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  • 12/05/2025

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Transcription
00:00J'aimerais qu'on évoque le président Macron, il a déployé une très grande activité diplomatique ces derniers jours.
00:06On l'a vu en Ukraine, on l'a vu avec des chefs d'État à Paris.
00:08On va juste écouter ce qu'il a dit après que le Kremlin ait rejeté l'ultimatum qu'il proposait de 30 jours de trêve.
00:15Écoutez-le.
00:16Ce qu'il faut voir aujourd'hui, c'est que vous avez un pays qui a été agressé il y a 10 ans, puis il y a 3 ans, l'Ukraine.
00:21Il y a une proposition qui a été mise sur la table par les États-Unis.
00:24C'est le feu immédiat que les Européens ont soutenu en disant qu'il faut construire une paix durable
00:28avec des garanties auxquelles on participe.
00:31Au mois de mars à Jeddah, le président ukrainien a dit « je suis d'accord pour un cessez-le-feu inconditionnel ».
00:37Et hier, le président ukrainien a dit « je suis d'accord pour une rencontre à Istanbul ».
00:44Ça fait deux fois qu'il fait des grandes concessions.
00:45Il faut maintenant être raisonnables tous.
00:47Soit la Russie, M. Poutine, est sérieuse et veut la paix, soit elle n'est pas sérieuse et nous devons sanctionner encore davantage.
00:53Voilà pour Emmanuel Macron.
00:54Henri Guéno, deux questions.
00:55Est-ce qu'il a réussi à remettre l'Europe au centre des discussions ou pas du tout ?
00:59Et est-ce que l'activité diplomatique qu'il déploie est fructueuse ?
01:03Non, alors, l'Europe au centre, non.
01:06La preuve, c'est que les deux partis, les Ukrainiens et les Russes, ne cherchent qu'une chose,
01:12c'est à rattraper de leur côté Donald Trump.
01:15Ce n'est pas du tout les Européens.
01:17Non, mais surtout, il dit qu'il faut être raisonnable, mais qui n'est pas raisonnable, qui est inconséquent et, d'une certaine façon, irresponsable,
01:29sinon notre président de la République.
01:33Pourquoi ?
01:34Mais pourquoi ? Parce que, vous pensez vraiment qu'en délivrant un ultimatum à la Russie,
01:40qui que ce soit dans le monde va obtenir gain de cause ?
01:43Est-ce qu'une seule fois dans son histoire, la Russie a cédé à un ultimatum ?
01:48A fortiori, pour un régime comme celui du président.
01:52Vous avez essayé de faire un ultimatum à la Chine, vous avez vu, sur le commerce international.
01:57Mais personne ne peut accepter un ultimatum quand il a le moyen de ne pas l'accepter.
02:01Henri, l'enjeu, ce n'est pas tant que personne ne pensait que Poutine allait l'accepter.
02:06Ce qu'ils veulent simplement montrer, c'est qu'eux ont proposé la paix,
02:09et Vladimir Poutine refuse la paix.
02:11Mais je sais bien, eux, ce qu'ils veulent juste, je pense,
02:13c'est simplement pouvoir montrer aux yeux du monde, en tout cas à l'Occident,
02:17c'est Vladimir Poutine qui refuse la paix, alors que nous l'avons proposé.
02:20Mais vous avez raison, simplement, c'est un jeu extraordinairement dangereux.
02:23Je suis d'accord.
02:24C'est un jeu extraordinairement dangereux pour nous.
02:26On ne fait qu'attiser l'attention avec la Russie.
02:30C'est-à-dire qu'il y a deux choses qui m'ont frappé.
02:32D'abord, la forme d'ultimatum.
02:34C'était en forme d'ultimatum, non pas d'intermédiation, de volonté d'arranger les choses.
02:40Non, on leur a lancé un ultimatum en sachant très bien qu'ils ne pouvaient pas accepter un ultimatum.
02:45Et deuxièmement, dont plus personne ne parle, mais dont on a parlé un peu la semaine dernière,
02:51c'est que les Européens ont proposé la création d'un tribunal spécial pour ce qu'ils appellent le crime d'agression.
03:00En disant, rien ne restera impuni.
03:03Donc, quand vous dites à celui avec lequel vous êtes censé pouvoir discuter de la paix,
03:08que de toute façon, il n'échappera pas à la sanction pénale des Occidentaux,
03:13qu'on le poursuivra partout, jusqu'au bout,
03:17vous pouvez être sûr que la réception ne sera pas très bonne du côté de celui avec lequel vous êtes censé vouloir ouvrir des négociations.
03:24En fait, ces gens veulent la guerre.
03:27Ils sont pris par, je pense, le président de la République française, le Premier ministre britannique, le chancelier allemand, entre autres.
03:34Le Polonais aussi ?
03:36Non, mais les Polonais sont dans une situation très différente.
03:38Les Polonais, ils ont peur.
03:39Mais c'est normal, ils ont une histoire, les Polonais.
03:41Ils ont des raisons.
03:42Donc, on n'est pas du tout dans la même situation.
03:46Mais les trois autres, comme la plupart des chefs d'État et de gouvernement, d'ailleurs, en Europe,
03:50et eux en particulier, n'ont pas de légitimité,
03:53aujourd'hui, disons, une légitimité démocratique très contestée et très contestable, très fragile.
03:58Et donc, il y a...
03:59Pas de là à dire qu'ils sont pour la guerre, il y a un petit pas quand même.
04:01Mais c'est l'histoire du chef de guerre qui va, pour resserrer les rangs, on a besoin d'un bouc émissaire.
04:06Alors, on en cherche dedans, pour essayer aussi d'écarter la colère populaire de leur tête.
04:11Et comme...
04:13Ben, ils en cherchent dedans et ils en cherchent dehors.
04:14Ils en ont trouvé un.
04:15Ils ont un ennemi.
04:16Vous savez, c'est la vieille thèse, hein, politique.
04:19Les choses commencent à être claires quand on a, non pas un adversaire, mais un ennemi.
04:22Et là, ils désignent la Russie.
04:24Mais non pas comme un problème à résoudre.
04:26Ils désignent la Russie comme un ennemi.
04:28Ennemi aujourd'hui, demain ou après-demain.
04:30Mais c'est un ennemi.
04:31Voilà.
04:31C'est quelqu'un avec qui, finalement, on est sûr qu'on fera la guerre.
04:35Et donc, en faisant monter cette hostilité, eh bien, on se redonne une légitimité, celle du chef de guerre.
04:42Et vous voyez pas, c'est l'ivresse des chefs de guerre.
04:45Voilà.
04:45Et ça, c'est extraordinairement dangereux.
04:46Quelle est la légitimité du président de la République pour dire qu'on va envoyer des troupes, même comme garantie, un éventuel accord, en Ukraine ?
04:59C'est pas la même chose d'envoyer des troupes dans les pays autour que d'en envoyer en Ukraine.
05:03Parce que si vraiment le cessez-le-feu, l'attrait, l'armistice, je ne sais quoi, est rompu, eh bien, il risque d'y avoir des morts sur nos propres soldats.
05:11Et quand les cercueils rentreront, que fera-t-on ?
05:13Bien sûr.
05:14Voilà. C'est tandis que, quand ils sont autour d'intervenir, ça dépend toujours, au dernier moment, de la décision de chaque chef d'État.
05:24Tandis que si vous êtes dessus, vous risquez d'être entraîné automatiquement dans un conflit.
05:29Un mot juste, vous savez, cette forme du bris, je me rappelle, à l'été 2022, vers quelques mois après le début de la guerre, les Russes avaient perdu leur offensive,
05:39ils n'avaient pas réussi à conquérir Kiev, ils étaient en très grande difficulté.
05:44Ils avaient déjà envahi une petite partie de l'Ukraine, ils demandaient la paix par tous les canaux, remontaient la demande de paix.
05:49Et je me rappelle avoir été invité à une réunion de responsables occidentaux, que je ne citerai pas, et dans laquelle on se disait, ça y est, on les tient.
05:59On les tient. La Russie a fait une erreur majeure, Poutine a fait l'erreur majeure, on va les tenir et on ne va pas lâcher l'affaire.
06:08Trois ans après, on peut mesurer l'ampleur de cette erreur stratégique et les conséquences, et finalement, une espèce de mobilisation comme ça.
06:15Mais si vous voulez, pour engager la guerre avec la Russie, il faut juste avoir une armée, et pour l'instant, seul Trump en dispose.
06:22Merci.
06:23Merci.
06:24Merci.
06:25Merci.
06:26Merci.

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