Président syrien Ahmad al-Chareh reçu par Emmanuel Macron : «J'ai été profondément choqué», réagit Régis Le Sommier - Vidéo Dailymotion

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00:00Europe 1, Pascal Prévé.

00:02Avec nous dans 11h13h sur Europe 1 et notre invité, Pascal Régis Le Saumier.

00:05C'était donc une information Europe 1 ce matin, le président syrien, Ahmad El Charest, ex-jihadiste,

00:11sera donc reçu demain mercredi à Paris par Emmanuel Macron.

00:14L'Elysée est ensuite confirmée par communiqué.

00:16Le président redira le soutien de la France à la construction d'une nouvelle Syrie.

00:21Emmanuel Macron rappellera ses exigences vis-à-vis du gouvernement syrien.

00:25Régis Le Saumier est grand reporter, vous le connaissez,

00:28mais avant de lui donner la parole, écoutons Jean-Noël Barraud,

00:32ministre de l'Europe et des Affaires Européennes, ce matin sur RTL.

00:35Vous savez, la sécurité des Français, elle se joue en Syrie.

00:38La lutte contre le terrorisme, la maîtrise des flux migratoires,

00:41la maîtrise des trafics de drogue, tout cela se joue en Syrie.

00:45Et j'ajoute à ça, bien sûr, l'avenir du Liban.

00:47Et donc, ne pas engager le dialogue avec ces autorités de transition,

00:51ce à quoi nous appellent tous les Syriens que nous avons soutenus

00:54pendant les 14 ans du régime sanguinaire de Bachar al-Assad,

00:57eh bien, ce serait être irresponsable vis-à-vis des Français

01:00et surtout, ce serait tapis rouge pour Daech.

01:03Régis Le Saumier, est-ce que ces explications vous ont convaincus ?

01:07Absolument pas, non.

01:09Quand j'ai entendu qu'Armad Al-Chara allait venir à Paris

01:12à l'invitation d'Emmanuel Macron,

01:14il avait déjà mis cette invitation en février,

01:16j'ai été profondément choqué.

01:18Je me suis souvenu d'une chose.

01:19Nous sommes dans l'année, à l'automne,

01:23enfin, le 13 novembre, nous commémorerons les 10 ans du Bataclan.

01:29Et à l'époque où les djihadistes de Daech, justement,

01:31déferlaient sur Paris et sement la mort,

01:33et 250 personnes sont mortes à l'époque,

01:36tout le monde a oublié cet épisode,

01:39mais ils avaient fait des vidéos de revendications.

01:42Et ces vidéos, ils les avaient filmées

01:43dans un endroit qui était une ancienne base de l'armée syrienne

01:48qui s'appelait Division 17,

01:50qui était au nord de Raqqa.

01:54Certains avaient égorgé des prisonniers,

01:56des choses comme ça,

01:57pour expliquer leur détermination

01:58et pourquoi il fallait frapper la France.

02:00À cette époque, juste un an avant,

02:02le fameux Ahmed Al-Chara,

02:05de son nom de guerre, Abou Mohamed Al-Jolani,

02:07au nom de Daech, avait conquis Raqqa

02:10pour en faire sa capitale.

02:11Donc, il a eu ce lien avec Daech.

02:13Il a été compagnon de route d'Abou Bakr al-Baghdadi,

02:17avec lequel il a partagé quelques mois en prison.

02:21Il a été à l'origine de Daech,

02:24c'est-à-dire, il a mis sur les fonds baptismaux.

02:27Et je trouve ça particulièrement choquant

02:28que cet individu,

02:29qui n'a absolument pas prouvé en Syrie,

02:32depuis qu'il est au pouvoir,

02:33depuis qu'il a renversé,

02:34que son groupe a renversé Bachar el-Assad,

02:36qu'il souhaitait mettre en place une Syrie

02:40où les minorités seraient respectées,

02:42une Syrie, comment on va dire, inclusive.

02:47On a vu, au mois de mars,

02:49comment environ 1300 à la 8 minorités

02:53ont été massacrées,

02:55pas directement par ces troupes.

02:56Alors, certains gens des troupes d'Armen Al-Chara

03:00ont participé au massacre,

03:01mais c'est surtout d'autres groupes djihadistes

03:03qu'il traîne dans son sillage.

03:06Et de ce point de vue-là,

03:07il joue toujours celui qui vient,

03:10on va dire, apporter la paix.

03:13Mais vous savez, c'est un peu comme un chef mafieux.

03:15Quand Ahmed Al-Chara dirigeait

03:17la région du nord-ouest de la Syrie,

03:19la zone d'Idlib,

03:22eh bien, il faisait toujours de la même façon.

03:24C'est-à-dire qu'il y avait des groupes djihadistes,

03:25des Ouïghours, des Ouzbèques, des Tchétchènes

03:28qui sont venus là, justement,

03:30pour faire le djihad,

03:31à la fois avec Daesh, avec Al-Qaïda,

03:33avec tous ces groupes

03:34au moment de la guerre civile syrienne

03:36à partir de 2011.

03:38Eh bien, en fait, tous ces groupes existaient,

03:41tous ces groupes sont toujours en Syrie.

03:43Et à chaque fois, la façon dont Ahmed Al-Chara procédait,

03:46c'est-à-dire que quand il y avait des exactions,

03:47des choses comme ça,

03:48il arrivait et disait,

03:49voilà, en fait, il jouait le parrain,

03:52si vous voulez.

03:53Et aujourd'hui, il fait exactement la même chose.

03:54Et les dernières victimes sont les Druzes

03:56qui se sont révoltées récemment.

03:59Il y a eu plusieurs centaines de morts.

04:00Je vous parle de ça de la semaine dernière.

04:02Dans des affrontements avec les autorités d'HTC,

04:06donc du groupe d'Armed Al-Chara,

04:08qui, on le dit toujours,

04:10oui, il s'est écarté d'Al-Qaïda.

04:11Quand on regarde, en 2016,

04:14quand il a quitté, effectivement,

04:15le giron de cette organisation terroriste mondiale,

04:18eh bien, les termes étaient quand même...

04:20Ce n'était pas une rupture.

04:21Alors, Régis, j'entends tout ce que vous dites,

04:23mais alors, pourquoi est-ce qu'il m'intéresse

04:24et pourquoi la France ?

04:25J'entends tout ça.

04:25Tout ce que vous dites, j'entends.

04:27Mais alors, pourquoi on le reçoit ?

04:29Je ne comprends pas.

04:30Surtout, pour moi, c'est...

04:30Oui, mais c'est ça, la question.

04:31Non, mais la question, elle est,

04:32je pense que la France...

04:33Est-ce qu'on fait de la réelle politique ?

04:35Et ça peut s'entendre ?

04:36Est-ce que vraiment...

04:37Que la France s'intéresse à cette zone

04:39en regard des relations que la France a eues

04:43avec la Syrie par le passé,

04:44qu'elle, effectivement,

04:45qu'elle tente, effectivement,

04:46de sécuriser le Liban

04:48et de reprendre pied dans la région,

04:51un endroit où on avait complètement perdu

04:52toutes nos cartes,

04:53alors qu'à l'époque,

04:54on avait une réelle importance diplomatique

04:56à plein de niveaux en Syrie.

04:59C'est une chose.

05:01Qu'on ait réouvert l'ambassade à Damas,

05:03ça me paraît une bonne chose.

05:05Maintenant, je pense qu'il est prématuré.

05:08C'est le timing qui n'est pas bon ?

05:09Moi, je pense qu'il faut

05:10qu'Armed Al-Shara,

05:13et les Américains, d'ailleurs,

05:14ne lui ont toujours pas retiré

05:16les menaces qui pèsent sur lui.

05:19Donc, les Américains sont extrêmement prudents.

05:21Emmanuel Macron est le premier chef d'État

05:23en Europe à le recevoir ?

05:24Oui, mais si vous voulez,

05:25je pense qu'il y a,

05:27de la part d'Emmanuel Macron,

05:28ou alors de la fausse naïveté,

05:30ou alors une manière de marquer un coup,

05:31d'essayer de dire,

05:32voilà, on se met dans...

05:34Alors que la Syrie, je vous dis,

05:35n'est pas stabilisée.

05:37Aujourd'hui, les fameux Druzes,

05:39dont je parlais,

05:39qui est quand même une grosse minorité en Syrie,

05:42ont demandé aux Kurdes

05:43de Masloum Abdi,

05:45le chef du Yépegué,

05:46qui contrôle l'Est de la Syrie,

05:48de prendre la place d'Al-Shara.

05:50Donc, si vous voulez,

05:51la situation est extrêmement chaotique.

05:53C'est-à-dire que,

05:54non seulement Al-Shara ne tient pas ses troupes,

05:56qui commettent des exactions,

05:58ou en tout cas tous les groupes terroristes

05:59qui sont dans son sillage,

06:01et vous avez des mouvements

06:04de minorités en ce moment,

06:06que ce soit les Alawites sur la côte,

06:08que ce soit les Druzes au sud,

06:09ou que ce soit les Kurdes au nord-est,

06:11qui, de plus en plus,

06:13refusent l'allégeance au pouvoir de Damas.

06:15Donc, vous avez la question d'Israël,

06:17qui occupe une partie de la Syrie,

06:19qui, l'autre jour,

06:20a tiré près du palais d'Al-Shara,

06:23à Damas,

06:24pour protéger les Druzes.

06:26Vous êtes quand même,

06:26tout ce que je vous dis là,

06:27c'est une situation extrêmement chaotique.

06:29Et nous, qu'est-ce qu'on fait ?

06:31Eh bien,

06:31on essaye de légitimer

06:34ce personnage

06:35qui n'a pas fait ses preuves,

06:37qui n'a pas franchement rompu,

06:39on va dire,

06:39avec ses anciennes allégeances.

06:40Et je vous dis,

06:41qui était quand même

06:42un des compagnons de Bagdadi

06:43et de Daesh

06:44au moment du Bataclan.

06:47Merci Régis Le Sommier,

06:49grand reporter,

06:49il est 11h57.

Président syrien Ahmad al-Chareh reçu par Emmanuel Macron : «J'ai été profondément choqué», réagit Régis Le Sommier

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