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  • 10/05/2025

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00:00On poursuit ce focus autour de la commémoration des mémoires sur l'esclavage et pour aller plus loin, on retrouve sur le plateau Fanny Glissant, productrice du documentaire Sur les routes de l'esclavage en 2018 et aujourd'hui à l'origine du film.
00:14Aux origines de l'esclavage où des personnalités et des anonymes comme Joestar ou Karine Bast entre autres partent à la conquête et à la quête de leurs racines.
00:22Un voyage intime et collectif entre le passé et le présent, film réalisé par Sonia Daugé et Xavier Lefebvre.
00:31Merci Fanny Glissant d'être là ce soir avec nous.
00:34Merci de m'accueillir.
00:35On se souvient tous de Sur les routes de l'esclavage, une fresque historique bouleversante et un regard assez particulier d'ailleurs sur cette histoire.
00:45Vous revenez avec un format, une idée de format original différente. Comment est née cette histoire ?
00:50Après avoir travaillé sur les routes de l'esclavage en tant que productrice et co-réalisatrice, on était vraiment parti sur une idée d'avoir une analyse avant tout économique,
00:58donc très factuelle, qui regroupait l'historiographie qui avait cours dans une quarantaine de pays.
01:05Et l'idée là c'était de se concentrer sur une dimension plus mémorielle et être vraiment sur un questionnement plus français et plus local,
01:14de savoir comment les descendants, afro-descendants, mais pas juste les afro-descendants, la totalité de la société française, vivaient son rapport à l'esclavage.
01:22Et donc de partir des ascendants, c'est-à-dire c'est une quête généalogique en fait ?
01:27L'idée c'était de faire un film de société qui s'appuie aussi bien sur l'histoire mais aussi sur la généalogie.
01:32Et on sait à quel point ce qu'on appelle le transbord, le passage du milieu, rompt définitivement la possibilité de se reconnecter à son ascendance.
01:41Et donc c'est toujours une question très vive pour les afro-descendants et les antillais.
01:45Dans le documentaire, des figures comme Joestar, on voit à l'image le chanteur Martinique et Kalash,
01:51mais il y a des figures comme Joestar et Karine Bast qui elle est présentatrice sur France Télévisions,
01:56retournent en Afrique de l'Ouest et notamment à Ouida, au Bénin.
01:59Qu'est-ce que ces voyages nous disent justement de la question et de la puissance finalement du lien de mémoire tout simplement ?
02:06En tout cas moi ce que je peux dire c'est qu'en les emmenant là-bas,
02:10d'abord ils ont découvert comme ça sur le tarmac j'ai envie de dire,
02:15de l'aéroport d'Orlique qu'ils avaient un lien et un lien familial, un lien de sang.
02:21Et on les a amenés jusqu'à Ouida, au Bénin.
02:24Et là ça a été une expérience très forte pour eux.
02:26C'est-à-dire que tout d'un coup la possibilité d'entrevoir l'endroit où 66% des ascendants qui ont peuplé la Guadeloupe et la Martinique,
02:38et la Guyane venant de Ouida, ça a été pour eux une expérience vraiment intime extrêmement forte.
02:45Je propose qu'on écoute d'ailleurs un extrait du documentaire, on en parle juste après.
02:49Ce n'est pas juste une histoire de colonie et colonisée, ce n'est pas juste une histoire d'afrodescendants,
02:58mais cette histoire en fait nous concerne tous.
03:05Joe Estar dans l'extrait qui dit que cette histoire nous concerne tous,
03:08comment on peut justement faire passer le message au plus grand nombre en disant que cette histoire,
03:12ce n'est pas simplement l'affaire ou en tout cas la part des afrodescendants ?
03:17Je crois qu'on a essayé vraiment de trouver une ligne tiers,
03:21c'est-à-dire que d'un côté vous avez la victimisation, qui est un chemin compréhensible,
03:27de l'autre côté la possibilité aussi de porter une forme de culpabilité,
03:30donc une culpabilisation très grande.
03:32Je pense que ce qui était important pour nous, c'est de trouver la possibilité d'une mémoire partagée,
03:36c'est-à-dire qu'il fallait interroger aussi bien des descendants de négriers,
03:41des descendants d'armateurs, des descendants de propriétaires,
03:43parce que de s'intéresser juste aux descendants d'esclaves,
03:47pour moi c'était une histoire tronquée.
03:49Et donc c'était vraiment l'idée de réconcilier ces deux mémoires
03:51pour comprendre ce phénomène dans sa globalité.
03:56Ce retour à Ouida nous permet de poser la question entre le lien avec l'Afrique aussi,
04:02qui est souvent l'objet aussi d'une question assez délicate,
04:05un certain malaise entre les Antillais et les Africains autour de cette question des mémoires de l'esclavage,
04:09certains Antillais reprochant le silence ou l'absence de reconnaissance
04:14du rôle de certaines élites africaines dans la traite.
04:16Comment justement vous, quelle piste finalement de réflexion,
04:21est-ce qu'on peut apporter de solution pour justement régler ce malaise ?
04:25Je crois que l'histoire et justement le partage des mémoires,
04:30elle est très importante.
04:31C'est-à-dire que pour moi il faut essayer de sortir d'une forme de polarisation.
04:35C'est-à-dire que ce que j'expliquais tout à l'heure entre victimisation et culpabilité de l'autre,
04:39je ne crois pas que ce soit ça.
04:40L'idée c'est vraiment de faire ce travail historique, de le vulgariser.
04:45C'est souvent dans les trous, les absences et les non-dits
04:48que se logent à mon avis toutes les radicalisations et les radicalismes.
04:52Et donc je pense que ce travail de présenter au plus grand nombre
04:56une histoire avec des faits, avec des choses avérées,
05:01et de demander aux gens de faire eux-mêmes, d'être acteurs de leur propre histoire,
05:05je pense que c'est la chose la plus importante.
05:08Et je ne citerai pas notre fanon Martiniqueil qui dit qu'il ne faut pas être esclave de son passé.
05:15Mais je crois que c'est vraiment ce phénomène de libération par la connaissance qui me paraît important.
05:20Alors dans les actions à saluer, en tout cas qui vont dans le bon sens,
05:24quels sont ce qui arrive aussi bien du continent africain qu'en France par exemple ?
05:29Je pense qu'il y a des petits pas qui sont faits de part et d'autre,
05:35même si on peut aussi juger qu'ils sont peut-être insuffisants.
05:40Mais voilà, le président Hollande en 2015 fait un premier pas et demande pardon par exemple à Haïti.
05:47Là très récemment, le président Macron a lancé une commission
05:51qui va donc analyser la question de la dette et de la dette haïtienne contractée en 1825.
06:00Voilà, ça c'est des petits pas qui sont faits, qui sont aussi de la reconnaissance.
06:03Et sur le continent africain ?
06:05Il y a plein de choses qui sont faites.
06:06Moi je suis très admirative de tout ce que les associations font par exemple en Côte d'Ivoire.
06:13Mais il y a aussi des grands travaux qui sont en train d'être organisés au Bénin
06:17où WIDA porte très important, on va dire 1 300 000 captifs qui sont partis de WIDA
06:24et aujourd'hui qui va être un des grands musées internationaux sur les mémoires de l'esclavage.
06:30Absolument. Merci beaucoup, merci beaucoup Fanny Glissant d'être venue.
06:34C'est la fin de ce Focus et ce journal.
06:37Merci à tous ceux qui nous ont suivis partout dans le monde
06:39et ce soir en particulier évidemment de Dakar à Paris en passant par WIDA.
06:43Restez avec nous car l'actualité continue sur 3024.
06:46Merci.

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