- 12/05/2025
À l'occasion des 70 ans de la signature des accords de Genève qui marquaient l'indépendance du Vietnam, Democratia vous propose un numéro consacré à la décolonisation avec 2 documentaires..
Le premier, réalisé par Anna Francesca Leccia, intitulé "La guerre d'Indochine, la France à l'épreuve de la décolonisation" nous ramène l’issue de la Seconde Guerre mondiale.
Le monde est porté par un courant planétaire que rien ne saurait arrêter, celui du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, mais la France résiste et n’envisage à aucun moment de renoncer à son Empire.
En 1946, elle s’engage ainsi en guerre contre le Viet Minh pour préserver l’Indochine française.
Cette guerre lointaine, coûteuse et extrêmement violente va mettre l’État français devant ses contradictions et va permettre l’émergence tardive d’un discours anticolonial, première étape du délitement inévitable de l’Empire français.
La défaite de Diên Biên Phu de 1954 marquera un tournant dans l’histoire coloniale française en démontrant que l’oppresseur impérialiste peut être vaincu.
Les indépendances du Vietnam, du Laos et du Cambodge vont embraser le reste des colonies françaises dont l’Algérie, sujet du deuxième documentaire, "Algérie, quand la république abdiqua", réalisé Par Edoardo Malvenuti.
Le premier, réalisé par Anna Francesca Leccia, intitulé "La guerre d'Indochine, la France à l'épreuve de la décolonisation" nous ramène l’issue de la Seconde Guerre mondiale.
Le monde est porté par un courant planétaire que rien ne saurait arrêter, celui du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, mais la France résiste et n’envisage à aucun moment de renoncer à son Empire.
En 1946, elle s’engage ainsi en guerre contre le Viet Minh pour préserver l’Indochine française.
Cette guerre lointaine, coûteuse et extrêmement violente va mettre l’État français devant ses contradictions et va permettre l’émergence tardive d’un discours anticolonial, première étape du délitement inévitable de l’Empire français.
La défaite de Diên Biên Phu de 1954 marquera un tournant dans l’histoire coloniale française en démontrant que l’oppresseur impérialiste peut être vaincu.
Les indépendances du Vietnam, du Laos et du Cambodge vont embraser le reste des colonies françaises dont l’Algérie, sujet du deuxième documentaire, "Algérie, quand la république abdiqua", réalisé Par Edoardo Malvenuti.
Categoria
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DiversãoTranscrição
00:00A França é abençoe à la traine de la décolonização.
00:13Alor que outros estats renoncent à leur souveraineté sur d'anciennes colonies,
00:18durante duas décennies, toda veléité d'émancipation é violemmente reprimida por as armas.
00:23E a França se acroche à son empire, que ela chama agora a União França.
00:30Le déni de l'irrémédiable cour de l'histoire semble inébranlable.
00:34La décolonisation se construit sous la IVe République sur le sentiment d'une défaite politique et territoriale.
00:42La guerre d'Indochine et la défaite de Diem Dienfou imposent un changement de paradigme.
00:47C'est cette bascule de l'histoire qu'Anna Francesca Leccea se propose de révéler
00:52dans la guerre d'Indochine, la France à l'épreuve de la décolonisation.
01:001945, après des années d'une guerre atroce, l'heure serait enfin à la paix.
01:18Le nouvel ordre mondial érige la liberté des peuples à disposer d'eux-mêmes en principe cardinal.
01:23Ce serait le début de la fin des empires.
01:28Pourtant, la France va s'acharner dans une toute autre direction.
01:31Personne n'imagine perdre l'Empire au lendemain de la Seconde Guerre mondiale.
01:37C'est même une donnée impossible pour celui ou ceux qui imaginent la France se redresser après l'effort de guerre.
01:44Les Français sont persuadés qu'ils ont peut-être une voix différente des autres pour sauvegarder cet empire.
01:49Le prestige de la France a quand même souffert de la défaite de 40.
01:57Et c'est pour ça que face au mouvement indépendantiste qui se soulève,
02:01la réponse du gouvernement français est d'abord une réponse répressive.
02:07De Tanana arrive à Alger, en passant par Ouagadougou et Saïgon.
02:11Que les Français le veuillent ou non, le vent des décolonisations commence à souffler.
02:16Et il atteindra bientôt les rivaines d'eau chinoises.
02:18Dans l'esprit des colonialistes français, l'Indochine, c'est la richesse de la présence française en Asie.
02:26L'Indochine est considérée comme une des perles de l'Empire.
02:29Et considérée comme un des pivots de cet empire.
02:31Et donc, un des éléments majeurs de la puissance française.
02:36Absorbée par les enjeux de la guerre froide,
02:39la guerre d'Indochine débordera bien au-delà des frontières de la colonie asiatique.
02:44Elle sera la première et douloureuse étape de cette décolonisation à la française.
02:48Conflictuelle et violente.
02:50Sous-titrage Société Radio-Canada
02:55Sous-titrage Société Radio-Canada
03:00Sous-titrage Société Radio-Canada
03:02Sous-titrage Société Radio-Canada
03:32Sous-titrage Société Radio-Canada
04:02La seconde guerre mondiale a chassé les forces françaises en dehors de leur colonie indo-chinoise.
04:13A la fin du conflit, la France entend retourner dans ses possessions et fait la sourde oreille face aux nouvelles revendications indépendantistes.
04:36Partout dans le monde, l'impérialisme ne semble plus être une fin en soi.
04:41Dès 1944-1945, commence à se superposer, que ce soit en Indochine, en Afrique, au Maghreb, dans l'ensemble de l'Asie, des mouvements nationalistes, issus bien souvent du conflit, qui se sont battus pendant la seconde guerre mondiale, qui commencent à rentrer dans une dynamique de demande d'écolonisation.
04:58Et deux postures vont existir dans les empires.
05:02Soit une manière de commencer à négocier, ce qu'on a vu par exemple avec l'Empire britannique, avec les Indes, et ce qu'on a vu aussi avec les Américains aux Philippines,
05:08soit une volonté de refus catégorique de certains empires de voir partir, comme on disait à l'époque, des parts de l'Empire.
05:14Donc il y a une réaction de l'État français notamment.
05:24Il faut immédiatement par les mots, par le verbe, par les intentions, par le discours politique gaulliste, réaffirmer qu'aucune négociation, aucun, même autonomie, ou même idée d'indépendance, ne pourrait être tolérée par la France.
05:37Parce qu'il ne faut pas donner le sentiment qu'elle va là-dessus mettre le genou au sol. Il ne faut pas donner le sentiment qu'elle n'a pas la capacité militaire de répondre à ces enjeux.
05:45Et surtout, cette idée du domino, qui d'ailleurs sera reprise après par les blocs communistes, elle ne doit pas lui donner le sentiment que si elle est faible dans un coin de l'Empire, elle pourrait être faible à l'ailleurs.
05:54Il y a cette idée de puissance. Il faut maintenir la puissance française. La France a beaucoup perdu lors de la Deuxième Guerre mondiale.
06:03Elle se retrouve comme une moyenne puissance, au même titre que les Britanniques d'ailleurs. Et donc, il y a cette volonté que, territorialement au moins, elle va pouvoir encore montrer qu'elle est le pays qui a le plus de frontières maritimes,
06:18que c'est le pays où le soleil ne se couche jamais, des 110 millions d'habitants. C'est un moyen vraiment d'affirmer sa puissance, même si, en termes financiers, économiques, idéologiques, la France a beaucoup perdu.
06:33C'est dans ce contexte que la France, qui cherche à restaurer ses droits sur son ancienne possession, va décider à l'automne 1945, c'est une décision qui remonte un peu avant évidemment, mais de revenir en Indochine.
06:53En Indochine, où on trouve sur place à la fois ces partis nationalistes, mais on trouve également, évidemment, les troupes japonaises en attente d'être désarmées.
07:02Et conformément aux accords de Potsdam pris au mois d'août 1945, eh bien, on a aussi des troupes chinoises qui ont envahi le nord du Vietnam et du Laos pour désarmer les troupes japonaises.
07:13Et au sud, ce sont les Britanniques, dont vous voyez effectivement l'imbroglio indochinois.
07:19L'Indochine, un territoire de plus de 730 000 km², composé des protectorats du Cambodge, du Laos et de la péninsule vietnamienne,
07:35que l'histoire et la colonisation ont divisées entre les protectorats du Tonkin et de la Nam, et la colonie de Cochinchine.
07:41En 1945, lorsque la France se réinstalle, la péninsule est déjà fortement contrôlée par les insurgés indépendantistes vietnines.
07:56En Indochine, livrée aux Japonais par Vichy, travaillée par les levains de la xénophobie et les agents laissés par les vaincus,
08:03la France reconquiert peu à peu sa suzeraineté abandonnée par un gouvernement traître.
08:08Mais des éléments de trouble bouillonnent encore à travers le pays.
08:11Et les unités du général Leclerc sont parfois retardées dans leur marche à l'intérieur
08:15par des groupes qui coupent les routes, font sauter les ponts et détruisent ce qu'a apporté en 80 ans la civilisation française.
08:34Ce drapeau tricolore qui monte au mât d'un bourg lointain, on sait là-bas ce qu'il représente.
08:39C'est ce que reviennent chercher à son ombre ces pauvres êtres qui n'ont pas oublié
08:42que la France est toujours une grande nation et une nation généreuse.
08:46C'est une possession extrêmement importante, de l'ordre de 20 millions d'habitants,
08:54donc c'est le tiers de l'ensemble de l'Empire français.
08:57Cette Indochine est importante du point de vue géostratégique.
09:02L'expression là aussi est couramment employée, l'Indochine est le balcon sur le Pacifique.
09:07Donc l'Indochine est celle qui permet à la France de rester une grande puissance mondiale.
09:13L'Indochine avec d'autres bien sûr, mais en particulier l'Indochine.
09:16L'Indochine est importante du point de vue économique.
09:20Il y a les plantations d'éveillables, donc le caoutchouc.
09:25Le riz d'Indochine qui dans l'entre-deux-guerres a nourri massivement les populations françaises.
09:31L'écharbonnage de Hongaï au nord du Vietnam, tout cela c'était extrêmement important.
09:38Et puis pour beaucoup de Français, l'Indochine est un petit peu l'image de la réussite française.
09:44Nous avons réussi à former des élites.
09:47Regardez, il y a aujourd'hui des médecins vietnamiens, il y a aujourd'hui des avocats, des professeurs.
09:53Il y a une sorte d'élite sociale qui s'est formée.
09:57Tous ces éléments-là font que l'Indochine est considérée comme une des perles de l'Empire.
10:00Est considérée comme un des pivots de cet Empire.
10:03Et donc, un des éléments majeurs de la puissance française.
10:12La réalité, c'est que l'Empire se craquelle de partout.
10:15La réalité, c'est un vrai hiatus entre la propagande coloniale qui continue de dire que
10:21les colonisés sont heureux d'être colonisés,
10:24parce qu'on amène le progrès, parce qu'on amène l'éducation,
10:27parce qu'on amène des ponts, qu'on construit des aéroports.
10:30Ça, c'est le discours propagandiste colonial.
10:33Et la réalité, ce sont des gens qui n'ont pas les mêmes droits,
10:36n'ont pas les mêmes... et doivent payer davantage d'impôts.
10:39Il faut savoir que la plupart du temps,
10:42les progrès économiques qui ont été faits dans les colonies
10:44ont été payés sur les impôts décolonisés eux-mêmes,
10:47et pas par les Français de métropole.
10:50Et donc, on a un vrai problème de réponse politique et militaire
10:58qui consiste à utiliser la force.
11:01Comprenez bien cette opinion, comprenez bien ces élites politiques,
11:04ils ont grandi avec l'Empire.
11:05Ils ont certainement vu les fastes de l'expo coloniale de 1931.
11:08Ils se sont promenés sur le lac au cygne,
11:10ou sur l'île au cygne, au cœur de l'expo de 1937,
11:12où l'Empire était reconstitué.
11:13Ils ont peut-être fait le petit train des colonies du maréchal Pétain en 1942.
11:17Ils ont connu la grandeur impériale,
11:18ils ont vu les défilés sur l'Arc de Triomphe,
11:20ils ont connu le mythe des troupes coloniales
11:22qui sont venues sauver la France et libérer la patrie
11:23en débarquant en Provence.
11:25Cet empire, c'était la puissance de la France.
11:26Ils ont été à l'école avec les cartes roses.
11:29Ils ont vécu dans toutes les gares, vous voyagez,
11:31il y avait écrit « Engagez-vous, re-engagez-vous ».
11:32Et c'est la France.
11:34C'est nous qui prenons aujourd'hui conscience
11:36que tout ça n'était pas la France.
11:37C'est nous qui connaissons l'histoire périphérique
11:39et ils analysent différemment aujourd'hui.
11:41Mais pour eux, à l'époque,
11:42la France impériale est un cas unique.
11:44C'est pas l'Empire britannique.
11:45C'est pas les Japonais.
11:46C'est pas les Belges.
11:47Nous, ça va durer.
11:48En même temps que l'armée française
12:06poursuit sa reconquête militaire,
12:08la Quatrième République se propose
12:10de négocier avec Ho Chi Minh,
12:12le leader Viet Minh.
12:15Mais la véritable stratégie de l'Empire français
12:17est de gagner du temps.
12:20Ho Chi Minh, littéralement celui qui éclaire le guide,
12:24est un vieux leader indépendantiste, communiste.
12:29Il a un long passé révolutionnaire derrière lui.
12:32Il a parcouru le monde.
12:34Il a été incarcéré plusieurs fois
12:35en raison de ses activités,
12:37soit en France, soit dans d'autres pays.
12:41Il a assisté au congrès de Tours
12:43au début des années 20,
12:44qui donne naissance à l'international communiste.
12:47Et on a quelqu'un qui est formé idéologiquement,
12:52qui a fait sienne les thèses marxiste-léniniste,
12:55et donc qui veut l'indépendance de son pays,
12:58mais également la réunification de celui-ci.
13:01Donc son mot d'ordre, il est simple.
13:02Indépendance, réunification,
13:05instauration d'un régime communiste.
13:07Évidemment, les objectifs des uns et des autres
13:10sont radicalement opposés.
13:11Et donc l'antagonisme des positions respectives,
13:14finalement, va trouver son dénouement
13:15dans la violence.
13:16Le coup de grâce à cette tentative de conciliation,
13:35à cette tentative d'idyle, en quelque sorte,
13:37d'idyle peut-être naïve,
13:39va être donné par le bombardement d'Ai Fong
13:42le 23 novembre 1946,
13:44qui frappe plusieurs milliers de victimes vietnamiennes,
13:47pas seulement parmi les combattants,
13:48mais dans la population civile.
13:50C'est véritablement ce moment de bascule
13:52qui marque l'entrée en guerre de la France
13:55contre le Vietnam.
13:56La réplique du Viet Minh frappe le 19 décembre 1946,
14:08lançant sur Hanoi une insurrection générale
14:10contre le colon français.
14:13Pendant plusieurs jours,
14:14les civils européens sont pourchassés
14:16par les troupes révolutionnaires.
14:18Les cantonements français sont pris d'assaut.
14:21Mais devant l'armée coloniale qui se déploie,
14:23les troupes vietmines se replient enfin dans les montagnes.
14:33Les actualités françaises présentent ici
14:35le premier reportage authentique
14:37sur les sanglants événements d'Hanoi.
14:39Première vision tragique prise par le trainvoyé spécial
14:42qui fit le voyage aux côtés de M. Moutet
14:45et dont le film pourra servir d'illustration
14:48au rapport du ministre.
14:53Jour après jour, les troupes françaises
14:55inférieures en nombre aux troupes du Viet Minh
14:57continuent à faire des progrès,
14:59à débloquer les centres assiégés
15:01au milieu des désastres d'une bataille
15:03que la France n'a pas voulue.
15:07Au lendemain du coup de force Viet Minh
15:11du 19 décembre 1946,
15:12on ne veut plus traiter du côté français
15:14avec Ho Chi Minh.
15:16On cherche à les vaincre militairement
15:17pour avoir une solution politique.
15:20Et donc à partir de cette date-là,
15:22début de l'année 47,
15:23eh bien on commence à mettre en place
15:26ce qu'on va appeler la solution Baodai,
15:28c'est-à-dire la restauration
15:29de l'empereur Danam sur son trône.
15:32Et le but, il est clairement
15:34de se faire un allié
15:35à travers la personnalité de Baodai.
15:38Et donc la solution Baodai,
15:42elle est intéressante
15:43parce que c'est l'idée
15:44de trouver une solution politique
15:46pour justement faire entrer l'Indochine
15:50en état associé dans l'Union française
15:52et en promettant des réformes économiques,
15:57politiques et sociales.
16:02En vernis, finalement,
16:04on montre qu'on change quelque chose,
16:06c'est-à-dire qu'on ne parle plus
16:07d'empire colonial,
16:08on parle de France d'outre-mer
16:09et d'union française.
16:11On fait des états associés,
16:13comme on le voit notamment pour l'Indochine,
16:15en essayant de donner un simili
16:18d'ouverture, de liberté aux colonies,
16:21alors qu'en réalité,
16:23c'est toujours la métropole coloniale
16:24qui dirige et qui domine.
16:30Mais la solution Baodai,
16:32élaborée par la France,
16:34s'écrase contre une réalité.
16:37La population vietnamienne
16:38est majoritairement rangée
16:39derrière la figure
16:40du révolutionnaire Ho Chi Minh.
16:44Cela fait déjà trois ans
16:46que l'armée française est en guerre
16:47et l'histoire qui se joue
16:49au-delà des frontières indochinoises
16:50va faire prendre à ce conflit
16:52un nouveau tournant.
16:58Cependant, à Pékin,
16:59devant l'estrade dressée
17:01pour Mao Tse-tung
17:01et les membres de son gouvernement,
17:03plus de 300 000 personnes
17:05ont défilé.
17:06Le but de cette démonstration populaire
17:08était de faire ratifier
17:09les mots d'ordre communistes
17:10sur la situation
17:11dans l'extrême-orient.
17:12« Poursuite de la guerre
17:14contre Chiang Kai-shek,
17:16départ des troupes françaises
17:17d'Indochine,
17:18départ des troupes américaines
17:20de Corée,
17:21autant de slogans
17:22que fait sien
17:22la Chine de Mao Tse-tung. »
17:25Tout change à partir
17:30de l'automne 1949
17:31avec la victoire
17:33des communistes
17:33en Chine
17:34et l'instauration
17:35de la République populaire
17:36de Chine
17:37de Mao.
17:39Et à partir de cette date,
17:40les communistes vietnamiens
17:42vont pouvoir bénéficier
17:44en Chine
17:44d'un sanctuaire
17:45où ils vont pouvoir
17:47s'entraîner,
17:48s'équiper,
17:48s'instruire,
17:49recevoir une aide
17:50matérielle et financière
17:51sous toutes ses formes.
17:53Donc c'est le basculement
17:54d'un énorme état
17:55du côté communiste.
17:58Ça bouge la donne,
18:01ça change la donne,
18:02ça bouge les cartes.
18:03Et les Américains,
18:05à partir de 1949,
18:07se disent
18:07« Ah oui,
18:07mais il faut intervenir
18:08davantage
18:09pour aider les Français
18:10en Indochine
18:11parce qu'il y a
18:12cette philosophie
18:13de la doctrine Truman,
18:15l'idée de
18:15endigment
18:16du communisme,
18:18donc essayer
18:19de contenir
18:20le communisme.
18:22Et donc on a
18:23les États-Unis
18:24qui amènent
18:25une aide matérielle
18:26et de conseillers militaires
18:28à partir de 1949.
18:33Et donc progressivement,
18:35je dirais
18:35comme une montée
18:36en puissance,
18:37vous avez l'inscription
18:38de ce conflit
18:38indochinois
18:39qui au départ
18:39n'est pas un conflit
18:40de la guerre froide,
18:41qui petit à petit
18:42va s'inscrire
18:42dans cette cartographie
18:43du monde
18:44d'empêcher,
18:45d'endiguer
18:46les soviétiques,
18:46les communistes
18:47d'occuper
18:47plusieurs territoires.
18:48Malgré le matériel
19:00américain
19:01qui arrive
19:02dans les ports
19:03de Haïfong
19:03ou de Saïgon,
19:05matériel
19:05déblindé,
19:07de l'aviation,
19:08et bien finalement
19:09sur le terrain,
19:10la situation
19:12n'évolue pas
19:12favorablement
19:13pour les Français
19:14et leurs alliés.
19:15Pourquoi ?
19:16Parce que la guerre
19:17n'est pas uniquement
19:19une guerre
19:20je dirais
19:20de matériel
19:21mais évidemment
19:22a d'autres aspects
19:23et sur les autres aspects
19:25et notamment
19:26la prise en main
19:26des populations,
19:28leur idéologie,
19:29et bien l'adversaire
19:30nous est supérieure.
19:32Donc la France
19:32elle est confrontée
19:33à un manque d'effectifs
19:34très important,
19:36elle n'a pas assez d'hommes,
19:37ses alliés,
19:38l'allié vietnamien
19:39ne se mobilise finalement
19:40pas comme elle le souhaitait
19:42et malgré donc
19:44une supériorité
19:45dans le domaine
19:46des armes conventionnelles,
19:48et bien
19:48c'est l'impasse.
19:55Depuis des années,
19:57la France est embourbée
19:58dans un conflit
19:59qui lui coûte cher,
20:01financièrement,
20:02humainement,
20:03mais aussi politiquement.
20:06Ailleurs dans l'Empire,
20:07les revendications
20:08indépendantistes
20:09continuent d'être réprimées
20:10dans la violence.
20:12Alors sur la scène internationale,
20:15les critiques fusent
20:16et la France
20:18se trouve de plus en plus isolée.
20:22La France en permanence
20:23doit justifier
20:24qu'elle n'est pas en répression
20:26mais qu'elle est en
20:27tentative de réformer
20:29cet empire
20:29et de maintenir la paix
20:30pour pouvoir porter les réformes.
20:32Un discours
20:32qui a de plus en plus de mal
20:33à se tenir,
20:35si vous préférez,
20:36avec les événements
20:36à la fois en Indochine,
20:37les événements en Madagascar,
20:38les événements en Algérie,
20:39en Tunisie ou au Maroc
20:40ou la guerre du Carbond
20:41qui va arriver.
20:42et donc en permanence
20:43obligé de réfléchir,
20:44de lutter,
20:45de s'opposer,
20:46de préparer des rapports,
20:48d'avoir un combat
20:49en permanence
20:50avec nos alliés à l'ONU
20:50pour arriver à éviter
20:51que la France
20:52se fasse condamner.
20:53Ici, je suis venu en soldat
20:57pour expliquer en soldat
20:59notre situation
21:00en Indochine.
21:03En Indochine,
21:05je pense que maintenant,
21:06tout le monde
21:06aux États-Unis
21:07est bien fixé
21:09sur le caractère
21:10de la guerre
21:11que nous hymenons
21:11et que toutes les histoires,
21:13tous les bobards
21:14de guerre
21:15de colonialisme
21:16sont maintenant
21:16de vieilles histoires
21:18mises comme elles le méritent,
21:20aux rencarts.
21:21Nous ne faisons pas
21:23une guerre
21:23colonialiste.
21:26Nous faisons une guerre
21:27pour donner
21:29le secours,
21:33la protection
21:33à ces pays
21:35dont nous avons
21:36non seulement
21:37voulu
21:38l'indépendance
21:40mais dont nous avons
21:41aussi
21:42garanti
21:43cette indépendance.
21:45Et cette guerre,
21:47elle marque
21:48un désintéressement
21:49singulièrement complet.
21:51En Indochine,
21:54nous combattons
21:54contre le communisme
21:56et vraiment,
21:58nous combattons
21:59pour la démocratie
22:01et pour la liberté
22:02du monde.
22:08Au printemps 1953,
22:18la guerre d'Indochine
22:19est clairement
22:19dans une impasse.
22:21On n'obtient pas
22:21de résultats significatifs
22:23et donc,
22:23on va nommer
22:24un nouveau commandant
22:25en chef,
22:26le général Navarre.
22:27Et le général Navarre,
22:28sa mission,
22:28là pour une fois,
22:29elle est claire,
22:30elle est d'en terminer
22:31avec cette affaire.
22:32Et en novembre 1953,
22:33les Français
22:34espèrent qu'ils vont
22:35à partir de
22:36Dien Bien Phu
22:37rayonner dans l'ensemble
22:38de la région
22:39et empêcher l'adversaire
22:41de menacer Laos
22:42et ceux qui restent
22:44du Pays Thaï.
22:46La quasi-totalité,
22:47je dis quasi,
22:48pas tous,
22:49mais la quasi-totalité
22:50des observateurs
22:50à l'époque va dire
22:51ce camp est absolument
22:52imprenable.
22:53Il est au centre
22:54d'une cuvette.
22:55Quand on dit un camp,
22:56c'est un camp
22:56qui a plusieurs dizaines
22:58de kilomètres carrés.
22:59Ce n'est pas un camp
22:59retranché.
23:00Il y a plusieurs points d'appui
23:01qui sont reliés
23:02les uns aux autres.
23:06Les généraux
23:07s'installent à Dien Bien Phu
23:08dans une cuvette
23:10entourée de montagnes
23:11estimant que
23:13ça sera impossible
23:14pour les combattants
23:16ennemis
23:17de traverser la jungle,
23:19de passer
23:19ces montagnes,
23:20etc.
23:21Or,
23:22c'est précisément
23:23ce qu'a fait Guiap
23:24en amenant
23:26tout un ensemble
23:27de canons
23:27et en les positionnant
23:29au sommet de la cuvette.
23:30Il suffisait ensuite
23:31de bombarder
23:32pendant une cinquantaine
23:33de jours
23:33ce qui était en bas
23:34et notamment
23:35la piste aérienne.
23:38Et donc,
23:38les Français étaient bloqués.
23:39Ils ont été bloqués
23:39dans une cuvette.
23:40de la cuvette.
23:42de la cuvette.
23:43de la cuvette.
23:44de la cuvette.
24:14d'avoir sous-estimé
24:15la force
24:16d'abord
24:17technique
24:19parce qu'il y avait
24:20un soutien
24:20des Chinois
24:21en termes
24:22d'armement
24:23mais aussi
24:25de
24:25je dirais
24:27de morale
24:28savoir que
24:29les Indochinois
24:30étaient prêts
24:31à mourir
24:31jusqu'au bout
24:32ne pas revenir
24:33vivant
24:34de ces combats
24:35pour pouvoir
24:36libérer leur territoire.
24:37C'est une défaite
24:40terrible
24:41pour l'armée française.
24:43Une immense
24:43humiliation
24:44pour l'Empire.
24:47En même temps
24:48qu'est annoncée
24:49la défaite
24:49de Dien Bien Phu
24:50une conférence
24:52internationale
24:53s'ouvre à Genève
24:53en mai 1954
24:54où 19 nations
24:57se réunissent
24:57pour régler
24:58la question
24:59indochinoise.
25:01La 4ème République
25:02désormais consciente
25:04qu'une victoire
25:04militaire
25:05est impossible.
25:07C'est de la première
25:07part de son empire.
25:10Au Palais des Nations
25:11au cours
25:12d'une très sabre
25:13cérémonie
25:13le général Del Tey
25:14signait au nom
25:15de la France
25:16les documents
25:16mettant fin
25:17aux hostilités
25:17au Vietnam
25:18et au Laos
25:18et au nom
25:20du Viet Minh
25:20M. Tha Quang Bu
25:22les parafaites
25:22à son tour.
25:26Cet accord
25:26qui clôt
25:27sur un acte positif
25:28la conférence
25:28de Genève
25:29est un éclatant
25:30succès personnel
25:31pour M. Mendes France
25:32dont la ténacité
25:33a fait une profonde
25:34impression
25:34sur l'opinion mondiale.
25:36Certes
25:36l'accord contraint
25:38la France
25:38à des sacrifices
25:39douloureux
25:39mais pouvait-il
25:40l'être davantage
25:41que la perte
25:42des 92 000 combattants
25:43de l'Union française
25:44tombait
25:45dans cette guerre
25:46sans espoir.
25:4754 est une date charnière
25:51il y a vraiment
25:52un avant
25:52et un après
25:53c'est une forme
25:54d'effondrement
25:54de l'idée impériale
25:55en France
25:55pour ceux
25:57qui ne croyaient plus
25:58comme pour ceux
25:58qui y croient encore
25:59et puis il y a
26:00quelque chose d'autre
26:01l'égo
26:01la grandeur
26:03alors ça c'est complexe
26:05et l'égo
26:07en politique
26:07ça compte
26:08l'égo
26:08dans une opinion
26:09publique
26:09ce n'est pas
26:09un petit sujet
26:10avoir le sentiment
26:11qu'on est déclassé
26:12qu'on est une petite nation
26:13que dans ce jeu
26:14il y a des grands
26:15je fais simple
26:16Chine, Russe, Amérique
26:17on n'est plus grand chose
26:1854
26:19ça correspond vraiment à ça
26:21donc il y a bien de fou
26:22c'est à la fois
26:23la fin de l'Empire
26:24la fin de la grandeur
26:25le doute de notre armée française
26:26c'est le début de la fin
26:28quelques semaines seulement
26:35après la perte
26:36de ces territoires asiatiques
26:37la France entre en guerre
26:39en Algérie
26:40suite à l'Indochine
26:43c'est le reste
26:44de l'Empire
26:45qui au fil des années
26:46s'insurge
26:46et s'émiette
26:47et pourtant
26:49la France continuera
26:51de résister
26:52à ce mouvement
26:53de décolonisation
26:54à Madagascar
26:56en Algérie
26:57au Cameroun
26:58le reste
27:00de la décolonisation
27:01française
27:01aura toujours
27:03pour facteur commun
27:03de se faire
27:05dans la violence
27:05après avoir soldé
27:10l'indépendance
27:11du Maroc
27:11et de la Tunisie
27:12Guy Mollet bute
27:13sur l'Algérie
27:14un an plus tard
27:16la 4ème république
27:17sera emportée
27:18il reviendra
27:19à De Gaulle
27:20de mener à bien
27:21cette décolonisation
27:22une décolonisation tardive
27:25celle d'un pays
27:26abandonné
27:27aux mains
27:27d'un carteron de militaire
27:29qui ont instauré en Algérie
27:31le règne de l'arbitraire
27:32et de la torture
27:34la guerre d'Algérie
27:37reste aujourd'hui encore
27:39une page sombre
27:40de l'histoire de France
27:41qui révèle certains
27:42de ses secrets
27:43qu'Edouard de Malvenouti
27:45propose de mieux appréhender
27:47dans ce documentaire
27:48s'il était vrai
27:54qu'il y ait
27:55des brutalités organisées
27:56par un individu
27:57ou deux
27:58le calme rétabli
28:01dans
28:02dans les deux jours
28:04trois jours
28:04qui suivent une arrestation
28:05que pour faire parler
28:06un coupable
28:07il soit torturé
28:07ce serait intolérable
28:09c'est pas concevable
28:11même si ça ne se produit
28:12qu'une fois
28:12il y a des méthodes
28:14que les autres emploient
28:15que nos adversaires
28:15mais même
28:17dans ce cas là
28:18on n'a pas le droit
28:19de leur répondre
28:19par la même méthode
28:20la France c'est
28:21c'est dans le monde
28:22le pays des droits de l'homme
28:23et bien un de ses fils
28:24n'a pas le droit
28:25de salir l'honneur de la France
28:26Derrière ces mots forts
28:30prononcés par le président
28:31du conseil Guy Mollet
28:32sommés de répondre
28:34aux accusations
28:35de la presse
28:36sur l'usage de la torture
28:37en Algérie
28:38par l'armée
28:39se cache un glissement
28:40de l'histoire de France
28:42l'abdication
28:43du pouvoir politique
28:45face au pouvoir militaire
28:46en Algérie
28:47...
28:49...
28:50Legenda Adriana Zanotto
29:20Legenda Adriana Zanotto
29:50Sous ce tableau idyllique dressé par la propagande d'État, se joue depuis novembre 1954 une réalité bien plus sombre, celle de la guerre.
29:59Dans ce conflit colonial, l'armée française peine à venir à bout de la guérilla du FLN, le Front de Libération Nationale Algérien,
30:08et la grande muette est prête à tout pour rétablir l'ordre.
30:11Il faut cacher cet état de gravité de la situation.
30:16On va dire simplement que ce sont des opérations de maintien de l'ordre.
30:20Et si on passe dans un état de guerre, et on ne peut pas se déclarer la guerre à soi-même,
30:26l'Algérie c'est la France en tant que telle, donc il faut un cadre particulier,
30:31et c'est là, en partir d'avril 1955, qu'est inventé l'état d'urgence.
31:01Cette première étape de l'affranchissement du pouvoir civil au profit des militaires
31:12favorise implicitement la généralisation de l'usage de la torture dans le conflit algérien.
31:18En fait, dès janvier 1955, il y a des articles qui paraissent dans la presse
31:24et qui dénoncent très fermement la pratique de la torture.
31:27En fait, à l'époque, c'est une pratique de la torture par les policiers
31:31contre des conseillers municipaux, des militants nationalistes.
31:36Et c'est une pratique finalement qui s'inscrit dans une histoire coloniale plus longue.
31:41Dès janvier 1955, Claude Bourdet, journaliste et ancien résistant,
31:46dénonçaient déjà dans l'article Votre Gestapo d'Algérie
31:50les pratiques de l'armée française.
31:56Le supplice de la baignoire, le gonflage à l'eau par l'anus,
32:00le courant électrique sur les muqueuses, les aisselles ou la colonne vertébrale
32:04sont les procédés préférés car ils ne laissent pas de traces visibles.
32:12Au palais d'été, à Alger, le président Guimollet accueillait M. Robert Lacoste
32:16qui, ayant accepté le poste de ministre résident en Algérie,
32:19venait prendre ses fonctions.
32:21Dans le calme rétabli, on peut penser que M. Robert Lacoste
32:24va créer un climat d'entente dans une Algérie unie.
32:27La nomination de Robert Lacoste marque un tournant majeur dans le conflit algérien.
32:40Au mépris des idéaux du parti auquel il appartient,
32:43ce socialiste de longue date se révèle un féroce colonialiste
32:47et un partisan acharné du maintien de l'ordre.
32:50Nous allons résister sur le plan militaire à l'atteinte.
32:55Nous allons, par des moyens légaux, défendre l'ordre
32:59et nous allons bâtir dès maintenant une Algérie meilleure,
33:04preuve que nous voulons que l'Algérie demeure française.
33:08Maintenant, il faut préparer une autre loi
33:13qui va donner plus de pouvoirs pour être plus efficace
33:16et donner plus de pouvoirs acquis, évidemment, c'est aux militaires.
33:20Et donc, c'est la fameuse loi sur les pouvoirs spéciaux
33:23qui est préparée avec Robert Lacoste en particulier
33:26et qui va être votée dès mars 1956.
33:31Ce gouvernement socialiste, bénéficiant des pouvoirs spéciaux,
33:35votés, d'ailleurs, avec l'accord du Parti communiste,
33:38vont les utiliser dans le sens de la plus terrible répression
33:41et un gouvernement de droite n'aurait pas appliqué
33:43une politique plus violente.
33:45On ne peut pas dire que l'armée a violenté le pouvoir politique,
33:48on peut dire qu'il y avait convergence de fait
33:51et qu'il y avait complicité de fait.
33:53So the special powers voted to the Molay government
33:56in the spring of 1956,
33:59indeed represents another step en route
34:01to an autonomisation of military activity
34:04in Algeria
34:06and intensification of repression.
34:12Pour la plupart des soldats du contingent,
34:15c'est la première traversée.
34:17Mais le goût du nouveau,
34:19l'ambiance de l'unité,
34:20la présence des cadres
34:21et la flamme de la jeunesse
34:22font taire bien vite les appréhensions du voyage.
34:25Des dizaines de milliers de jeunes Français
34:33sont envoyés sur le front.
34:35C'est une trahison d'État
34:36pour toute une génération d'appelés
34:38aux services militaires
34:39qui se trouvent du jour au lendemain
34:41complices d'une action répressive brutale
34:43entachée d'illégalité.
34:45L'armée considère que le FLN,
34:57le Front de Libération Nationale,
34:59fait régner la terreur en Algérie
35:01et que le seul moyen de gagner la guerre,
35:03c'est de lui opposer une contre-terreur.
35:05Donc la torture est un élément,
35:06un ingrédient,
35:08un instrument extrêmement efficace
35:10parce qu'elle terrorise la population.
35:12Et c'est en ce sens qu'il faut dépasser
35:15le but premier qui est le renseignement
35:17parce qu'en fait,
35:19qu'il soit valable ou pas,
35:20finalement, le but demeure,
35:22le but ultime demeure.
35:24Il faut que les Algériens aient peur.
35:34Nous sommes loin de la pacification
35:36pour laquelle nous avons été rappelés.
35:38Nous sommes désespérés de voir
35:40jusqu'à quel point peut s'abaisser
35:41de la nature humaine
35:42et de voir des Français
35:44employer des procédés
35:45qui relèvent de la barbarie nazie.
35:55Les jeunes soldats
35:56qui viennent faire
35:57leur service militaire,
36:00donc qui ne sont vraiment pas prêts
36:01à ce type de répression,
36:04de situation,
36:05tout d'un coup,
36:05sont confrontés
36:06à l'horreur absolue.
36:08À la fois torture,
36:09exécution sommaire.
36:11Et donc là,
36:12on a ce règne de l'arbitraire
36:14qui se met en place
36:14à ce moment-là.
36:18Est-ce que le pouvoir politique
36:19savait ce que faisait l'armée ?
36:21Est-ce que le pouvoir politique
36:22était au courant
36:23que des soldats français
36:24pouvaient être amenés
36:25à torturer,
36:26alors que c'était interdit ?
36:28C'est une question fondamentale.
36:30La réponse n'est pas très simple.
36:32En réalité,
36:32ce qu'on sait,
36:33c'est qu'un certain nombre
36:34de ministres dont Robert Lacoste,
36:37le ministre résident,
36:38mais il n'est pas le seul,
36:39le ministre de l'Intérieur,
36:40le ministre de la Défense,
36:42évidemment,
36:42sont aux premières loges
36:43de ces questions,
36:44sont au courant.
36:46Et laisse faire.
36:48Pourvu qu'on n'en parle pas trop,
36:50pourvu que ça ne s'ébrouille pas trop
36:51et pourvu que l'efficacité
36:54de ces méthodes soit prouvée.
36:55La priorité,
36:56c'est de gagner la guerre,
36:57il n'y a aucun doute là-dessus.
36:59Et donc la question de la torture
37:00est une question marginale,
37:02en fait.
37:02Donc oui,
37:04ils savent,
37:04oui,
37:05ils couvrent,
37:07et oui,
37:08ils sont aussi mis devant
37:09le fait accompli,
37:10pour un certain nombre de choses,
37:12par les militaires.
37:13Le silence complice
37:14des plus hautes autorités
37:15de l'État
37:16face à l'usage de la torture
37:17est une porte ouverte
37:19pour les militaires.
37:21Désormais,
37:22l'armée réclame
37:23plus de moyens
37:23et de pouvoir
37:24pour mater les rebelles
37:26du FLN
37:26qui ont investi
37:27Alger,
37:28la capitale.
37:31Robert Lacoste,
37:32est de plus en plus
37:34confronté
37:35à une situation
37:36impossible,
37:37puisque d'un côté
37:38la violence du FLN
37:39ne cessait d'augmenter
37:40et de l'autre
37:41les réactions
37:42prévisibles
37:43n'étaient plus seulement
37:45le fait
37:45de civils excités
37:47mais également
37:48de militaires.
37:49Donc cela voulait dire
37:50que
37:51si
37:53Robert Lacoste
37:54ne trouvait pas
37:55un moyen
37:55de mettre fin
37:57à cette situation
37:58impossible,
37:59il y aurait
38:00soit une victoire
38:01du FLN
38:02soit un putsch
38:03militaire
38:04plus ou moins
38:05rapproché.
38:05It's this context
38:07which lies
38:08behind the decision
38:09on the part
38:10of Guy Mollet
38:11and Robert Lacoste
38:13to attribute
38:14to General Jacques Massou
38:16and the 10th
38:16Parachute Division
38:17expansive,
38:20practically unlimited
38:21powers to conduct
38:23policing operations
38:24in the Algerian capital.
38:25Janvier 1957
38:37est un tournant
38:38majeur
38:39dans la guerre
38:39d'Algérie.
38:43Les chefs militaires
38:44n'ont pas besoin
38:45de l'usage de la force
38:46pour prendre le pouvoir,
38:47le gouvernement
38:48le lui sert
38:49sur un plateau.
38:51Et sous les ordres
38:52du général Massou,
38:53la faction la plus dure
38:54de l'armée
38:55prend les opérations
38:56en main à Alger.
38:58Le FLN a décidé
38:59de commettre
39:00des attentats
39:01dans les dancing,
39:03dans les cafétérias
39:03à Alger
39:05et donc de semer
39:05la terreur
39:06parmi les Français
39:07d'Algérie.
39:08Donc on met vraiment
39:08tous les moyens
39:09pour écraser
39:10le FLN à Alger.
39:13À Alger,
39:14un imposant dispositif
39:16militaire
39:16a été mis en place
39:17sous les directions
39:18du général Massou
39:19chargé de maintenir
39:20l'ordre dans la ville.
39:21De multiples contrôles
39:25destinés à filtrer
39:26les suspects
39:27sont opérés
39:28dans les différents
39:28quartiers
39:29et dans la banlieue.
39:32Plus de 5 000 hommes
39:33appuyés par de solides
39:34réserves veillent ainsi
39:35à la sécurité
39:36des Algérois.
39:37La bataille d'Alger,
39:42ce n'est pas une bataille
39:43de deux armées
39:44face à face.
39:45C'est une armée
39:45qui déclare la guerre
39:47à une population.
39:48Il y a à l'intérieur
39:50des réseaux du FLN
39:51à Alger
39:52quelques centaines
39:53d'éléments armés,
39:53très peu.
39:54Donc contre
39:55quelques centaines
39:55d'Algériens,
39:57l'armée française
39:58va étendre sa répression
40:00à la totalité
40:01de la population algéroise.
40:03On peut dire
40:03qu'à partir de ce moment-là,
40:05tous les Algériens
40:06croisés dans la rue
40:07sont potentiellement
40:10suspects,
40:11probablement
40:12la plupart du temps
40:13contrôlés.
40:14Beaucoup sont arrêtés
40:15et beaucoup sont
40:16emmenés dans les centres
40:17d'internement
40:18pour ne pas dire
40:19les centres de torture
40:19immédiatement.
40:22En mars 1957,
40:25dans une note de service
40:26classée secret défense,
40:28le général Salan,
40:29chef militaire
40:30de l'armée française
40:31en Algérie,
40:32justifie ainsi
40:33l'usage de la torture.
40:34Tout individu
40:37appréhendé
40:37doit être soumis
40:38à un interrogatoire
40:39aussi serré
40:40que possible.
40:43De récentes expériences
40:44effectuées
40:44dans certaines régions
40:45ont mis en lumière
40:46le parti
40:47qui pouvait être tiré,
40:48surtout dans les villes,
40:50d'interrogatoires
40:50poussés à fond
40:51et immédiatement
40:52exploités.
40:54On veut des renseignements
40:55et on veut terroriser.
40:57Donc,
40:57c'est le même moment
40:58où on va
40:59rationaliser
41:00l'usage de la torture,
41:01le justifier,
41:03pousser assez loin
41:03les justifications théoriques
41:05de cette arme,
41:06de ce qui est considéré
41:07comme une arme
41:08efficace
41:09pour gagner
41:09un type de guerre
41:10particulier,
41:11une guerre
41:12contre le terrorisme
41:13urbain.
41:13C'est désormais
41:26un véritable système
41:27tortionnaire
41:28qui est à l'œuvre.
41:30Des centres
41:30où l'on torture
41:31jusqu'à l'aube,
41:33des exécutions
41:33sommaires
41:34par centaines,
41:35des suspects
41:36jetés à la mer
41:37par hélicoptère.
41:39La violence
41:39arbitraire
41:40de l'armée
41:40atteint alors
41:42son apogée.
41:45Vous reconnaissez,
41:47et vous le dites,
41:47vous l'avez écrit,
41:48vous reconnaissez
41:48qu'il y a eu torture.
41:50Quand j'ai été plongé
41:52dans cette affaire
41:52algéroise,
41:54tout naturellement,
41:55mes subordonnés
41:56étaient préparés
41:56à utiliser
41:57le même procédé
41:58de questions par force
41:59qui paraissait à tous
42:01indispensable
42:02pour obtenir
42:02d'urgence
42:03les renseignements
42:04permettant
42:04d'empêcher
42:05la suite
42:06carrière des attentats.
42:07je ne considère pas
42:08que ce procédé
42:09soit malgré
42:10le mot affreux
42:11dont on le qualifie
42:13soit plus inhumain
42:15que de balancer
42:16des bombes
42:17sur les populations.
42:2657,
42:26c'est vraiment
42:26un moment
42:27de grande émotion
42:28publique
42:28parce que là,
42:28on a plein de sources
42:29différentes
42:30dans différents endroits
42:32d'Algérie,
42:32différents types
42:33de témoins
42:34qui dénoncent
42:36cette violence.
42:42La presse
42:43et notamment
42:43le journal Le Monde
42:44se situe sur le plan
42:46des valeurs de la France,
42:47des droits de l'homme,
42:48de la France
42:48des droits de l'homme
42:49qui ne peut pas
42:50se compromettre
42:51dans ce type de pratique.
42:52Le 13 mars 1957,
43:00Hubert Boeuve-Méry,
43:01fondateur du Monde,
43:02s'émeut.
43:04Dès maintenant,
43:05les Français
43:05doivent savoir
43:06qu'ils n'ont plus
43:06tout à fait le droit
43:07de condamner
43:08dans les mêmes termes
43:09qu'il y a dix ans
43:09les destructions
43:11d'Oradour
43:11et les tortionnaires
43:12de la Gestapo.
43:17Quand le gouvernement
43:18se sent attaqué
43:18par la presse,
43:20il peut attaquer
43:21la presse.
43:21Et en l'occurrence,
43:24ce qui est vraiment
43:24l'expression de l'époque,
43:26c'est atteinte
43:27à l'honneur de l'armée.
43:29Donc tout ce qui viserait
43:32à atteindre
43:33à l'honneur de l'armée,
43:34à salir l'honneur de l'armée,
43:36est susceptible
43:36des tribunaux.
43:39Face à ces dénonciations
43:40de la presse écrite,
43:42l'armée riposte aussi
43:43sur le plan médiatique.
43:45La propagande officielle
43:46s'intensifie
43:46et déroule son discours
43:48civilisateur et colonialiste.
43:51C'est absurde de dire
44:00qu'on fait la guerre ici.
44:02On fait la paix.
44:03Ah oui.
44:05La pacification.
44:06Mais oui,
44:06la pacification.
44:09Cigarette ?
44:10Non, merci.
44:11On nous appelle
44:13les forces de l'ordre
44:14parce que nous luttons
44:15contre des assassins,
44:16des pillards,
44:17des voleurs,
44:18une bande de fanatiques
44:19qui cherchent à affirmer
44:20son pouvoir par la force.
44:21Mais depuis 24 mois
44:22que je suis dans le bled,
44:24j'ai compris ce que ça voulait dire
44:25la civilisation française.
44:28Nous ne faisons pas la guerre ici.
44:30Nous cherchons à gagner
44:31ou plutôt à regagner
44:33les cœurs et les âmes.
44:34Le 8 février 1958,
44:41l'armée française
44:42bombarde le village tunisien
44:43de Sakiyat Sidi Youssef,
44:45tuant 70 personnes,
44:47dont 12 élèves
44:48d'une école primaire.
44:50Les réactions internationales
44:52dénonçant ce drame
44:52sont unanimes.
44:54Désormais,
44:55la France est isolée
44:56au sein même de l'ONU.
44:58À l'Assemblée nationale,
45:00le gouvernement est démis
45:01et l'armée française
45:02se fait de plus en plus
45:03menaçante face à la République.
45:12En témoigne ce télégramme
45:14du général Salan
45:15en date du 9 mai 1958
45:17adressé au président de la République.
45:21La crise actuelle montre
45:22que les partis politiques
45:24sont profondément divisés
45:25sur la question algérienne.
45:27L'armée française,
45:28d'une façon unanime,
45:30sentirait comme un outrage
45:31l'abandon de ce patrimoine national.
45:33On ne saurait préjuger
45:34sa réaction de désespoir.
45:37C'était la première fois
45:38que l'armée sortait ouvertement
45:41de sa compétence militaire
45:44pour empiéter
45:45sur le terrain politique.
45:47Et donc, à partir de là,
45:49on voit que l'équilibre
45:50qui avait été tant bien que mal
45:52maintenu entre le pouvoir civil
45:53et le pouvoir militaire
45:54était en train de disparaître.
45:56Le 13 mai,
46:00le ton monte à Alger.
46:01La France n'a pas de gouvernement.
46:04Tout en elle-même,
46:05elle chancelait au bord d'un précipice
46:07que la faiblesse de nos institutions
46:08a laissée s'entrouvrir sous ses pas.
46:11La France est faible
46:12et l'Algérie a peur.
46:17Le général Massu,
46:19avec le général Salan,
46:20s'est décidé
46:21à constituer
46:23un comité de salut public
46:25pour rétablir l'ordre
46:27et pour calmer les manifestants,
46:30il a annoncé
46:30que le comité de salut public
46:32serait formé
46:33jusqu'à ce que Paris
46:35désigne un gouvernement
46:37de salut public.
46:39Donc, un gouvernement
46:39qui ferait de la défense
46:40de l'Algérie française
46:42sa priorité intangible.
46:47On a des gaullistes
46:48qui sont présents en Algérie
46:50et qui vont travailler
46:52en quelque sorte
46:53auprès des mouvements
46:54ultra de l'Algérie française
46:55pour essayer de faire en sorte
46:57que le général de Gaulle,
46:59son nom circule,
47:01qu'il apparaisse
47:02comme quelqu'un
47:03qui soit
47:05effectivement
47:06l'homme providentiel.
47:08Une foule s'est rassemblée
47:09sur le forum
47:10face au ministère de l'Algérie
47:12afin d'entendre
47:13une déclaration
47:13du général Salan.
47:15Ce dernier a notamment affirmé
47:16« Nos amis,
47:17je crie vive la France,
47:19vive l'Algérie française,
47:20vive le général de Gaulle ».
47:21Le général Salan crie
47:23« Vive le général de Gaulle ».
47:24Et à ce moment-là,
47:25il a rompu
47:27avec la légalité.
47:29Donc à partir de là,
47:30en effet,
47:31les généraux
47:32ont accaparé
47:33tous les pouvoirs
47:34militaires et civils.
47:37Le général de Gaulle
47:38répond à l'appel
47:39des militaires
47:40poutchistes d'Alger.
47:41Il sait alors
47:42que dans ses propres réseaux
47:43a été mis au point
47:45un plan
47:45pour renverser
47:46la 4e République.
47:47« Ce qui se passe en ce moment
47:50en Algérie
47:51par rapport
47:52à la métropole
47:53peut conduire
47:54à une crise nationale
47:56extrêmement grave.
47:59Mais aussi,
48:00ce peut être
48:01le début
48:03d'une espèce
48:04de résurrection. »
48:06Cette opération résurrection,
48:07là,
48:08elle commence à se mettre
48:09en place,
48:10quasiment,
48:10avec la prise,
48:11en particulier,
48:12de la Corse.
48:13« La Corse ! »
48:14« La Corse ! »
48:16« La Corse ! »
48:16« Injection ! »
48:18« Nous sommes en train
48:19de vivre
48:20des moments historiques
48:23comme ils ne s'en passent pas
48:26plusieurs fois
48:27dans l'histoire
48:28d'une nation. »
48:31On est, finalement,
48:32face à un ultimatum
48:33qui est posé
48:34au pouvoir politique.
48:36Si vous ne ramenez pas
48:37le général de Gaulle,
48:39là,
48:39on va renverser même
48:41la métropole.
48:46La Quatrième République
48:49s'effondre
48:50et capitule
48:50sans combattre.
48:52C'est ainsi
48:52qu'au début du mois
48:53de juin 1958,
48:55de Gaulle est investi
48:56par l'Assemblée nationale
48:57au poste
48:58de président du Conseil.
49:02« Dans la nuit,
49:03un concert de Claxton
49:04empissait les Champs-Élysées.
49:06Bruyant symbole
49:06de contentement
49:07et d'espoir. »
49:10On sait aujourd'hui
49:11que si l'Assemblée nationale
49:14n'avait pas investi
49:15de Gaulle
49:15les plans de débarquement
49:17étaient prêts
49:17et donc il y aurait eu
49:19un parachutage
49:19de soldats
49:20Algérie-Français
49:21sur la capitale
49:22et donc une forme
49:23de coup d'État militaire.
49:25Comme l'avait dit
49:25Pierre Courtade
49:26qui était éditorialiste
49:27de l'Humanité à l'époque,
49:29de Gaulle a été élu
49:30par un certain nombre
49:33de députés
49:34et puis plusieurs régiments
49:36de parachutistes.
49:37Des militaires factieux
49:53ont imposé
49:54de Gaulle
49:54à la tête
49:54de l'État.
49:56Pourtant,
49:57l'histoire retiendra
49:58que leur dessin
49:59d'Algérie française
50:00sera anéanti
50:01par celui
50:02qu'ils avaient promu.
50:03Mais avant que de Gaulle
50:05n'accorde l'indépendance
50:06au peuple algérien,
50:08la torture restera
50:09une pratique généralisée
50:10pendant quatre longues années
50:12jusqu'à la fin du conflit
50:14en septembre 1962
50:15entachant à jamais
50:17les valeurs
50:18de la République.
50:20Je vous ai compris !
50:22Sous-titrage Société Radio-Canada
50:48Il reste en France aujourd'hui
51:01ce que certains historiens
51:03appellent les confettis d'empire.
51:05Des territoires disséminés
51:06dans les mers
51:07et océans lointains
51:08toujours sous tutelle française.
51:11Certains sont traversés
51:12par des mouvements indépendantistes
51:14la Nouvelle-Calédonie,
51:15Tahiti,
51:16la Guadeloupe,
51:17la Corse.
51:18Des luttes actuelles,
51:20réminiscences
51:21d'un passé colonial français
51:23qui n'est pas encore purgé
51:24et qui laisse penser
51:26que la France
51:26n'a pas complètement tourné
51:27cette page de son histoire.
51:28de la France
51:43Amém.
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