Passer au playerPasser au contenu principalPasser au pied de page
  • 23/05/2025
Surnommée "L'Astre d'Orient", Oum Kalsoum pouvait chanter pendant des heures, en emmenant son public en extase. 50 ans après sa mort, elle est toujours une icône de la chanson arabe.

Catégorie

🎵
Musique
Transcription
00:00Elle pouvait chanter pendant des heures en emmenant son public en extase.
00:04Elle soulevait la salle qui se montait à hurler et puis tout d'un coup, elle les domptait absolument
00:09et ils étaient à quatre pattes par terre implorant envers elle. C'était très extraordinaire.
00:16Connaissez-vous la chanteuse égyptienne Oum Kelsoum ?
00:19Oum Kelsoum naît au début du XXe siècle en Égypte.
00:25Enfant, elle étudie dans une école coranique et elle accompagne son père imam dans différentes cérémonies.
00:31Elle apprend à chanter en psalmodiant. C'est un milieu paysan, pauvre, donc il partait, petit trou, à deux dames, il gagnait quelques piastres.
00:41C'est dans l'une de ses représentations qu'elle est repérée. Elle quitte sa petite ville pour le Caire,
00:46où elle s'impose dans un style très différent de ses concurrentes.
00:49Et elle commence à chanter des chansons très austères, alors qu'on est aussi avec des chanteuses qui chantent très dénudées, très dévêtues, des chansons un peu grivoises.
01:00Elle, elle commence par l'austérité, mais sa voix fait des miracles.
01:04Oum Kelsoum s'entoure d'artistes et de poètes comme Ahmed Rami qui lui écrit plus d'une centaine de textes.
01:10J'ai entendu une voix d'une douceur, d'une maîtrise, d'une puissance incomparable.
01:17Ce sont avant tout ses prestations scéniques qui la rendent célèbre.
01:20Une seule chanson peut durer plus d'une heure.
01:22Déjà, il y a le prélude qui est extrêmement long.
01:26Et puis, il y a toujours ces psalmodis, quoi.
01:29Vous savez, la psalmodi, c'est une très belle école.
01:32C'est répéter une même phrase, jamais sur le même ton.
01:36Ce qu'elle savait parfaitement bien faire.
01:38Évidemment, elle chantait, mais la salle lui répondait, ce qui est très joli à voir, quoi.
01:43Elle lançait une phrase, elle lançait « Oh mon chéri », la salle répétait « Oh mon chéri »,
01:49et elle le répétait dix fois sur une tonalité différente.
01:59En 1967, elle chante à Paris pour deux concerts à guichets fermés.
02:03Et son style surprend beaucoup le directeur de l'Olympia.
02:06Je lui dis « Bon, ben, vers quelle heure finirez-vous ? »
02:12Elle me dit « Oh ben, je ne sais pas, je vais chanter deux chansons ou trois. »
02:17Alors, un peu inquiet tout de même, parce que je me dis « Deux chansons, ça fait six minutes pour nous, deux chansons. »
02:23Alors « Trois, ça fait neuf minutes. »
02:25Je me disais « Ça va me paraître un peu juste. »
02:27Mais j'ai découvert le soir, la vérité, c'est que chaque chanson durait une heure et demie.
02:33Qu'au bout d'une heure et demie, elle faisait 20 minutes d'entraque,
02:35et puis elle chantait la seconde chanson, qui durait à nouveau une heure et demie,
02:38puis elle faisait 20 minutes d'entraque, et puis une troisième chanson.
02:40Elle a chanté quatre comme cela, ce qui a dû faire six heures de tour de chant à peu près.
02:45Elle emmène ses spectateurs dans un état de communion, appelé le « Tarab » en arabe.
02:50« Le Tarab, c'est l'extase artistique. »
02:53Alors évidemment, ça fait rêver tous les artistes.
02:56Ça ressemble aussi aux notions de soufis, où la musique est un chemin pour s'élever.
03:07Quand on voit les assistances d'Om Kalsoum, on sent qu'elle les transporte.
03:15Oum Kalsoum chante l'amour, la séparation, la jalousie, mais aussi des airs très politiques.
03:23Nous sommes dans les années 50, en Égypte, des années riches en bouleversements.
03:27En 1952, les officiers libres renversent la monarchie égyptienne.
03:31Et quatre ans plus tard, Gamal Abdel Nasser devient président.
03:34C'est un grand admirateur de la diva.
03:36Et avec lui, elle devient un véritable symbole patriotique.
03:39Dès l'arrivée de Nasser, elle a beaucoup aidé l'Égypte naissante.
03:44Elle a appuyé le nationalisme.
03:46Une de ses chansons a été l'hymne national égyptien.
03:50Elle aide même financièrement le gouvernement.
03:52Par exemple, après la guerre des Six Jours, Oum Kalsoum planifie une tournée qui passe par Paris.
03:57Le concert à l'Olympia, c'était un concert de militantes.
04:00Donc là, elle était beaucoup plus que chanteuse.
04:03Donc c'était après la défaite de l'Égypte.
04:05Elle donc s'est dit « Je ne peux pas rester sans rien faire.
04:08Il faut que j'aide l'Égypte à renflouer ses finances qui sont désastreuses. »
04:13Et elle a dit « Je vais faire une tournée. »
04:15Et les bénéfices de ces concerts sont reversés au régime de Nasser.
04:18Il se servait d'elle, elle se servait de lui pour vanter l'Égypte, les femmes, la musique arame.
04:26La chanteuse était aussi très sensible à la place des femmes dans la société égyptienne.
04:30Elle était complètement féministe.
04:31Alors, elle avait un tel statut, un tel pouvoir, qu'évidemment, elle poussait les filles à étudier,
04:37à participer à la vie active, à participer à l'essor d'un pays.
04:41Puissante et respectée, Oum Kalsoum avait l'image d'une femme au caractère parfois difficile.
04:46Elle était obligée d'être dure.
04:48D'une femme occidentale qui réussit, on dit qu'elle est dure.
04:52Donc imaginez une femme égyptienne, arabe, musulmane, il y a un siècle.
04:57Est-ce que vous pensez qu'elle pouvait être tendre ?
04:59Ce n'était pas possible.
05:00Oum Kalsoum meurt en 1975 et les images de ses obsèques font le tour du monde.
05:06On y voit une véritable marée humaine qui accompagne le cercueil.
05:09Un dernier hommage saisissant de ses admirateurs.
05:11Sous-titrage Société Radio-Canada

Recommandations