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  • 12/05/2025

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00:00Et il est 11h49, un pompier volontaire de 38 ans, père d'un enfant, toujours entre la vie et la mort.
00:09Il a été percuté lors d'un rodeo urbain à Evian-les-Bains.
00:12Il est dans un état stable, selon la préfète de Haute-Savoie.
00:16Les faits se sont produits samedi, vers 6h.
00:18Deux véhicules se trouvaient à proximité de la caserne, ce qui a conduit plusieurs pompiers à sortir pour leur demander d'arrêter.
00:25On est avec le commandant Eric Brocardi, qui est porte-parole de la Fédération Nationale des Sapeurs-Pompiers de France.
00:32Bonjour, monsieur Brocardi.
00:35Et toutes nos pensées vont évidemment pour votre collègue ce matin.
00:39Je ne sais pas si vous avez des informations plus précises que celles que j'ai données.
00:42Les informations, pour l'instant, malheureusement, c'est un état de stabilité.
00:47C'est-à-dire qu'en gros, la stabilité, ce n'est pas quelque chose de forcément positif.
00:49C'est-à-dire que son état ne s'est pas amélioré.
00:52On est toujours dans une phase d'inquiétude, une phase un peu critique aussi.
00:55Parce qu'effectivement, son cerveau a extrêmement été impacté par sa projection en l'air, par la voiture qui lui a foncé dessus.
01:04Vous êtes en première ligne, les pompiers.
01:07Et il y a 20 ans ou 30 ans ou 40 ans, personne n'aurait imaginé attaquer un pompier.
01:14L'uniforme que vous portiez était un bouclier, un bouclier de respect.
01:19Et puis, on sait le travail que vous faites.
01:21Vous intervenez pour aider les gens, pas pour les sanctionner.
01:25Donc, vous étiez à l'abri de toute attaque.
01:28Et aujourd'hui, je ne sais pas si vous-même pouvez témoigner d'un ensauvagement de la société,
01:33mais régulièrement, on entend que des pompiers sont attaqués,
01:37qu'un car peut être, par exemple, caillassé lorsqu'il intervient.
01:40Et c'est cela qui montre l'ensauvagement de cette société.
01:47C'est vrai qu'on a plus de 600 sapeurs-pompiers qui ont été touchés l'année dernière par des agressions
01:52et qui les ont forcément blessés.
01:54Plus de 1400 agressions au total.
01:57Il y a un phénomène aussi qui est extrêmement, on va dire, d'ensauvagement,
02:03vous l'avez un petit peu dit, dans certaines zones.
02:05Mais aujourd'hui, ces zones, elles ont été malheureusement, elles ne sont plus isolées.
02:09Aujourd'hui, c'est étendu sur l'ensemble du territoire national
02:11où, à tout instant, on peut se retrouver face à une situation d'agression
02:15de la part surtout, et je dis bien la part surtout, des gens que l'on vient parfois secourir.
02:19Donc, le sujet aujourd'hui, c'est effectivement, depuis une vingtaine, trentaine d'années,
02:24il y a une évolution de l'agression.
02:26Avant, nous avions effectivement des agressions,
02:28mais qui étaient souvent corrélées à des situations dans la nuit,
02:31de vendredi à samedi, de samedi à dimanche, liées à l'alcool,
02:33à la sortie de boîte de nuit ou quoi que ce soit.
02:35On n'avait pas encore cette notion véritable, parfois, de guet-apin,
02:38de jeu de caillou ou de ce genre de choses-là.
02:41Aujourd'hui, c'est vrai qu'on passe d'écran supplémentaire,
02:42comme là, on l'a encore passé, parce que ce que vous évoquez aujourd'hui
02:46comme une agression, on regarde ce qui se passe comme une autre Savoie,
02:48j'ai du mal à qualifier le niveau supérieur de ce qui s'est produit,
02:51parce qu'on a pris les sapeurs-pompiers pour un jeu de qui.
02:54Et très clairement, aujourd'hui, le sujet, il est de se dire,
02:57mais jusqu'où va-t-on aller ?
02:59Parce qu'il y avait une volonté manifeste de vouloir tuer quelqu'un.
03:02Alors, le profil, évidemment, de celui qui a causé cet acte irréparable,
03:07c'est l'un des conducteurs, il a 19 ans, son permis avait été suspendu,
03:11il a démarré sa voiture en trombe,
03:13et puis, c'est un récidiviste, puisqu'il présentait un taux d'alcool de 0,28 grammes.
03:20C'est un jeune homme et un conducteur impliqués, tous deux,
03:23évidemment, ont été mis en examen, et puis on a découvert son CV,
03:26et ce n'est pas une surprise de savoir que, régulièrement,
03:29il était interpellé par la police.
03:32Alors, je vous propose, M. Brocardi, à 11h51,
03:36et vous êtes évidemment sur l'antenne d'Europe,
03:39je vous propose d'écouter Bruno Retailleau, ministre de l'Intérieur,
03:42qui s'est déplacé samedi.
03:43Cette société laxiste, qui a déconstruit le respect humain,
03:48le respect qu'on doit à la vie humaine, déconstruit la notion d'autorité,
03:53la notion de hiérarchie, cette société a engendré une fabrique de barbares.
03:58Les mots ne sont pas trop forts.
04:00Vous avez d'un côté une France courageuse, une France qui s'engage,
04:04celle des sapeurs-pompiers.
04:06Parce qu'être sapeurs-pompiers, c'est rappeler à nos compatriotes
04:10que c'est la force du don de soi, avant la tentation du chacun pour soi.
04:17Et puis il y a des barbares qui méritent qu'ils soient punis.
04:19Mais d'autres aussi ont pu me dire que cet individu, jeune majeur, 19 ans,
04:24était bien connu, malheureusement.
04:26Il y a moins d'un mois, il conduisait, sous l'emprise de l'alcool, des stupéfiants,
04:32et son permis de conduire avait été suspendu.
04:37Et c'est ça qui est terrifiant, c'est qu'on a le sentiment d'un jour sans fin,
04:42que tant que nous ne prendrons pas ces sujets-là,
04:45en les abordant d'une manière radicalement différente,
04:49les mêmes causes produisent les mêmes effets.
04:51Bruno Retailleau qui a donné une précision,
04:52qui a beaucoup frappé l'imagination,
04:55c'est que cet homme est revenu pour cracher sur la victime.
04:59Écoutez.
05:00Le conducteur, après son forfait, a fait demi-tour,
05:05il a baissé la vitre, il a craché sur la victime,
05:09et sur un autre sapeur-pompier volontaire
05:13qui était en train de secourir son camarade.
05:16Donc on voit bien qu'il y a certaines gens dont le cerveau, effectivement,
05:19est entre guillemets pourri,
05:21c'est-à-dire qu'il part de barbare, monsieur Retailleau,
05:23mais ces gens me paraissent irrécupérables aujourd'hui pour la société.
05:28Ça pose forcément un problème.
05:30Que faire de ces gens-là ?
05:31Parce que vous le condamnez pour un mois, six mois, un an,
05:35mais après vous le remettez dans la nature
05:37et vous avez affaire à quelqu'un qui manifestement
05:40est incapable de vivre en société.
05:42Écoutons Mario Maréchal qui était invité ce matin
05:45de sonner à Mabrouk sur ces news européens.
05:47Ce genre d'actualité est tellement fréquente maintenant
05:49qu'on a l'impression que les mots ne suffisent plus.
05:50Alors c'est vrai qu'on cherche les mots les plus forts, les plus justes.
05:53Oui, on peut même parler de fabrique de sauvage à certains égards,
05:56parce que c'est l'archétype finalement du multirécidiviste
05:58condamné pour trafic de stupéfiants
06:00qui aurait dû être derrière les barreaux, qui ne l'est pas,
06:03et qui n'ayant jamais rencontré sur son chemin de délinquant
06:05finalement l'autorité de l'État
06:07et la fermeté évidemment de l'État
06:10est allée toujours plus loin jusqu'à cet acte abject.
06:13Et puis la réaction la plus incroyable,
06:16c'est peut-être celle d'Éric Coquerel
06:17qui est député de la France Insoumise
06:19qui a imaginé que ce soit la faute de Tom Cruise.
06:23Il va y avoir bientôt, je le dis juste comme ça,
06:25je n'ai rien du tout contre le film, j'irai le voir sûrement,
06:27mais il va bientôt y avoir une mission impossible
06:29qui va passer, vous remarquerez ce que les exploits
06:31que feront Tom Cruise sur sa moto,
06:33très souvent sur une route, etc.
06:34Donc il y a toute une espèce de mythologie
06:37autour des véhicules, etc.,
06:39qui traduit de cette manière-là,
06:41peuvent être dangereux.
06:42Je n'explique pas ça.
06:43Mais c'est juste pour dire qu'il y a un contexte
06:46et que ce contexte, pour montrer aux jeunes
06:48que c'est extrêmement dangereux, pour eux déjà,
06:51c'est toujours pareil,
06:53c'est il faut exclure la responsabilité des faits
06:58chez ces jeunes gens par des raisons extérieures.
07:01Je suis bien sûr, je ne sais pas comment on va s'en sortir
07:04Éric Brocardi, qui est le porte-parole
07:07de la Fédération Nationale des Sapeurs de Pompiers de France.
07:09Je crois qu'aujourd'hui, effectivement,
07:11on entend tout type de commentaires,
07:13mais il faut faire un état des lieux aujourd'hui
07:15de ce qui peut fonctionner,
07:16et ce que l'on a besoin de renforcer,
07:17sans forcément réinventer,
07:19et repeindre la girafe, comme on dit toujours.
07:20Donc le sujet, c'est aujourd'hui,
07:22c'est que nous avons, par exemple,
07:24au sein des sapeurs-pompiers,
07:25comme dans d'autres corporations,
07:27nous avons les sections de jeunes sapeurs-pompiers
07:29qui prenons en charge, le mercredi et le samedi,
07:32les jeunes, dès 11 ans,
07:34pour les inscrire, on va dire,
07:35dans une certaine, non pas discipline,
07:37parce que le mot est fort,
07:38mais dans un certain cadre,
07:39qui manque parfois, peut-être,
07:41dans le noyau familial,
07:42et sur lesquels, aujourd'hui,
07:43peut-être le monde scolaire a aussi des difficultés,
07:46et ce à quoi on pourrait s'allier avec eux aussi,
07:48d'un point de vue co-enseignant.
07:49Donc ça veut dire qu'on a près de 35 000 jeunes,
07:51aujourd'hui, qui sont capables d'entendre les règles,
07:53et qui sont capables aussi de mettre une notion
07:55sur la perception du service public d'une manière générale.
07:59Et jusqu'à 17 ans,
08:00et on a un trou de transformation de JSP
08:02vers le volontariat de 80 à 85%,
08:05donc ça veut dire que, globalement,
08:07en renforçant ces dispositifs déjà existants par l'État,
08:10on pourrait très bien absorber beaucoup plus de jeunes,
08:12parce que j'ai envie de dire
08:13que la génération, malheureusement, d'aujourd'hui,
08:14c'est foutue, on perd du temps,
08:16mais par contre, il faut se concentrer
08:17sur les générations à venir.
08:18Et là, nous avons déjà des choses existantes
08:19qui fonctionnent très bien.
08:20Le commandant Éric Brocardi,
08:22porte-parole de la Fédération nationale
08:23des sapeurs-pompiers de France,
08:24c'était avec nous ce matin,
08:25je leur remercie beaucoup.
08:26On a une pensée, évidemment, pour votre collègue,
08:28une pensée pour sa famille,
08:29et puis c'est l'occasion de saluer
08:30tous les pompiers à travers vous,
08:32parce que c'est souvent vous
08:33qui, les premiers, intervenez
08:36lorsqu'on a un souci dans nos vies.
08:38On a tous, parfois, aussi des parents
08:39qui ont un certain âge,
08:41et ce sont eux qui interviennent,
08:43et c'est l'occasion de vous remercier
08:44pour cet engagement sans faille
08:46qui est le vôtre.
08:47Il est 11h57,
08:48nous marquons une pause
08:49et nous parlerons de la fin de vie
08:51en deuxième partie,
08:52puis on sera également à Rome,
08:54j'imagine,
08:55avec cette audience
08:56de Léon XIV.
08:58A tout de suite.
08:59Vous écoutez Pascal Pross sur Europe 1.

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