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  • 17/05/2025

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00:00Le SAMU, bonjour.
00:01Bonjour madame, je vous appelle. En fait, j'ai des douleurs à la poisserie.
00:04Nous sommes le 9 avril 2023, il est 17h10.
00:07Anthony Kefelec, en détresse respiratoire, compose le 15.
00:10Ce père de famille âgé de 36 ans demande du secours.
00:13Il est seul dans sa maison, situé à 10 minutes en voiture de l'hôpital de Besançon.
00:16A la demande d'une médecin du SAMU, il décrit tant bien que mal ses symptômes caractéristiques d'un infarctus.
00:21Ça brûle, ça pue, ça sert, je sais pas.
00:24En fait, je suis plus seul et je panique un peu, donc je sais pas, j'aimerais bien de l'aide.
00:28Oui, mais on est au téléphone, du coup.
00:33Donc c'est pour ça que je vous pose des questions, c'est pour adapter mon aide.
00:37D'accord ?
00:37Je m'énerve pas, j'ai pas le temps de ça en fait.
00:42Vous n'avez pas le temps de quoi ?
00:43Vous n'avez pas le temps de quoi ?
00:47Je comprends pas, monsieur, vous n'avez pas le temps de quoi ?
00:51Est-ce que je pourrais avoir de l'aide, s'il vous plaît ?
00:54Oui ? Eh bien, je suis en train de vous poser des questions pour évaluer la situation et vous envoyer de l'aide.
01:00Donc vous n'avez pas le temps de quoi ?
01:02Au bout du fil, la médecin s'agace.
01:04Anthony Kéfelec, en souffrant, s'est angoissé par ses douleurs, peine à parler.
01:08Je suis tout mal.
01:08D'accord, mais pourquoi vous me dites que vous n'avez pas le temps, vous n'avez pas le temps pour quoi ?
01:14Je panique un peu là.
01:17Oui, j'entends bien, monsieur, mais vous êtes au téléphone avec moi, d'accord ?
01:20Donc il ne va rien se passer, on va essayer de se calmer et vous allez essayer de répondre à mes questions.
01:25La praticienne poursuit ses investigations à distance sans saisir l'urgence de la situation.
01:30Mais pour l'instant, il n'y a pas de signe de gravité, ok ?
01:33Donc essayez de respirer tranquillement.
01:35Oui, j'entends bien, on va venir vous chercher, on va faire le point aux urgents.
01:39Anthony Kéfelec, qu'on entend respirer avec difficulté, répond à peine.
01:42Inquiet de ne voir personne arriver 30 minutes après son premier appel, le père de famille contacte à nouveau le SAMU.
01:47Ils sont portés à l'instant ?
01:49Alors, 17h14, Roger.
01:53Merci, monsieur.
01:54Donc à mon avis, il doit être en interne.
01:57Il va faire ce point qui vient.
01:58L'ambulance de la société Jussieu, déclenchée sans notion d'urgence par le SAMU,
02:03fait au même moment un détour pour déposer un patient à son domicile.
02:06Ils vont venir ?
02:07Oui, oui, ils vont venir, ne vous inquiétez pas, ils ont été déclenchés.
02:11Voilà, monsieur.
02:13Merci.
02:13Arrivé depuis quelques minutes, les ambulanciers de Jussieu sont démunis.
02:16Anthony Kéfelec vient de perdre connaissance.
02:18Il faudrait une équipe médicale, je ne comprends pas ce qu'il se passe.
02:21Il nous parlait tout bien, il nous a attendu tranquille.
02:23Puis là, on a des respirations assez bizarres, je ne comprends pas trop.
02:26Sa respiration se limite à des râles d'agonie appelées GASPS.
02:30Je pense qu'il est inconscient, ça.
02:31Vous vous prouvez, vous êtes sûr ?
02:34Franchement, là, on est un peu perdus parce qu'il nous parlait tout bien au début, j'étais couille, ça.
02:39Il n'est pas un peu plus petit, cet homme ?
02:41Non, franchement, c'est de la conscience où je pense qu'il fait des pauses respites.
02:47J'ai du mal à baisser...
02:49Il fait des pauses respites, il a combien de salles, là ?
02:51On n'a pas le choix à avoir, c'est ça le problème, c'est qu'il a l'image super froide.
02:53Ni les ambulanciers, ni la médecin du SAMU ne prennent conscience que son état très critique nécessite un message cardiaque d'urgence.
03:00À mon avis, il est hyper stressé. On voulait avoir quelqu'un à aller se courir sans partie, hein ?
03:03Je ne sais pas si tu dis pas stress ou...
03:06Moi, j'avais l'impression, en tout cas au téléphone, qu'il était hyper angoissi, c'est ça ?
03:09L'équipe SMUR, potentiellement disponible dès le premier appel d'Anthony Kefélec 50 minutes plus tôt, est enfin déclenchée.
03:15Il a dit qu'il avait juste vu un médecin, mais c'est tout.
03:19Qu'il avait vu un médecin ? Donc il nous cache les choses, cet homme, quand même.
03:22Je vois, il ne m'a pas dit ça.
03:23Je ne sais pas si il fait semblant d'être inconscient ou...
03:25Malgré les symptômes évidents d'infarctus, la médecin du SAMU s'obstine dans l'idée que le patient simule ou fait une simple crise d'angoisse.
03:32Elle demande aux ambulanciers de réaliser des tests pour conforter ses hypothèses.
03:36Écoutez, de toute façon, ils arrivent. Et puis, ils vont venir vous liser. Vous essayez de... parce que vous pouvez en attendant.
03:43Sur place, les ambulanciers de Jussieu ont enfin pris l'initiative de démarrer une réanimation.
03:48Ils rappellent à nouveau le SAMU.
03:49Il est déjà trop tard. Au-delà de 5 minutes de no flow, les lésions cérébrales sont généralement irréversibles.
04:07Ce terme désigne le laps de temps entre l'arrêt cardiaque et le début du massage.
04:11Le SMUR est marqué de toute façon. Ok.
04:15Alors, merci.
04:16Malgré les efforts des urgentistes du SMUR arrivés sur place en 8 minutes,
04:20Anthony Kefelec n'a pas pu être réanimé.
04:23Le problème provenait d'une artère bouchée que la pose rapide d'un stent aurait solutionné.
04:27En état de mort cérébrale, le trentenaire est déclaré décédé le lendemain.
04:31Saisi par la famille d'Anthony Kefelec, la commission de conciliation et d'indemnisation des accidents médicaux
04:36a établi les responsabilités de son décès à 70% pour le CHU et 10% pour la société Jussieu.