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  • 22/05/2025
Elle est rouge, petite, sa forme est oblongue et elle n'est surtout pas chère : 99 centimes la barquette de 250 grammes. Elle, c'est donc la tomate cerise marocaine, le cauchemar des producteurs français de tomate parce qu'elle rafle l'essentiel du marché ici dans l'Hexagone, au détriment donc de nos producteurs.
Regardez Olivier Dauvers : les secrets de la conso du 22 mai 2025.

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Transcription
00:00On parlait ce matin de la colère des agriculteurs, en colère notamment contre ces petites tomates cerises que vous avez entre les mains ce matin.
00:08Ces tomates font le malheur de nombreux producteurs français.
00:10Totalement, alors je vous la décris, elle est rouge évidemment, elle est petite puisque c'est une tomate cerise, sa forme est oblongue, c'est une particularité.
00:16Elle est surtout pas chère, 99 centimes la barquette de 250 grammes, moins d'un euro.
00:22Donc elle, vous l'avez compris, c'est donc la tomate cerise marocaine.
00:25C'est le cauchemar des producteurs français de tomates parce qu'elle rafle l'essentiel du marché ici dans l'Hexagone au détriment de nos producteurs.
00:33Et en fait, la tomate cerise, c'est un parfait condensé de beaucoup des problèmes qui frappent aujourd'hui l'agriculture française.
00:39Le premier problème, on l'imagine, c'est la compétitivité.
00:42Oui, on l'imagine évidemment, mais même, je vais vous dire, on n'en prend pas assez la mesure ici en France quand on parle d'agriculture parce que c'est encore au-delà de l'imaginable.
00:49Alors, comme pour les fraises par exemple, la tomate cerise, c'est une activité qui a besoin de main-d'oeuvre.
00:54Pour la récolte, évidemment. Et là, la compétitivité, elle est totalement inégale entre la France et le Maroc si on regarde le coût du travail.
01:02En France, une heure d'un ouvrier agricole, ça revient à environ 15 euros. Je compte évidemment avec les charges.
01:07Au Maroc, pour une heure de travail, c'est entre 1,5 euro et 2 euros.
01:12Donc ça coûte entre 7 et 10 fois moins, vous entendez bien, entre 7 et 10 fois moins au Maroc pour ramasser les tomates.
01:18Et c'est hélas normal qu'une fois arrivée sur nos étals, eh bien, il n'y ait pas photo que la tomate marocaine soit beaucoup, beaucoup moins chère que la tomate française.
01:26Sauf que le Maroc n'est pas dans l'Union Européenne. Il y a sans doute des droits de douane.
01:29Mais il n'y en a quasiment pas. C'est bien ça qui fait bisquer les producteurs français.
01:33Et ça illustre aussi un autre grand mal de l'agriculture française.
01:36Elle est toujours la victime collatérale des accords internationaux.
01:40On en a un en ce moment sur le grill avec le Mercosur.
01:43C'est le même principe.
01:44Alors, on va se rappeler, il y a une vingtaine d'années, quand les pays d'Europe de l'Est, et notamment la Pologne par exemple,
01:49grands pays agricoles, sont arrivés dans l'UE, c'était pour une noble cause.
01:53C'était pour arrimer ces pays de l'Est à l'Ouest et donc les éloigner de Moscou.
01:57C'était une bonne idée, mais qui a affaibli l'agriculture de l'Ouest,
02:01parce que les marchandises, dès lors que la Pologne par exemple était dans l'UE,
02:05pouvaient circuler librement avec des grosses différences de coûts de production.
02:08Eh bien, c'est le même principe qui est tout autant louable avec le Maroc,
02:12pour aider au développement économique de ce pays et donc le stabiliser politiquement.
02:16Il y a eu un accord de libre-échange agricole, notamment pour la tomate.
02:19Et donc, la tomate cerise, elle rentre quasiment sans droit de douane en Europe.
02:24Donc, le coût de revient au Maroc devient automatiquement le prix de référence ici,
02:29puisqu'il n'y a pas de barrière douanière.
02:31La morale, c'est que les producteurs français de tomates sont les sacrifiés sur l'autel du développement économique du Maroc.
02:36Il faut quand même le rappeler, ne serait-ce que pour leur donner raison quand ils se plaignent.
02:40Merci beaucoup.

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