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  • 11/05/2025

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00:00Et au menu de ce dimanche, la campagne pour la présidence des Républicains.
00:05Le dénouement est proche, c'est dans une semaine que les militants LR décideront de porter Bruno Retailleau ou Laurent Wauquiez à la tête du parti.
00:13On se penchera aussi sur ce débat si douloureux, celui sur la fin de vie, la proposition de loi sur l'aide à mourir et de retour à partir de lundi à l'Assemblée.
00:20Enfin, on ne peut pas ne pas parler du livre qui a fait grand bruit cette semaine, La Meute,
00:23une enquête journalistique sur les coulisses du mouvement de Jean-Luc Mélenchon, avec des accusations lourdes.
00:29Et c'est avec vous, Adrien Broch, que l'on va évoquer ces différents sujets.
00:33Bonsoir.
00:33Bonsoir.
00:34Vous êtes responsable des études politiques à l'Institut Via Voice et vous signez Portrait moderne de la gauche française aux éditions de l'Aube.
00:44Alors, on rentre tout de suite dans le vif du sujet.
00:46Nous sommes à 7 jours de l'élection du président des Républicains.
00:50Les deux candidats sont évidemment plus que jamais en campagne.
00:53Le patron des députés LR, Laurent Wauquiez, était à Besan son vendredi.
00:56Quant à Bruno Retailleau, qui est accessoirement aussi ministre de l'Intérieur, il participait à un dernier grand meeting de campagne ce dimanche à Boulogne.
01:03Et je vous propose qu'on l'écoute.
01:04Et puis, on doit être aussi une force électorale.
01:11À quoi ça sert un parti si ce parti ne gagne pas des élections ?
01:15Et moi, si je me suis engagé à vos côtés, c'est pour que demain, on puisse gagner des élections.
01:20Voilà, Bruno Retailleau qui se présente comme l'homme de la situation.
01:24Ce qui est sûr, c'est que les deux candidats voient tous les deux plus loin que la présidence DLR.
01:29En ligne de lumière, c'est surtout la présidentielle de 2027 qu'ils ont à l'esprit ?
01:34Oui, bien sûr. On voit bien, depuis le début de cette campagne, on est plus que sur une simple logique d'appareil et de prise de contrôle d'un appareil.
01:40Mais on est directement dans la préparation d'un enjeu encore plus large, qui est celui de l'élection présidentielle.
01:45Et c'est un petit peu comme ça que s'articule d'ailleurs la campagne. Bruno Retailleau joue sur cette force.
01:50Je suis déjà à l'action, je suis déjà au manet, je suis déjà en responsabilité.
01:54Donc, je connais déjà cet exercice, évidemment, du pouvoir que Laurent Wauquiez connaît aussi, mais je le connais de manière encore plus fraîche.
02:02Et puis, Laurent Wauquiez table, lui, sur un contre-argument qui est celui, justement, de l'alliance qui aurait été celle entre les macronistes d'un côté et Bruno Retailleau.
02:12Et on ne peut pas être à la fois dans l'opposition et au gouvernement.
02:14Donc, Bruno Retailleau serait directement macroniste ou affilié comme tel.
02:20C'est plutôt une guerre d'égo et d'appareil qu'une guerre idéologique, on le voit bien.
02:24Ils sont très proches, en réalité, sur le fond, avec cette fameuse rengaine depuis maintenant 2007 à droite qui est de réussir à refaire la campagne de Nicolas Sarkozy
02:34et ce tour de force qui lui avait permis de siphonner une partie de l'électorat Le Pen à l'époque.
02:41Justement, est-ce que l'un des deux peut vraiment incarner une alternative crédible à l'extrême droite et au courant macroniste ?
02:48Alors, c'est une bonne question. L'idée, c'est d'arriver justement à faire...
02:52Ils sont tous les deux sur une logique qui est plutôt celle de l'union des droites électoralement, en tout cas.
02:56C'est-à-dire arriver à la fois à, évidemment, s'arrimer les macronistes.
03:00Aujourd'hui, l'électorat d'Emmanuel Macron, c'est quand même globalement un électorat sociologiquement et idéologiquement classiquement de droite.
03:06On n'est plus tellement dans la configuration de 2016-2017 où, évidemment, la sociologie était plus large, etc.
03:12Le vote, aujourd'hui, il est plutôt retraité sur des préoccupations qui vont être le pouvoir d'achat, l'insécurité, etc.
03:18L'immigration aussi.
03:20Et s'ils peuvent, chacun et des deux, et c'est ce qu'ils ont en tête, dans l'interview de Bruno Retailleau, on le voit très bien aujourd'hui,
03:25en constance chez Laurent Wauquiez, parler à la majorité silencieuse, parler à cette France qui travaille,
03:31qui a des préoccupations d'impôts, d'insécurité, d'immigration, d'islam également.
03:38Donc, il y a une droite libérale conservatrice, à fort élémentaire identitaire, qui est en train d'être réactivée chacun des deux côtés.
03:46Donc, il se partage un segment à la fois idéologique et à la fois sociologique qui est très convoité et qui est assez faible, en réalité,
03:55en termes, aujourd'hui, de segment électoral, même s'il est important sociologiquement dans la société française.
04:00Après, peut-être un dernier point là-dessus, on voit bien que le rapport de force est un tout petit peu déséquilibré aujourd'hui.
04:06Bruno Retailleau a fait une percée assez nette dans l'opinion.
04:08Il est quasiment à deux fois le score de Laurent Wauquiez, ça dépend évidemment des enquêtes, mais en rapport de force, en termes d'opinions favorables.
04:15Il n'y a pas trop de suspense pour la semaine prochaine ?
04:17Alors, pour la semaine prochaine, on verra, puisque la logique du scrutin est un petit peu différente.
04:21En tout cas, dans le paysage de l'opinion globale, Bruno Retailleau s'est installé comme une personnalité, évidemment, extrêmement populaire,
04:28de premier plan dans le paysage politique français et qui, en plus de cela, a relativement peu de rejet dans l'opinion,
04:35ce qui est plutôt le cas des personnalités classiquement les plus apprécies, qui sont aussi souvent parmi les plus détestées.
04:42Alors, sur le plan des idées, Bruno Retailleau s'est exprimé ce week-end dans les colonnes du journal du dimanche sur le débat sur la fin de vie,
04:48car la proposition de loi sur l'aide à mourir est de retour à l'Assemblée nationale à partir de ce lundi.
04:54Le ministre de l'Intérieur parle d'un texte de rupture anthropologique profondément déséquilibrée.
04:59C'est un sujet toujours aussi clivant, celui sur la fin de vie, y compris au sein même des partis ?
05:05Oui, c'est la spécificité de ce sujet. Il est effectivement clivant, mais avec la particularité d'être clivant de manière un petit peu différente
05:15de ce à quoi on est habitué politiquement, puisque là, le clivage, il transcende en réalité les partis.
05:22On est sur un sujet qui est à la frontière du politique et de l'intime, et donc qui fait appel aussi, évidemment, aux consciences de chacune et de chacun,
05:29aux expériences de vie de chacune et de chacun des députés. Et c'est d'ailleurs pour ça que les consignes de vote ont été laissées libres par les partis politiques.
05:39On a élu dit de ce que ça va donner, justement, en termes de vote ?
05:42C'est difficile à savoir, d'autant que les choses bougent encore énormément.
05:45Le texte qui était prévu au départ n'est pas celui qui est prévu à l'heure actuelle et qui a été voté en commission.
05:53La ministre de la Santé, Catherine Vautrin, a d'ores et déjà annoncé qu'elle déposerait des amendements pour continuer de faire évoluer ce texte,
06:01qui est jugé, justement, vous le rappeliez, par Bruno Retailleau et par toute une partie d'ailleurs de la droite et de l'extrême droite comme scandaleux.
06:09Je pense que c'est un terme qui peut bien représenter ce qu'il pense.
06:15On n'est parfois pas tellement sur du rationnel, puisque justement, ce sujet est un petit peu particulier.
06:20Et puis, du côté de la gauche, encore une fois, une transcendance à l'intérieur même des partis politiques,
06:29puisqu'on va avoir, selon la sensibilité de chacun, le rapport aussi à la foi de chacune et de chacun des députés, qui va être très particulier.
06:36Donc, ça va être intéressant de voir comment les choses vont se reconstituer de ce point de vue-là.
06:40La gauche, on y vient justement, vous en parliez à l'instant.
06:44On va reparler de la sortie de ce livre qui a fait couler beaucoup d'encre cette semaine,
06:49La Meute, écrit par deux journalistes.
06:51Il décrit un Jean-Luc Mélenchon, donc il s'intéresse à l'univers La France Insoumise,
06:56et il décrit un Jean-Luc Mélenchon autoritaire, entouré d'un cercle très fermé, à la tête presque d'une secte.
07:02Est-ce que cette enquête, elle peut avoir des conséquences concrètes sur La France Insoumise et sur Jean-Luc Mélenchon ?
07:07Oui. Alors, il y a plusieurs éléments aujourd'hui sur le lectorat en l'état de Jean-Luc Mélenchon,
07:13ou son potentiel électoral, avec, comme pour chacun des candidats potentiels, un électorat dur,
07:20c'est-à-dire un socle aujourd'hui pour Jean-Luc Mélenchon.
07:22Fidèle coûte que coûte.
07:23Fidèle coûte que coûte.
07:24Et celui de Jean-Luc Mélenchon est particulièrement solide.
07:28Je crois que c'est un élément qu'on a parfois tendance à minorer un petit peu,
07:32parce qu'on annonce souvent la chute de Jean-Luc Mélenchon au gré des scandales qui rythment l'actualité médiatique.
07:42Mais Jean-Luc Mélenchon, aujourd'hui, c'est autour de 10-12% d'électeurs quasiment acquis.
07:48Cet électorat-là, cette partie de son segment électoral, il y a très fort à parier qu'il ne bouge pas
07:53et qu'il ne soit pas tellement atteint par les polémiques autour de la meute.
07:58Et en réalité, puisque la meute synthétise un certain nombre d'éléments qu'on avait déjà en tête
08:03concernant le fonctionnement interne de la France insoumise
08:08et puis plus idéologique du point de vue du corpus de Jean-Luc Mélenchon.
08:11Ensuite, c'est effectivement plutôt sur l'électorat mouvant qu'il avait pu séduire en 2022,
08:18on se rappelle, dans les dernières semaines notamment.
08:20Et toute cette partie de l'électorat de gauche qui peut revenir sur un vote de Jean-Luc Mélenchon,
08:25mais qui n'en est pas, qui ne fait pas partie de son électorat acquis.
08:28Là, il y a deux manières de voir les choses très rapidement.
08:29Il y a une manière, une première lecture qui consiste à dire que cet électorat a été vacciné depuis 2022
08:36par les outrances de Jean-Luc Mélenchon et qu'a priori, son socle large, disons, va s'effriter
08:42parce que ces personnes-là vont effectivement plutôt aller...
08:45Alors, il faudra voir évidemment la configuration électorale.
08:47Raphaël Glucksmann, ce n'est pas tout à fait la même chose qu'Anne Hidalgo.
08:49En potentiel d'attractivité.
08:51Donc, peut-être qu'Anne Hidalgo faisait aussi figure de repoussoir.
08:54Ces gens-là allaient vers Jean-Luc Mélenchon.
08:55Mais si une candidature un petit peu plus attractive dans l'opinion,
08:58comme celle de Raphaël Glucksmann, ça peut changer les choses.
09:00Et puis, il y a une autre manière de voir les choses, à laquelle j'adhère plutôt,
09:04qui consiste à dire qu'il ne faut pas enterrer la France Insoumise et le mouvement
09:08et Jean-Luc Mélenchon, puisqu'il sait gérer les temps d'une campagne.
09:12Ce n'est pas sa première campagne électorale.
09:13Il sait très bien se recentrer, se républicaniser à nouveau dans les semaines ou les mois qui précèdent le vote.
09:21C'est sa stratégie d'ailleurs, là, d'être dans la négation absolue de tout ce qui se passe.
09:26Tout ça, ce sont des ragots, des mensonges.
09:28C'est la bonne stratégie à avoir finalement, mis en bloc ?
09:31En fait, il y a une espèce de climat de sérénité, c'est vrai,
09:35qui se déploie autour de la France Insoumise ces derniers jours,
09:38parce qu'effectivement, ce sont des ragots, c'est des choses qu'on avait déjà entendues.
09:41Ils peuvent vraiment miser là-dessus, c'est-à-dire que le caractère révélatoire du livre
09:46n'est pas forcément le plus important, puisqu'il y avait déjà un certain nombre d'éléments qui étaient sortis.
09:52Et puis, ils sont dans une forme de sérénité, effectivement,
09:54parce que je crois qu'ils savent que leur électorat dur ne va pas bouger.
09:58Et qu'en plus de cela, justement, Jean-Luc Mélenchon sait faire une campagne électorale.
10:02Et il y a parfois une forme d'amnésie au sein des électeurs de la gauche
10:07qui fait qu'ils peuvent être très critiques à très court terme
10:10sur les agissements et les dires de Jean-Luc Mélenchon.
10:13Et justement, parce qu'il s'est mené une campagne,
10:16parce qu'il s'est se recentré, reparlé à une forme républicaine de la France,
10:20sur l'alignement des astres, des planètes, de l'humanité jaurécienne commune,
10:24il arrive à s'arrimer quand même et à récupérer un certain nombre d'électeurs de gauche
10:28dans les dernières semaines.
10:30Donc, il a ce talent-là.
10:31C'est pour ça qu'il faut être, je crois, prudent sur les pronostics
10:34qui consistent à dire que ça y est, c'est définitivement la chute et la fin de Jean-Luc Mélenchon.
10:39Les lecteurs français à la mémoire courte,
10:41merci à vous d'avoir été notre invité, Adrien Albroche.
10:45Restez avec nous.
10:46Tout de suite, c'est le Journal de l'Afrique, présenté par Fatima Tawan.
10:48Sous-titrage Société Radio-Canada