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  • 18/05/2025
DB - 18-05-2025

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00:00Elle était la plus belle, la plus célèbre, la plus désirée.
00:05Elle aimait la fête, chanter et danser.
00:10Elle aimait les hommes, l'amour et la vie.
00:15Elle avait le monde à ses pieds.
00:18A 38 ans, à l'apogée de sa gloire et de sa beauté,
00:21elle abandonne pourtant un statut de star mondial pour une religion dévorante, la défense des animaux.
00:27Je suis l'avocat des bêtes, des animaux.
00:311977, c'est sur la banquise canadienne que Bardot, la star, devient Sainte-Brigitte, mère protectrice des animaux.
00:39En 50 ans, elle a construit une véritable machine de guerre à leur service.
00:43Pour la première fois, elle a accepté de revenir avec nous sur cette épopée méconnue, ambitieuse, douloureuse mais passionnante.
00:52Ma vie, maintenant, elle appartient au sauvetage d'animaux. Elle ne m'appartient plus.
01:14Colline n°545, première.
01:19Partez !
01:23Ces images sont historiques. C'est la dernière fois que Brigitte Bardot fait l'actrice.
01:28Cette chanson, de quoi parle-t-elle ?
01:31Elle ne parle de rien. C'est un trobar clous.
01:35Un trobar clous ?
01:37Une chanson close, obscure.
01:41Sur le tournage de Colline aux trousses chemises, son 51e film, Brigitte Bardot a l'esprit ailleurs.
01:47Attention au bonheur !
01:49Depuis un moment déjà, Bébé vit un véritable dilemme.
01:52Le cinéma l'intéresse de moins en moins, alors que les animaux l'obsèdent de plus en plus.
01:56Un dilemme qui sera tranché le 6 juin 1973 à cause d'une étrange rencontre.
02:03On était en train de tourner une scène où j'étais habillée avec un M, un machin, le truc moyenâgeux.
02:11Et il y avait une dame qui faisait de la figuration avec une chèvre.
02:16Moi, évidemment, qu'est-ce que j'ai fait ?
02:19Aller directement vers cette dame avec sa chèvre.
02:22Je lui ai dit, elle est mignonne votre chèvre et tout.
02:25Et elle me dit, dépêchez-vous de finir votre film là,
02:28parce que dimanche, je fais un méchoui avec ma chèvre pour la communion de mon petit-fils et je sais pas quoi.
02:36Putain, là, je croyais que j'allais mourir.
02:39J'ai dit, vous allez la tuer ?
02:41Bien sûr, on va faire un méchoui.
02:44J'ai acheté la chèvre.
02:47J'ai quitté le plateau, je suis partie avec ma chèvre dans mon 5 étoiles.
02:52Je l'ai mise dans mon lit avec la sienne et moi.
02:56Ça fait un bordel dans l'hôtel.
02:59Et je me suis vue dans une glace.
03:03Je me suis dit, mais qu'est-ce que je fous là, déguisée ridicule,
03:08alors qu'une chèvre allait mourir dimanche pour faire un méchoui.
03:15Mais la vie de cette chèvre, elle est bien plus importante que n'importe quoi.
03:20Et là, j'ai pris conscience qu'une vie d'animal était plus importante que toutes ces singeries que j'étais en train de faire de ma vie.
03:35Et j'ai décidé de ne plus les faire.
03:37Je veux passer mon temps à m'occuper de la défense animale.
03:42Et je crois que j'aurai beaucoup de travail.
03:44C'est pour ça qu'il vaut mieux que je fasse plus de cinéma.
03:46C'est peut-être son dernier film que Brigitte Bardot est en train de tourner à Sarlat dans le périple.
03:51Il faudra donc s'y faire. Brigitte Bardot plante les caméras pour aller planter ses choux.
03:55Voilà, c'est fini.
03:58Quand à l'issue de ce tournage, Brigitte Bardot abandonne le 7e art, son bilan est flamboyant.
04:0451 films dont une poignée de chefs-d'oeuvre.
04:09Un répertoire musical promis à la postérité et une iconographie qui magnétisera encore longtemps les pages des magazines.
04:15Avec un tel palmarès, qui pouvait croire à une décision aussi radicale de sa part ?
04:20Elle est sans doute la seule, en juin 1973, à savoir que ses adieux au cinéma sont irrévocables.
04:27Quand je prends une décision, je la prends en ayant mûrement réfléchi à ce que je fais.
04:36Je ne reviens jamais dessus. Jamais.
04:42Pourtant, à l'époque, dans la presse comme auprès du public, c'est le scepticisme qui l'emporte.
04:48Pourquoi cette blonde incandescente, devenue non pas une star parmi d'autres, mais LA star internationale,
04:54claquerait-elle la porte du cinéma qui lui a tout donné ?
04:58D'autant qu'il est si simple de la confondre avec ses rôles.
05:01L'héroïne d'une ravissante idiote, ou de La femme et le pantin, est-elle à même de prendre une décision réfléchie ?
05:11C'est qu'on est à mille lieux d'imaginer le rejet violent et irréversible qu'elle éprouve depuis longtemps pour le cinéma.
05:18J'étais traitée comme une reine, mais ça ne correspondait pas à ce que j'avais en moi profondément, voilà.
05:28C'était du faux, des faux sentiments, des faux décors, des faux trucs, des faux mots qu'on dit aux autres.
05:40Bardot est en quête d'authenticité. Une authenticité qu'elle ne trouve qu'auprès des animaux.
05:47Entre elle et eux, c'est du sérieux. Une histoire d'amour de toujours qu'on ne voulait pas voir et dont elle ne s'est pourtant jamais cachée.
05:55D'ailleurs, toute sa carrière cinématographique pourrait être revue à l'aune de cette passion dévorante.
06:01Sur les tournages qu'elle trouve interminables, tout l'énerve.
06:05Je sais que ça fait un mal au genou, c'est terrible.
06:13C'est pas confortable. J'ai mal.
06:17Un ancien vendeur.
06:21Les animaux sont son échappatoire. Ses alliés et ses amis, son unique moyen de se connecter au monde réel, dont son statut l'a irrémédiablement coupé.
06:31Quand ils ne sont pas naturellement présents sur les plateaux, Bardot s'arrange toujours pour les y inviter.
06:37Il y avait toujours des animaux.
06:40Ça me stimulait, j'étais contente. Ils étaient là, je les caressais.
06:44Que ce soit un âne, un cheval, une vache, un chien, un chat, un canard.
06:55Sur le tournage de vie privée de Louis Malle, bébé sauve de la mort une fratrie de canetons orphelins en les couvant littéralement dans son décolleté.
07:05J'en ai rendu plus d'une folle, les abysses, les pauvres.
07:09Avec tous les animaux que je me trimballais.
07:15Aussitôt qu'elle le peut, Bardot fuit les plateaux de cinéma où elle s'ennuie à mourir pour investir les refuges de la SPA.
07:27La SPA s'est allé prendre en charge.
07:30Avec tous les chats et tous les chiens.
07:33La SPA, c'est à l'époque la seule organisation dédiée à la défense des animaux et essentiellement à l'accueil des chiens et des chats errants.
07:40Quand ils ne sont pas adoptés rapidement, ils sont supprimés.
07:43Moi je ne savais pas qu'on piquait les chiens à la SPA.
07:46Je croyais que c'était pas un paradis pour animaux, mais enfin en tout cas un asile sûr dans lequel ils pouvaient vivre en attendant un maître.
07:59J'ai pris dix chiens, vingt chats.
08:08Et j'ai mis tous les chiens derrière avec moi, dix chiens.
08:13Et c'est drôle parce qu'il y avait un truc qui a séparé le chauffeur de derrière.
08:21Il y avait vingt chats avec le chauffeur devant et le truc fermé.
08:25Et le chauffeur ne pouvait pas conduire parce qu'il avait les chats qui lui grappaient sur la tête.
08:37Je suis arrivée sur les plateaux de boulogne.
08:40Je suis rentrée dans tous les plateaux qui tournaient et j'ai dit bon écoutez, j'ai des chiens à placer.
08:48Si vous n'en prenez pas, je ne tourne plus.
08:52Je fais la grève.
08:55J'ai placé tous mes chiens.
08:58Je les ai sortis de cages ignobles, affreuses, sales, où ils étaient dans un état de détresse.
09:05Mais j'en aurais pris bien plus.
09:10Pour Bardot, le cinéma fut donc toujours un moyen plutôt qu'une fin.
09:14Chez elle, aucun rêve de gloire ou d'argent.
09:17Ses ambitions sont bien plus surprenantes et traduisent déjà ses véritables priorités.
09:22Je voulais faire du cinéma pour m'acheter une ferme où on ne tuerait pas les animaux.
09:29Ça, ça a toujours été dans ma tête.
09:37Bazoche, maison de poupées acquise en 1959 dans une vallée cossue de la région parisienne, donnera une réalité à son rêve.
09:52Une maison qui nous restitue encore aujourd'hui, intacte, le charme et la simplicité de sa vie à la campagne dans les années 60.
09:59Très loin des paillettes de stars.
10:02Sa guitare trône dans le salon, tout près du piano sur lequel Serge Gainsbourg a composé pour elle quelques chefs-d'oeuvre.
10:21L'amour incandescent entre Bardot et Gainsbourg semble irradier encore ce lieu que la star a pensé comme un paradis pour elle.
10:29Et pour les animaux qu'elle accueille en grand nombre.
10:40Une fée, des animaux, un décor bucolique.
10:45On se croirait presque dans un dessin animé.
10:48Ce n'est pas un hasard.
10:52J'avais une passion pour Blanche-Neige.
10:55Parce qu'elle était entourée d'animaux.
10:58C'était extraordinaire, tous ces petits oiseaux qui lui apportaient sa robe, qui venaient tirer ses rideaux le matin.
11:12À l'époque où Brigitte Bardot était le sex-symbole absolu, on nous aurait dit que son rêve et son fantasme absolu à elle, c'est Blanche-Neige.
11:21Avec cette nain, on aurait ri, évidemment, parce que c'est carrément à l'opposé de l'image qu'on s'en faisait.
11:26Et cependant, quand on voit que sa trajectoire l'a amené en effet à devenir Blanche-Neige et parlant à tous les animaux autour d'elle, oui, c'était son fantasme inaugural.
11:36Brigitte Bardot se rêve donc en Blanche-Neige, cette icône asexuée de Disney.
11:41Tout en incarnant pendant toute une partie de sa vie une femme libre, provoquante, qui dévore la vie à pleines dents.
11:48Elle collectionne les amants au gré de ses coups de cœur et de ses envies.
11:54Et c'est ce qu'elle fait.
11:56Brigitte Bardot, c'est une révolution sexuelle à elle toute seule bien avant mai 68.
12:01Et notre révolutionnaire est aussi libre dans ses actes que dans ses paroles.
12:26Son sex appeal naturel alimente tous les désirs.
12:57Mais une liberté aussi effrontément affichée, revendiquée, dans la société patriarcale et machiste des années 60, lui attire autant d'amour que de haine.
13:15Et les cinéastes utilisent son sex appeal pour dynamiter l'ordre établi.
13:26Vous avez des pieds de marquise.
13:29Monsieur Caradine, vous avez un culot du diable.
13:34Ça va barder.
13:37Bonjour, monsieur.
13:38Les hommages, madame.
13:39Ça fait une demi-heure que tu devrais être à la librairie.
13:41Naturellement, tu préfères te montrer nue devant des hommes, dévergondée.
13:45On sort une fille de l'orphelinat et voilà sa façon de vous dire merci.
13:48Mais je travaille.
13:49Ah oui, d'une jolie manière.
13:51Oh, toi, tu ne l'iras pas longtemps.
13:53Je te réserve une surprise.
13:55C'est tout ce qu'on raconte de toi dans le pays.
13:57Tu t'en moques ?
13:58Eh bien, moi pas.
13:59Dévergondée.
14:01Tu n'arrives pas au culot.
14:05Une violence qui traduit bien la place qu'occupe Brigitte Bardot dans l'imaginaire collectif des Français.
14:12Son public vit comme une trahison la fin de sa carrière d'icône.
14:21Et les hommes, dont elle est le fantasme absolu, se sentent tout particulièrement trahis.
14:30Elle est gentille, elle aime les animaux.
14:32Elle s'occupe des bébêtes.
14:33Oui, oui, oui, bon, ça va.
14:36Et j'ai été...
14:38Vous avez quelque chose à dire ?
14:39Non, je dis, j'aimerais bien qu'elle s'occupe de la mienne.
14:42Mais c'est pas...
14:43Non.
14:44Ça s'arrête là.
14:45Non.
14:46Oui, j'espère que ça s'arrêtera là.
14:49Cet amour des animaux, elle l'a toujours proclamé.
14:52Mais bébé, on ne l'écoutait pas.
14:54On se contentait de la regarder.
14:57Et pourtant, ce jour de janvier 1962, sur le plateau de 5 colonnes à la une,
15:01la militante cherchait déjà à faire oublier la star.
15:06Les petits animaux, les veaux, les moutons et les chèvres, sont égorgés vivants.
15:12On leur coupe la gorge et le sang s'écoule, entraînant la mort.
15:19Vous dénoncez ce que vous croyez être un scandale, ce que vous pensez être un scandale.
15:23Je ne crois pas, je suis sûre que c'est un scandale.
15:28Et elle ne se contente pas de dénoncer.
15:30Elle apporte des solutions.
15:32Il y a quelque chose qui existe, en Angleterre et au Danemark,
15:37qui est un pistolet, qui est muni d'un emporte-pièces,
15:40avec une broche qui transperce la boîte crânienne,
15:44qui donc met l'animal en chaos, si on peut dire.
15:47C'est une sorte d'anesthésie.
15:51C'est la première fois que Bardot prend position avec une telle force
15:54sur le problème de la maltraitance animale.
15:58J'étais malade de traque, en me disant, selon ce que je vais dire,
16:05comment je vais le dire et la façon dont ça va être interprété,
16:12je sauve ou je ne sauve pas des vies.
16:16Et ça c'est terrible, c'est comme un avocat un peu.
16:20Notre ambition, notre vœu, notre but, c'est de faire passer un décret
16:27qui interdise la tuerie sans anesthésie ou sans assommement préalable.
16:38Des paroles aux actes.
16:41L'avocat de Bardot, déjà activiste de la cause animale,
16:44n'ignore pas que sans un prolongement législatif,
16:47les revendications énoncées à la télévision resteront lettres mortes.
16:51Direction donc les hautes instances de l'État pour les faire valider.
16:57C'est Roger Frey, qui était ministre de l'Intérieur à l'époque,
17:01qui m'a reçu avec mes pistolets.
17:04Je lui apportais le prototype de pistolet d'abattage
17:08parce que ça n'existait pas à l'époque.
17:12Convaincu par l'exposé de la jeune actrice,
17:14Roger Frey fait passer en avril 1964 un décret spécifiant
17:18que les animaux devront être endormis avant d'être saignés.
17:23Victoire pour Bardot, et pas des moins.
17:26Mais il lui en faudra beaucoup d'autres pour acquérir une crédibilité.
17:33Sur le plateau de 5 colonnes à la une,
17:35Pierre Desgropes pose une dernière question que tout le monde a sur les lèvres.
17:39Une question dont elle aura à répondre toute sa vie.
17:42Vous ne pensez pas que le public va trouver étrange que vous, Brigitte Bardot,
17:46vous vous occupiez de ces problèmes ?
17:48Qu'il va se dire...
17:49C'est de la publicité.
17:50Pourquoi pas ? On se l'est déjà dit à propos d'autre chose.
17:53Oui.
17:54Vous savez, je pense que je suis peut-être une des rares personnes au monde
17:57qui n'ait pas besoin de publicité.
18:01La question est d'autant plus légitime que ce jour-là,
18:03Bardot a aggravé son cas.
18:06Ce ne sont plus seulement les chats et les chiens qui la préoccupent.
18:09La voilà qui met aussi son nez dans le milieu âpre et masculin des abattoirs.
18:16Si, auprès des politiques, elle a remporté une victoire,
18:19auprès du public, elle reste inaudible.
18:22Et pour cause.
18:23Elle vient troubler le festin auquel accède enfin la France
18:26après les privations et les rationnements de la guerre.
18:29Et culpabiliser les mangeurs de viande
18:31devenues grâce à la prospérité des Trente Glorieuses
18:34le premier parti de France.
18:37Mais cet appétit insatiable pour la barbaque
18:39ne sera pas sans conséquence sur les conditions de vie des animaux.
18:42Désormais, on les fait se reproduire par milliers, par millions.
18:47Entassés, compressés, puis tués à grande échelle.
19:00Longtemps, Bardot, végétarienne depuis les années 70,
19:04sera l'une des rares à dénoncer ses dérives.
19:09Bardot, seul contre tous.
19:11Et qui mesure, maintenant qu'elle est loin des plateaux de cinéma,
19:14le gouffre qui sépare le statut d'icône de celui de simple mortel.
19:18Le tournant a été très dur.
19:20Je sortais d'un milieu où j'avais un chauffeur, une maquilleuse.
19:26J'avais une vie extrêmement simplifiée.
19:28Tout le monde était là, elle veut une cigarette,
19:30on lui apporte une cigarette, un verre de champagne.
19:34Et puis tout d'un coup, je me suis retrouvée.
19:38Je me suis retrouvée dans un milieu où j'avais une vie très simple.
19:41Je me suis retrouvée dans un milieu où j'avais une vie très simple.
19:43Et puis tout d'un coup, je me suis retrouvée.
19:45Je me suis retrouvée à aller ramasser les crottes des chiens à la SPA.
19:54J'avais un coeur, mais aucune expérience.
20:01Mais Brigitte dispose d'un atout considérable.
20:04Sa célébrité.
20:06Faut plus que les animaux soient les souffre-douleurs des hommes.
20:10Elle déploie sa verve sur tous les plateaux télévisés.
20:14Ça, c'est une horreur.
20:15On devrait au moins endormir les bêtes sur lesquelles on fait des expériences.
20:19De 1973 à 1977, elle devient la professionnelle de l'indignation tous azimuts.
20:25Une avocate un peu brouillonne, généreuse, mais peu efficace.
20:30Un jour, je me suis dit, je vais structurer ça par quelque chose.
20:39J'ai voulu une fondation.
20:41Cette fondation, la fondation Brigitte Bardot, va se battre.
20:44Nous ne sommes pas là pour faire des sourires.
20:46Le but de ma fondation, c'est de rendre les lois fortes et applicables.
20:52Mais à ce moment-là, Brigitte Lassigal n'est pas suffisamment armée
20:56pour affronter les contraintes juridiques et financières inhérentes à une telle entreprise.
21:01La première fondation Brigitte Bardot, née en 1976,
21:04fermera donc ses portes quatre mois seulement après sa création.
21:08Bardot accuse le coup.
21:10Mais lorsqu'on a trouvé en soi la force de renoncer à un destin fabuleux,
21:14pour un sacerdoce ingrat, on ne se renie pas au premier revers.
21:20Et un an plus tard, en mars 1977, sur la banquise canadienne,
21:24la star va livrer, au nom des bébés phoques,
21:27le combat qui donnera enfin à sa cause toute sa légitimité.
21:31Grâce aux Suisses, Franz Weber, sommité mondial de l'écologie.
21:36On m'a dit que Franz Weber envisageait d'aller sur place
21:41pour essayer de sensibiliser l'opinion publique à ce massacre.
21:48Au culot, je lui ai écrit, je lui ai dit,
21:50est-ce que je peux vous aider dans cette mission que vous allez accomplir ?
21:55J'ai donné de l'argent pour ça, parce que ça coûte cher.
22:00Et je suis partie à l'aventure là-bas.
22:02Mais vraiment à l'aventure.
22:13Bardot est toujours un aimant à caméra.
22:15Sa présence attire les projecteurs du monde entier qui saisissent quasiment en direct
22:19le massacre industriel de bébés phoques, à peine sortis du ventre de leur mère.
22:25300 000 chaque année, dont le sang répandu sur la neige,
22:28marquera les esprits et dérangera les consciences.
22:33Je pense que c'est dégueulasse, parce que ces animaux ont deux mois,
22:36qu'ils ne peuvent pas bouger, qu'ils ne savent pas nager, qu'ils ne peuvent pas marcher,
22:40et qu'on les dépêche vivants.
22:42Et moi vraiment, je suis partie en guerre contre ça et j'irai jusqu'au bout.
22:48Alors là, les bébés phoques...
22:53Terrible.
22:59Moi qui ne suis pas du tout aventurière, qui n'aime pas prendre l'avion,
23:03qui n'aime pas bouger de chez moi, c'est un exploit.
23:06Un exploit que j'ai fait.
23:11Et là-bas, on a été vraiment boycottés.
23:13On ne pouvait pas y aller sans la banquise, on nous refusait.
23:17On nous refusait les hélicoptères, on nous refusait tout.
23:20Mais Bardot contourne les interdits, brave les obstacles,
23:23et atterrit enfin sur la banquise au milieu d'un parterre de journalistes
23:27qui l'accueillent dans une ambiance effervescente.
23:33J'aurais voulu faire mon premier voyage au Canada,
23:36dans des conditions différentes.
23:39Je voudrais le silence, s'il vous plaît.
23:42J'aurais voulu faire mon premier voyage au Canada,
23:45dans des conditions différentes.
23:47J'aurais voulu faire mon premier voyage au Canada,
23:49s'il vous plaît.
23:51Je suis venue de France, vous savez pourquoi ?
23:54A cause du massacre des bébés phoques.
23:56Et si je fais le voyage de France jusqu'ici,
23:59c'est pas pour faire du tourisme,
24:01ni pour me faire photographier comme au festival de Cannes.
24:04Et si je viens vous voir aujourd'hui,
24:06c'est amicalement pour vous prévenir
24:08qu'il va se passer quelque chose de grave pour le Canada
24:11si le massacre ne cesse pas.
24:15Sur place, les relations avec les autorités canadiennes,
24:18insérées par l'indiscipline et l'ingérence de la star,
24:21sont brutales.
24:22Elle leur tient tête.
24:24Ils l'éloignent de la banquise,
24:25Manu Militari aborde un hélicoptère
24:27qui vole au cœur d'une tempête.
24:30On n'arrivait pas à prendre de la hauteur.
24:35On était à 50 centimètres des falaises,
24:39poussées par un vent de la neige
24:41qui tombait dans tous les sens, on voyait rien.
24:44Vraiment, on a cru mourir.
24:47Malgré le danger, elle ose un nouveau coup d'éclat.
24:50Elle fait atterrir l'hélicoptère en plein territoire de chasse.
24:54Pour une confrontation d'anthologie avec des chasseurs.
25:16Non, ce n'est pas un plaisir pour vous, je pense,
25:19de tuer des bébés.
25:22On parle avec vous,
25:23et c'est très, très sérieux.
25:27Pour faire ici une factoire,
25:30une grande factoire,
25:32fantastique, moderne et tout,
25:34le meilleur.
25:35Pour faire
25:37synthétique, d'abord.
25:39Vous m'avez entendu, vous savez qui je suis.
25:42Non ?
25:43Peut-être, je ne sais plus.
25:45Bon.
25:46J'ai mon nom très bien connu dans tout le monde.
25:50Et je vous donne mon nom
25:53pour vendre...
25:55Pour vendre des marchandises.
25:57Pour vendre des marchandises
25:59dans tout le Canada
26:01avec mon nom.
26:02Et l'argent ne sera pas pour moi,
26:05mais pour vous.
26:07C'est à l'issue de cet échange surréaliste
26:10que Brigitte Bardot va faire l'une des plus importantes rencontres de sa vie.
26:14Voilà ce que c'est qu'un bébé phoque.
26:17Et voilà ce qu'on tue
26:19par centaines de milliers pour la fourrure.
26:26On les aura, va.
26:29J'ai ressenti une émotion.
26:32Une émotion.
26:35Un amour pour cet animal,
26:38pour la maman qui le cherchait,
26:41qui était un peu plus loin.
26:44Regarde, regarde la mère qui sort, là.
26:46Vite, vite, vite. Là, là, là.
26:52Est-ce que c'est mignon ?
26:54Est-ce que c'est mignon ?
26:56Oh là là.
26:57J'étais consciente.
26:58Et là, vous voyez,
27:00j'ai les larmes aux yeux.
27:03Et quand j'ai fait le truc,
27:05ça fait pareil.
27:07C'était pour moi un sauvetage,
27:10mais inimaginable.
27:13Dans le monde entier,
27:14bébé et son bébé phoque,
27:16c'est le choc des photos,
27:17l'impact des images.
27:19Conséquence immédiate,
27:20Valéry Giscard d'Estaing,
27:21président de la République française,
27:23interdit l'importation de la fourrure de phoque.
27:30Nouvelle victoire pour la Passionaria
27:32qui, malgré le succès spectaculaire
27:34de son expédition canadienne,
27:36fait un retour désenchanté
27:38et même douloureux sur le sol français.
27:42J'ai remué l'opinion publique canadienne.
27:45Je suis un peu fatiguée, excusez-moi.
27:49J'ai remué l'opinion publique canadienne
27:51et même dans le pays le plus hostile,
27:54celui que j'allais attaquer,
27:55j'ai des alliés.
27:56Et je rentre en France épuisée
27:58en me disant, enfin, ici,
28:00je suis soutenue, j'espère,
28:01par tout le monde.
28:03Je sais que le public me soutient,
28:04mais enfin, je comprends pas.
28:06Je comprends pas que la presse française
28:09adopte une telle attitude à mon égard.
28:11Je trouve ça injuste.
28:14Décidément, Bardot n'aura jamais
28:16été prophète en son pays.
28:18Elle est considérée comme un symbole français
28:20de haut vol, certes,
28:21mais rejetée comme rebelle, rétive,
28:24sortant toujours du cadre.
28:26Une scandaleuse doublée d'une emmerdeuse.
28:28Quand j'entends tous ces politiques
28:30qui nous font des mots émerveillés de promesses
28:32et qu'il n'y en a pas un seul,
28:34que ce soit de droite, de gauche ou du milieu,
28:36qui parle une fois d'un problème
28:39ou d'une amélioration de la condition animale en France,
28:42moi, je suis scandalisée.
28:45Brigitte Bardot voit toujours le verre à moitié vide.
28:48Et pourtant, elle n'a cessé de contribuer
28:50à l'évolution des lois en faveur des animaux.
28:52Et pas seulement en France.
28:56Christophe Marie, porte-parole de la fondation Bardot,
28:59va porter partout les revendications de sa patronne.
29:02Y compris au Parlement européen,
29:03où il se livre à un lobbying très actif.
29:07La question du bien-être animal et même de l'écologie,
29:10c'est un enjeu de civilisation.
29:12La question animale,
29:14elle fait progresser
29:16l'idée qu'on a de l'humanité.
29:19Et le travail que fait la fondation Brigitte Bardot
29:22a permis, très clairement,
29:24de faire évoluer
29:26un certain nombre de directives européennes.
29:31Diplomatie d'un côté,
29:33communication et provocation de l'autre,
29:35ce sont les deux leviers de la femme d'influence
29:37qui est devenue Bardot au fil du temps.
29:41Mais avant d'arriver à ce savoir-faire politique,
29:43Bébé a dû professionnaliser son action
29:46et créer l'outil indispensable à son combat.
29:50Ce sera la fondation Brigitte Bardot deuxième version,
29:53créée en 1987,
29:55qui évitera cette fois les écueils rencontrés dix ans auparavant.
30:02C'est Charles Pasqua.
30:05Qui m'a aidé.
30:07Parce que j'y comprenais que dalle.
30:09Je suis allé carrément voir le ministre.
30:14Et c'est lui qui m'a dit
30:16Brigitte, il vous faut un capital
30:19de 3 millions de francs à l'époque
30:23pour mettre en fond de votre fondation.
30:26Et là j'ai commencé à vraiment comprendre
30:29c'est pas le tout d'avoir un cœur.
30:32Il fallait se plier aux obligations administratives.
30:36Et je l'ai fait.
30:403 millions de francs.
30:42Pour réunir cette somme dont elle est loin de disposer,
30:44elle va commencer modestement.
30:46Trop modestement peut-être.
30:49A Saint-Tropez, devant les Bardot et Berluet,
30:51elle déballe sur le marché de la place des Lys
30:53une partie du contenu de la madrague.
30:57Je me levais à 5h30 du matin
30:59et j'allais préparer mon petit stand joli.
31:04Ils achetaient.
31:06Ils achetaient.
31:09J'ai vendu tous mes bracelets mexicains,
31:11mes chapeaux, mes colliers,
31:13mes jupons et tout ce que vous voulez.
31:16Alors le soir, je dédicassais des photos,
31:18dédicassais des photos et je les vendais.
31:21Ils étaient contents.
31:24Mais jouer à la marchande 2 fois par semaine
31:26ne l'amènera pas loin.
31:28Bébé le découvre assez vite.
31:31Elle est mûre pour se dépouiller encore plus
31:33de ce qu'elle possède.
31:35Ça tombe bien, son célèbre appartement parisien
31:37de l'avenue Paul-Doumer recèle d'inestimables trésors.
31:43J'ai contacté Tajan,
31:45qui est un fantastique commissaire priseur.
31:49Il est venu chez moi
31:51et on a fait un tri.
31:53Il m'a dit ça, ça.
31:55Alors des choses auxquelles je tenais,
31:57évidemment les plus belles.
32:04Des meubles qui venaient de ma famille,
32:07des bibelots splendides qu'on m'avait offerts.
32:11Il y avait la première Marianne sortie du moule
32:16qui vaut une fortune.
32:18Ma première guitare,
32:20des robes de mes films,
32:21ma robe de mariage avec Vadim.
32:24Des bijoux de ma famille.
32:33116 lots,
32:341000 personnes présentes
32:36et 14 chaînes de télévision
32:37venues du monde entier
32:39pour couvrir cet événement
32:40qui se déroule le 17 juin 1987.
32:43Je voyais partir tout ça.
32:45C'était un peu ma vie
32:48qui s'écoulait comme ça
32:50à prix d'or ou à rien du tout.
32:54Et je me disais,
32:56ce sont des objets morts.
32:58Et ces objets morts,
33:00ils vont servir à sauver des vies.
33:03C'est ce que j'ai fait.
33:05C'est ce que j'ai fait.
33:07C'est ce que j'ai fait.
33:09Ils vont servir à sauver des vies.
33:16La vente rapporte 3 millions de francs
33:18à Brigitte Bardot,
33:19soit la somme nécessaire
33:20à la constitution de sa fondation.
33:23Oui, je suis heureuse.
33:24Brigitte, vous êtes merveilleuse.
33:26Vous êtes merveilleuse, vous,
33:28parce que c'est grâce à vous.
33:30C'est grâce à tout le monde.
33:33Et c'est à la fin de cette vente
33:34que Bardot prononcera une de ses phrases
33:36qui contribue à sa légende.
33:38J'ai dit comme ça,
33:39on m'a demandé quelque chose
33:41et ça m'est sorti tout seul.
33:43J'ai donné ma jeunesse et ma beauté au sol.
33:47Je donne ma sagesse et mon expérience,
33:50maintenant et le meilleur de moi-même,
33:52aux animaux.
33:53Et maintenant, je donne ma sagesse
33:55et le meilleur de moi-même
33:57aux animaux.
34:01Brigitte Bardot a fait don
34:03de tout ce qu'elle possédait,
34:04notamment la madrague,
34:05pour pouvoir obtenir la reconnaissance
34:07d'utilité publique.
34:08C'est ce qui va permettre
34:10de conférer une pérennité à la fondation.
34:14Brigitte Bardot se déleste donc
34:16au profit de sa fondation,
34:17de sa légendaire maison tropézienne,
34:19d'une valeur restée secrète
34:21mais probablement inestimable.
34:26Et la donne change du tout au tout.
34:28Désormais, elle peut poursuivre sa mission
34:30à une autre échelle.
34:33Une fondation d'utilité publique
34:34bénéficie de prérogatives
34:36exceptionnelles,
34:38dont la plus importante
34:39est la possibilité de recevoir
34:41des héritages.
34:46Nous sommes totalement exonérés
34:47des droits de succession.
34:49C'est pour ça que nous avons
34:50beaucoup de lags,
34:52puisque nous ne payons pas d'impôts.
34:55On ne vit que de ça.
34:56Parce que comme moi, j'ai tout donné.
34:58Ils ne peuvent pas avoir le doute
35:00que leur argent ne sera pas utilisé
35:02pour les animaux.
35:07Les sacrifices de Bardot ont payé.
35:11Ces années de combat
35:12dans l'indifférence générale,
35:14où les moqueries cruelles
35:15n'auront pas été vaines.
35:17Son acharnement a permis à sa fondation
35:19de devenir une véritable
35:20machine de guerre.
35:2215 millions d'euros de budget annuel,
35:24financés à 80% par les legs.
35:30La mort de Bardot
35:31n'est pas la seule victime
35:32de l'indifférence générale.
35:35110 salariés permanents.
35:43Une action qui s'étend à 70 pays.
35:45Des centres de sauvegarde
35:46de la faune sauvage
35:47sur les 5 continents.
35:55Des sauvetages d'animaux marins
35:56à bord du trimaran
35:57le Brigitte Bardot
35:58qui sillonne les océans.
36:04Des hôpitaux animaliers
36:05en Asie et en Afrique
36:09où l'on greffe même des prothèses
36:10à des éléphants
36:11victimes des braconniers.
36:17Et aussi des sauvetages d'animaux
36:18qui peuvent mobiliser des moyens
36:20dignes d'une superproduction
36:21hollywoodienne.
36:23Comme pour l'hippopotame Tonga.
36:27Tonga a été exploité en France
36:28dans un cirque itinérant
36:29mais en toute illégalité.
36:31Son cadre de vie,
36:32c'était une roulotte
36:33et de l'eau croupie.
36:37Alerté,
36:38la fondation Bardot
36:39décide de le sauver
36:40et de le transférer en Afrique du Sud,
36:41sa terre d'origine.
36:55Mais transporter un pachyderme
36:56de 2 tonnes
36:57à l'autre bout du globe,
36:58c'est un pari fou.
37:00Camions, avions, cargos
37:02et enfin transfert jusque
37:03dans son nouveau lieu de vie africain.
37:05Qu'en BBM,
37:06elle ne compte pas.
37:0840 000 euros
37:09rien que pour l'acheminement de Tonga.
37:11Et une happy end,
37:12il coule aujourd'hui
37:13des jours heureux
37:14dans son milieu naturel.
37:22Le roman Michel
37:23se baladait avec des ours.
37:25Avec des ours
37:26qui ont un noun dans le nez
37:28et à qui on a appris à danser
37:30en les mettant
37:31sur des plaques chauffantes
37:32et en tapant du tambourin.
37:34Et ces plaques chauffantes,
37:35elles brûlent.
37:38Ils bougent les pieds comme ça
37:40en même temps qu'on tape du tambourin.
37:42Donc même s'il n'y a plus
37:43de plaques chauffantes,
37:45ils bougent les pieds.
37:46C'est le réflexe de Pavlov.
37:50Ces ours de Bulgarie
37:51doivent aussi leur saluer
37:52à l'action de Brigitte Bardot
37:53et à son indignation
37:54devant les tortures
37:55qu'ils subissent.
37:57Cela a pris du temps
37:58mais dès les années 2000,
37:59une équipe de la fondation
38:00s'envole pour la Bulgarie
38:02avec pour mission
38:03de les racheter un à un
38:04à leur propriétaire.
38:08On les a tous récupérés presque.
38:11Ils avaient le nez tout arraché,
38:13plus de poils,
38:14ils n'ont plus à manger,
38:16ils n'ont plus de griffes,
38:18on les a dégriffés.
38:3124 ours récupérés
38:32puis libérés
38:33dans un immense parc
38:34de 11 000 mètres carrés
38:35cofinancés par la fondation.
38:39Au début,
38:40ils ne bougeaient pas.
38:42Ils étaient prostrés.
38:47Ils ont mis du temps
38:49à comprendre
38:51que tout d'un coup,
38:52ils n'étaient plus esclaves
38:54de l'homme,
38:55qu'ils étaient libres.
39:00Aujourd'hui,
39:01ces ours hibernent,
39:02renouant ainsi
39:03avec leurs instincts
39:04les plus primitifs.
39:10Mais Brigitte Bardot
39:11ne s'en est pas tenue là.
39:12Grâce à ses interventions,
39:13le gouvernement bulgare
39:14a modifié sa loi.
39:16Il est interdit désormais
39:17de chasser,
39:18de vendre,
39:19d'acheter
39:20ou d'exhiber devant un public
39:21des ours bruns.
39:31En France également,
39:32de nombreux sauvetages
39:33sont à mettre au crédit
39:34de la fondation Brigitte Bardot
39:36et souvent à la demande
39:37des services vétérinaires
39:38de l'État.
39:39Comme lorsqu'il a fallu
39:40arracher 100 bovins maltraités
39:42à un éleveur francilier.
39:45Cette opération commando
39:46a nécessité
39:4710 employés de la fondation,
39:494 semi-remorques,
39:50un bataillon de gendarmes,
39:51les services vétérinaires
39:52de l'État
39:53et beaucoup de sang-froid.
39:55On y va.
39:57C'est très simple de se dire
39:58qu'est-ce qu'on va trouver
39:59est-ce qu'on va trouver
40:00des cadavres ?
40:01Est-ce qu'on va trouver
40:02des animaux très affaiblis ?
40:03On est face aussi
40:04à une détresse
40:05souvent humaine
40:06parce qu'on va enlever
40:07les animaux d'une personne
40:08dont ils ne gagnent pas.
40:13Évidemment,
40:14je n'ai pas mes secrets.
40:15Vous m'enlevez ma raison d'être.
40:17Vous m'enlevez mon troupeau,
40:18vous m'enlevez mes vaches.
40:20Mais la fondation Bardot
40:21agit sur ordre de l'État.
40:23L'éleveur se doit d'obtempérer.
40:26Les bovins seront conduits
40:27dans la nuit
40:28en Normandie
40:29chez l'un des agriculteurs
40:30partenaires de la fondation Bardot.
40:36Des bêtes de stagiaire
40:37de cette grosseur-là,
40:38c'est quand même
40:40des petites malheureuses.
40:45La Normandie
40:46va devenir leur paradis.
40:54Ils sont une vingtaine
40:55d'agriculteurs en France
40:56à souscrire à une idée
40:57mise en place par Brigitte Bardot
40:58et ses équipes.
40:59En contrepartie
41:00d'un salaire fixe,
41:01ces éleveurs n'emmènent plus
41:02leurs bêtes à l'abattoir.
41:10On s'est dit,
41:11on va demander
41:12à des agriculteurs
41:13qui sont en étape
41:14de semi-faillite,
41:17s'ils ne veulent pas
41:18s'occuper des animaux
41:19qu'on recueille,
41:20qu'on sort de l'abattoir,
41:22qu'on sauve,
41:23qu'on leur paye
41:24une pension
41:25pour ces animaux
41:27et ne font plus
41:28de commerce
41:29avec de l'élevage, etc.
41:32Eh bien, ça marche très bien.
41:36Marguerite.
41:37Tu viens, Marguerite ?
41:40Marguerite, la grise,
41:41a été sauvée d'un abattoir.
41:43Elle était prête
41:45à passer de l'autre côté
41:47et elle a été sauvée
41:49in extremis, on va dire.
41:52Et ça fait 4 ans
41:53qu'elle est là
41:54et elle est belle.
41:59Jérôme Le Brun, 54 ans,
42:01est l'un de ces agriculteurs
42:02reconvertis en gardien
42:03de troupeau.
42:04C'est même le premier
42:05à avoir souscrit,
42:06il y a 20 ans,
42:07à cette idée révolutionnaire.
42:09Il accueille en pension
42:10chez lui en Normandie
42:1137 bovins
42:12et 32 moutons.
42:14Qu'il regarde vieillir.
42:18C'est peut-être moi
42:19qui ai les vaches
42:20les plus vieilles de France,
42:21en fait.
42:22Le fait de voir
42:23mourir naturellement
42:24comme nous,
42:25c'est beau quand même.
42:26C'est normal
42:27qu'on s'attache
42:28vraiment aux animaux.
42:29On n'a pas
42:30le même rapport du tout.
42:38Des agriculteurs reconvertis.
42:40Une piste pour l'avenir
42:41dans une société
42:42qui aspire à consommer
42:43moins de viande.
42:45Car les refuges
42:46créés par Brigitte Bardot,
42:4731 hectares au total,
42:49sont désormais
42:50tous saturés.
42:51Bazoche,
42:52son ancienne maison
42:53dans les Yvelines,
42:54Montpont, près de Bordeaux
42:55et Lama Rosou,
42:56en Normandie.
43:02J'ai un très mauvais souvenir
43:03des refuges
43:04quand j'allais à l'ASPA,
43:06etc.
43:07Pour moi,
43:08c'était des prisons.
43:09Donc je voulais pas
43:10avoir de refuge.
43:12J'ai dit,
43:13si un jour j'ai un refuge,
43:14ça sera avec des animaux
43:16en liberté,
43:17comme si c'était
43:18ma maison.
43:22Nutrition,
43:23santé,
43:24bien-être
43:25et relation avec l'homme.
43:26Dans ces refuges,
43:27Brigitte Bardot
43:28a élaboré
43:29un véritable art de vivre
43:30animalier.
43:33Presque une utopie
43:34réalisée.
43:37Ici, les chats,
43:38ils vivent dans des maisonnettes
43:39avec des cours extérieurs,
43:40avec des arbres.
43:41Ils peuvent grimper
43:42à l'arbre.
43:43Ils ont du chauffage
43:44au sol.
43:45C'est une bonne vie
43:46de chat.
43:52Ben ouais !
43:54Allez !
43:56Allez, viens !
43:59Ils mangent un mélange
44:00de bananes,
44:01de pain trempé dans l'eau,
44:02de légumes de saison,
44:03en général.
44:04On avait des raisins,
44:05là on en a plus.
44:06Il y a des petits pois,
44:07de la salade,
44:08des produits frais.
44:10Là, je mets du poivron,
44:11du fenouil,
44:13et il y a déjà
44:14des épinards,
44:15de la pomme,
44:16du brocoli
44:17et de la poire
44:18pour ces messieurs-les-grands.
44:21Les loulous,
44:22c'est l'heure de manger.
44:24Généralement,
44:25les gens exterminent
44:26les rats
44:27et ne s'en occupent pas.
44:28Mais on en prend soin.
44:29Viens, Coco !
44:30Viens jouer avec les pigeons !
44:31Viens !
44:32Allez, soupez !
44:38Nous, l'équipe chien,
44:39on prépare environ
44:40200 gamelles.
44:41Chaque chien
44:42a sa ration.
44:43Et on fait des réunions
44:44de temps en temps
44:45pour revoir le dosage,
44:46si le chien
44:47se fait maigrir,
44:48grossir.
44:52Allez !
44:56On s'en occupe
44:57du matin au soir.
44:58Dès qu'il y en a un
44:59qui tousse,
45:00on porte ses vétérinaires
45:01tout de suite.
45:03C'est une diarrhée
45:04d'origine bactérienne,
45:05en plus,
45:06qui répond au traitement
45:07antibiotique.
45:08C'est bon,
45:09il faut y aller.
45:10C'est tout,
45:11c'est fini,
45:12c'est bientôt fini.
45:13Voilà.
45:22Que ce soit avec une poule,
45:23un chat,
45:24un chien,
45:25un rat,
45:26on sent l'amour qu'ils ont,
45:27on sent
45:28leur apaisement,
45:29on sent leur détresse,
45:30on sent quand
45:31ils sont stressés.
45:32On ne peut pas l'expliquer.
45:33Il y a des connexions.
45:34C'est la communication
45:35inter-espèce.
45:36Ça passe.
45:38Et on le sent
45:39énormément, oui.
45:43La communication
45:44inter-espèce.
45:45Une évidence
45:46pour Brigitte Bardot
45:47depuis toujours.
45:51Bonjour.
45:56Brigitte Bardot
45:57a toujours eu
45:58cette connaissance instinctive
45:59des animaux.
46:01Sans doute parce que,
46:02bien plus que n'importe qui,
46:04elle s'identifie à eux.
46:08Je sais très bien
46:09ce que ressentent
46:10les animaux,
46:11je les ressentis moi.
46:16J'étais comme un animal,
46:18traqué,
46:20traqué,
46:22traqué.
46:25Il faut se souvenir
46:26avec quel acharnement
46:27et quelle violence
46:28Bardot fut harcelée,
46:29épiée,
46:30poursuivie,
46:31parfois piétinée,
46:33prise au piège
46:34de sa notoriété.
46:36Ma vie ressemble
46:37à une grande prison.
46:42Je suis obligée
46:43de vivre avec les rideaux tirés
46:45ou les volets tirés
46:46parce qu'il y a
46:47des téléobjectifs
46:48sur le toit d'un face.
46:53Elle-même
46:54a été traitée
46:55comme un animal,
46:56c'est-à-dire traquée,
46:58enfermée.
46:59On pense à ce qui s'est passé
47:00au moment où
47:01elle a donné naissance
47:02à son Nicolas,
47:03avec des photographes
47:04sur les toits alentours,
47:05comme dans les reportages
47:06animaliers
47:07où on se planque
47:08pour pouvoir
47:09surprendre la nichée.
47:12Il est évident
47:13qu'elle a été
47:14un bel animal,
47:15victime de safaris photos,
47:16certes,
47:17mais de safaris.
47:19Je suis beaucoup plus animal
47:20que être humain.
47:25Elle s'identifie
47:26totalement à ses animaux.
47:27C'est pour ça que
47:28quand un animal souffre,
47:29c'est dans sa chair à elle
47:30qu'elle le ressent.
47:36J'ai mal.
47:39Pas physiquement,
47:41mais j'ai mal dans mon cœur.
47:43J'ai mal, j'ai mal.
47:48Elle incarne
47:49l'amour des bêtes.
47:50C'est-à-dire que
47:51la question animale,
47:52ce n'est pas seulement
47:53quelque chose
47:54qui est lié
47:55à l'argumentation,
47:56à la science.
47:57Bien sûr,
47:58la science est fondamentale.
47:59L'éthologie,
48:00qui nous fait prendre conscience
48:01de la richesse
48:02des existences animales,
48:04est majeure.
48:05Mais ce n'est pas
48:06seulement avec
48:07les arguments
48:08et les connaissances
48:09qu'on change
48:10le style de vie.
48:11Il faut aussi des émotions.
48:14Brigitte Bardot
48:15a joué un grand rôle
48:17c'est un phare.
48:18C'était un phare,
48:19tout le monde savait
48:20qui c'était.
48:21Donc ce phare
48:22a été un porte-parole
48:24et elle a mis en lumière
48:25un problème
48:26que les scientifiques
48:28précisent.
48:30L'éthologie sans phare
48:32restait dans les laboratoires.
48:34Et en associant les deux,
48:36on a métamorphosé
48:37la condition animale.
48:41La rencontre de l'émotion
48:42et de l'élaboration scientifique,
48:44ce serait donc la recette.
48:45Qui a donné une ampleur nouvelle
48:47à la cause animale.
48:49Bébé fut sûrement
48:50la lanceuse d'alerte
48:51la plus tenace,
48:52la plus constante
48:53et la plus impliquée.
48:56Et aujourd'hui,
48:57ce combat qui lui est si cher,
48:58infuse enfin
48:59toute la société.
49:16La prise de conscience
49:18du public
49:20est forte
49:23et que dalle
49:24de la part des gouvernements
49:26de celui-là,
49:27d'un suit d'avant,
49:28d'un suit d'encore avant,
49:29etc.
49:38Les jeunes,
49:41les petits,
49:45les grands,
49:51tels est Brigitte Bardot.
49:53Éternelle révoltée,
49:54éternelle insatisfaite.
50:00Ma vie, maintenant,
50:01elle appartient
50:02au sauvetage d'animaux.
50:05Elle n'appartient plus.
50:07Je suis responsable d'eux.
50:10Au point de tout leur sacrifier.
50:13Brigitte Bardot,
50:14elle est toujours au contrôle
50:15de la souffrance animale.
50:17Elle n'ignore pas
50:18que prétendre l'éradiquer,
50:19c'est une mission impossible.
50:21Aussi, dans ses moments de doute,
50:23elle sait où puiser le courage
50:24de poursuivre sa bataille.
50:31C'est un endroit magique.
50:33C'est très rare.
50:35Avec le silence,
50:37la beauté de la mer
50:39qui est très importante
50:41et puis cette petite chapelle minuscule
50:44qui comprend quand même
50:46une espèce de sérénité mystique.
50:53Alors,
50:55quand vraiment ça ne va pas,
50:57mais j'y vais.
50:59Souvent, je m'engueule
51:00avec la petite vierge
51:02parce que quelquefois,
51:03ça ne va pas fort.
51:06Mais ça s'arrange toujours.
51:12Le mythe dont elle fait
51:13toujours l'objet,
51:14elle le balaie d'un revers de la main.
51:16Son passé glamour,
51:17elle l'occulte.
51:19L'émancipation des femmes
51:20dont elle fut le porte-drapeau,
51:22elle l'a presque oubliée.
51:26De son bilan pourtant impressionnant
51:28en faveur de la défense des animaux,
51:30elle ne tire aucune fierté.
51:35Le passé ne l'intéresse pas.
51:37Le présent est entièrement dédié
51:38à sa cause.
51:40Une seule chose la rassure.
51:43Son combat lui survivra.

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