Des surveillants de la prison de Valence ont à nouveau été visés par des actes d'intimidations, ces derniers jours selon Fabrice Salamone, invité d'ICI Drôme Ardèche ce mercredi matin. Agression dans la rue, feu dans un jardin, véhicule incendié, les faits se multiplient depuis que deux voitures ont été incendiées devant l'établissement pénitentiaire lors de la vague d'attaque contre des prisons il y a un peu plus d'un mois.
Catégorie
🗞
NewsTranscription
00:00Jusqu'à 9h, ici matin.
00:03Il est 7h44, une opération anti-téléphone portable a été menée hier dans de nombreuses prisons en France.
00:09Nous en parlons avec notre invité, Emmanuel Champal.
00:11Bonjour Fabrice Salamone.
00:12Bonjour.
00:13Délégué UFAP, une sage-justice à la prison de Valence, l'opération nationale qui a été menée hier dans 66 établissements ne concernait pas Valence, pourquoi ?
00:21Ah ben Valence est un établissement qui est très récent, qui est très efficace sur beaucoup de choses
00:27et les fouilles régulières et les actions justement pour combattre l'arrivée des téléphones en cellules, c'est du quasi quotidien.
00:36Nous avons eu la semaine dernière une opération qui s'est passée en tout début de soirée, sur un quartier spécifique.
00:43Rien n'a été trouvé. Et pourtant les cellules ont été décortiquées.
00:47Ça veut dire que, pour le dire familièrement, le boulot est fait en amont ?
00:51Ah tout à fait, oui.
00:52Il n'y a pas de téléphone actuellement à la prison de Valence ?
00:55Quoi ? Vous êtes en train de me dire qu'il y a des téléphones en prison ?
00:58Non, mais il y a des téléphones en prison, il y en a. Il y en a. Il y en a énormément.
01:01Les prisons françaises, c'est des passoires.
01:03Maintenant, les livraisons par drone, avant les livraisons par projection.
01:08Quand les livraisons, quand des fois ils sont en contact avec l'extérieur, parce que certains téléphones, dont ceux-là,
01:14se cachent dans des plis naturels du corps, et sont pratiquement indétectables,
01:20mais oui, des téléphones, il y en a beaucoup. Mais sur des quartiers, nous ce qui nous rassure,
01:24c'est sur des quartiers un peu spécifiques, où la dangerosité des personnes qui sont détenues est avérée,
01:30la semaine dernière, rien n'a été trouvé là-dessus.
01:33Alors hier, beaucoup ont découvert l'existence de ces petits téléphones, les micro-téléphones,
01:37indétectables aux portiques de sécurité.
01:40Vous en avez trouvé, vous déjà, à Valence, ou pas, ces téléphones ?
01:43Parce qu'on imagine souvent les smartphones, en fait, en prison.
01:45Mais c'est pléthore. Ces téléphones-là, ces petits téléphones qui sont épais comme mon pouce,
01:49épais comme un briquet, ça fait 15 ans.
01:5215 ans qu'on est sous le coup de ces livraisons-là.
01:57Et pourquoi ça tape aujourd'hui ?
02:00Pourquoi ça tape aujourd'hui ? Parce qu'il s'avère qu'il y a une opération judiciaire
02:03à l'endroit d'un site internet bien particulier qui fait son business,
02:09fait son bord et fait son chiffre d'affaires sur ce genre de technologie-là.
02:13Et justement, ils se sont rendus compte qu'il y avait, je crois, 5 000 téléphones portables
02:17qui avaient été rapidement commandés, et certains ont été, beaucoup ont été vendus,
02:23et vendus énormément sur à peu près 500 détenus,
02:27et hier sur commission rogatoire, parce qu'ils ont réussi à cibler.
02:31Encore une fois, c'est l'efficacité de nos forces de police,
02:33et l'efficacité de la partie du juge d'instruction qui arrive à cibler.
02:37Donc ils ont ciblé, ils sont allés toquer à la porte de cette énue,
02:42ils sont allés récupérer les téléphones.
02:44Ces téléphones, quand on dit qu'ils sont indétectables, c'est vraiment le cas ?
02:48Ah oui, parce qu'en fait, nous avons des portiques de détection de masse métallique.
02:53Masse métallique, ça veut dire qu'à un certain nombre de grammages,
02:57ça alerte.
02:59On a des réglementations qui nous disent que, même s'il y a des petites étoiles qui apparaissent,
03:03il faut qu'il y ait un retentissement sonore,
03:05pour qu'on puisse leur demander, opérer une fouille par palpation d'abord,
03:11et peut-être plus loin, une investigation plus poussée par la fouille à Corse.
03:16Fouille à Corse, on ne touche pas le détenu, bien sûr, bien évidemment.
03:19Pour arriver à trouver, il y a quelques mois, j'ai un exemple flagrant,
03:25il y a quelques mois, il est clairement avéré qu'un détenu utilise un tout petit téléphone.
03:30À la prison de Valence.
03:31À la prison de Valence.
03:32Il est vu, reconnu.
03:34L'achat d'établissement est allé au maximum de ses possibilités.
03:37Il a été fouillé par palpation,
03:39il a été fouillé, mis à nu pour vérifier s'il n'avait rien.
03:44L'achat d'établissement a saisi le procureur à la publique.
03:47Le détenu a été envoyé sous escorte à l'hôpital de Valence.
03:51L'hôpital de Valence, ils ont fait des radios.
03:54C'est ce qu'on appelle une exploration temporelle
03:56qui se fait uniquement dans le cadre médical et uniquement par le biais des radios.
04:01Le téléphone a été vu, il était dans le corps de la personne,
04:06mais chou blanc parce qu'on n'a pas le droit d'aller le récupérer.
04:09Vous heurtez effectivement un certain nombre de difficultés, dont celle-là.
04:13On l'entend bien, Fabrice Salamon.
04:14Vous êtes délégué UFAP-UNSA-Justice à la prison de Valence.
04:19On s'est parlé il y a à peu près un mois,
04:21quand il y a eu des menaces à l'encontre de vos collègues,
04:25de vous-même aussi, des surveillants.
04:28Est-ce que le calme est revenu ?
04:29Non, non, non, non.
04:30Ça continue ?
04:31Non, non.
04:31Tout ce qui s'est passé dans le cadre de ce groupuscule
04:35qui initialement devait être d'extrême gauche
04:37et qui, du fait, aujourd'hui, on le sait, s'est avéré,
04:40s'est tourné vers la criminalité organisée.
04:44Depuis que ça s'est passé, on a eu des faits sur Valence encore.
04:47Il y a eu des arrestations.
04:48Il y a eu des arrestations dans ce cadre-là.
04:51Il y a eu une arrestation sur Valence.
04:52Encore une fois, les forces de police ont été super efficaces.
04:56Ça s'est très bien fait.
04:57Mais une semaine, même pas quelques jours après,
04:59ces interpellations, j'ai un camarade qui s'est fait...
05:03Il était dehors avec sa femme et sa fille en train de faire du vélo.
05:07Quelqu'un est arrivé en voiture.
05:09Quand il l'a vu, il a accéléré un petit peu.
05:12Et ça s'est fini par...
05:14Je sais qui tu es.
05:15Je sais où t'habites.
05:16Je vais venir te rafaler.
05:17Et le gars est sorti de sa voiture et il a cassé la gueule de mon collègue.
05:20Il lui a cassé la gueule.
05:22Parce qu'il l'avait reconnu.
05:25J'ai une collègue qui habite sur Romand-sur-Isère.
05:27Ça faisait deux, trois jours qu'il pleuvait.
05:29Et puis, à un moment, il y a eu un feu de broussaille chez elle.
05:31Dans son jardin, un arbre...
05:34Hop !
05:35D'un coup, une combustion spontanée.
05:37Et un collègue qui habite en Ardèche, son véhicule a été incendié.
05:41Et encore autre chose, nos collègues qui font les escortes,
05:44il y a un groupe d'escortes qui a été pris en photo à l'hôpital de Valence.
05:47Et sur les réseaux sociaux, il a demandé...
05:49Je veux savoir...
05:51Merci de faire tourner.
05:52Je veux savoir quel est le nom de cette personne.
05:54Quel est son numéro de téléphone.
05:55Où est-ce qu'il habite ?
05:57Ça, c'est très récent.
05:57Ah, oui, ça continue.
06:00Et pour être en contact avec mes homologues, c'est partout dans la France, comme ça.
06:03Ça veut dire quoi ?
06:04Ça veut dire que l'État n'a pas fait le boulot de sécurisation que vous avez demandé ?
06:07Ça veut dire que l'État...
06:09C'est pas tant l'État, c'est surtout le législateur.
06:14Voilà.
06:14L'État vient, fait des propositions, nous parle de choses.
06:18Mais après, il y a toute la branche.
06:19Rien ne peut se faire sur un claquement de doigts.
06:21Mais on est encore là-dessus, en difficulté.
06:25Vous n'êtes pas plus en sécurité, selon vous, aujourd'hui, qu'il y a un mois ?
06:28Ah non, non, non.
06:29Non, on n'est plus sous le feu des projecteurs.
06:32On n'est plus...
06:32C'est plus tagué, revendiqué par ce DDPF.
06:35Mais ça continue, dans toute la France.
06:38Toute dernière question, en deux mots, vraiment.
06:40Gérald Darmanin avait demandé la suppression des activités ludiques en prison.
06:44Ça a été retoqué par le Conseil d'État.
06:46Vous en pensez quoi ?
06:47Alors, je veux préciser.
06:48Notre ministre avait dit ludique et farfelue.
06:50Nous, on avait posé la question, quel était son seuil de tolérance ?
06:54Qu'est-ce qui était pour lui une activité ludique, une activité farfelue ?
06:56Il faut savoir que les activités en prison, ça rentre dans le cadre de nos fonctions régaliennes.
07:01Pour préparer à l'insertion, le Conseil d'État a retoqué.
07:05Pourquoi ? S'appuyant, justement, sur le Code pénitentiaire.
07:07Les effets d'annonce, c'est bien.
07:09Quand je vous disais qu'il fallait que le législateur rentre en compte, c'est par rapport à ça.
07:13Mais c'était évident que ce genre de restrictions allaient être supprimées par le Conseil d'État,
07:21parce qu'ils sont très vigilants par rapport au légalisme.
07:24Bonne ou mauvaise nouvelle ?
07:25C'est une bonne nouvelle.
07:27C'est une bonne nouvelle parce que depuis qu'on a eu cette circulaire-là,
07:31une chape de plomb s'est mise sur des établissements.
07:34Alors que les chefs d'établissement devaient...
07:37C'était à leur main l'organisation, le financement et tout ça.
07:39Il y a une étape supérieure qui s'est créée, on a été mis sous tutelle
07:42par notre direction interrégionale qui, justement, étudiait au cas par cas.
07:46Mais voilà, c'était...
07:48Oui, c'est une bonne nouvelle parce que c'est l'application de la loi
07:52et du Code de notre métier.
07:55Fabrice Salamon, délégué UFA Punsa Justice à la prison de Valence.
07:59Beaucoup de problèmes encore aujourd'hui.
08:00On l'entend bien avec vous.
08:01Merci à vous.
08:02Merci.
08:02Passez une bonne journée.
08:03Vous aussi.