A l’occasion des débats qui entourent la loi sur la fin de vie, discutée en ce moment à l'Assemblée nationale, Monique Berthomé-Bel s’est confiée au Nouvel Obs sur son désir de mourir dignement. Cette ancienne infirmière atteinte de leucoaraïose raconte pourquoi elle s'est tournée vers une demande d'euthanasie en Belgique.
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00:00J'aimerais mourir chez moi, entourer des miens.
00:03Je regrette de devoir aller en Belgique, mais j'ai pas le choix.
00:06J'oblige personne à avoir recours au suicide assisté.
00:10Mais ce choix, on y a droit.
00:12Monique est touchée par la lecoharayose.
00:14C'est une atteinte des vaisseaux sanguins du cerveau
00:16qui provoque un déclin des facultés cognitives.
00:18Ses lésions sont irréversibles et c'est ce qui l'a poussé, à 75 ans,
00:22à faire une demande d'euthanasie en Belgique.
00:24C'est une maladie qui mange les parties blanches de mon cerveau.
00:28Pour faire simple, c'est perte de mémoire,
00:30difficulté à trouver mes mots, beaucoup de pertes d'équilibre.
00:34C'est pour ça que je me balade avec une cadre.
00:37Je me suis déjà fracturé le cou dans ton banc.
00:40Les deux os se pérenner.
00:42Tout mon état général va en se dégradant.
00:45Et à terme, ça me privera de toute vie sociale.
00:48Je ne veux pas finir ma vie, ça c'est sûr, dans la dépendance.
00:52Sa maladie ne remplit pas les conditions
00:54pour bénéficier de la loi sur l'aide active à mourir,
00:56actuellement discutée à l'Assemblée nationale.
00:58Mais en Belgique, son dossier a été accepté.
01:01C'est un soulagement pour elle,
01:02même si elle envisage cette démarche comme un ultime recours.
01:04Je n'ai pas envie de mourir tout de suite
01:06parce que pour l'instant, j'estime avoir ma tête.
01:10Et le fait que mon dossier ait été accepté,
01:14ça m'a apporté un apaisement.
01:16Quand ça sera trop dur pour moi,
01:17j'ai ma porte de sortie.
01:19Comme tout le monde, j'aimerais mourir chez moi,
01:22entourer des miens.
01:23Je regrette de devoir aller en Belgique,
01:25mais je n'ai pas le choix.
01:27Moi, je suis une infirmière retraitée.
01:29J'ai commencé ma carrière, j'avais 20 ans.
01:32Donc, j'ai vu beaucoup, beaucoup de gens mourir.
01:35Il y a un moment où le curatif ne sert à rien.
01:38Alors, pourquoi accepter que les gens
01:40subissent des souffrances et une agonie ?
01:43Monique milite pour l'aide à mourir depuis les années 80,
01:46soit bien avant son diagnostic.
01:48Pour elle, les débats en cours sont trop restrictifs.
01:50Seules les personnes atteintes d'une maladie incurable,
01:53provoquant des souffrances insupportables,
01:55avec un pronostic vital engagé
01:57et qui peuvent exprimer cette volonté de mourir de façon éclairée,
02:00sont concernées par la proposition de loi.
02:02Ce qui n'est pas tout à fait le cas de sa pathologie,
02:05n'est de beaucoup d'autres maladies qui s'attaquent au cerveau,
02:07comme celle de l'Alzheimer.
02:08Et ça, je ne trouve pas ça normal.
02:10Tous les malades qui ont des maladies neurodégénératives
02:13et qui perdent leur faculté physique ou mentale,
02:17qui sont enfermés dans leur corps,
02:19je trouve ça abominable.
02:22C'est de la torture.
02:23Je suis un individu et ma dignité, c'est de décider pour moi.
02:28Alors, je n'oblige personne à avoir recours au suicide assisté.
02:32Mais ce choix, on y a droit.
02:35On va tous mourir,
02:36mais autant que ce soit dans les meilleures conditions possibles.