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  • 25/05/2025
MEDI1TV Afrique : Zoom sur la Fondation d'Art Chamal avec Maria Bouabid - 24/05/2025

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00:00C'est avec un énorme plaisir que je vous retrouve sur Média TV pour cette nouvelle escale culture au cœur de l'Afrique.
00:16Et comme à notre habitude, on abordera plein de sujets ensemble d'ailleurs dans quelques instants.
00:20Nous offrirons une petite immersion dans l'univers du Guinéen Kamaralaï, surnommé le Kafka africain.
00:27Nous parlerons également cinéma, sans oublier la littérature.
00:31Mais avant toute chose, place à notre invité du jour.
00:40Aujourd'hui, nous avons l'immense plaisir de recevoir en plateau Maria Boabide.
00:47Elle est cofondatrice avec Leila Akil de Tar-Chamel.
00:53Donc, elle est avec nous. Et c'est vrai qu'on aura l'occasion de parler de cette fondation, mais également des nombreux événements que nous réserve cette fondation.
01:02Et ce n'est qu'un début. Bonjour, Leila.
01:05Alors, Maria Boabide et ma cofondatrice est Lamia Laakil.
01:09Merci de nous recevoir et de nous recevoir, de me recevoir.
01:13Mais comme je représente Dar-Chamel et que je représente le binôme que nous sommes Lamia et moi, merci de me recevoir et de nous recevoir.
01:20Avec grand plaisir. Et c'est vrai qu'on en parlait un peu hors antenne.
01:23Donc, c'est la première édition. On venait de créer cette très belle association.
01:28Vraiment un but humanitaire. Vraiment, il y a beaucoup d'humains avant tout.
01:33Et donc, Dar-Chamel avec ART.
01:36ART. Donc, D'apostrophe, ART, puisqu'on parle d'art, on parle d'artisanat.
01:41Donc, c'est une coopérative que nous avons lancée il y a quelques semaines avec Lamia Laakil.
01:48C'est partie d'une idée qui était, en tout cas pour ma part, très très présente.
01:55Quand j'ai grandi au Maroc, je suis née à Rabat et puis j'ai vécu en Espagne, à Barcelone, à Paris.
02:03Et j'ai toujours transmis, en fait, ma culture à l'étranger, même quand je n'étais pas du tout dans le sujet.
02:11Il fallait que je parle du Maroc et que je sois l'ambassadrice de mon pays, de son art, de sa gastronomie, de son histoire.
02:17Et voilà, j'ai toujours fait en sorte de valoriser, à ma modeste mesure, mon pays et ses régions.
02:27Et l'idée de Dar-Chamel a surgi, l'idée de développer Dar-Chamel avec Lamia, en discutant plus précisément,
02:40en nous disant, bon, on a un art, on a des talents, on a une des plus grandes écoles de Beaux-Arts, qui est à Tétouan,
02:48et avec des artistes de renommée, souvent internationale, qui sont sortis de cette école.
02:52Mais aujourd'hui, les talents, les petits talents, ces artisans, un petit peu isolés, avaient besoin d'un accompagnement.
03:00Et nous, avec notre modeste contribution, et en essayant de réunir et de sensibiliser le maximum de personnes,
03:10et d'ailleurs, depuis qu'on parle de notre événement de ce dimanche, les gens sont très sensibles,
03:15et je reçois des messages, et Lamia reçoit des messages incroyables d'encouragement,
03:18en disant, mais quelle bonne idée, mais c'est formidable, oui, c'est vrai, c'est bien,
03:22ben oui, il faut nous rejoindre, il faut nous rejoindre pour, justement, accompagner ces toutes petites coopératives
03:29ou ces artisans qui sont souvent isolés, qui sont dotés de talents inimaginables,
03:35mais qui ne sont pas...
03:36Mis en lumière, forcément.
03:37Mis en lumière, donc aujourd'hui, l'objectif de Dachamal, c'est exactement ce que vous avez dit,
03:42c'est de mettre en lumière et faire rayonner les talents du Nord du Maroc.
03:45Et vous parlez d'artisanat, vous parlez de culture, vous parlez de la complexité,
03:49de la densité de la culture marocaine, de son artisanat,
03:54et voilà, c'est très belle initiative.
03:57Donc, vous avez pris à les IA qui est porté avant tout par le cœur, avec le cœur,
04:02et ça se sent, et ce que je voudrais savoir, c'est qu'est-ce qui vous touche le plus dans la culture marocaine,
04:10cette singularité, qu'est-ce qui vous fait le plus vibrer ?
04:14Oui, mais si on parle de culture, elle est juste extraordinaire.
04:20Déjà, je trouve que le Marocain, ou la Marocaine, à la base, est très ouverte aux autres cultures.
04:27C'est vrai.
04:28On n'est pas un peuple fermé, on s'intéresse très vite.
04:31Je me souviens, quand j'habitais Barcelone, j'étais partie dans la Médina de Marrakech,
04:35je vous parle d'il y a plus de 15 ans, et on se promenait,
04:40et je parlais avec mes amis qui étaient catalans, qui parlaient catalan.
04:43On a été abordés par un jeune homme dans la rue qui nous a parlé en catalan.
04:49Et le monsieur n'était jamais parti du Maroc, n'avait jamais quitté le Maroc,
04:53et pourtant, il a appris cette langue.
04:55Donc, je pense que les langues, et c'est ce que j'essaie d'inculquer à ma fille aussi,
04:59les langues sont très importantes pour communiquer et échanger.
05:02Et aujourd'hui, je pense que dans notre culture, on a eu tellement d'enrichissement
05:07de par toutes les civilisations qui sont passées par le Maroc.
05:13J'étais à Lixus en sortie scolaire avec ma fille.
05:17J'ai découvert ce site parce que je connaissais Volibulis, je connaissais Shella,
05:21je ne connaissais pas Lixus, et je découvre un site juste extraordinaire.
05:25On a une richesse, on a des artisans inspirés, inspirants.
05:32Aujourd'hui, ce qu'il faudrait, c'est que des gens comme Lamia et moi,
05:36parce qu'on a nos métiers, toutes les deux.
05:38Lamia était dans la finance aujourd'hui, elle a la tête d'une marque de joaillerie absolument magnifique.
05:43Et puis moi, je suis dans pas mal de choses aussi, mais je suis entrepreneur.
05:49Bonheur, mais c'était très important pour nous de nous impliquer dans ce projet
05:54pour pouvoir accompagner au mieux ces gens, juste les aider à se diriger vers les bonnes personnes
06:02pour rayonner, parce qu'ils ont un talent, mais il n'est pas exploité.
06:07On a un accompagnement extraordinaire au niveau des coopératives.
06:10J'ai assisté, je vous le disais tout à l'heure, à des réunions organisées par l'agence de coopération,
06:16donc ils accompagnent ces petites coopératives, et ils ont un accompagnement extraordinaire,
06:20économique, commercial, ils leur donnent beaucoup de bonnes idées,
06:26ils leur demandent de développer des choses, de les guider un petit peu,
06:31mais bon, c'est pas suffisant, je veux dire, bon, c'est une agence qui peut pas se dédier à chacun.
06:37Aujourd'hui, nous, ce qu'on fait avec Lamia, c'est qu'on identifie des artisans,
06:40donc ça peut être quelqu'un qui est d'un petit village à côté de Shawen, de Hazela, de Tétouan,
06:46ou même de Tangier, il y a des petits villages comme Salkbir, aussi,
06:50où il y a beaucoup, beaucoup, beaucoup d'artistes, aussi.
06:53Et en fait, voilà, on identifie des personnes, ce sont souvent des femmes,
06:56on ne veut pas se spécialiser uniquement dans une collaboration ou un accompagnement exclusivement féminin,
07:02mais c'est vrai que souvent, on se retrouve avec des femmes qui sortent leur talent, on va dire,
07:08pour aider la famille, en fait. En fait, elles vont faire leur art, ou elles vont faire des tapis,
07:13ou elles vont faire de la poterie, pour mettre du beurre dans les épinards, comme on dit,
07:17mais en fait, réellement, elles ont un tel talent que ça peut être au-delà de ça.
07:22Et nous, ce qu'on aimerait, c'est vraiment accompagner, mettre ça en valeur,
07:25et au-delà de juste une nécessité économique, mais faire rayonner...
07:29Le cri haut et fort, en quelque sorte.
07:32C'est ça. Bon, on est dans le début, hein, de Dal Shamal.
07:35Et le 25 mai, il y a également cet élan.
07:37Alors, le 25 mai, en fait, on fait une première édition du Tangier Artie Day.
07:42Alors, il s'appellera peut-être un jour aussi Tétouan Artie Day, si on l'organise à Tétouan ou à Zéla.
07:48Mais en tout cas, aujourd'hui, cette première édition, c'est vraiment pour montrer ce qu'on cherche à faire,
07:55puisqu'on a réussi à réunir très, très vite, parce que ça s'est organisé assez rapidement.
07:59Oui, ça, c'est faux.
08:00Mais on a eu un engouement, on a eu des personnes qui nous ont demandé, est-ce que je pourrais participer ?
08:09J'ai entendu parler d'eux, mais c'est jusqu'à aujourd'hui encore.
08:12On a un petit peu fermé, parce qu'on ne veut pas que ce soit un grand marché,
08:17puisque l'idée de ce Artie Day, c'est d'abord de présenter ces gens-là,
08:23de les faire présenter à des designers et des créateurs connus, déjà établis.
08:29Et en fait, notre objectif, c'est qu'ils puissent se rencontrer,
08:34créer des idées ensemble, créer des projets ensemble,
08:36essayer d'être inspirés et inspirant les uns pour les autres, les uns avec les autres.
08:42C'est le 25 mai.
08:43Voilà, c'est le 25 mai, c'est au Palais Akaboun.
08:48Toute la journée, avec des ateliers pour enfants.
08:51Et les ateliers sont animés par un artiste incroyable qui est Mohamed Dendoubi,
08:56j'espère que je n'ai pas écorché son nom,
08:59et qui va animer des ateliers de Do It Yourself avec des objets de récupération,
09:03donc pour apprendre aussi aux enfants à jouer avec des choses qui ne sont pas fabriquées,
09:09mais qu'ils peuvent concevoir eux-mêmes.
09:10Et c'est le jour de la fête des mères aussi.
09:13Alors on s'est dit, ils vont fabriquer des petites choses qu'ils vont offrir après à maman.
09:18Voilà.
09:19En tout cas, on espère être au rendez-vous.
09:21Bien sûr.
09:22Et vraiment, ça fait plaisir.
09:23On a aussi des gens du terroir, on a aussi des gens qui font, qui créent des meubles,
09:28on a des ébénistes, on a des gens très, très, très talentueux qui seront présents.
09:33Je ne peux pas tous les citer.
09:34Et on a aussi, en fin de journée, des vernissages avec des artistes peintres.
09:38Et des présentations de livres d'auteurs du Nord du Maroc et qui seront présentés.
09:48Voilà, il y aura des présentations et des derniers ouvrages de certains auteurs régionaux,
09:54marocains connus, mais originaires du Nord du Maroc.
09:57Du Nord du Maroc.
09:58Du Chamel.
09:59D'Al-Chamel, donc, dont vous êtes cofondatrice avec Leila.
10:04La Miel Aqel, oui.
10:05La Miel, avec un E à la fin.
10:09C'est un petit Leila, mais c'est la Miel.
10:11C'est ça, absolument.
10:12En tout cas, merci d'avoir été avec nous.
10:13Merci beaucoup.
10:14C'est un plaisir de vous recevoir, vraiment.
10:15Merci.
10:16Merci Amna, à très bientôt.
10:17Merci beaucoup, à très, très bientôt.
10:17On vous attend dimanche 25.
10:19On sera au rendez-vous.
10:20À bientôt.
10:20Merci.
10:20Au revoir.
10:27Et tout de suite, place aux Guinéens.
10:29Kamaralaï, qu'offrir à l'Afrique de grands classiques de notre littérature
10:33avec un premier grand roman du corpus francophone africain d'inspiration kafkaienne,
10:38Le regard du roi, un classique de la littérature africaine francophone,
10:41un roman symbolique et d'inspiration moderniste,
10:45fortement influencé par la lecture de Kafka.
10:47L'opus parait aux éditions Pion en 1954.
10:51Laïe s'était fait connaître en publiant son premier roman autobiographique L'enfant noir,
10:56paru en 1953, puis avec Le regard du roi, son deuxième roman,
11:00paru dans la foulée du premier, que Kamaralaï donne la véritable mesure de son talent.
11:06Avec ce roman Pas comme les autres, basé sur l'écriture métaphorique,
11:10le Guinéens, nous fait entrer dans une Afrique plus intime, intériorisée aussi,
11:16et fait avant tout de symboles et de mythes.
11:19On regarde tout de suite.
11:21Idérée comme l'honnête ex-fondateur de la littérature africaine contemporaine,
11:24cette œuvre largement autobiographique publiée par la maison d'édition Plon
11:28a reçu le prix Charles Veillon 1954.
11:31Nous sommes à Paris, en 1953.
11:33L'enfant noir est le premier roman de Kamaralaï.
11:42Le livre parle de l'enfance de Laïe dans les années 1930.
11:46Un jeune garçon qui vit avec ses parents à Kurusa, un village de Haute-Guinée.
11:49Son père, le forgeron du village, lui enseigne les techniques de son art afin de lui succéder.
11:55Laïe va découvrir la paysannerie auprès de sa grand-mère, qui habite un village voisin.
11:59Il va à l'école française, et après avoir obtenu son certificat d'aptitude professionnelle à Conakry,
12:04Laïe se voit offrir la possibilité de continuer ses études en France.
12:08Kamaralaï a 25 ans lorsqu'il écrit ce récit autobiographique.
12:11Son style ? Direct, vivant et alerte, enfin un ouvrage accessible que l'on soit passionné de l'Afrique ou pas.
12:17Il devient rapidement un classique indispensable à qui aime la littérature en général,
12:20et ce véritable chef-d'oeuvre de la littérature francophone africaine est même étudié dans des écoles.
12:25Le livre, connu un tel succès, qu'il a reçu le prix Charles Veillon 1954,
12:30puis sera adapté au cinéma par le réalisateur Laurent Chevalier.
12:33Ainsi, le film L'Enfant Noir, librement adapté du roman homonyme, sort en France en 1995.
12:39Le livre est également adapté en bande dessinée par Kamara Anzumana en 2010.
12:43Il faut dire que la principale audace de l'auteur dans ce roman, c'est le fait qu'il déploie son imagination.
12:51Ici, une véritable rupture avec le registre dit réaliste qui a caractérisé la littérature africaine du XXe siècle.
12:57La rupture que revendique l'auteur est si radicale, notamment avec son propre style dans son premier roman,
13:05L'Enfant Noir, par exemple, que certains ont avancé à l'époque la thèse que le roman en question aurait été écrit par un auteur blanc sans qu'aucune preuve concrète ne fût apportée.
13:18Le regard du roi raconte sur un mode allégorique et parodique les aventures d'un Européen engagé sur les grands chemins d'Afrique,
13:25en une quête, tout simplement, initiatique, et pour l'historien et le critique littéraire Boniface Mangomboussa,
13:32c'est ce choix du protagoniste européen sous la plume d'un auteur africain qui pose problème.
13:37Et pour la première fois, on met en scène un blanc dans une position très désobligeante.
13:42Et c'est l'une des raisons qui fait que ce livre gêne. On écoute ça.
13:47La Guinée, premier pays d'Afrique à s'émanciper de la France coloniale, obtient son indépendance en 1958
13:53et Ahmed Sekou Touré est élu président. Kamara Lai est le premier ambassadeur de son pays au Ghana.
13:58Il occupe ensuite différents postes en dehors du Ghana avant de revenir à Conakry,
14:03où il travaille pour le département des accords économiques, puis comme directeur de l'Institut National de la Recherche et de la Documentation.
14:09Kamara Lai se trouve de plus en plus souvent en conflit avec les politiques du régime du président Ahmed Sekou Touré
14:14et il est emprisonné avant de s'enfuir avec sa famille en Côte d'Ivoire dans les années 60,
14:18avant de s'installer au Sénégal, où il travaille pour l'Institut fondamental d'Afrique noire, IFAN,
14:22un institut de recherche basé à Dakar et qui a succédé à l'Institut français d'Afrique noire.
14:27Son livre est intemporel. Dans ce même registre, on trouve le livre « Amkulel, l'enfant peule » de Amadou Ampateba,
14:32paru en 1991, qui lui, parle de son enfance au Mali.
14:36Le dernier livre de Kamara Lai, « Le maître de la parole », publié en 1978,
14:41est une transcription de l'épopée de Sundiata, une épopée orale consacrée à Sundiata Keïta,
14:46l'empereur Moading, mort en 1255.
14:49Kamara Abdoulaye meurt le 4 février 1980 à Dakar.
14:55D'ailleurs, le réalisateur Laurent Chevalier fera un film sur une adaptation cinématographique de l'enfant noir.
15:03Le jeune baba, en âge de faire ses études, traverse toute la Guinée pour se rendre à Conakry,
15:08est alors pris dans la spirale de la vie urbaine et reçoit de plein fouet le monde moderne,
15:12et surtout sa violence. Une autre vie commence alors, véritable récit initiatique ce film,
15:18et tout d'abord une histoire, celle d'un exil, celle que vit tout homme qui se sépare de son enfance,
15:23un hommage cinématographique à Kamara Lai. On écoute tout de suite Laurent Chevalier.
15:29Les personnages sont un peu particuliers dans ce film parce que ce ne sont pas des acteurs professionnels.
15:33Ce sont des personnages que j'ai rencontrés là-bas, sur place, en Guinée.
15:37Et il se trouve que l'enfant noir, c'est l'adaptation d'un roman, écrit par un écrivain guinéen qui s'appelle Kamara Lai,
15:44qui est décédé maintenant depuis un certain temps et qui a écrit ses souvenirs d'enfance.
15:49Et ses souvenirs d'enfance se passent à Kuroussa, qui est un village de Haute-Guinée.
15:53Et quand je me suis rendu à Kuroussa pour expliquer le projet, l'idée d'adapter le livre au cinéma,
15:58j'ai été amené à rencontrer sa propre famille, puisqu'il y a toujours six frères qui vivent sur place,
16:04qui sont mécaniciens, instituteurs, paysans, chauffeurs de taxi, enfin c'est des gens très simples.
16:09Et quand j'ai expliqué le projet, ils m'ont fait comprendre avec beaucoup d'insistance que c'était leur histoire.
16:16C'est l'histoire de l'enfant noir et que, même si je ne voulais pas reconstituer le livre,
16:20parce que le film n'est pas une reconstitution historique, le livre est écrit en 1953,
16:24c'est donc la Guinée des années 20 ou 30, ça fait déjà pratiquement un siècle que ce qu'on est à...
16:31Et donc il fallait que je remette tout le monde en costume d'époque, que j'enlève les antennes de télévision,
16:34que j'enlève un cinéma qui est compliqué, qui demande beaucoup de moyens.
16:38Et moi je leur ai proposé de faire une adaptation beaucoup plus simple et une adaptation contemporaine,
16:42c'est-à-dire de prendre la même histoire, qui est donc l'histoire d'un enfant,
16:46son père décide d'envoyer son enfant à la ville pour faire des études et devenir plus tard le soutien de famille,
16:51c'est donc une histoire d'exil, l'exil vécu par un enfant qui quitte son village
16:55et qui découvre la grande ville qu'on a créé, la capitale de la Guinée.
17:02Et direction La Croisette à présent avec la section d'un certain regard 2025
17:07qui s'est ouverte avec Promised Sky, le long métrage troisième, donc dérige Seheri.
17:12Le film suit le destin de trois femmes, une pasteure, une étudiante et une mère exilée,
17:17dont la cohabitation fragile bascule lorsqu'elles accueillent la petite Kenza, 4 ans, sauvée d'un naufrage.
17:23On regarde tout de suite la bande-annonce.
17:24Tu es au bon endroit, tu es venu chercher celui qui n'échoue pas,
17:36celui qui n'échoue jamais, le roi des rois pour l'éternité.
17:42Alléluia !
17:43Alléluia !
17:45Comme ça, on va bien s'occuper de toi.
17:46Que les clients d'origine subsaharienne qui s'y trouvaient
17:53étaient raflés par la police.
17:57Les tentons blancs disent qu'on mange le chat.
18:00Toi, tu manges le chat ?
18:01Viens te manger.
18:02Tu es venue ici, tentez ta chance.
18:15Chaque jour est une bataille.
18:21Tu vas me mettre dans du trafic, je n'ai pas assez de problèmes.
18:28Ma fille, qui t'a dit j'ai une fille ?
18:30Elle est passée à ta maison.
18:32Non.
18:36On aura la chance de l'avoir.
18:39Tu sais, la distance, ça tue l'amour.
18:49Tout ce qu'il nous reste, c'est quoi ?
18:51C'est ce qu'on a construit, les uns avec les autres.
18:53Il faut remettre cet enfant aux autorités.
19:03Non !
19:04Non !
19:18From the sky of Erich Seheri, the realist, one of my main motivations was the way in Tunisie,
19:27the Ivoirians, the Nigerians, the Maliens or the Congolians are all designated as Africans,
19:32forgetting that we Tunisiens are also part of this continent. And I wanted to reverse this
19:37look and understand how they perceived Tunisie. I also wanted to talk about the migration
19:42with a different angle. It is often told that through the prism of the grand
19:47departure towards Europe. Or in reality, more than 80% of the migrations have
19:51lieu inside the African continent. I also chose to tell this reality through the
19:56women of different social classes in all their subtilities. It is to say that the
20:01frontiers tenue between reality and fiction has been a constant companion of
20:04the tournage. The reality s'est even immiscer. On the other hand, there was a violence
20:09between the Congolians and the Tunisians in the street. There was also a
20:17possibility that some events prevailed in the scenario, which have suddenly
20:23disappeared or even become reality, like the arrestation of a pastor
20:26survenu, while a scene similar was supposed to be
20:29turned on. And as she said it again, I would like to say it again,
20:31I would like to say that the people remember the regard that we put on
20:34these women and these women on their visage, on their energy. And a question
20:38demeure. Qu'adviendra-t-il de cette génération de survivants, de ces enfants,
20:42de ces orphelins, dont les parents ont tout risqué pour leur offrir un
20:45avenir meilleur ? Qui sera tenu responsable aujourd'hui ? Le pays où ils ont
20:50survécu ou la communauté qu'ils ont fui ? Des questionnements auxquels est bien
20:54de cette honte et d'apporter un éclaircissement from the sky.
20:56Un film avoir d'urgence.
21:02Et avant de nous quitter dans l'Afrique en culture, on tenait à rendre hommage
21:06au philosophe, philologue et romancier congolais Valentin Yves Moudimbe, mort
21:10dans la nuit du lundi 21 avril au mardi 22 avril à l'âge de 83 ans. Caroline du Nord, il
21:17laisse derrière lui une oeuvre protéiforme majeure. Son essai d'ailleurs, l'invention de l'Afrique,
21:22paru en 88, mais traduit en français seulement en 2021, aura profondément
21:27modifié les études africaines. Pour être romancier, philosophe, linguiste,
21:31psychanalyste, historien de l'art, Valentin Yves Moudimbe est avant tout
21:35un savant, resté à l'écart du microcosse, parfois vaniteux du monde intellectuel
21:39et de la littérature. Il fuyait, comme il le disait, la lumière. L'oeuvre de Moudimbe
21:43occupe une place à part dans l'ensemble de la production littéraire en Afrique.
21:47Cette oeuvre, à l'écart, ne laisse jamais indifférent. Tour à tour, elle suscite
21:51l'admiration, surprend, étonne ou irrite. Franchement, on la lit, on la
21:55commente, on la refute, on la cite. La personnalité de l'écrivain lui-même
21:58provoque, elle aussi, des réactions souvent passionnées. Une curiosité
22:02insatiable. Écrit en 88, Bernard Mouralis, The Invention of Africa,
22:07traduit en 2021 par Présence africaine, est au carrefour, justement,
22:11de plusieurs domaines. La philosophie grecque et latine, l'ethnographie et les
22:15bibliothèques religieuses. Dans un autre ouvrage, il questionne comment
22:19les Africains pourraient, dans leur subconscient, qui les inhibe,
22:22justement, se débarrasser de l'odeur du père. Il appelait déjà à se
22:25détacher de cette pensée dominatrice du père, dans une perspective
22:29critique, mais aussi fondatrice d'une réappropriation d'un discours
22:33africain, avant tout authentique. On écoute ça.
22:37Ces écrits porteurs d'une nouvelle réflexion sur la production
22:40des savoirs africains. Qui n'a donc pas lu ses romans ?
22:44Entre les eaux, le bel immonde, les corps glorieux des mots
22:48et des êtres. Qui ne sait pas qu'il s'agit là des jalons
22:52littéraires d'une rare densité, mêlant exigences formelles,
22:56spiritualité et questionnements identitaires. Qui ne sait pas qu'il
23:00fut un homme élégant, humble et intransigeant qui aura
23:05contribué à ouvrir de nouveaux espaces de pensée, libérés
23:09des assignations et des catégories héritées de la colonisation.
23:13La pensée. La pensée libératrice, unique, critique, dominante,
23:18rationnelle, contemporaine, moderne, secrète et dogmatique.
23:23Il faut donc ici, en ce moment où l'aigle prend son envol
23:27vers le firmament azuré, saluer la mémoire d'un
23:30campagnon d'intelligence, d'un homme réellement libre,
23:33d'un penseur, dont la parole continue de féconder
23:36les esprits libres. Son départ laisse un vide immense,
23:39mais son œuvre reste une boussole pour les générations à venir.
23:43Le monde littéraire congolais, comme d'ailleurs, a des raisons
23:46de le pleurer. De pleurer l'homme des livres livrés à la mort.
23:49L'homme de l'audace dans la pence, le rat des bibliothèques.
23:52Comme un éclair furtif, le maître s'en va.
23:55Silencieux, dévisé avec les ancêtres.
23:58Faut-il demander des obsèques nationales en sa mémoire ?
24:01Il le mérite sans doute plus que certains artistes et politiciens
24:04qui ont eu le droit à ce privilège.
24:06Mais ce qu'il faut surtout, c'est faire en sorte que l'homme,
24:09l'intellectuel, le culturel congolais, soit de sang vivant,
24:13capable d'exprimer l'immensité de son talent, de son art, de ses rêves
24:18et d'influencer les codes comme les pensées.
24:22Et on arrive à la fin de l'Afrique en culture.
24:24Merci d'avoir été avec nous et puis on se donne rendez-vous
24:26dès la semaine prochaine. Sans faute, d'ici là, portez-vous bien.
24:39Merci d'avoir regardé cette vidéo !