Manuel Lamarck
12:19Adrien Beck
12:20Et toujours avec Théo Bourgerigon
12:22journaliste spécialiste des questions européennes
12:24et Fabien Jannick Cherbonnel
12:25journaliste internationale
12:28à France Info.
12:29José Manuel Lamarck, nous allons nous pencher
12:31sur notre deuxième sujet.
12:33Va-t-on vers une crise politique
12:36ou en tout cas des désaccords forts politiques
12:39sur la question migratoire
12:40à propos de la question aussi
12:42de la Convention européenne des droits de l'homme ?
12:45Un début de Branca
12:46à la suite d'une lettre publiée jeudi dernier
12:49signée par les dirigeants de l'Autriche,
12:51la Belgique, l'Estonie, la Lettonie,
12:52la Lituanie, la Pologne, la République tchèque
12:54à l'initiative de l'Italie, du Danemark
12:56aspirant à lancer une nouvelle discussion
12:58ouverte, juste et équilibrée,
13:00disent-ils,
13:01concernant la Convention européenne des droits de l'homme
13:03du Conseil de l'Europe
13:04et son interprétation sur des questions sensibles
13:07comme la migration.
13:08Alors, ce document a été diffusé
13:09à la suite de la rencontre à Rome
13:11entre Giorgia Meloni,
13:12la Première Ministre italienne
13:13et la Première Ministre danoise,
13:15Mette Fredelkson.
13:16Bien que ces dirigeants appartiennent
13:17à différentes familles politiques,
13:19mais tous membres du Conseil de l'Europe,
13:21quand même,
13:21ils visent la Convention européenne des droits de l'homme
13:23et en ligne de mire,
13:24la façon dont la Cour européenne des droits de l'homme
13:26établit son interprétation de cette convention.
13:30Il faut dire que la lettre affirme
13:31que ce qui était juste hier
13:32ne l'est plus aujourd'hui,
13:34mais réponse du secrétaire général
13:35du Conseil de l'Europe, Alain Berset,
13:37c'est non.
13:38Bon, messieurs,
13:40est-ce que déjà,
13:41cette convention,
13:43elle est aussi contraignante que ça ?
13:45Est-ce que c'est un tel carcan
13:46pour les pays concernés ?
13:47Qui veut y aller ?
13:48Théo, peut-être ?
13:49C'est un peu difficile
13:51de ne pas donner une réponse politisée,
13:52je pense,
13:52mais ce n'est pas tant que ça.
13:54Enfin, je veux dire,
13:55on parlait de l'UE
13:56et de son fonctionnement
13:57basé sur l'État de droit,
13:58ça fait partie des infrastructures
13:59qui ont été mises en place,
14:00des institutions plutôt qu'infrastructures
14:01qui ont été mises en place
14:02au lendemain de la Seconde Guerre mondiale
14:04pour garantir l'État de droit,
14:05justement.
14:06Donc, oui,
14:07parfois, y compris la France
14:07se fait taper sur les doigts
14:08et la Cour européenne des droits de l'Homme
14:10dit qu'on ne peut pas faire cette loi,
14:11on doit modifier la loi
14:12pour tel sujet,
14:13mais ce n'est pas non plus
14:14un carcan si grand que ça.
14:16Cela dit,
14:17c'est un sujet très politique,
14:18on l'a vu pendant le Brexit
14:19et encore maintenant,
14:20il y avait un gros sujet,
14:21c'était l'application au nom
14:22de la Convention sur les droits de l'Homme
14:26et des jugements imposés
14:29vu comme imposés
14:31sur l'OMU
14:31par la Cour européenne des droits de l'Homme.
14:33Théo Bourgerigon,
14:33ça dit aussi quelque chose
14:35du rapport à l'immigration
14:36d'un certain nombre de pays européens
14:38et peut-être quelque chose,
14:40vous qui êtes un fin observateur,
14:42qui se crispe à nouveau sur le sujet ?
14:44C'est le moins qu'on puisse dire.
14:46Je crois, en fait,
14:47je vais peut-être vous faire
14:47une réponse un petit peu décalée,
14:48je crois qu'on n'est pas là
14:49dans un souci de la part
14:50de certains États membres
14:51de créer un débat constructif
14:53de société
14:54de quelle immigration pour l'Europe.
14:55Je crois sincèrement
14:56que c'est un message
14:57anti-immigration,
14:59politique voire électoraliste,
15:01à un moment où c'est un sujet
15:01explosif en Europe
15:03et qui est un tremplin
15:05pour l'extrême droite européenne.
15:06Extrême droite européenne,
15:07ça ne nous a pas échappé,
15:08qui gagne du terrain
15:09dans les urnes.
15:11Et ce n'est pas par hasard
15:11que la première signataire
15:12de cette lettre,
15:13comme l'a dit José Manuel,
15:14c'est Giorgia Meloni,
15:15première ministre italienne,
15:17issue d'une mouvance
15:18politique post-fasciste
15:19et qui a fait de sa bataille
15:21contre l'immigration
15:21son lettre motive.
15:24Donc, il y a là,
15:25je pense,
15:26plus une stratégie,
15:27je dirais,
15:27presque de communication politique
15:28pour espérer de couper l'herbe
15:30sous le pied
15:30de l'extrême droite.
15:32Et je trouve que cette lettre
15:32est d'autant plus vide de sens
15:34qu'elle fait abstraction
15:36d'un énorme pacte migratoire
15:39qui a pris huit ans
15:40à être négocié,
15:41qui a été adopté
15:41en avril 2024.
15:42J'étais dans ce studio
15:44pour en parler à l'époque,
15:45qui est en train
15:46d'être mise en oeuvre
15:46et qui a comme objectif principal,
15:48justement,
15:49la réduction des flux migratoires
15:50vers l'Europe,
15:51qui aborde la question
15:52de l'instrumentalisation
15:53de la migration,
15:54qui aborde la question
15:55des frontières.
15:56Et ça,
15:56c'est complètement ignoré.
15:57Donc,
15:58j'ai du mal
15:59à interpréter cette lettre
16:00autrement que par une surenchère
16:02qui ne pouvait pas attendre
16:03et qui, en plus,
16:03s'inscrit dans un certain nombre
16:05d'efforts
16:06de la part de la droite
16:07et de l'extrême droite européenne
16:08ces derniers mois
16:09de mettre à mal
16:10le droit des réfugiés,
16:11les droits des immigrés,
16:13le droit des étrangers
16:14en France,
16:14en Europe.
16:15Fabien-Gélique Charbonnel,
16:16un mot encore là-dessus ?
16:17Mais justement,
16:18je rebondis,
16:19je suis d'accord
16:20avec ce que Théo vient de dire
16:21et en plus,
16:22je vais revenir sur l'état de droit
16:23mais c'est vrai
16:24qu'elle a un peu vide de sens,
16:26c'est vraiment de la politique.
16:27On n'est pas vraiment
16:27sur une remise en question.
16:29C'est du positionnement
16:29en fait de la part
16:30de certains chefs d'État.
16:31D'ailleurs,
16:32c'est intéressant de voir
16:32que la première ministre
16:33social-démocrate du Danemark
16:34qui est une posture
16:36très très anti-immigration
16:37mais signe avec Georgia Meloni,
16:38effectivement,
16:39il y a vraiment,
16:40je pense,
16:41d'ailleurs,
16:41quand on regarde
16:41ce qui est expliqué,
16:42c'est plutôt
16:42on veut revoir l'interprétation
16:44qu'on fait du droit
16:45de la Convention des droits de l'homme.
16:47On ne parle pas vraiment
16:48de remettre en cause
16:49les jugements de la Cour,
16:50etc.
16:51Donc,
16:51c'est bien pour ça
16:52que le président
16:53de l'institution
16:55du Conseil de l'Europe
16:55a dit qu'il a dénoncé
16:57une instrumentalisation politique
16:58et c'est vraiment ça
16:58qui se passe.
16:59Merci à vous.
17:00Merci pour toutes ces explications.
17:02Fabien-Génique Charbonnel,
17:03journaliste international
17:05à France Info,
17:06Théo Bourgerie-Gonz,
17:07journaliste spécialiste
17:08des questions européennes
17:09et merci,
17:10bien sûr,
17:10José Manuel,
17:12la marque de nous avoir accompagnés
17:13ce dimanche encore.
17:14Voilà pour les informés de l'Europe.
17:16Je vous souhaite un très bon dimanche
17:17avec nous sur France Info.
17:20Merci.