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  • 23/05/2025
Le réalisateur français préside le jury de la Queer Palm, qui célèbre ses quinze ans. De Gregg Araki à Kore-Eda en passant par Todd Haynes et Céline Sciamma, Christophe Honoré commente (en toute franchise) les films récompensés.

Festival de Cannes 2025
#Cannes2025
Transcription
00:00Je suis assez honnête, je vais me faire détester, je vais perdre mon titre de président de la Queerpalme.
00:07C'est Greg Araki, c'est le premier qui a eu la Queerpalme, je crois que c'est ça.
00:11S'il y a bien un cinéasqueur, je pense que c'est lui.
00:13En même temps, ce n'est pas bien de dire ça, s'il y a bien un cinéasqueur, ça veut dire qu'il y en a qui ne sont pas très dessinés à ce queur.
00:18J'ai tendance à dire qu'il est très queer parce que je le trouve très adolescent, mais au bon sens du terme.
00:22C'est un cinéma qui est à la fois totalement dans le plaisir et qui en même temps est un peu teigneux,
00:28qui est dans le désordre, j'ai l'impression que c'est ça qu'il cherche principalement dans ses films.
00:35C'est enfin un cinéasqueur et d'ailleurs, je dois bien l'avouer, je sais qu'il vient de faire un film
00:38et j'étais très déçu qu'il soit dans aucune sélection canoise parce que c'est toujours un plaisir de découvrir ses films.
00:47Il a vraiment une place à part en plus dans le cinéma indépendant américain.
00:50J'ai l'impression qu'il a réussi comme ça et certainement avec beaucoup de difficulté
00:55parce que le cinéma américain, au cœur de l'industrie, ce genre de film indépendant, à mon avis, n'est pas si facile à monter.
01:03Il y a un film qui ne vieillit pas, d'ailleurs, lui-même ne vieillit pas.
01:06Il y a une espèce de... voilà, c'est un cinéaste de Fontaine de Jouvence, un peu comme ça.
01:11C'est quelqu'un que j'aime beaucoup.
01:12C'est quelqu'un que j'aime bien.
01:42Le deuxième, Laurence Inouye, Xavier Dolan.
01:58C'est mon film préféré de Xavier Dolan.
02:00Donc, je pense que le jury de la cuire femme, je ne sais pas qui c'était à l'époque, ne s'est pas du tout trompé.
02:06Je sais que Xavier Dolan, en fait, n'était pas très à l'aise avec ce prix.
02:10Il avait un peu refusé, il n'était pas allé le chercher, etc.
02:13Et on ne peut pas lui en vouloir de ce genre de choses.
02:16Enfin, je veux dire, il y a plus d'une dizaine d'années, etc.
02:19Quand vous êtes un cinéaste pédé et tout ça, il y a un moment où vous avez...
02:22Enfin, je ne sais pas comment dire ça.
02:23Vous passez aussi votre temps un petit peu à essayer de lutter contre plein d'injonctions
02:28qui ont tendance justement à vous réduire.
02:32Et donc, je pense que quand on est jeune cinéaste, qu'on arrive à Cannes, je crois que c'était un certain regard.
02:36Peut-être que soudain, voilà.
02:37Mais je crois qu'après, il avait vraiment regretté.
02:39Enfin, regretté de ne pas avoir pris ce prix.
02:41Et pour moi, c'est certainement son film où, je ne sais pas, il y a une espèce d'invention,
02:49de liberté dans la manière d'amener comme ça le romanesque et tout ça.
02:57Ou après, des fois, je l'ai senti plus...
02:59Ouais, plus...
03:01Différent.
03:11L'Inconnu du lac de Girodi.
03:28Ce n'est pas mon film préféré de Girodi, pour être tout à fait honnête,
03:31alors que je pense que pour beaucoup de gens, en fait, c'est un film assez essentiel.
03:35Le mélange héros, c'est un ato, si le fait de moi m'embarrasse un peu.
03:38Mais pas tant en tant que cinéaste qu'en tant qu'homosexuel, pour le coup, voilà.
03:41Et c'est aussi un des enjeux de ce truc de Peer Palme,
03:44parce qu'effectivement, quand on est comme ça, à essayer de...
03:50Évidemment que ce qui compte dans une Peer Palme, c'est avant tout de défendre
03:53un film avec une mise en scène inventive, etc.
03:56Mais aussi avec cette idée, comment on échappe à la convention,
04:01à une manière comme ça, à des séquences qu'on a un peu vues et revues
04:05dans des espèces comme ça de destinées autour de personnages homosexuels.
04:12Et là, le côté un peu héros et thanatos, moi, de ce film-là,
04:15je le trouvais un peu convenu et étonnamment.
04:17Voilà, j'ose dire des choses qui vont me faire détester par plein de gens.
04:19Donc, tu peux bien me dire à moi.
04:22Pourquoi tu veux que je te réponde quand tu mènes une enquête ?
04:26Il me semble que si on retrouvait mon amant en loyer,
04:30surtout un amant de la veille, ça me tracasserait un peu.
04:34Tu crois que ça me tracasse pas ?
04:37J'ai l'impression que tu t'en fous un peu.
04:39Il fallait bien que ça n'aille pas trop entre vous.
04:42Détrompe-toi, je ne m'en fous pas du tout.
04:44Surtout s'il a été assassiné.
04:46Souvent, on me demande la palme des palmes par rapport au festival officiel.
04:53Je dirais que la palme des palmes, des queer palmes, c'est Carole de Todd Haynes,
04:56mais parce que c'est un immense cinéaste.
04:58Pour moi, certainement, avec Wes Anderson, que j'aime aussi énormément,
05:02mais les deux cinéastes américains qui, aujourd'hui, me passionnent le plus,
05:07me stimulent le plus.
05:08Et Carole, c'est un film parfait.
05:10Ce qui, d'ailleurs, en rend peut-être pas un film si queer que ça.
05:12C'est-à-dire que dans la forme, c'est un film comme ça
05:14qui a une forme qui peut paraître assez sage, voire académique,
05:18puisqu'elle est très référencée à Douglas Sork, etc.
05:21Mais en fait, c'est toute la modernité de Todd Haynes,
05:24justement, d'aller revivifier le présent à partir de formes du passé.
05:32Il y a comme ça quelque chose qui, moi, me touche beaucoup
05:34dans ces allers-retours temporels.
05:36Et ce film est d'une délicatesse, d'une profondeur
05:39qui se trouve vraiment bouleversant.
05:42Ça aurait mérité vraiment une palme.
06:09C'est-à-dire qu'il y a comme ça.
06:39Je ne savais pas que le film de Campio avait eu une palme.
06:41La queer palme.
06:42C'est un film évident et je pense qu'il n'y a pas dû avoir
06:45beaucoup de discussions au sein de ce jury.
06:48C'est un film d'une pertinence et d'une intelligence politique,
06:52avant tout, et aussi quand même dans la force d'incarnation
06:54des deux comédiens principaux.
06:55Moi, j'avais été très impressionné par ça.
06:57C'est toujours beau quand, à un moment,
06:59même dans un film comme ça, qui est justement très politique,
07:01avec, forcément, j'imagine, pour le cinéaste,
07:04une envie d'être le plus fidèle possible
07:06à des épisodes qui appartiennent à sa mémoire personnelle, etc.
07:10Mais quand on sent qu'à un moment,
07:11le film, c'est les comédiens qui s'en emparent
07:13et qui le font respirer et l'amènent ailleurs.
07:16Et je trouve que c'était la grande force de 120 datements.
07:19Ouais, Mehdi, on t'écoute.
07:20Moi, j'avais pensé à un truc qui pourrait réconcilier tout le monde.
07:22Un truc bien pour les pancartes,
07:24ce serait des molécules pour qu'on s'encule.
07:26Ah, voilà, ça, c'est fédérateur.
07:29Ah, ça, c'est vraiment bien.
07:30En plus, ça peut faire un slogan.
07:32Des molécules pour qu'on s'encule.
07:35Et des molécules pour qu'on s'encule.
07:37Et des nananas pour qu'on s'enfile.
07:40Non ?
07:40Ah oui.
07:41Des hémophiles ?
07:42Quoi ?
07:43Non, non.
07:44Des hémophiles pour qu'on s'enfile ?
07:45Non, non.
07:46Ça va pas, la tête ?
07:47Non, non, non.
07:48C'est dégueulasse.
07:49Des hémophiles pour qu'on s'enfile.
07:51Non, non, non, non, non.
07:51Ah, je voulais pas que vous tombiez sur ce film-là.
07:54Ouais, je peux pas dire grand-chose.
07:55J'aime pas ce film, j'aime pas ce film.
07:57Donc, je suis hyper embêté parce que j'aime pas ce film.
08:07Je le trouve académique pour le coup,
08:08mais dans les deux sens,
08:10et formellement, et dans ce que ça raconte.
08:12Alors que Naissance des pieuvres est un film,
08:14je me souviens, j'étais vraiment pour moi,
08:16Naissance des pieuvres est un très bon film de Céline Sciamma.
08:19Mais celui-là, non, je peux pas, voilà, je suis assez honnête.
08:25Je vais me faire détester, voilà.
08:27Je vais perdre mon titre de président de la cuirpane,
08:31mais parce que je trouve le film trop écrit,
08:34trop démonstratif.
08:37Je sens que les personnages sont corsetés,
08:41mais les actrices sont corsetées aussi dedans.
08:43Et voilà, j'ai un peu un problème avec,
08:45enfin, un problème, tout le monde s'en fout
08:47que j'ai un problème avec ce film.
08:47Ce film a eu un succès incroyable,
08:50et tant mieux, et c'est toujours une bonne chose,
08:51mais je vous m'intéresse si je vous disais que j'aimais ce film.
08:54Ça raconte l'histoire d'un orage qui monte.
09:01Et des insectes qui le sentent.
09:07Les sagites.
09:09Et la tempête qui éclate.
09:10Avec les éclairs et le ventre.
09:19C'est le film de Coréda.
09:21Ah ouais, j'adore Coréda.
09:22Très grande intelligence, pour le coup,
09:24du jury de la cuirpane,
09:24parce que, de toute évidence,
09:27Coréda n'est pas un cinéaste queer,
09:29mais dans le sens,
09:30c'est pas du tout par rapport à son hypothétique sexualité, etc.
09:34Mais là, il est sur un sujet très difficile en mise en scène,
09:41la question du désir, en fait, et de l'enfance.
09:44Ça pousse au renoncement.
09:45Alors que, évidemment,
09:46c'est très intéressant à filmer,
09:49et qu'on est tous fabriqués avec nos désirs d'enfants.
09:55Et on en a, des fois, une mémoire.
09:56Alors, ils peuvent être traumatiques,
09:58la manière dont ces désirs ont pu, des fois,
10:01rencontrer les mauvaises personnes, etc.
10:02Mais là, je trouve que, dans ce film,
10:05en fait, il a...
10:07Déjà, le film est bouleversant.
10:09Il a vraiment une très grande émotion,
10:10une invention scénaristique
10:12qui fait qu'à un moment, le chaos est...
10:18Je sais pas comment dire ça,
10:18il est jamais dans l'équipement de son sujet.
10:20Or, on voit bien comment, avec ce genre de sujet,
10:23c'est facile de faire une mise en scène, en fait,
10:24où on met tout dans le hors-champ,
10:26en disant, j'ai pas besoin de vous expliquer,
10:28vous êtes des spectateurs intelligents,
10:29vous allez bien comprendre.
10:30Et, bon, à Coréeda,
10:33moi, je l'ai découvert avec Nobody Knows.
10:34Je me souviens, à l'époque,
10:36j'avais fait mon premier film,
10:39et c'était Michel Verstapp et Laurent Pétain
10:42qui sortaient Nobody Knows.
10:44Ils m'avaient proposé de venir voir le film,
10:46avant, dans une salle.
10:48Ah, j'étais tombé amoureux de ce film,
10:50mais vraiment, Nobody Knows.
10:51Après, j'avais l'affiche japonaise
10:53pendant des années, en fait, chez moi.
10:55et j'ai toujours été très attentif
10:57au travail de Coréeda.
10:58Et Innocence, c'est un très grand film,
11:00mais il en a fait plein,
11:01des très grands films Coréeda.
11:03Donc, ils ne se sont pas du tout trompés
11:05sur la cuir palme.
11:07Mais ils ont eu de la chance, quand même,
11:08les autres présidents,
11:08parce que tout, même le film que j'aime pas,
11:10c'est des grands films.
11:11Après, on peut admettre
11:12qu'un film, voilà, n'est pas pour soi,
11:15mais les films que vous me montrez
11:18sont tous des films très réussis.
11:25Sous-titrage Société Radio-Canada

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