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  • 14/05/2025
À l'occasion de la publication de son nouveau livre "Ce que maire m'a fait", l'ancien élu à la tête de Perpignan pendant 16 ans (jusqu'en 2009) fait le bilan de son héritage.

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Transcription
00:00Tors-moi le quart, un ancien maire invité de Ici Matin, il s'agit de Jean-Paul Alduit
00:04qui fut maire de Perpignan entre 1993 et 2009 et président de Perpignan-Méditerranée-Métropole jusqu'en 2014.
00:11Jean-Paul Alduit vient de publier un livre « Ce que maire m'a fait » et il répond à vos questions, Stéphanie Mora.
00:16Bonjour Jean-Paul Alduit.
00:17Bonjour.
00:17Vous avez quitté la politique il y a plus de dix ans maintenant et cet ouvrage tient presque autant de la volonté
00:23de rappeler ce que vous avez bâti à Perpignan que d'imaginer la ville dans 40 ans.
00:27Vous avez peur qu'on vous oublie Jean-Paul Alduit ?
00:29Non, non, j'ai aucune nostalgie, mais bon, je sais que l'oubli, l'obsolescence sociale, comme on dit...
00:36Vous en parlez dans le livre, et vous dites « J'entre lentement dans l'antichambre de l'oubli ».
00:39Mais oui, mais c'est le sort de nous tous, et notamment des hommes politiques.
00:46Non, mais je rectifie, ce n'était pas tellement parler de ce que j'ai fait qui m'intéressait,
00:53c'était montrer comment ce mandat de maire, cette expérience de maire,
00:58m'avait transformé et avait transformé le technocrate bien formaté,
01:04après 25 années, dans le service public d'État, sur l'aménagement du territoire,
01:09en petit à petit devenir un politicien naviguant dans le microcosme local.
01:15Je vais le dire autrement, j'avais orienté mes études, orienté ma carrière,
01:20en espérant m'éloigner de la culture familiale, mon père, ma mère, qui étaient des politiciens,
01:25et voilà qu'un événement improbable, mon élection de maire, alors que je n'y pensais pas,
01:32ou très peu, va petit à petit produire des évolutions,
01:37effacer en grande partie les raisonnements du technocrate,
01:41pour aller vers ce raisonnement du politicien,
01:43qui est beaucoup plus de l'intuition, de la sensibilité, que de la déduction.
01:49Alors justement, l'intuition, la sensibilité,
01:52presque vous la regrettez chez vos successeurs,
01:55parce que ce livre, il est là aussi un petit peu pour dresser un portrait en creux
01:59de ce que vous pensez de Jean-Marc Pujol, celui qui vous a succédé, ou de Louis Alliot.
02:03J'ai quitté la vie publique car je croyais à un souffle nouveau,
02:06malheureusement mon successeur a eu le souffle court,
02:08plus loin vous dites, une politique des petits pas tétanisés par le vertige de la dette,
02:12ça c'est pour Jean-Marc Pujol, mais vous égratignez aussi Louis Alliot,
02:15l'action municipale dont la vacuité est masquée par quelques animations de rue,
02:19« Le maire est rarement sur le terrain, il rayonne sur les plateaux télé ».
02:23Vous aviez tout réussi, tout mis sur les rails, ils ont tout raté ?
02:25C'est ça Jean-Paul Aldu ?
02:27Non, vous sortez deux phrases,
02:30qui font cinq lignes,
02:32sur un ouvrage qui fait quand même 150 pages.
02:36Dans lequel vous revenez sur beaucoup de vos réalisations,
02:38le théâtre de l'archipel, le TGV,
02:40et vous constatez quand même que derrière, il y a rien.
02:42Voilà, ça n'est pas un ouvrage pour critiquer,
02:44c'est, je répète, pour montrer que j'avais tracé un chemin,
02:49j'ai même après essayé de montrer les lignes de fuite du chemin tracé,
02:53en parlant de Perpignan en 2060,
02:56et c'est vrai qu'à l'occasion, j'ai été obligé de constater
02:59que ce que j'avais fait, petit à petit, s'effaçait.
03:03Perpignan-la-Catalane a disparu,
03:06le Perpignan-Une et pluriel n'est plus là,
03:11la laïcité que je définissais à travers ce concept d'archipel,
03:15et maintenant une laïcité a poursuivi le variable, etc.
03:19Donc la ville à énergie positive, on n'en parle plus,
03:23la smart city n'a jamais été mise sur les rails,
03:26au niveau où il le fallait, etc.
03:28Alors c'est vrai, je suis bien obligé de raconter cela,
03:30mais ça n'était pas l'objet central.
03:32L'objet central, c'était de dire à toutes celles et tous ceux
03:35qui veulent briguer un mandat municipal
03:37qu'on ne sort pas indemne de l'exercice de cette fonction.
03:42On ne sort pas indemne, même s'il y a une formidable joie,
03:45il y a aussi quelques douleurs.
03:47Vous dites que vous voulez, par ce livre, être utile
03:50à ceux qui seront amenés à diriger la municipalité.
03:54C'est un livre un petit peu programmatique,
03:57une espèce de boîte à idées pour la municipale qui arrive.
04:00A qui vous pensez quand vous étiez dit ?
04:02C'est un témoignage, un témoignage personnel.
04:05Disons qu'après dix ans de désintoxication,
04:09j'essaye d'expliquer aux générations qui viennent
04:13qu'il faut faire attention à l'addiction du pouvoir
04:17et avec ses dégâts collatéraux.
04:19Vous avez été, vous, sous cette influence,
04:22sous cette addiction du pouvoir ?
04:23Oui, quand j'ai arrêté,
04:29c'était parce que je me suis retrouvé confronté
04:32à ce que j'avais dit lors de mes premiers pas.
04:35Une autre idée de la politique, de mandat suffit.
04:38Et je crois profondément aujourd'hui que la vraie réforme
04:41qui donnera vie à la démocratie française,
04:43qui donnera vie à la démocratie au niveau national
04:46comme au niveau local, c'est de limiter le nombre de mandats.
04:49Ce n'est pas tant le cumul de mandats,
04:51même si je crois que c'est une bonne réforme,
04:54mais c'est surtout de limiter à deux mandats
04:56pour éviter justement ces mécanismes d'addiction,
05:00ces mécanismes d'adhérence à la société locale
05:02qui ne vous laissent pas la même liberté d'action,
05:05la même liberté de conviction.
05:07Il est 7h51, vous écoutez Ici Roussillon,
05:11notre invité, ancien maire de Perpignan,
05:14Jean-Paul Alduil répond à vos questions.
05:15Stéphanie Mora.
05:16Alors dans ce livre, ce que maire m'a fait,
05:18vous vous livrez à l'exercice d'imaginer
05:20ce que pourrait être Perpignan en 2060,
05:22quand votre fils aura l'âge que vous aviez
05:24quand vous êtes entré en politique.
05:26Vous parlez de l'intelligence artificielle
05:27qui sera partout, un monde ultra connecté
05:29qui ne vous fait pas peur, d'ailleurs on le note.
05:31La technologie peut-elle sortir le département
05:33de ses difficultés économiques, Jean-Paul Alduil ?
05:35Alors je crois qu'il y a deux événements
05:40qui peuvent en effet nous rebattre les cartes
05:43et éviter cette descente progressive
05:47vers le déclin mortifère.
05:50C'est d'une part, on aura enfin réalisé
05:52le TGV Montpellier-Perpignan,
05:55donc le désenclavement...
05:57Vous croyez qu'on y sera arrivé en 2060 ?
05:59Je pense même qu'on y sera en 2030.
06:01Enfin, tout de même, il faut croire à l'intelligence.
06:04Quand vous avez démarré en 1993, vous l'espérez.
06:06Il faut croire à l'intelligence.
06:08Non, parce qu'en plus c'est obligatoire.
06:11À l'intelligence où ?
06:12Parce qu'il manque de l'argent en fait, Jean-Paul Alduil.
06:14Il manque de l'argent aujourd'hui.
06:15La différence peut-être entre votre moment d'action municipale
06:18et aujourd'hui, c'est la même.
06:18Je crois sincèrement qu'aujourd'hui,
06:20on l'a appris,
06:21quand il a fallu faire le quoi qu'il en coûte,
06:23on l'a trouvé.
06:24Quand je vois qu'aujourd'hui,
06:26on fait le TGV Lyon-Turin,
06:29ce sont des sommes qui n'ont rien à voir
06:31avec le fameux barreau qui manque
06:34entre Montpellier et Perpignan.
06:35Donc je crois qu'on le fera.
06:36Je veux même plus que ça,
06:38je veux dire,
06:38quand on aura fait un TER Perpignan-Géronne,
06:41on voit bien qu'on aura une nouvelle localisation,
06:45une nouvelle position géopolitique de Perpignan
06:48dans l'espace économique.
06:49Montpellier,
06:50C'est ce que vous avez toujours défendu,
06:52au cœur d'un carrefour européen.
06:53Et ensuite, l'IA.
06:54Mais ce n'est pas uniquement l'IA,
06:55ce n'est pas simplement l'intelligence artificielle.
06:57C'est également la puissance que va donner à l'IA
07:00l'informatique quantique.
07:02Et donc là aussi,
07:03ça va énormément modifier nos comportements,
07:06nos consommations,
07:07nos déplacements.
07:09Et enfin, dernier point,
07:10je pense que ce qu'il faut bien comprendre,
07:13c'est qu'on va finir par comprendre
07:15qu'il faut protéger la planète.
07:16On va finir par comprendre
07:18qu'il faut arrêter de consommer
07:21de l'espace agricole,
07:22de l'espace naturel, etc.
07:23Donc le pavillon, c'est fini.
07:24Et donc, on sera amené,
07:26et oui, on sera amené
07:27à recomposer la ville sur elle-même.
07:30Et tous ces mécanismes-là
07:32m'ont amené à essayer d'imaginer
07:34ce que pourrait être
07:35la ville dans laquelle vivra mon fils,
07:38je l'espère,
07:39quand il aura 60 ans.
07:40Et bien justement,
07:40puisqu'on arrive au terme de cette interview,
07:42Jean-Paul Aldu,
07:43vous adressez beaucoup à votre jeune fils,
07:45vous évoquez vos relations avec votre père aussi.
07:46Est-ce que vous aimeriez
07:48que votre plus jeune fils
07:49ou l'un de vos enfants
07:50entre en politique comme vous ?
07:51Sincèrement,
07:54je n'ai aucune opinion là-dessus.
07:57Je n'élude pas,
07:58et je n'élude pas pour une raison simple.
08:00C'est que j'ai tout fait
08:01pour éviter la politique
08:03pendant toute ma carrière
08:05et toutes mes études.
08:06Donc je ne vais pas, moi-même,
08:09donner à mon fils
08:10une sorte de direction
08:13que je n'ai pas su suivre.
08:14Ce que Maire m'a fait
08:16aux éditions Les Presses Littéraires,
08:17votre ouvrage
08:18avec beaucoup d'aquarelles
08:19comme vous en avez pris l'habitude désormais,
08:21vous dites que la peinture,
08:22c'est votre respiration,
08:23Jean-Paul Aldu ?
08:24Oui, c'est même une thérapeutique.
08:27Quand écrire et peindre,
08:30ce sont des moments magiques
08:31où tout s'arrête,
08:33où vous êtes sur vous-même,
08:36vous êtes sur le rapport à la beauté,
08:39à la lumière, à la couleur,
08:40et je pense que c'est une thérapeutique
08:43justement pour,
08:45certes, l'obsolescence physique,
08:46certes, l'obsolescence sociale,
08:48mais garder toujours au cœur
08:49la même vitalité
08:50et le même amour de la beauté.
08:53Jean-Paul Aldu,
08:54merci d'avoir été notre invité ce matin.

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