- 23/05/2025
Avec Anne Lauvergeon, ancienne présidente d'Areva
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NewsTranscription
00:00– Sud Radio, l'invité politique, Jean-Jacques Bourdin.
00:08– Notre invité ce matin, Anne Lovergeon.
00:10Anne Lovergeon, bonjour.
00:12– Bonjour Jean-Jacques Bourdin.
00:13– Alors, Anne Lovergeon, je rappelle que vous avez fondé Areva,
00:16je rappelle que vous êtes l'une des personnes,
00:21vous connaissez parfaitement le monde de l'énergie, évidemment,
00:24et vous publiez un livre chez Grasset, « Un secret si bien gardé », c'est le titre.
00:31Vous allez me dire quel est ce secret ?
00:33– Ah, on va le partager.
00:34– Vous allez me partager ce secret, j'espère.
00:37Anne Lovergeon, nous allons parler d'électricité, de gaz, de nucléaire, d'énergie renouvelable.
00:43Je vous poserai une première question, mais extrêmement simple.
00:47Est-ce que nous pourrions, nous, consommateurs,
00:50aujourd'hui, payer moins cher notre électricité et notre gaz ?
00:54– Eh bien, c'est pour ça que j'ai écrit ce livre.
00:57Parce que quand on regarde les dix dernières années,
01:00nos factures d'électricité ont augmenté en moyenne de 120%.
01:05C'est-à-dire, par an, trois à quatre fois le niveau de l'inflation.
01:11Et ça, alors j'explique pourquoi, j'explique comment,
01:15parce que c'est bien de faire des diagnostics.
01:18En général, on aime bien ça en France.
01:20On fait des diagnostics, ils sont très sombres.
01:22– Des constats, oui.
01:23– Voilà, et la conclusion, c'est qu'il faut serrer la ceinture.
01:26– Oui.
01:27– Là, ben non, justement, le secret si bien gardé,
01:30c'est le fait qu'on pourrait, avec ce qu'on a déjà investi,
01:35depuis 30, 40 ans,
01:38eh bien, on pourrait produire plus,
01:40et donc payer moins cher.
01:42– C'est quand même une bonne nouvelle.
01:43– On pourrait produire plus.
01:44– On pourrait produire plus, c'est-à-dire que la France
01:46pourrait produire plus d'électricité.
01:48– Oui.
01:49– Et donc, notre électricité serait moins chère.
01:52– Elle serait moins chère pour les Français.
01:54On investirait moins, donc ça serait moindre augmentation
01:57de tout ce qui nous attend si on fait la programmation pluriannuelle
02:02de l'énergie telle qu'elle est préparée aujourd'hui par le gouvernement.
02:05et puis, on pourrait exporter plus,
02:09on rapporterait des devises,
02:10et puis, on pourrait faire une transition énergétique intelligente.
02:13– Alors, justement, nos verges ont développé tout cela
02:16à propos d'exportation.
02:18Nous avons vendu, la France a vendu de l'électricité l'année dernière
02:20pour 5 milliards d'euros.
02:22Ça a rapporté 5 milliards d'euros,
02:24oui, mais on importe 64 milliards d'euros de pétrole et de gaz.
02:28Il faut quand même équilibrer les chiffres.
02:32Bon, ça c'est une chose.
02:33Vous dites, on pourrait exporter plus,
02:37on pourrait produire plus,
02:40notre électricité pourrait être moins chère.
02:43Comment, Anne Le Vergeau ?
02:45– Ben comment ?
02:45Alors, nos parents ou les gens du temps de nos parents
02:52ont construit 57 réacteurs nucléaires.
02:58Si 57 réacteurs nucléaires ne fonctionnent pas,
03:01alors ça c'est ça,
03:01ça c'est un secret très bien gardé, Jean-Jacques Bourdin,
03:04très très bien gardé,
03:05il ne fonctionne absolument pas comme il pourrait fonctionner.
03:08C'est-à-dire que vous avez l'AIEA,
03:12l'Agence Internationale de l'Énergie Atomique.
03:14– À Vienne.
03:15– À Vienne, le pays le plus anti-nucléaire du monde.
03:18C'est l'Agence des Nations Unies en charge du nucléaire.
03:22Eh bien, il donne tous les éléments,
03:24c'est-à-dire qu'en fait, chaque mois,
03:25il relève ce que chaque réacteur dans le monde
03:28a produit d'électricité,
03:31et il compare ce qu'il a produit
03:33avec sa capacité théorique,
03:36le maximum de ce qu'il aurait pu faire.
03:38Et à partir de là, chaque année,
03:40en fait, il donne
03:41ce qui a été fait en théorie
03:46versus ce qui aurait pu être fait,
03:48ça donne quoi ?
03:50Ça donne le facteur de charge.
03:51Un pourcentage.
03:53Votre réacteur, il a fonctionné 95% du temps,
03:56vous allez avoir un 95%.
03:57Les meilleurs du monde,
04:01aujourd'hui, produisent aux alentours,
04:04ils sont au-dessus de 95%.
04:05C'est-à-dire que le réacteur…
04:06– Ils produisent 95% du temps.
04:08– Ils produisent 95% du temps.
04:09– Ils fonctionnent, en fait.
04:10– Voilà.
04:10– Ils fonctionnent 95%.
04:12– Exactement.
04:12– Et on garde 5% pour les réparer,
04:15pour les contrôler, pour…
04:17– Exactement.
04:17– Et en France ?
04:18– Et en France, par exemple,
04:20si je prends les chiffres 2023,
04:22on est avant-dernier mondial,
04:25c'est-à-dire on est à 67%.
04:27Alors, EDF ne communique jamais sur ce chiffre.
04:31– Ça veut dire quoi, à nos versions ?
04:33Ça veut dire que volontairement,
04:35volontairement, aujourd'hui, en France,
04:38on fait tourner nos réacteurs
04:40à 67%.
04:41– Alors, il faudrait poser la question
04:43au comité exécutif d'EDF,
04:44c'est-à-dire savoir pourquoi ils ont
04:47une performance aussi basse.
04:49– Mais c'est quoi ?
04:49C'est les mesures de précaution ?
04:51C'est le principe de précaution ?
04:52C'est quoi ?
04:53– Alors, je pense qu'il y a plusieurs raisons derrière,
04:54mais c'est une interprétation.
04:56Vraiment, il faudrait qu'ils répondent.
04:57Ils ne disent rien, sur mon livre d'ailleurs.
04:59Ils ne répondent rien.
05:00– C'est vrai.
05:00– Rien.
05:01Le silence.
05:02Parce que, ils ne peuvent pas dire le contraire.
05:04c'est ce qui est affiché de manière collective.
05:09Alors, eux, ne parlent jamais de facteur de charge,
05:11jamais de pourcentage, rien.
05:13Ils parlent de ce qu'ils ont produit en TWh.
05:17Alors, le TWh, ce n'est pas votre unité de base,
05:20la mienne non plus.
05:21Ils ont fait 361 TWh en 2024.
05:26Et dans la programmation pluriannuelle de l'énergie,
05:28qui est un document qui, finalement,
05:30résume notre politique énergétique pour les 10 ans à venir,
05:33eh bien, on s'est fixé à 360 TWh.
05:36Or, 360 TWh, c'est 67%.
05:39– Alors, pourquoi ?
05:40– Pourquoi ?
05:42Parce que l'État se laisse faire.
05:44– Mais pourtant, l'EDF a été nationalisé.
05:46– Oui, mais avant, il était déjà majorité complètement publique.
05:50– C'est vrai, c'est vrai.
05:52– Alors, pourquoi ?
05:52Il y a une première interprétation, c'est,
05:55regardez les résultats de 2024 d'EDF,
06:0112,4 milliards d'euros de bénéfices nets.
06:06– Ah, ça veut dire...
06:07– Donc, la facture...
06:09– Ça veut dire que, pour faire du bénéfice net,
06:12EDF fait tourner ses réacteurs
06:15moins longtemps qu'ailleurs dans le monde.
06:19– C'est la première explication.
06:20– Et on voit qu'effectivement, ça marche assez bien.
06:23– C'est-à-dire au détriment du consommateur
06:24qui, lui, paie sa facture plus chère.
06:26– Ben voilà.
06:27– C'est ce que vous dites.
06:28– Ça fait monter le prix des factures.
06:30Alors, premier point.
06:31Deuxième point.
06:33La deuxième explication,
06:35c'est qu'on a mis EDF sous la tutelle
06:37de ministres de l'Environnement.
06:39Ça, c'est une décision qui a été prise
06:41il y a une quinzaine d'années.
06:42– Stupide.
06:42– Des ministres de l'Environnement
06:43qui, en général, ont été antinucléaires.
06:46Étant antinucléaires,
06:47il fallait qu'EDF se fasse petit.
06:49Troisième raison,
06:50EDF a refusé,
06:53de facto, moi je l'aurais proposé
06:54beaucoup de fois,
06:56a refusé d'adopter les technologies,
07:01les méthodes qui permettent
07:02d'améliorer le rendement.
07:05Pourquoi ?
07:05Parce que ça n'avait pas été inventé chez EDF.
07:07Donc, je pense qu'à votre question,
07:09c'est un mélange des trois.
07:11– J'ai compris, Anne Aubergeon.
07:12Bien, mais il y a un fait majeur
07:15qui n'a pas été tellement souligné
07:16dans la presse cette semaine.
07:20L'Allemagne ne bloquera plus
07:22les efforts de la France
07:24pour faire en sorte
07:24que l'énergie nucléaire
07:25soit traitée de la même manière
07:27que l'énergie renouvelable.
07:29C'est une avancée majeure, Anne Aubergeon.
07:32– C'est historique.
07:33– C'est historique ?
07:33– C'est absolument extraordinaire
07:34parce que l'Allemagne
07:36a mis des bâtons dans les roues
07:37à chaque fois qu'on a voulu faire reconnaître
07:40que le nucléaire était une énergie
07:43au milieu d'autres,
07:44qui était décarbonée.
07:46L'Allemagne, qui a fait le choix
07:48des renouvelables,
07:49en vitrine, en devanture,
07:52derrière, parce que c'est intermittent
07:54des renouvelables, l'éolien, le solaire,
07:56ça marche quand il y a du vent,
07:57quand il y a du soleil.
07:58Dès qu'il n'y a pas de vent, pas de soleil,
08:00il faut faire démarrer des énergies
08:01qui fonctionnent tout le temps.
08:02Il faut démarrer le charbon
08:04et le lignite.
08:07Et puis, ce qu'il disait encore moins,
08:08c'est que derrière tout ça,
08:10il y avait quoi ?
08:10Il y avait le gaz russe.
08:11Alors ça, ça a fait pchit.
08:14Donc, ils se sont retrouvés
08:15dans une situation impossible.
08:16Si vous prenez l'année 2022-2023,
08:20un Allemand a fait 9 fois plus de CO2
08:25qu'un Français.
08:26Nous, on a une énergie décarbonée
08:28à 90% grâce au nucléaire,
08:30mais aussi grâce à un moyen fantastique
08:32de faire de l'électricité,
08:33dont on ne parle jamais,
08:35qui est l'hydroélectricité.
08:36Qui est l'hydroélectricité.
08:37Les barrages.
08:38C'est un truc formidable.
08:39Alors là, vous en avez pour 100 ans,
08:40120 ans,
08:41c'est des investissements
08:42de très long terme.
08:43Tant qu'il y aura de l'eau, quoi.
08:44Tant qu'il y aura de l'eau.
08:46En montagne, quand même.
08:47Il n'y aura pas de l'eau.
08:47Il n'y aura de l'eau.
08:48Il n'y aura de l'eau.
08:49Et donc, le fait que les Allemands
08:53renoncent à nous embêter,
08:54vous savez que sous le précédent chancelier,
08:58il y avait une secrétaire d'État
08:59qui était l'ancienne patronne de Greenpeace,
09:03totalement antinucléaire,
09:04qui avait en charge
09:05de se propulser
09:09dans tous les cénacles
09:10pour empêcher
09:11un fonctionnement normal du nucléaire
09:13et empêcher le nouveau nucléaire.
09:16Donc aujourd'hui,
09:17en Europe,
09:18la bonne nouvelle,
09:19c'est qu'on n'a plus qu'un pays
09:20fondamentalement antinucléaire,
09:21c'est l'Autriche.
09:23Enfin, l'Autriche n'a pas le poids de l'Allemagne.
09:24Et l'Autriche est gouvernée
09:25par des libéraux très à droite
09:27qui font sûrement antinucléaire.
09:29C'est un paradoxe absolument incroyable
09:33en Europe.
09:34Tout en utilisant,
09:35en achetant de l'électricité
09:36à ses voisins
09:36qui font du nucléaire.
09:37C'est relativement hypocrite.
09:38Oui, ça c'est l'hypocrisie totale
09:40de tous les gouvernements,
09:41quels qu'ils soient dans le monde.
09:43L'hypocrisie totale.
09:44Mais dites-moi,
09:44cette décision allemande
09:46est très importante.
09:47Alors, aujourd'hui,
09:48nous sommes indépendants
09:51en termes d'énergie
09:52grâce à notre nucléaire.
09:54En termes d'électricité.
09:55En termes d'énergie,
09:57on ne l'est pas.
09:57Parce qu'on importe du gaz américain,
09:59notamment du gaz de schiste
10:00qu'on a combattu souvent
10:03à juste raison.
10:04Mais enfin, ça c'est un autre débat.
10:06C'est un débat
10:07qu'il faudrait qu'on ait.
10:08Parce que le problème,
10:09c'est qu'on va importer
10:10effectivement
10:11du gaz américain liquéfié.
10:13On le fait déjà.
10:14Mais Ursula von der Leyen
10:16a annoncé
10:16qu'elle voulait développer
10:17les importations américaines.
10:1980% de ce gaz,
10:22c'est du gaz de schiste.
10:23On s'est interdit,
10:25en Europe,
10:26non seulement d'explorer,
10:29non seulement de produire,
10:31mais aussi de faire de la recherche
10:32pour essayer de trouver
10:34des technologies propres.
10:36Donc,
10:36on va importer
10:39du gaz de schiste
10:40qui sera liquéfié
10:41avec beaucoup d'énergie
10:42aux Etats-Unis,
10:43transporté dans l'Atlantique,
10:45utilisé ici.
10:47Peut-être qu'il faut
10:47qu'on réfléchisse
10:48à savoir si on ne pourrait
10:49pas le faire
10:50en Europe
10:51de manière propre.
10:52Or,
10:53pas du tout.
10:54Il n'y a aucune...
10:55Et puis,
10:55vous n'entendez pas
10:56les écologistes hurler
10:57sur le gaz de schiste américain.
10:59Bien.
11:00Anne Auvergeon.
11:00Donc,
11:01nous produisons
11:01beaucoup d'électricité.
11:03Est-ce que nous produisons
11:05trop d'électricité ?
11:06Ah ben non,
11:07puisqu'on pourrait produire
11:08beaucoup plus.
11:08Puisqu'on pourrait produire
11:09beaucoup plus.
11:10Parce que certains le disent.
11:11Alors,
11:12qu'on produit trop d'électricité,
11:13si on en produit...
11:14Si par rapport...
11:16Si on produisait plus,
11:17d'abord,
11:18on pourrait exporter plus.
11:19Et nos voisins
11:20en ont terriblement besoin.
11:21Vous prenez l'Espagne
11:23avec le récent blackout,
11:26l'Italie,
11:28l'Allemagne.
11:29Tous ces pays
11:29ont besoin
11:30d'énergie décarbonée.
11:31Mais Anne Auvergeon,
11:32à propos de l'Espagne
11:33et du Portugal,
11:34est-ce qu'on connaît
11:35les causes du blackout ?
11:36Ah ben,
11:36c'est très intéressant
11:37ce qui s'est passé.
11:38Parce que le gestionnaire
11:40du réseau espagnol
11:41a très vite dit
11:42« Nous pensons
11:44que ceci
11:45a un rapport direct
11:46avec deux
11:47champs photovoltaïques ».
11:49Oui.
11:51La ministre
11:52en charge de l'énergie
11:53l'a tout de suite stoppé
11:55en disant
11:55« Bah bah bah bah bah bah bah bah »
11:56« On n'en sait rien ».
11:58Bon.
11:59Et a commencé à parler,
12:01alors il a mis en place
12:02une commission
12:02et puis on a commencé
12:04à parler de hackers russes
12:06qui auraient pu
12:06être à l'origine.
12:08Là aussi,
12:09le gestionnaire du réseau
12:10a dit « Bah non,
12:10nous on n'a pas vu
12:11trace de hackers ».
12:13Oui.
12:14Et en fait,
12:15je pense que pour
12:16le gouvernement espagnol,
12:17c'est très compliqué
12:18de dire que
12:18l'intermittence
12:20d'y renouvelable
12:21est peut-être
12:22à l'origine
12:22de ce gigantesque blackout.
12:24C'est un sujet
12:25tabou.
12:26C'est un sujet tabou.
12:27Donc la commission
12:27continue à travailler.
12:29Je ne sais pas
12:29quand est-ce qu'on en aura
12:30le résultat.
12:30Parce qu'il faut rappeler
12:31qu'en Espagne,
12:32les énergies renouvelables
12:33sont très développées.
12:35Très.
12:35Très développées.
12:36Le solaire en particulier
12:37est très développé.
12:38Le solaire plus que l'éolien,
12:39oui.
12:40Le solaire.
12:40Alors justement,
12:41on oppose à tort
12:43sans cesse
12:44le nucléaire
12:45aux énergies renouvelables.
12:46Je pense que vous allez
12:46être d'accord avec moi.
12:48Mais c'est stupide.
12:48C'est stupide
12:49d'opposer les deux.
12:50Totalement.
12:51C'est stupide,
12:51il faut les deux.
12:52Et les renouvelables
12:53ont besoin
12:54d'une production
12:56d'électricité de base
12:58quand ils sont intermittents
12:59et autant que ça ne soit pas
13:01une source fossile
13:02mais une source domestique.
13:03Alors on a les tout nucléaires
13:04ou les anti-nucléaires,
13:06on a les tout énergie renouvelable
13:08ou les anti-énergie renouvelable.
13:10Comme toujours,
13:12quand on est dans l'excès,
13:14on est dans l'erreur.
13:15Ben exactement.
13:16Alors ce qui est dangereux
13:17dans ce qui nous est préparé
13:19pour les dix prochaines années,
13:21c'est que
13:22on a juxtaposé tout.
13:25C'est-à-dire qu'on a additionné
13:26tout ce qui faisait plaisir
13:27aux uns et aux autres.
13:29Beaucoup plus de renouvelables,
13:31plus de nucléaires.
13:33On ne va pas se payer tout ça.
13:35Enfin je veux dire,
13:35on n'est pas dans une situation,
13:37surtout que
13:37vous parliez de facture d'électricité,
13:39Jean-Jacques Bourdin,
13:41c'est celui qui paye
13:43sa facture,
13:44qui paye tout.
13:45Qui paye les investissements.
13:47C'est vrai.
13:48Donc c'est nous tous.
13:50Et puis c'est aussi
13:51les industriels.
13:52Comment ils vont être compétitifs
13:54si on leur rajoute
13:56à chaque fois
13:56du poids sur les épaules ?
13:58Si le coût de l'énergie
13:59est très important.
14:00D'ailleurs ça fait peur
14:01à de nombreux investisseurs.
14:03Le coût de l'énergie en France,
14:05c'est l'un des problèmes
14:05de la France.
14:06Alors que ça ne l'était pas,
14:07on était les champions.
14:09Alors,
14:09ce que je propose
14:11d'utiliser,
14:12d'ailleurs c'est le principe
14:13de la frugalité,
14:14c'est utiliser ce qu'on a déjà.
14:16Et non pas se précipiter,
14:18il faut en faire.
14:19Vous êtes favorable quand même
14:21à la fabrication future,
14:23aux investissements
14:24pour de nouveaux réacteurs nucléaires.
14:26Bien sûr,
14:27mais de manière,
14:29je dirais,
14:31acceptable pour nous tous.
14:33C'est-à-dire qu'on ne nous mette pas
14:35sur les épaules.
14:36Moi, je vais vous dire,
14:37si on parle en réacteurs nucléaires,
14:39si on faisait produire 30% de plus
14:41le parc français,
14:42ce qui est tout à fait atteignable,
14:43eh bien ça fait,
14:45suivant les calculs
14:47et suivant les réacteurs,
14:48ça fait entre 7 et 11 EPR2.
14:50Oui.
14:51Gratuit.
14:52Gratuit, oui.
14:52Mais vous vous rendez compte ?
14:54Alors bien sûr qu'il faut en faire des nouveaux
14:55parce qu'ils vieillissent,
14:58parce que, voilà.
14:59Mais c'est d'autant plus important
15:01de produire plus
15:03sur la base installée
15:04qu'aujourd'hui,
15:05avec une intermittence grandissante,
15:07en fait,
15:08on fait moduler les réacteurs.
15:10On les démarre,
15:10on les...
15:11Enfin,
15:1120-80% de fonctionnement,
15:13ils n'ont pas été construits pour ça.
15:15Bien sûr.
15:16Ils ne sont pas...
15:17Bien sûr.
15:18Bien sûr.
15:19Alors, est-ce qu'il faut parallèlement,
15:21vous dites,
15:21attention,
15:21pour l'investissement nucléaire,
15:23oui,
15:24c'est indispensable,
15:25mais ne nous emballons pas.
15:27Est-ce qu'il faut parallèlement,
15:28puisque nous avons les capacités
15:30que nous n'utilisons pas,
15:32est-ce qu'il faut parallèlement
15:33ralentir le développement
15:34de l'éolien et du solaire ?
15:36Je pense qu'il faut ralentir,
15:39effectivement,
15:39tout ce qui est prévu.
15:40C'est-à-dire qu'on est en train
15:42de faire,
15:43de préparer un Everest,
15:44là,
15:45d'investissement,
15:46dont on a partiellement besoin seulement,
15:51et on va renchérir,
15:53une fois plus,
15:54la facture d'électricité.
15:55Ce qui veut dire,
15:56pour un certain nombre de gens,
15:57qui vont devoir faire des arbitrages,
15:59entre chauffage et nourriture,
16:02et puis pour nos industriels,
16:04on a vu,
16:04cet accord,
16:05au-delà de 70 euros,
16:07c'est absolument pas viable.
16:09Mais bien sûr,
16:10mais bien sûr.
16:11Anne Auvergeon,
16:12en rappelant,
16:13en rappelant que l'éolien en mer
16:15produit trois fois plus
16:17que l'éolien terrestre,
16:19donc,
16:21quitte à mettre de l'éolien,
16:22il vaut mieux le mettre en mer
16:23que sur Terre.
16:24On est d'accord ?
16:25Je suis parfaitement d'accord.
16:26D'ailleurs,
16:27c'est ce qu'on faisait chez Areva,
16:28c'est-à-dire,
16:29on développait de l'éolien offshore,
16:32parce qu'effectivement,
16:33ça embête moins.
16:34Alors,
16:34c'est plus cher aussi,
16:35il faut appeler un chat un chat,
16:36l'investissement et la subvention
16:38sont plus importants.
16:39C'est plus cher, oui.
16:39Bon.
16:40Alors,
16:42le réchauffement climatique,
16:43parce que tout cela,
16:44tout cela,
16:44il faut regarder tout cela
16:45à l'aune du réchauffement climatique.
16:48On ne doit pas abandonner
16:49le réchauffement climatique.
16:50C'est une réalité.
16:51La lutte contre le réchauffement climatique.
16:54Comment faire ?
16:55Vous dites,
16:56si nous utilisions mieux
16:58nos moyens,
17:01nous lutterions mieux
17:02contre le réchauffement climatique.
17:04Oui,
17:05parce qu'avec
17:05une électricité
17:07moins chère,
17:08on peut
17:09décarboner,
17:11en fait,
17:11de manière beaucoup plus efficace,
17:13un certain nombre
17:14d'usages
17:14de l'énergie.
17:15C'est-à-dire,
17:16si on veut substituer
17:17des fossiles
17:20par l'électricité,
17:21ça suppose
17:22que ça soit attractif
17:23sur le plan économique.
17:25Or,
17:25ce n'est pas du tout
17:26le chemin
17:27qu'on vient de prendre
17:28les dix dernières années.
17:29À nos verges,
17:30est-ce que dans le monde
17:31aujourd'hui,
17:33de plus en plus
17:33de pays se retournent
17:35vers le nucléaire ?
17:36Ah oui.
17:37Ah oui.
17:38Un peu partout.
17:38Un peu partout,
17:39c'est saisissant.
17:40C'est-à-dire,
17:41ceux qui ont déjà fait
17:42du nucléaire
17:42qui veulent en faire plus
17:44ou le rajeunir,
17:45et puis,
17:46ceux qui n'en ont jamais fait.
17:47y compris des pays pétroliers.
17:50Ce qui paraît stupéfiant.
17:51Y compris des pays pétroliers.
17:53Y compris des pays pétroliers.
17:54Donc,
17:54on est vraiment
17:55dans un schifte...
17:56Est-ce que nous, Français,
17:57nous sommes capables
17:57d'exporter
17:58notre savoir-faire nucléaire ?
18:00Est-ce que nous le faisons bien ?
18:02En France,
18:03il y a eu massacre
18:04à la tronçonneuse.
18:05C'est-à-dire que
18:06on était...
18:08Areva était leader mondial
18:09de l'industrie nucléaire.
18:09Numéro 1 sur le podium,
18:12sans aucun doute,
18:13devant les Russes
18:15et les Américains.
18:18Eh bien,
18:19la décision...
18:20Alors,
18:20Fukushima a été une catastrophe,
18:22bien sûr,
18:23au Japon.
18:24Mais ça a été une catastrophe
18:25pour l'industrie nucléaire
18:26qui a vu le prix de l'uranium
18:28s'effondrer,
18:29le prix de l'enrichissement,
18:31etc.
18:32Alors,
18:32les Chinois,
18:33les Russes,
18:33les gouvernements chinois et russes
18:34sont allés en volée au secours
18:36de leur industrie nucléaire
18:37dans la minute.
18:38Aux Etats-Unis,
18:40Westinghouse
18:41est parti
18:43en Chapter 11,
18:44en faillite.
18:45Oui, faillite, oui.
18:46A été repris,
18:48après une compétition
18:49très rude,
18:50par un des plus gros fonds
18:51américano-canadiens
18:53et vient d'être vendu,
18:55revendu,
18:56très cher,
18:57à Cameco.
18:59Cameco,
18:59c'est qui ?
19:01C'est des producteurs
19:02d'uranium.
19:03Canadiens.
19:04Qui sont canadiens.
19:04Ce sont des canadiens.
19:06Et alors,
19:06ce qui veut dire
19:07que les Canadiens possèdent
19:08le nucléaire américain.
19:10Oui.
19:10Ça, c'est très intéressant
19:11au niveau stratégique.
19:13Surtout en ce moment.
19:14Surtout en ce moment.
19:15Ben, évidemment, oui.
19:16Et alors,
19:17qu'est-ce qu'on a fait en France ?
19:19Eh bien, rien.
19:20C'est-à-dire qu'Areva,
19:21pendant cinq ans,
19:24l'actionnaire principal,
19:26l'État,
19:27avait le nucléaire honteux.
19:29Donc, le nucléaire honteux,
19:30ça veut dire quoi ?
19:31Ça veut dire qu'il ne faut pas
19:31aider l'industrie nucléaire.
19:33Donc, pas d'augmentation
19:34de capital, etc.
19:35Donc, ça a duré cinq ans.
19:36Au bout de ces cinq ans,
19:38il y a eu une augmentation
19:40de capital de 7 milliards,
19:42mais avec comme condition
19:43de couper en deux.
19:44Alors, même que le modèle
19:45Areva a été copié
19:46dans le monde entier.
19:47Depuis lors,
19:48depuis 2011,
19:49il n'y a pas eu
19:49un réacteur vendu
19:50par la France.
19:52Pas un réacteur vendu
19:53depuis 2011 ?
19:54Pas un.
19:55Le numéro un...
19:57Nous sommes meilleurs
19:57pour les rafales.
19:59Exactement.
20:00Alors, au passage,
20:01l'État,
20:02qui n'avait que 15%
20:03d'Air France
20:04au début du Covid
20:05a apporté 7 milliards
20:06en cinq semaines.
20:08Oui, c'est vrai.
20:08Cinq ans,
20:09cinq semaines.
20:10En termes stratégiques,
20:12peut-être qu'on aurait pu
20:13parier un peu plus
20:14sur l'industrie nucléaire.
20:15Donc, le résultat aujourd'hui,
20:16pas de réacteur vendu.
20:17Celui qui est sur le podium,
20:20eh bien,
20:20c'est Atomstroy Export,
20:21ce sont les Russes.
20:23Oui.
20:2325 réacteurs en commande
20:26en dehors de Russie.
20:27Ah oui.
20:28Alors, ils font comme les rafales,
20:30c'est-à-dire que
20:30le gouvernement russe,
20:32enfin, Gazprom Bank,
20:34en l'occurrence,
20:34donc je dis gouvernement russe,
20:36finance systématiquement
20:38les étrangers
20:39qui veulent passer par lui.
20:41Derrière, il y a Westinghouse,
20:43et c'est bourré de français.
20:44Les anciens d'Areva,
20:45beaucoup d'anciens d'Areva
20:46sont chez Westinghouse.
20:46Ils travaillent chez les Canadiens, là.
20:48Ça m'a été proposé aussi,
20:49mais vous savez,
20:49moi, je ne suis pas footballeuse,
20:51donc je suis resté en France.
20:52La dernière question à vous poser,
20:54je sors de l'énergie,
20:55mais quand même,
20:56vous, pour grandes universitaires,
20:58vous avez fait
20:59les plus belles écoles du monde.
21:02Donald Trump interdit à Harvard
21:03d'accueillir des étudiants étrangers.
21:06C'est incroyable.
21:07Tout ça parce qu'Harvard a refusé
21:09d'obéir à Donald Trump
21:12qui voulait spécifier
21:13que certains programmes
21:14devaient être arrêtés, etc.
21:17Et alors, il lui coupe,
21:19enfin, il essaie en tout cas
21:20de couper une source très importante
21:22financière,
21:24puisque les étudiants étrangers
21:25payent très cher
21:26le fait d'arriver à Harvard.
21:28Je pense que c'est une décision
21:29qui va quand même être contestée
21:31sur le plan juridique,
21:32parce que...
21:33c'est stupide.
21:36Pour moi, c'est stupide,
21:37mais c'est très dangereux.
21:38C'est-à-dire que si on a un président
21:40des États-Unis
21:40qui en est à décider
21:43dans le monde universitaire
21:46ce que telle ou telle université
21:48peut faire ou ne peut pas faire,
21:50et puis derrière tout ça,
21:51il y a quand même,
21:52là aussi, la liberté universitaire.
21:54Comment est-ce qu'un président
21:56des États-Unis peut décider
21:58des bons programmes ou pas
21:59qu'on doit développer ?
22:01– Merci Anne Lauvergeon
22:03d'être venue nous voir.
22:04– Merci Jean-Jacques Bourdin.
22:05– Et j'invite chacun
22:07à lire votre livre
22:08« Un secret si bien gardé »
22:09aux éditions Grasset.
22:11Il est 8h57.
22:12Merci d'être avec nous.
22:13Patrick Roger,
22:14juste après les informations.
22:15– Merci.
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