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  • 20/05/2025
DB - 20-05-2025

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00:01:00...
00:01:18Ça te parie qu'il y a-t-il ?
00:01:20Ah non, j'ai failli renverser mon thé !
00:01:22Quelle apparition, mon frère !
00:01:24Excusez-moi, ma chère soeur, mais j'ai failli crever de peur !
00:01:27Auriez-vous vu l'âme du père gardien des Capucins rôder autour de la place ?
00:01:31Les chiens de M. de Ménilouseau hurlent ce soir comme quand elle y est.
00:01:35Pourquoi dites-vous cela à l'abbé, ma soeur ?
00:01:38Vous savez bien qu'il est allé en Angleterre.
00:01:41Il ne croit pas aux revenants.
00:01:43Et pourtant, sur mon âme, c'est bien un revenant que j'ai vu.
00:01:46Oui, regardez-moi.
00:01:48Maintenant, de tous vos yeux écarquillés, vous donnez la migraine.
00:01:51C'est comme j'ai l'honneur de vous le dire. Je viens de voir un revenant.
00:01:54Un revenant du effrayant, mais pourtant réel, trop réel.
00:01:57Je l'ai vu comme je vous vois tous, comme je vois ce fauteuil, comme les sept langues.
00:02:01Ah ! Ah ! Ah !
00:02:03Oui, tant que tu voudras, Flemdra.
00:02:05Le revenant que j'ai vu était de chair et d'eau, comme toi et moi.
00:02:08C'était le chevalier des Touches.
00:02:12Le chevalier des Touches est mort il y a des années d'un coup d'épée dans le foie et d'un bout.
00:02:16Je n'ai pas la berlouche. Je viens de le voir sur la place des Capucins.
00:02:20Et même de l'entendre, car il m'a parlé.
00:02:23Il m'a saisi le bras de violence et il m'a crié.
00:02:26Je suis le chevalier des Touches.
00:02:29N'est-ce pas que ce sont des ingrats ?
00:02:36Il est vrai qu'ils ont une manière de récompenser les services
00:02:40qui pourraient bien rendre fous leurs serviteurs.
00:02:43Oui, nous sommes entre nous.
00:02:45Et nous les aimons assez pour pouvoir nous plaindre.
00:02:49Les Bourbons sont comme l'estuaire et ils finiront comme eux.
00:02:54Quand des Touches, de sa voix démence, m'a parlé d'un ingrat,
00:02:58il n'avait pas besoin de les nommer.
00:03:01Êtes-vous bien sûr que le chevalier était vivant ?
00:03:04Est-ce qu'un fantôme laisse des traces ?
00:03:07Il m'a produit l'effet d'un fou échappé de quelque hôpital.
00:03:10Il était affreux.
00:03:13Le chevalier des Touches a valeur.
00:03:16C'est par la mort Dieu, pourquoi pas ?
00:03:19Un homme qui a fait la guerre des choins et qui n'y est pas resté à la vie dure.
00:03:25Au lieu de débarquer à Grandville,
00:03:28il aura pris terre à Formail ou à Ovre de Carteret.
00:03:32Et il aura passé par Valogne pour retourner dans son pays.
00:03:36Car il est, je crois, du côté d'Avranches.
00:03:39Mais pourquoi l'avoir quitté si vite ?
00:03:42Moi, je l'aurais suivi et je lui aurais parlé.
00:03:45On ne suit pas un coup de vent.
00:03:48On ne parle pas à un homme qui est déjà très loin quand on commence à le reconnaître.
00:03:53Et cela par le temps qu'il fait, ma chère soeur.
00:03:56Nous lui aurions offert une tasse de thé comme à un ancien compagnon d'infortune.
00:04:00Et nous nous saurions régaler de son histoire.
00:04:03Elle doit être curieuse si c'est celle d'un ressuscité.
00:04:08Voulez-vous courir après le chevalier des Touches ?
00:04:15Vous parlez de des touches. Et voilà justement Aimée qui arrive.
00:04:18Quel jour sommes-nous ?
00:04:20Mercredi.
00:04:21C'est vrai, c'est son jour.
00:04:22Attention, ne parlez surtout pas de l'apparition de des touches.
00:04:25Aimée a beau être sourde, il y a des jours où sa surdité laisse passer des bruits.
00:04:29Aimée, c'est vous, mon Dieu, n'êtes-vous pas transie ?
00:04:32Mais voulez-vous donc que je m'en retourne ?
00:04:34Vous voilà tous en l'air parce que j'arrive.
00:04:37Je ne suis pas en l'air.
00:04:39Je ne suis pas en l'air.
00:04:42Je ne suis pas en l'air.
00:05:05Le troisième jour de la mort
00:05:06Le troisième jour de la mort
00:05:08Ce soir, Madame est dans sa tour, et je crains bien qu'elle n'en puisse descendre.
00:05:17Ce qui veut dire qu'elle est sourde comme un peau.
00:05:19Il paraît que les sourds voient les sons sur les lèvres et que les mots leur arrivent par les yeux.
00:05:25Vraiment, je regretterais d'être venue si je vois que je vous dérange, que j'interromps ce que vous disiez.
00:05:31Avec une fille d'aussi peu de ressources que moi dans la grosserie, il faut toujours faire comme si je n'y étais pas.
00:05:44Pourquoi votre avertissement tout à l'heure de ne pas parler de l'apparition du chevalier des touches ?
00:05:48Parce qu'il y a dans leur vie à tous deux un épisode secret qui a dû se dérouler après l'expédition des Douzes pour délivrer le chevalier.
00:06:02Vous ne connaissez pas l'histoire de l'enlèvement des touches ?
00:06:07Vaguement. Le chevalier l'a raconté brièvement à Londres, mais pas devant moi.
00:06:14Et cela fait si longtemps, vingt ans.
00:06:18Je me souviens qu'on l'avait surnommée la belle Hélène.
00:06:22Voilà bien les bons mots de l'émigration.
00:06:25Pendant que vous chassiez leurs nars sur les terres du Duc des Douzes,
00:06:28pendant que vous chassiez leurs nars sur les terres du Duc de Norton-Berland en compagnie de mon admirable frère,
00:06:35saviez-vous que j'ai fait partie des Douzes ?
00:06:38Je vais vous raconter, monsieur de Fierdra, pendant que vous boirez ces petites feuilles roulées dans l'eau chaude dont l'émigration vous a donné le goût.
00:06:45À la bonne heure. Voilà comme je vous veux et comme je vous aime.
00:06:50Cosiez entre vous et oubliez-moi.
00:06:54Tenez, monsieur de Fierdra.
00:06:57Regardez l'air placide de cette femme finie, dont la vie depuis vingt ans est désespérée et si simple.
00:07:04Elle n'entend plus.
00:07:06Regardez l'air placide de cette femme finie, dont la vie depuis vingt ans est désespérée et si simple.
00:07:13Elle n'entend plus.
00:07:16Elle ne vit que dans ses pensées, que dans ses souvenirs, qu'elle n'a jamais profanées par une confidence.
00:07:22Elle oublie le monde et le monde l'oublie.
00:07:27Elle ne voit que l'homme qu'elle a aimé.
00:07:30Non, elle ne le voit pas.
00:07:32Depuis que monsieur Jacques est mort, elle ne l'a jamais vue, mais elle en est hantée.
00:07:37Et c'est plus particulièrement au mois dans lequel il a été tué qu'il revient.
00:07:42C'est pour cela qu'elle ne peut pas, pendant ce mois-là, rester seule dans sa chambre quand la nuit est tombée.
00:07:47Toute sourde et archi-sourde qu'elle est, elle entend très bien alors des bruits effrayants.
00:07:52Des soupirs.
00:07:54Les anneaux des rideaux qui grincent comme si on les tirait avec violence.
00:07:58Les meubles qui craquent comme des marrons qu'on n'a pas coupés et qui sautent hors du feu.
00:08:03Une fois, je les ai entendus avec elle et je lui ai dit, tout apeuré,
00:08:07mais c'est bien sûr son âme qui revient vous demander des prières, Aimée.
00:08:11Et Aimée m'a répondu gravement. Elle était beaucoup moins troublée que moi.
00:08:16Je fais toujours dire une messe à l'hôtel des morts les lendemains des soirs où j'entends cela.
00:08:20C'est Aimée qui croit aux fantômes, mais pas comme vous, Sainte.
00:08:25C'est Aimée qui peut très bien croire aux fantômes qu'elle voit dans son cœur.
00:08:30Elle a toujours été, elle est encore pour nous, un mystère.
00:08:35Aimée connaissait des touches.
00:08:38Elle l'avait rencontrée dans la banche, chez une de ses tantes, une vieille chouenne.
00:08:42Et bien, quand elle a rencontré des touches à Touve-Tenis,
00:08:48son front, sa joue, son cou, ce qu'on apercevait de ses épaules,
00:08:57tout s'est inondé soudain du vermillon de la flamme.
00:09:01Et c'était à se demander si tout ce qu'on ne voyait pas de sa personne
00:09:06se colorait comme ce qu'on en voyait.
00:09:10Et chaque fois qu'ils étaient ensemble,
00:09:13c'était ce coup de soleil qui la transformait en statue de coraille vivante.
00:09:24Les années sont venues.
00:09:27La vie n'est plus pour elle qu'un grand silence dans une seule pensée.
00:09:33La surdité l'a renfermée dans sa tour, comme elle dit.
00:09:37Mais que le nom de des touches, dont on parle bien peu maintenant, soit dit devant elle par hasard,
00:09:43et que ce soir-là soit aussi un jour où elle entend,
00:09:48la rougeur reparaîtra.
00:09:53Tenez, je ne voudrais jamais lui faire la moindre peine,
00:09:59mais si je me levais, si j'allais jusqu'à elle,
00:10:03qui travaille à sa broderie sans entendre un seul mot de ce que je dis,
00:10:09et si je lui criais, aimez, le chevalier des touches n'est pas mort.
00:10:15L'abbé vient de le rencontrer sur la place.
00:10:19Eh bien, parions que la rougeur reparaîtrait sur son visage.
00:10:33En ces instants, l'homme avec qui elle partage son secret,
00:10:37erre dans les rues de Valogne,
00:10:40comme le roi lire par la pluie et par la tempête.
00:10:44Et elle gronde.
00:10:47Vous dites qu'il est dément,
00:10:50mais peut-être y a-t-il dans un coin de sa tête un peu de lucidité.
00:10:54Il est peut-être à la recherche de son souvenir.
00:10:57Il sait que les demoiselles Toupetelis ont abandonné leur château pour vivre à Valogne.
00:11:02Peut-être sait-il que la femme qui rougit au seul énoncé de son nom
00:11:07est là, toute proche.
00:11:32Ne bougez pas, chevalier, ils sont là.
00:11:34Vous ne pouvez vous battre, chevalier.
00:11:36Pensez à vos dépêches pour Londres.
00:11:39C'est vous que cherchent les bleus.
00:11:41Quelqu'un vous a dénoncés.
00:11:47Vous avez raison.
00:11:50Vous avez raison.
00:11:53Vous avez raison.
00:11:56Vous avez raison.
00:11:58Vous avez raison.
00:12:19Ce n'est pas lui, c'est une femme.
00:12:29Les femmes de notre naissance
00:12:32ne se déshabillent pas devant un homme.
00:12:36Si je me déshabille, chevalier,
00:12:39c'est qu'il n'y a pas d'homme ici.
00:12:45J'ai quitté ma robe blanche de mariée
00:12:47pour ensevelir mon mari.
00:12:49Tu es le jour des noces,
00:12:52en vous arrachant ton main des bleus.
00:12:54Aujourd'hui, je quitte ces vêtements noirs de deuil
00:12:58pour sauver votre vie et notre cause.
00:13:02Mon mari et moi,
00:13:04nous aurons sacrifié ce que nous avions de plus précieux
00:13:09pour vous.
00:13:25Vous pouvez me regarder, chevalier.
00:13:28Je suis belle.
00:13:31Vous m'offenseriez en détournant vos regards.
00:13:37Croyez-vous qu'il détourne les leurs, ce chien ?
00:13:40Je connais ce genre de femme.
00:13:42Détouche-les pas, là. Il ne peut pas être là.
00:13:45Mon Dieu, qu'elle est belle, cette chouane.
00:13:48Et pendant ce temps-là, il nous file entre les doigts.
00:14:25Est-ce le signal d'aller chouaner dans les rues de Valogne ?
00:14:29C'est bien vous, ma sœur.
00:14:31Toujours prête à mettre vos caleçons de velours rayés,
00:14:34vos grosses potes de gendarmes,
00:14:37et à monter à Califourchon votre pouliche
00:14:40pour le comte des Bourbons.
00:14:42Toujours.
00:14:45Et le cri de la chouette me donne une démangeaison de dragonnades au clair de lune.
00:14:54La Grande Guerre, la Grande Guerre,
00:14:57la Grande Guerre, la Grande Guerre.
00:15:24La Grande Guerre, ainsi que nous appelions la guerre de Vendée,
00:15:27était malheureusement finie.
00:15:32L'exécution de Charrette,
00:15:34le massacre de Quiberon,
00:15:36l'échec de la roche Jacquelin sous les murs de Granville
00:15:39avaient été la mort de nos plus chères espérances.
00:15:43Aucun des chefs normands qui avaient dans notre cotentin
00:15:46essayé d'organiser une chouanerie
00:15:48à l'instar de celle d'Anjou et d'Humaine,
00:15:51aucun d'eux n'imaginait plus que le sort de la guerre royaliste
00:15:54pût être encore heureux.
00:15:57Même dans ce temps où l'inflammation des esprits
00:16:00rendait toute illusion facile.
00:16:04Jamais depuis la mort du roi et de la reine,
00:16:06et depuis que la guerre civile avait fait deux camps,
00:16:09nous n'avions eu, nous autres royalistes,
00:16:12le courage sinon plus abattu,
00:16:14du moins plus navré.
00:16:17Si nous tenions encore,
00:16:19c'était pour l'honneur.
00:17:19Il n'y a rien de bleu dans les parages.
00:17:49La tempête s'arrête à votre porte.
00:18:16Je ne me sens vraiment en sécurité qu'un touffe de lice.
00:18:21Mesdemoiselles, mesdames,
00:18:24ce gentilhomme a fait la guerre d'Humaine.
00:18:27Permettez-moi de vous le présenter sous le nom qu'on lui donna alors,
00:18:31et qu'on lui donne encore.
00:18:33Monsieur Jacques.
00:18:34Par Dieu, il est bien connu sous ce pseudonyme-là dans l'Humaine.
00:18:39Il a insurgé assez de paroisses.
00:18:42Monsieur Jacques.
00:18:44Jacques.
00:18:47Jambe d'argent lui-même s'incline devant l'intrépidité et le génie de général de M. Jacques.
00:18:53Vous n'êtes donc pas mort?
00:18:55Je me suis réfugié en Angleterre.
00:18:58Dès que les princes ont su que M. de Froitée
00:19:00cherchait à ranimer les insurrections sur les confins de la Normandie et de la Bretagne,
00:19:04ils m'ont chargé d'une mission personnelle auprès de lui.
00:19:07Je suis venu de guernoser à la Côte de France dans le canot de détouche.
00:19:10Mais il ne peut tenir qu'un seul homme.
00:19:12Il a failli sombrer cent fois sur notre poids.
00:19:14M. Jacques.
00:19:16Voici nos héroïques hôtesses.
00:19:18Ursule et Sainte de Touffedélis.
00:19:21Elles ont tellement aimé des gens de leur terre
00:19:23qu'elles ont cru pouvoir se dispenser d'émigrer.
00:19:25Ainsi que moi, chevalier. Ainsi que moi.
00:19:28Pendant que mon frère l'abbé de Persil chasse le renard dans la campagne anglaise,
00:19:33nous nous occupons de ce côté-ci de la Manche.
00:19:36A bien autre chose qu'affiler nos counouilles de lin, comme dit la chanson bretonne.
00:19:40M. le nouveau venu, voici Mlle Hortense de Vélie.
00:19:44Elisabeth de Manville.
00:19:47Joanne de Montervreux.
00:19:49Mesdames Iseudore Glande et Fébé de Thiboutot.
00:19:55Et voici Mlle Hémé de Spence.
00:20:04Les pères, les maris, les frères ont émigré.
00:20:07Ces dames n'ont pas voulu ou pas pu les suivre.
00:20:10Elles se sont réfugiées ici, au milieu des paysans
00:20:13chez qui un vieux respect existe encore pour leurs familles.
00:20:16Les représentants du peuple en mission vous oublient.
00:20:19Apparemment, il n'y a que des femmes à Touffedélis.
00:20:23On voit moins les hommes et les armes derrière les robes.
00:20:27La révolution nous a brûlés. Nous avons abattu nos défenses.
00:20:33Dans le jardin, nous avons supprimé nos corbeilles de lys.
00:20:36Nous les avons partout remplacées par des lylas.
00:20:39Les lylas, c'est peut-être des lys sans deuil.
00:20:42Bref, nous nous sommes faites humbles devant la République.
00:20:45Votre château, mesdemoiselles, est le quartier général rêvé.
00:20:49Tout près d'une côte solitaire, presque inabordable à cause des récifs.
00:20:55Touffedélis semble avoir été placé là, comme avec la main,
00:20:59en prévision des guerres de partisans.
00:21:03Seulement, vous le comprenez, la sécurité exige que les chouans
00:21:06qui s'abouchent ici pour comploter leur guerre dans Buscate
00:21:08ne soient jamais trop nombreux.
00:21:11Vas-y, dépêche de Londres.
00:21:13Nous allons vous conduire auprès de M. de la Varennerie,
00:21:15qui vous attend dans la chambre bleue.
00:21:17Je vais dormir un peu, si vous le permettez.
00:21:19Et ce soir, je pars rejoindre M. de Frotté.
00:21:21Moi, je rembarque avec la prochaine marée.
00:21:33Sous-titrage MFP.
00:22:33Au revoir, chevalier.
00:22:47Portez mon salut à Londres et revenez-nous bientôt.
00:22:50Au revoir, monsieur.
00:22:52Portez mes dépêches à M. de Frotté.
00:22:54Qu'il fasse décrocher du manteau de la cheminée
00:22:56le fusil de ces paysans qui aiment mieux leur bout de terre que le roi,
00:22:59qui aiment plus leur porte-monnaie que les nobles.
00:23:03Demandez-lui de nous rallumer une bonne guerre, bien sanglante.
00:23:09Au revoir, mademoiselle.
00:23:11Au revoir. Le reflux m'attend.
00:23:29Le reflux m'attend.
00:23:59Le reflux m'attend.
00:24:29Attention, Aimée, il va glisser. Laissez-la passer à Ursule.
00:24:31Non, je serai assez forte. Je veux le porter.
00:24:47Allons, mesdames.
00:24:49Pas de pruderie.
00:24:51La guerre empêche les affectations et les petites mines.
00:25:00Nous allons pouvoir compter ces blessures.
00:25:03Nous les panserons toutes, ma foi, de nos mains de demoiselles.
00:25:07Mais il n'y a pas de chirurgien au château.
00:25:09Il y a une chirurgienne.
00:25:11Je sais les brider, les blessures.
00:25:13Vous serez mes aides.
00:25:22Si nous le sauvons,
00:25:24quel beau bijou guilloché ce sera pour la demoiselle d'entre vous
00:25:27qui voudra se le passer autour du cou.
00:25:34Il est presque aussi beau que des touches.
00:25:55Néanmoins, il ne serait vu à pointe encore
00:25:58et il fit tout ce qu'il put imaginer de capable de la faire changer de dessin.
00:26:03Enfin, des années entières s'étant passées,
00:26:06le temps et l'absence ralentirent sa douleur
00:26:09et éteignirent sa passion.
00:26:12Mme de Clèves vécut d'une sorte
00:26:14qui ne laissa pas d'apparence qu'elle pût jamais revenir.
00:26:17Elle passait une partie de l'année dans cette maison religieuse
00:26:20et l'autre chez elle, dans une retraite
00:26:22et dans des occupations plus saintes que celles des couvents les plus austères.
00:26:27Et sa vie, qui fut assez courte,
00:26:29laissa des exemples de vertu inimitables.
00:27:20C'est lui, c'est la gueule !
00:27:50C'est lui, c'est la gueule !
00:28:20C'est lui, c'est la gueule !
00:28:50C'est lui, c'est la gueule !
00:29:20C'est lui, c'est la gueule !
00:29:50C'est lui, c'est la gueule !
00:29:51C'est lui, c'est la gueule !
00:29:52C'est lui, c'est la gueule !
00:29:53C'est lui, c'est la gueule !
00:29:54C'est lui, c'est la gueule !
00:29:55C'est lui, c'est la gueule !
00:29:56C'est lui, c'est la gueule !
00:29:57C'est lui, c'est la gueule !
00:29:58C'est lui, c'est la gueule !
00:29:59C'est lui, c'est la gueule !
00:30:00C'est lui, c'est la gueule !
00:30:01C'est lui, c'est la gueule !
00:30:02C'est lui, c'est la gueule !
00:30:03C'est lui, c'est la gueule !
00:30:04C'est lui, c'est la gueule !
00:30:05Le chevalier devrait déjà être ici.
00:30:27La varinerie l'attend pour partir avec le courrier des princes.
00:30:34À force de tendre l'oreille, j'entends comme un bruit de cloche.
00:30:38Il n'y a pourtant plus de cloche.
00:30:40On les a toutes descendues de tous les clochers.
00:30:42On les a fendues en canon pour la république.
00:30:44Moi aussi, j'ai toujours peur du toxin.
00:30:47S'il arrivait un malheur au chevalier des touches...
00:30:50On ne le remplacerait pas.
00:30:52Tous ces messieurs qui viennent à Touffes-de-Lys pour y concerter la guerre sont braves, assurément.
00:30:57Ils n'ont pas plus peur que lui de laisser leur cadavre au crabe.
00:31:01Mais il n'y a que lui pour traverser la Manche par n'importe quel temps.
00:31:05Aussi froidement que s'il s'agissait d'avaler un simple verre d'eau.
00:31:08Ils se mettent à la mer comme un poisson.
00:31:10Allons scruter la mer et guetter comme ce rame.
00:31:30La femme du jardinier m'a raconté, et c'est vrai, une fois dans les terres entre Avranches et Grandville,
00:31:53il s'est battu seul contre une troupe de républicains.
00:31:56Il était enfermé, barricadé dans un grenier.
00:31:59Il pleurait toute la nuit par les lucarnes, émis par terre une soixantaine de bleus,
00:32:03et puis au jour, il a disparu par le toit.
00:32:05Comme s'il avait des ailes dans le dos et sur la langue du trèfle à quatre feuilles.
00:32:09Le chevalier vaut le regarder comme un miracle, avec sa délicate figure d'ange.
00:32:13Mais c'est un coeur de granit coupant, ma chère.
00:32:16Visage blanc, lèvres larges et rouges, signe de cruauté, dit-on.
00:32:22Ce sanson de Sandalila n'est pas de la même nature que les autres choix.
00:32:27Et sa vie a-t-il une face comme eux?
00:32:29Mais j'ai l'impression qu'ils choignent plus pour choigner que pour Dieu et pour le roi,
00:32:34pour le plaisir.
00:32:42Aimer de Spence est le chevalier des touches.
00:32:45Il ferait cela, n'est pas douté, au supérieur des couples.
00:32:48Homme de ma vie, le chevalier n'est pas de souche à épouser une de Spence.
00:32:52Il me semble qu'un homme comme des touches doit être terrible à aimer.
00:32:56Je ne sais pas.
00:32:58Aimée n'aime point des touches, elle aime le beau Tristan.
00:33:01Tristan, c'est comme des touches, c'est Monsieur Jarre.
00:33:06Ce n'est pas un homme que j'aurais songé à aimer si j'avais été bâti pour les sentimentantes.
00:33:11Il n'a pas la beauté féminine et cruelle du chevalier.
00:33:14Il est plus viril, mais il a aussi son côté femme, la mélancolie.
00:33:20Mais il est triste, ma chère Percy.
00:33:22Vous savez bien qu'on dit qu'il a des raisons pour cela.
00:33:25On se dit dans le tuyau de l'oreille qu'il est un commandeur de Malte et qu'il a prononcé ses vœux.
00:33:30Les chevaliers de Malte sont tenus au célibat comme les prêtres.
00:33:34Si cela est, est-ce qu'il tromperait Aimée en lui faisant croire qu'il peut être à elle?
00:34:25Chérie, attention.
00:34:44Mon fiancé est encore faible.
00:34:47Que je suis heureuse.
00:34:55Comment vous êtes-vous dessinée?
00:34:56Aimée l'a bien nommée.
00:34:58Ma délicate est blonde.
00:35:00Voici donc l'homme à qui vous ne cesserez plus de penser.
00:35:24L'homme à qui vous ne cessez plus de penser.
00:35:47Détouché pris.
00:36:06Qu'est-ce que vous dites?
00:36:08Le chevalier détouché pris.
00:36:11Cherchez du vin pour juste le breton.
00:36:19Le farfadet du plancher des vaches.
00:36:22Le charmeur de vagues comme on l'a baptisé dans les campagnes.
00:36:26Ça ne pouvait pas durer toujours.
00:36:30Les bleus.
00:36:33Les bleus, ils étaient exaspérés de ne pouvoir tenir la guêpe.
00:36:38Comme ils l'appellent.
00:36:40Pour l'écraser sous leurs talons.
00:36:42Comment est-ce arrivé?
00:36:45Je ne sais rien.
00:36:48Avec un pareil homme, il faut qu'il y ait eu trahison.
00:36:51Il faut qu'il n'ait pas pu se battre.
00:36:54Parce que je suis fort, Jésus-Dieu.
00:36:56Mais il est encore plus fort que moi sous ces dehors de donzelles à marier.
00:37:01Excusez-moi, mesdames.
00:37:06Un jour, à la foire de Bruquebec, j'y étais.
00:37:21On avait traité le chevalier de Chouan avec insolence.
00:37:25Il a tenu tête à quatre paysans et pas des mauviettes.
00:37:28Et il leur a tordu leur bâton entre ses mains charmantes comme si c'était des roseaux.
00:37:32Je l'ai vu.
00:37:34Un brigadier de gendarmerie.
00:37:36Un colosse.
00:37:38Il l'a pris par la cravate.
00:37:40Et il lui a attrapé le pouce entre ses dents.
00:37:43Ses petites dents.
00:37:45Et il l'a coupé net. D'un seul coup.
00:37:48Puis il l'a soufflé à la figure du brigadier tout en s'échappant d'un bond qui a trouvé la foule qui s'était ameutée autour d'eux.
00:37:54Je l'ai vu.
00:37:57Depuis ce jour-là, je l'avoue, ce coupeur de pouce m'a paru beaucoup moins mauviette.
00:38:02Un problème comme des touches ne peut pas être pris tant qu'il y a un chemin de boue avec un fusil et une baraque poudre.
00:38:08Il n'en faut même pas de temps.
00:38:11Avec nos seules mains vides, nous le reprendrons.
00:38:14Tout ce que je sais, c'est qu'il a été enveloppé par toute une troupe.
00:38:17On dit un bataillon complet du côté de Coutence.
00:38:20Et qu'on l'a enfermé dans la prison en attendant son exécution.
00:38:23Il ne tardera guère.
00:38:25La République n'y va pas de main morte.
00:38:27En l'occurrence, il faut qu'Elia ait de main vive si elle ne veut pas que la guêpe lui échappe.
00:38:38La chouette a crié du côté de Touffedelis.
00:38:57La chouette a crié du côté de Touffedelis.
00:39:27Il en vient trop.
00:39:43C'est une folie que tout ce nombre dirigeait vers un point unique.
00:39:46La vivacité de leurs ailes risque de compromettre l'existence d'un quartier général aussi commode pour les guérillas que Touffedelis.
00:39:54Mes amis.
00:39:57Votre présence montre l'importance de la tâche qui nous attend.
00:40:01Mais votre prudence vaut votre bravoure.
00:40:04A l'intérieur d'un pays hostile, les petites bandes sont plus efficaces que les grandes.
00:40:10Quelques hommes suffisent pour reprendre le chevalier des touches.
00:40:15Que ceux qui ne seront pas appelés me pardonnent et quittent sur le champ Touffedelis pour se détruire.
00:40:21Et quittent sur le champ Touffedelis pour se disperser.
00:40:52La varinerie.
00:41:09Le pays.
00:41:25Beaumont.
00:41:36Saint-Germain.
00:41:50La chapelle.
00:41:53Campion.
00:42:00Le planquet.
00:42:04Les fontaines.
00:42:12Juste le breton.
00:42:29Vinel-Royal-Aunis.
00:42:37C'est tout.
00:43:07Messieurs.
00:43:36Le château.
00:43:52Ce château a le double avantage des bois et de la mer.
00:43:55Il n'est qu'à trois heures de marche de coutence pour un homme à l'embonpas.
00:43:59Les touches n'est pas un simple prisonnier. C'est une capture.
00:44:02Il vaut bien le prix d'un vaisseau de ligne pour le roi de France.
00:44:05Ils le défendront avec acharnement contre tous ceux qui tenteront de le reprendre.
00:44:10Peut-être.
00:44:12Mais il n'y a avec eux qu'une brigade de gendarmerie et une garde nationale mal armée.
00:44:18Et cette garde compte, à ce qu'on m'a dit, pas mal de royalistes.
00:44:35Il ne faut pas attendre. Il faudra fondre sur eux comme la foudre.
00:44:40Mais plus tard, dans la nuit.
00:44:47Messieurs.
00:44:49Onze est un mauvais compte et vous porterez malheur.
00:44:52En fait de héros, les chouins comptent treize à la douzaine, cela est vrai.
00:44:56Encore faut-il qu'il soit douze.
00:44:59Vous le savez, messieurs, j'aime plus les fusils que les fuseaux.
00:45:03Les culottes de boulot rayées et les grosses bottes me vont mieux que ces affutus-là.
00:45:08Emmenez-moi.
00:45:10Je ne suis pas une novice.
00:45:12J'ai plus d'une fois, sous des vêtements d'hommes, servi d'officier d'ordonnance ou de courrier
00:45:16aux chefs qui ont insurgé le Maine et armé le Cotentin.
00:45:20Pour la maison des Bourbons, j'ai déjà monté à Califorchon et fait le coup de feu dans les buissons.
00:45:26Et puis, je suis chirurgienne majeure, je sais toucher une blessure.
00:45:42Nous acceptons, vous nous servirez d'éclaireur.
00:46:11Mais comme une femme aspire moins de défiance qu'un homme, vous resterez femme.
00:46:21Vive le roi.
00:46:34Je bois à l'enlèvement du chevalier des touches.
00:46:46Me donnerez-vous ce foulard pour en faire un tour de cou?
00:47:08Pourquoi êtes-vous si triste? Vous ne croyez pas au succès de l'enlèvement du chevalier.
00:47:14Pardon mademoiselle, je crois très fort à l'enlèvement des touches.
00:47:17Mais je suis sûr que j'y mourrai.
00:47:20Alors pourquoi y allez-vous?
00:47:22Mais mademoiselle, c'est une raison de plus.
00:47:25Je me casse la tête pour savoir comment ils ont pu le prendre.
00:47:29Mais le fait est là, ils l'ont pris.
00:47:32Je l'ai vu entrer dans Coutence, au centre du bataillon des Bleus, qui était massé autour de lui, armes chargées.
00:47:38Ils lui avaient mis au point des chaînes de fer au lieu de menottes.
00:47:42Une baïonnette lui coupait les coins de la bouche.
00:47:45Ils l'avaient couché sur une civière de fusil et bouclé avec des ceinturons de sabre.
00:47:49Et pour l'humilier, ils le soufflotaient avec le drapeau de leur république.
00:47:53Je le voyais.
00:47:55Il était fou de fureur.
00:48:26Messieurs, vous allez partir tout à l'heure.
00:48:30Quand reviendrez-vous et combien reviendrez-vous?
00:48:34Dieu le sait.
00:48:36J'ai voulu, pendant que vous êtes tous ici encore,
00:48:39vous prier d'accepter d'être les témoins de mon mariage
00:48:43avec M. Jacques.
00:48:48Acceptez-vous.
00:48:56Voici ma main, qui est à vous.
00:49:09Soyez témoins, messieurs, que moi, Aimée, Isabelle de Spence,
00:49:13marquise de Spence, comtesse de la Talon ici présente,
00:49:17je prends aujourd'hui pour époux et pour maître M. Jacques,
00:49:21actuellement soldat au service de sa majesté, notre roi.
00:49:25La fidélité envers notre roi nous fait un devoir d'ignorer le clergé
00:49:29qui a accepté les lois de la république.
00:49:32Nous sommes donc forcés, par la nécessité de ces tristes temps
00:49:35qui n'ont plus ni église ni prêtre,
00:49:38d'attendre des jours meilleurs afin de ratifier et consacrer
00:49:41l'engagement solennel que je contracte aujourd'hui.
00:49:45J'ai voulu, au moins devant vous qui êtes ici,
00:49:49au moins devant vous qui êtes chrétiens et gentils hommes,
00:49:52jurer en pleine liberté d'âme,
00:49:55obéissant ses fidélités à M. Jacques,
00:49:58et lui engager ma foi et ma vie.
00:50:03Il n'y a pas seulement une croix sur laquelle je puisse prononcer mon serment.
00:50:09Si, madame.
00:50:13Toi, juste le breton.
00:50:16Tu n'es pas gentil homme,
00:50:19mais ton courage t'a rendu digne de porter l'épée.
00:50:23Tu as été ennobli par les gentils hommes qui t'ont traité en égal
00:50:26en croisant le fer avec toi.
00:50:29Tiens, prends cette épée.
00:50:32Tu vas la croiser avec la mienne.
00:50:43Voilà de belles noces.
00:50:46Mais on danse aux noces!
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00:54:42Nous allons marcher réunis, pour nous disperser ensuite,
00:54:58et nous retrouver aux portes de Coutances,
00:55:01dans une place que la varinerie nous indiquera.
00:55:04J'ai des paysans sûrs, j'vois, même à l'occasion.
00:55:07C'est de là que nous lancerons l'opération.
00:55:09Mademoiselle de Percy ira ferrer du côté de la prison,
00:55:12et elle nous rejoindra en haut de la rue Montargret.
00:55:15Vive l'ombre!
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00:57:09Dans mon pays, les moulins à eau s'appellent des poutis bleus.
00:57:12Mais du diable!
00:57:14En voilà un, comme je n'en avais jamais vu.
00:57:17Cela l'étonnerait un peu si d'une balle, on lui cassait son seau au nez.
00:57:20Le vent se lève, ça vient de la mer.
00:57:23Il va peut-être nous apporter des nuages et du brouillard.
00:57:27Ça va?
00:57:30On dirait que tu m'as vraiment manqué.
00:57:32Je t'ai manqué?
00:57:35Je t'ai manqué de tout.
00:57:38Et d'une balle?
00:57:41Tu m'as manqué de tout.
00:57:44Quand il y a du bruit, je suis le meilleur.
00:57:47Je suis le meilleur de toutes.
00:57:50Comme tu le dis, je suis le meilleur de tous.
00:58:23Nous devons rester ici, attendre, et l'arracher à l'échafaud au dernier moment.
00:58:53Le chevalier doit être en raccourci cette semaine.
00:59:23Le geulier est une geulière, elle s'appelle Oxon.
00:59:25On dit qu'elle a goûté au cœur de M. De Belzins quand on l'a massacrée.
00:59:28Je ne sais pas si c'est vrai,
00:59:30mais là, Oxon a une tête qui ne démentirait pas ses bruits.
00:59:33Faut y envoyer Vinel Royal au Nice.
00:59:35Il a des épaules, une langue à laquelle il fait tout dire,
00:59:38et une bonne poignée d'assignats.
00:59:39Je l'accompagne.
00:59:43Quoi qu'il arrive, attendez-nous ici.
00:59:45C'est un lieu de rendez-vous idéal.
00:59:52Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai l'impression qu'il y a quelqu'un.
01:00:23Bonjour, ma cousine.
01:00:46Comment vous portez-vous, cousine?
01:00:48Vous ne me remettez donc pas?
01:00:50Je suis le cousin de Carquebut,
01:00:52le trépied de Carquebut.
01:00:54Je n'ai pas voulu venir à la foire de Coutances
01:00:56sans vous souhaiter bien des prospérités.
01:00:58En fait, trépied, je ne connais que ça.
01:01:00Tu mériterais bien que je te l'envoie par la figure
01:01:03pour te punir de tes insolences, méchant barbouillé.
01:01:06Ah, cousine, cousine.
01:01:08Vous vous appelez bien Oxon,
01:01:10alors vous êtes la cousine de Carquebut.
01:01:13Ils m'ont tellement parlé de leur cousine de Coutances
01:01:15avant mon départ pour l'armée,
01:01:17pendant la première réquisition,
01:01:19que j'ai pu revenir à Carquebut,
01:01:21je me suis promis de profiter de la première occasion
01:01:23pour faire connaissance et amitié avec vous.
01:01:26Ah, et la fillette.
01:01:30Comment s'appelle-t-elle, la fillette, ma cousine?
01:01:32Jacquotte.
01:01:34C'est la petillote à mon fils.
01:01:36Votre fils?
01:01:38Et qu'est-ce qu'il fait dans votre fils, ma cousine?
01:01:42Les soins me l'ont tué.
01:01:49Pas au combat, mais après le combat.
01:01:53Il est tombé dans une embuscade,
01:01:57après une chaude affaire
01:01:59où les Bleus avaient couché par terre pas mal de soins
01:02:04parce qu'ils avaient avec eux un canon.
01:02:09Ils l'ont enterré vivant, lui et 23 autres Bleus,
01:02:14enterrés jusqu'au cou.
01:02:18Jusqu'à la place, tu sais,
01:02:20ce qu'on appelle le collier de la guillotine.
01:02:25Quand ils ont vu ces 24 têtes qui sortaient du sol
01:02:29en manchées de leur cou,
01:02:31on aurait dit des quilles.
01:02:33Alors les chouans,
01:02:35ils ont fait une partie de ces quilles-là
01:02:38avant de quitter le champ de bataille.
01:02:41Ils les ont abattues à coups de boulet.
01:02:43La tête de mon fils, ils l'ont fracassée en morceaux.
01:02:50Je l'ai vue.
01:02:52J'ai été le voir.
01:02:55J'ai voulu le voir, tu comprends?
01:03:01De du sang plein l'herbe
01:03:05jusqu'à sur les basses feuilles des branches.
01:03:13C'est ainsi que le fils aux sons apérit.
01:03:18J'ai pas pleuré.
01:03:22Tu m'entends?
01:03:24J'ai pas pleuré!
01:03:35J'ai pas pleuré!
01:04:06Tu m'as donc voyé!
01:04:08Tu n'es qu'un chouan et tu viens pour le prisonnier!
01:04:11J'ai pas peur de mourir!
01:04:36Qu'il touche!
01:04:38Ici!
01:04:51Tu n'en feras pas!
01:04:53Ou bien je le tue avant et moi avec!
01:04:59Tu n'en feras pas!
01:05:01Ou bien je le tue avant et moi avec!
01:05:28Tu n'es qu'un chouan et tu viens pour le prisonnier!
01:05:59Détouche!
01:06:00L'agent garde a échappé.
01:06:02Nous ne pouvons plus rester.
01:06:04Rejoignons les autres.
01:06:29Vinel est mort!
01:06:31C'est ma faute!
01:06:33Je n'ai pas assez serré le cou de la sentinelle.
01:06:36Ils vont exécuter des touches tout à l'heure.
01:06:59L'agent garde a échappé.
01:07:02Nous ne pouvons plus rester.
01:07:28Nous ne pouvons plus rester.
01:08:29Emportons-le!
01:08:31Il se vengerait de nous refusant un cadavre!
01:10:28On ne s'en va pas comme ça, mon mignon, quand on a le bonheur de rencontrer des chasseurs
01:10:46du roi avant son déjeuner.
01:10:47Je te promets que tu n'iras dire à personne que tu nous as vus ce matin.
01:10:51Laissez cette bécasse.
01:10:52Ce n'est pas un espion, c'est Courard, Courard de Marchesieux.
01:10:56Il est compagnon horloger chez le Calus.
01:10:58Je le connais, c'est un royaliste.
01:11:00Il se poudre ce qui lui reste de cheveux pour l'unique raison que c'était la mode des
01:11:03gens comme il faut avant cette malheureuse révolution que nous vivons.
01:11:07Un ouvrier horloger doit toujours avoir quelque outil en sa poche.
01:11:09Courard, eh Courard, ce sont des amis.
01:11:12Oh, monsieur de la Varennerie, oui, comment donnessez-vous aussi, monsieur de Beaumont.
01:11:21Oh, j'ai bien l'honneur de vous présenter très humblement mes respects et mes civilités.
01:11:26Je dois dire que je ne m'attendais pas à vous rencontrer si bon matin.
01:11:32Oui, c'est un peu jour pour nous qui sommes les chevaliers de la belle étoile.
01:11:34Le soleil levant marque l'heure de notre couvre-feu.
01:11:37Nous avons tout le service du roi.
01:11:39Vous êtes un bon royaliste, Courard.
01:11:41Oui.
01:11:42Eh bien, vous apprendrez avec plaisir que nous avons fait de la besogne cette nuit incoutance
01:11:46et nous avons besoin de vous pour l'achever.
01:11:48Mais, moi, je ne vois pas très bien ce...
01:11:52Oh, c'est pour l'heure.
01:11:53Oui, c'est moi qui régle le soleil.
01:11:56Tenez.
01:11:57Voilà le travail.
01:11:58Il devait y avoir sur vous quelques limes ou un ressort de montes qui serait encore mieux.
01:12:03Eh bien, limez-moi toute cette ferraille-là et vous pourrez vous vanter dès que le roi
01:12:09reviendra d'avoir été un délibérateur de détouche.
01:12:12C'est pour scier les fers du chevalier détouche?
01:12:16De ma vie entière, je n'aurais jamais eu une besogne qui me procure autant de plaisir.
01:13:16Je n'ai jamais montré une nuire-là, je ne m'en donnais autant de tintouin que ces
01:13:35maudites chaînes.
01:13:36Travaillez et soyez tranquilles.
01:13:37Je vous jure par Dieu et par tous les saints du calendrier que personne ne vous donnera
01:13:41de distraction pendant que vous travaillez.
01:14:13J'ai mis toute la patience d'un homme patient et j'y ai ajouté celle d'un horloger.
01:14:34Merci à vous tous.
01:14:59Merci.
01:15:06Messieurs, le roi vous doit un serviteur qui va recommencer son service.
01:15:10Dès ce soir, j'aurai repris la mer.
01:15:13Le soleil est encore trop haut pour que nous puissions nous montrer réunis en armes.
01:15:17Il faut nous séparer.
01:15:19Dans deux heures, nous pourrons nous rejoindre au moulin qui est là, à votre droite, sur
01:15:24la greffe.
01:15:25C'est le moulin bleu.
01:15:26Le moulin bleu en effet, oui.
01:15:27C'est au meunier bleu de ce moulin-là que je dois l'avoir été pris par trahison.
01:15:31J'ai juré dans mon cœur qu'il paierait argent comme temps cette peine qu'il nous a donnée.
01:15:36J'ai juré que je vengerais la mort de M. Jacques.
01:15:40Avant que ce soleil ait disparu sur l'horizon et moi dans la brume des côtes d'Angleterre,
01:15:44je vous donne ma parole de choix.
01:15:46Que le moulin bleu sera devenu le moulin pour.
01:15:49Que dans la mémoire des gens, il ne portera plus d'autre nom.
01:15:53Si nous n'allions pas, monsieur, à votre rendez-vous, qu'en arriverait-il?
01:15:57Eh bien, monsieur, je voulais porter moi d'une justice.
01:16:00Je n'ai besoin de personne pour faire moi-même ce que j'ai résolu.
01:16:04Monsieur, nous vous devons roi.
01:16:07Nous irons tous.
01:16:23Nous irons tous.
01:16:53Il est vraiment bleu.
01:16:55D'un bleu de perruquier.
01:16:57Pourquoi tout ce bleu?
01:16:59Ce n'est pas l'habitude pour les moulins de par ici.
01:17:01C'est le moulin patriote.
01:17:03Voilà ce que ce bleu là veut dire.
01:17:05Le moulin qui n'est pas blanc.
01:17:07Que va faire le chevalier?
01:17:09Il a les outrages de l'emprisonnement accumulé sur un cœur diablement sauvage.
01:17:15Quel bonheur a ce moulin de la trahison.
01:17:17Ça ne m'étonne pas que détouche lui-même s'il soit laissé prendre.
01:17:20Où est le chevalier?
01:17:22Le voici.
01:17:52Monsieur, c'est le Judas qui m'a livré au bleu.
01:18:12Tout ce qui a été massacré à Goutan cette nuit.
01:18:15Et monsieur Jacques.
01:18:17On dirait par vous ce matin.
01:18:19Les 15 jours où ils m'ont fait boire les outrages comme de l'eau.
01:18:22Tout cela doit être mis au compte de cet homme.
01:18:24Son supplice m'appartient.
01:18:26Non monsieur.
01:18:28Gardez votre poudre pour les soldats.
01:19:19C'est le mal de mer qui commence.
01:19:39Pour Dieu chevalier.
01:19:41Arrêtez ce supplice.
01:19:43Je vous en prie pour vous mademoiselle.
01:20:13Je vous en prie.
01:20:42Je vous en prie.
01:21:11Je vous en prie.
01:21:15De moi importe.
01:21:17On allume des cierges pour les morts.
01:21:19Ce sera le mien pour monsieur Jacques.
01:21:21Cette nuit dans les brumes de la Manche.
01:21:23Je suis près d'Halluel.
01:21:25Ils me croient guillotiné.
01:21:27Ils ne font qu'en peau monsieur le garde-côte.
01:21:29Je suis bien certain que cette nuit.
01:21:31Il n'y aura pas d'espions sur la grève.
01:21:38Quand nous reverrons-nous.
01:21:40La guerre fléchit.
01:21:42Les paysans sont là.
01:21:44Ils se battraient comme des coques pour leur fumier.
01:21:47La révolution avec les biens des églises et les biens des émigrés.
01:21:50Leur a justement donné ce fumier.
01:21:54Alors il faudrait que des princes viennent ici pour tout rallumer.
01:21:57Mais il n'en viendra pas.
01:22:01Je ne ramènerai jamais un prince de cette côte.
01:22:03Dans ce canot que j'apporte à monsieur Jacques.
01:22:06C'est comme nous.
01:22:07L'honneur de se crotter les bottes.
01:22:10Adieu mademoiselle.
01:22:12Adieu vous tous.
01:22:14La guerre finie.
01:22:16Comme deviendrons-nous.
01:22:19Je vais me faire tuer ailleurs.
01:22:21Cette fois-ci.
01:22:22On n'entendra plus jamais parler de détouche.
01:22:36Adieu détouche.
01:23:06Adieu détouche.
01:23:36Il ne nous restait plus qu'à annoncer à Aimé de Spence la mort de monsieur Jacques.
01:24:03Le retour vers Touffes-de-Lys fut éprouvant.
01:24:07En apprenant la nouvelle, Aimé s'évanouit.
01:24:12Le lendemain, elle nous demanda de l'accompagner là où nous avions enterré monsieur Jacques.
01:24:18Elle lui fit donner une sépulture plus décente.
01:24:21Et l'enveloppa elle-même dans sa robe de mariée.
01:24:27Notre guerre était vraiment finie.
01:24:29Nous étions vaincus.
01:24:32Vinel, royal au Nis, était mort dans une rue d'Avranches.
01:24:36La Varennerie et Cantilly passèrent à leur tour la Manche
01:24:40et moururent l'un et l'autre dans une autre guerre sous l'uniforme d'officiers anglais.
01:24:45Saint-Germain, ayant tout perdu de sa fortune patrimoniale,
01:24:49espéra à un moment une pension de la maison de Bourbon.
01:24:53Puis il renonça, disparu dans la foule de Paris.
01:24:59Les autres survivants de l'expédition des Douzes s'enfermèrent dans leur déception et dans l'oubli.
01:25:07Quant à juste le Breton, il semblait qu'il aurait fallu, pour le tuer,
01:25:13lui jeter une montagne sur la tête.
01:25:17Et il est mort en duel après le retour des princes.
01:25:21Il est mort d'un misérable coup d'épée dans l'Aisne sans profondeur.
01:25:26Et je l'ai vu cracher le sang pendant six mois et mourir épuisé comme une fille pulmonaire,
01:25:33avec une poitrine qui ressemblait à un tambour.
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