Floride, le 4 mai. Donald Trump sème à nouveau la confusion en annonçant une taxation à 100% des films tournés à l’étranger. L’annonce reste floue : s’agit-il des films étrangers qui s’exportent aux États-Unis, des tournages américains réalisés à l’étranger, ou des deux ? Quoi qu’il en soit, cette mesure viserait à « rapatrier les tournages » et à « soutenir Hollywood contre la concurrence déloyale », selon les propres mots du président américain. Une offensive protectionniste qui s’inscrit dans la ligne dure adoptée par le président depuis son retour. [...]
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00:00Floride, le 4 mai dernier. Donald Trump sème à nouveau la confusion en annonçant une taxation
00:16à 100% des films tournés à l'étranger. L'annonce reste floue. S'agit-il des films
00:23étrangers qui s'exportent aux États-Unis, des tournages américains réalisés à l'étranger ou les
00:30deux ? Quoi qu'il en soit, cette mesure viserait à rapatrier les tournages et à soutenir Hollywood
00:36contre la concurrence déloyale selon les propres mots du président américain. Une offensive
00:42protectionniste qui s'inscrit dans la ligne dure adoptée par le président depuis son retour. Un
00:48mauvais coup pour l'industrie française du cinéma. Certes, dans un contexte toujours tendu pour le
00:55cinéma mondial, les productions françaises ont tout de même réussi à séduire 38 millions de
01:00spectateurs à l'international l'an dernier. Avec de belles réussites comme la nouvelle adaptation du
01:06conte de Monte Cristo ou la poursuite du succès de l'anatomie d'une chute. Mais cela ne suffit pas.
01:12La fréquentation à l'international, qui remontait la pente chaque année depuis la crise de la Covid,
01:16recule à nouveau et reste très loin des performances d'avant la pandémie. Les recettes
01:21ont suivi la même tendance en recul de 11%, atteignant à peine plus de 250 millions d'euros.
01:27Or, les recettes internationales ont représenté en moyenne près de 45% des recettes totales des
01:34films français au cours des dix dernières années. Certes, les États-Unis ne sont pas le principal
01:40marché à l'export du cinéma français. Mais la décision de Trump constitue une épine dans le pied de
01:45l'industrie cinématographique hexagonale. Il est pourtant de bon ton, de bon bel torse.
01:50Après tout, en France, les films 100% français n'ont quasiment jamais eu autant de succès. 66 millions
01:58d'entrées l'année dernière, portées par le succès d'un petit truc en plus, le conte de Monte Cristo et
02:04l'amour ouf. La part du marché made in France progresse de quasiment 5 points, atteignant près de 45%,
02:12soit un troisième plus haut depuis 1985. Les recettes ont suivi, elles aussi, et sont donc très forte progression.
02:21Cocorico donc. Mais la réalité est plus nuancée. Il y a d'abord un effet offre. Plus de 400 sorties de films français en
02:30première exclusivité pour la troisième année consécutive. En d'autres termes, les performances, que ce soit en termes d'entrée
02:37ou ce qui en découle des recettes, par film, sont bien moins spectaculaires. Surtout, en face, les devis moyens des films
02:45d'initiatives français se gonflent rapidement. Bref, la rentabilité n'est pas toujours en rendez-vous. Loin s'en faut.
02:52D'autant que les entrées sont extrêmement concentrées sur quelques titres. Ces succès enjolivent les résultats d'ensemble,
02:59mais masquent une tendance de fond moins flatteuse. Les 10 films français les plus performants ont généré 44,7%
03:07des entrées totales en 2024, un niveau record depuis 2011. En d'autres termes, moins de 3% de l'offre est à l'origine
03:15de près d'un ticket vendu sur deux. Bref, en l'absence de films locomotives, les résultats peuvent s'effondrer très vite.
03:23Et 2025 s'annonce mal, avec une fréquentation en baisse et le pire mois d'avril depuis 25 ans. Un genre est particulièrement
03:32en souffrance, l'animation, avec de grandes entreprises en difficulté.
03:37À trop se centrer sur le marché français, on en oublierait presque que pris dans sa globalité,
03:42le cinéma français est encore très loin d'avoir retrouvé ses niveaux d'avant-crise,
03:47que ce soit en termes d'entrées ou de recettes.
03:49Le septième art français est peut-être fragilisé. Il n'en demeure pas moins l'un des rares à tenir tête
03:55aux États-Unis. Une rare pépite à conserver, quoi qu'il en coûte.