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  • 13/05/2025
Lors de l’émission Face à l’Info du 13/05/2025, la journaliste Charlotte d’Ornellas était présente sur le plateau. Elle est revenue sur la bagarre au sein du tribunal de Bordeaux : «Ces délinquants vivent dans un monde parallèle». 

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Transcription
00:00C'est un peu le pas de plus du jamais vu selon les avocats, les avocats des différentes parties par ailleurs,
00:05qui se sont exprimés, qui ont expliqué, et selon leurs âges, qui sont eux aussi différents,
00:10ont expliqué qu'ils n'avaient jamais vu ça de leur vie entière.
00:14Vous l'avez dit, des jeunes hommes, alors on n'a pas les âges précis, mais c'est entre eux,
00:20certains sont mineurs, entre 15 et 30 ans, on va dire,
00:22qui sont d'abord venus s'installer dans la salle d'audience,
00:25qui ont été repris par la présidente du tribunal parce qu'ils échangeaient des messages avec certains des accusés
00:29notamment, et vers 19h, il y a eu suspension de séance,
00:33et c'est carrément l'affrontement qui a eu lieu, d'abord dans la salle des pas perdus,
00:38et ensuite jusque dans la salle d'audience, puisque certains tentaient de fuir finalement les agresseurs.
00:45Donc on a des amis, des accusés, qui ont été agressés un peu au hasard, les habitants du quartier d'Enphase.
00:51C'est initialement l'histoire de deux bandes rivales, entre deux quartiers de la banlieue de Bordeaux,
00:57et ils ont poursuivi, on va dire, cet affrontement, cette guerre de territoire au sein du tribunal.
01:05Alors il y a une des avocates qui a réagi en disant, on s'y attendait, étant donné l'histoire,
01:10et elle a accusé l'État, en l'occurrence en tout cas les autorités qui organisaient le procès,
01:15de ne pas avoir anticipé mieux que ça, de ne pas avoir prévu plus de policiers,
01:19et résultat, certains policiers ont été blessés.
01:22Je pense que c'est une manière de réagir, pourquoi pas, on peut discuter de s'il y a eu de la prudence dans la gestion.
01:27Enfin, si on pense que le nombre de policiers présents est le cœur de notre problème,
01:31je pense qu'on passe un petit peu à côté de ce qui nous arrive quand même.
01:34Par ailleurs, on ne peut pas en permanence, que ce soit à l'école, que ce soit dans les rues,
01:38que ce soit absolument partout, on se dit qu'il y a plus de policiers.
01:41Bon, à la fin, s'il y a plus de policiers dans un pays que de citoyens qui ne sont pas policiers,
01:44on a un grave problème quand même.
01:45Et si on aspire absolument en permanence à avoir un État toujours plus policier,
01:51ce n'est pas une manière non plus de répondre à cette délinquance,
01:54puisque les honnêtes gens en général appellent à plus de sécurité,
01:58ou en tout cas de sécurisation par le biais des forces de l'ordre, c'est assez logique,
02:02sans voir toujours que plus de forces de l'ordre, ça s'applique surtout aux honnêtes gens,
02:06et on le voit en permanence.
02:08Alors là, on a des hommes qui sont capables de venir poursuivre leur guerre de territoire
02:13jusque dans le tribunal, bien sûr, à la barbe des policiers qui sont quand même présents,
02:20et en soutien à huit personnes qui sont sur le banc des accusés,
02:23et trois notamment sont poursuivis pour meurtre en bande organisée,
02:27donc devant la famille notamment de ce jeune homme de 16 ans,
02:30on va y venir, qui est mort de trois balles dans le dos, très précisément,
02:35il était en train de fuir, ce gamin, et il n'avait rien à voir avec leurs affaires de bande rivale.
02:40D'abord, un, on constate évidemment une absence de considération élémentaire
02:44pour l'autorité judiciaire.
02:45Quiconque s'est déjà trouvé dans un tribunal voit, c'est impressionnant un tribunal quand même,
02:50bon bah là ça n'impressionne évidemment pas.
02:52Absence de compassion ou d'empathie élémentaire pour les victimes, évidemment,
02:56les victimes qui se trouvent devant le tribunal,
02:58absence totale d'une quelconque peur d'une éventuelle sanction, ça va sans dire,
03:02et absence de compréhension aussi de la gravité de ce qui est jugé.
03:07C'est-à-dire qu'on poursuit une guerre de territoire comme si c'était un jeu
03:11dans lequel toute la vie avait basculé jusque dans le tribunal,
03:15et peu importe en effet les raisons pour lesquelles leurs amis sont au tribunal.
03:20Et alors il faudrait peut-être aussi que nous pensions,
03:22vous savez souvent quand on voit les affrontements entre certains jeunes,
03:26qu'on appelle les jeunes, et les forces de l'ordre,
03:29qui sont en première ligne évidemment dans certains quartiers,
03:32on se dit qu'il y a un réflexe évident qui est celui de dire
03:34il faut absolument rétablir un lien entre la police et la population.
03:37On en a souvent parlé, il y a dans ces quartiers,
03:40toute une partie de la population qui a zéro problème avec personne,
03:42non plus qu'avec les pompiers, qu'avec les policiers,
03:45qu'avec les médecins, qu'avec les profs.
03:46Mais simplement, si on se penche sur l'actualité des derniers jours,
03:49des derniers mois, voire des dernières années,
03:51on a des professeurs qui usent de leurs droits de retrait,
03:53parce qu'ils ont peur de donner cours,
03:55des pompiers qui sont agressés, on en a parlé ces derniers jours,
03:58des médecins qui refusent désormais d'aller dans certains quartiers sans escorte,
04:02des pompiers eux-mêmes qui sont escortés,
04:04et désormais le palais de justice lui-même
04:07qui devient la prolongation du lieu de la guerre des gangs.
04:11Ces délinquants vivent dans un monde parallèle,
04:13c'est leur territoire qui est sacré,
04:15leur honneur seul qui compte ou celui de la bande,
04:17et l'autorité de leur gang seule qui est reconnue,
04:20rien d'autre ne compte,
04:22et peut-être faudrait-il aborder le problème tel quel.

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