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00:00Vous avez la parole ce matin, on parle lutte contre les violences conjugales.
00:05Est-ce que vous avez déjà détecté ou suspecté des violences conjugales autour de vous ?
00:09Quels signes ont pu vous alerter ? Appelez-nous, on en parle ensemble, 04 76 46 45 45.
00:15Et comment agir concrètement, effectivement, avant qu'il ne soit trop tard ?
00:18On en parle après les drames de ces derniers jours en Isère, à Pont-de-Beauvoisin,
00:22au Grand-Lince également, des femmes a priori victimes de leurs conjoints ou ex-conjoints.
00:26Même si on reste prudent, l'enquête ne fait que commencer.
00:28C'est avec nous ce matin, Kim Mazneau, bonjour.
00:31Bonjour.
00:31Vous êtes responsable stratégie et développement à l'association Sa Déménage,
00:35qui aide les femmes à acquitter leurs conjoints violents,
00:38les aide matériellement dans le déménagement, les aide à trouver parfois un logement.
00:42On va en venir plus précisément sur vos actions.
00:46Mais d'abord, votre réaction après ces drames, est-ce que ça vous surprend,
00:50cette série dramatique en Isère, ou est-ce que maintenant vous n'êtes plus surprise ?
00:54Comme vous l'avez dit, en fait, c'est toujours de la surprise,
00:56et c'est toujours en consternement d'entendre ce genre d'informations.
01:01Aujourd'hui, j'ai une pensée très forte pour les victimes et pour leurs proches.
01:05À chaque nouveau féminicide, on est toujours terrifié par ce qui se passe.
01:10À chaque fois, c'est un drame, parce qu'on a l'impression que les chiffres,
01:14en tout cas, montrent qu'il n'y a pas vraiment de diminution dans ces drames.
01:17Une femme est toujours victime tous les trois jours sous les coups de son conjoint.
01:21Ça ne bouge pas. Pourtant, il y a toujours de la surprise.
01:25Il y a toujours de la surprise, et ce n'est pas faute de répéter qu'effectivement,
01:29il faut vraiment prendre la question en main et agir concrètement pour aider ces femmes.
01:33Parce que souvent, c'est des femmes qui avaient déjà porté plainte.
01:35Alors, ce n'était pas le cas ce coup-ci.
01:38À Châtonnet, la femme avait porté plainte.
01:42On l'a appris récemment.
01:43Elle avait porté plainte parce qu'elle suspectait son mari de l'épier.
01:47et elle avait trouvé un traceur dans sa voiture.
01:49Effectivement, il y a eu des précédents un certain nombre, avec des plaintes parfois déposées.
01:54Je vous propose d'écouter...
01:55Alors, vous avez parlé de cette surprise à chaque fois qu'un drame pareil se produit.
02:02Je vous propose d'écouter la mère du Grand Lince, Géraldine Bardin-Rabattel,
02:06qui réagit après le drame dans sa commune.
02:08Écoutez.
02:09Tout le monde se dit, mais non, ce n'est pas possible.
02:11Ça ne s'est pas passé là-bas.
02:14Ça ne s'est pas passé chez nous.
02:15Ça arrive encore.
02:17Ça arrive de partout.
02:18Les violences conjugales, ça touche tout le monde, tous les milieux sociaux,
02:23toutes les communes, de partout.
02:25Et c'est vrai que c'est quelque chose qui est difficile à vivre.
02:27Ça, vous le confirmez, vous qui aidez beaucoup de femmes à quitter leur conjoint.
02:32Ça arrive dans tous les milieux sociaux, dans toutes les strates de la population ?
02:35Toujours, mais partout.
02:36On a vraiment des profils très différents qui viennent à l'association.
02:40Et on est surpris, effectivement, de l'ampleur des violences et de toutes les catégories qui sont touchées par ce phénomène.
02:51Alors, venons-en à vos actions.
02:53Donc, chez Sa Déménage, comment vous détectez les femmes qui sont victimes de violences ?
02:59Vous travaillez avec d'autres associations pour cela ?
03:02Tout à fait, oui.
03:02Alors, c'est important de le préciser.
03:03Nous, les bénéficiaires qu'on reçoit à l'association, c'est des personnes qui nous ont été envoyées par des associations,
03:09la police aussi, parfois la gendarmerie, des professionnels du soin qui nous envoient ces bénéficiaires pour qu'on puisse les prendre en charge.
03:17Et c'est des femmes, j'imagine, qui ont déjà pas mal avancé dans leurs réflexions
03:21et qui en sont arrivées à la conclusion de quitter leur conjoint.
03:24On sait que ce n'est pas évident d'arriver à ce point-là.
03:26Il y a de l'emprise, souvent.
03:27C'est des femmes qui ont déjà, du coup, un passé parfois assez compliqué, j'imagine ?
03:33Oui, c'est des femmes qui sont victimes.
03:35Alors, nous, on aide des femmes victimes de violences intrafamiliales ou conjugales.
03:39On aide aussi des femmes qui ont été victimes de traite des êtres humains,
03:42des femmes qui sont en parcours de rue, en parcours d'exil.
03:45Donc, on a un spectre assez large de violences qu'on peut prendre en charge.
03:48Après, effectivement, c'est des femmes qui sont identifiées en tant que victimes
03:53et elles ont déjà fait la démarche et l'effort de solliciter l'aide d'une structure
04:00qui peut les accompagner sur ces violences-là.
04:02Parce que la détection des violences conjugales, on sait que c'est souvent très compliqué.
04:06On a eu le cas, par exemple, à Pont-de-Beauvoisin,
04:10où il n'y avait pas de plainte déposée.
04:12La femme, visiblement, semblait assez isolée dans son quartier.
04:17La détection est très compliquée.
04:19La détection est compliquée et on est assez...
04:23Je pense qu'il y a encore énormément de victimes qui n'en parlent pas
04:28parce que ça se passe dans la sphère intime, ça se passe chez elles.
04:31Et pour tout un tas de raisons, je pense qu'il y a encore beaucoup de personnes
04:35qui ne parlent pas de ce qui se passe à la maison.
04:38Comment détecter ces violences conjugales ?
04:40On va en parler dans un instant, on va continuer la réflexion ensemble
04:43et vous allez nous expliquer comment se passent ces déménagements,
04:46parfois en urgence.
04:47D'abord, on rappelle le numéro pour réagir.
04:50Tout à fait, 04-76-46-45-45.
04:52Bien sûr que c'est un sujet lourd, un peu pesant et parfois tabou.
04:57Mais si on peut avoir vos témoignages, c'est sûr que ça permet aussi d'en parler.
05:02D'ouvrir pour toujours, c'est sûr que c'est difficile,
05:05mais au moins peut-être une petite porte sur ce sujet compliqué
05:08avec des réactions également sur notre page Facebook.
05:11Et on a notamment le témoignage d'Emily ce matin qui nous dit
05:15« Il y a plusieurs années, j'habitais en Savoie
05:17et nous avions été confrontés à un voisin qui était violent avec sa femme.
05:21On l'avait signalé à la gendarmerie,
05:23mais malheureusement, si elle ne porte pas plainte,
05:26ils ne peuvent rien faire. »
05:27Elle le compare avec le Canada où elle a vécu au ciel.
05:31C'est ce qu'elle nous raconte.
05:32Elle nous dit « Là, c'est bien différent.
05:34Dès qu'on signale, ils interviennent. »
05:36Un numéro 04-76-46-45, deux fois pour réagir.
05:40Notre invité ce matin, Kim Masno,
05:42responsable stratégie et développement à l'association SADEMÉNAGE.
05:45Expliquez-nous comment ça se passe.
05:47Une fois qu'on vous a signalé que des associations vous ont signalé
05:50ou la police, vous nous avez dit des femmes qui souhaitent quitter leur logement
05:55et leur conjoint.
05:56Comment ça se passe ?
05:56Comment vous intervenez ?
05:57Pour le déménagement, ce dispositif nous permet d'intervenir directement
06:02au foyer violent.
06:03Là, on est plutôt sur des violences intrafamiliales ou conjugales,
06:07ce qui nous intéresse ce matin.
06:09Ça nous permet d'intervenir directement au domicile de la victime
06:12pour lui permettre de récupérer ses affaires.
06:14Parce que l'association est née du constat selon lequel
06:17quand une femme quitte son chez elle,
06:20souvent elle part sans rien puisqu'on part un peu dans la précipitation,
06:23on n'a pas le temps d'organiser un déménagement.
06:26Parfois, il y a des litiges sur les biens à récupérer.
06:29Oui, l'appartenance des biens.
06:30Voilà.
06:30Et du coup, on laisse derrière soi ses souvenirs,
06:32ce qui nous appartient et on part.
06:35Et nous, on a envie d'intervenir justement pour que la victime
06:39puisse récupérer ses affaires, puisse garder ses souvenirs,
06:42puisse repartir en ayant déjà des affaires,
06:45des choses qui lui appartiennent avec elle.
06:47Et vous faites deux types d'intervention,
06:49déménagement en urgence et puis déménagement, j'ai envie de dire,
06:54un peu plus calme, mais il y a une intervention en urgence possible aussi.
06:59Oui, voilà, tout à fait.
07:00En fait, on peut intervenir en fonction de la situation,
07:04si le conjoint violent est présent ou s'il y a une fenêtre possible d'intervention
07:09sur laquelle on peut intervenir quand le conjoint n'est pas là.
07:12Ça va vraiment dépendre des cas de figure.
07:14On peut être amené aussi à intervenir en présence des forces de l'ordre.
07:17Ça nous arrive souvent, c'est même très régulièrement le cas
07:19quand on parle de déménagement en urgence.
07:21Donc on les sollicite en amont et ils nous appuient sur l'intervention
07:24pour que ça se passe au mieux.
07:26Voilà, l'objectif étant de pouvoir ensuite stocker les affaires de la victime en sécurité
07:29pour que même si elle n'a pas de solution de stockage,
07:32que le dispositif est gratuit.
07:35Et ça lui permet de ne plus penser à ça
07:37et de se délester de cette charge mentale supplémentaire.
07:39Et on parlait en début d'entretien de cette série dramatique en Isère.
07:43Vous, vous voyez aussi le nombre de vos sollicitations augmenter,
07:46même exploser, c'est ce que vous m'avez dit.
07:48Oui, on avait eu un gros bond en 2023.
07:51Maintenant en 2025, au 30 avril, on a déjà aidé 52 femmes et 63 enfants.
07:56C'est beaucoup plus que...
07:58Beaucoup plus important que l'an dernier.
07:59Que l'an dernier, oui.
08:00Est-ce que c'est entre guillemets une bonne nouvelle
08:03parce que les femmes osent plus quitter leur conjoint
08:05ou ça veut dire aussi qu'il y a beaucoup de violence et encore plus ?
08:09Je ne saurais pas me prononcer là-dessus.
08:11On n'a pas suffisamment de recul sur les chiffres pour parler de ça.
08:13Mais je pense que c'est toujours une mauvaise nouvelle.
08:15En fait, quand on parle de violence,
08:18a priori, c'est quand même mauvais signe qu'on soit là encore.
08:21Et pour terminer, je rappelle que vous avez lancé un appel aux dons
08:24et que vous cherchez toujours des bénévoles.
08:26Oui, tout à fait.
08:27On est un peu dépendants des subventions et des aides.
08:31Donc on est toujours preneurs de dons, effectivement.
08:34Et on a toujours besoin de bras
08:35parce que les déménagements, ça se fait en équipe.
08:37J'imagine.
08:38Le message est passé.
08:39On mettra toutes les informations sur notre page,
08:42ici, isère.fr, pour les potentiels dons et bénévoles.
08:46Merci en tout cas, Kim Mazneau, d'avoir été avec nous ce matin.
08:48Je rappelle que vous êtes responsable.
08:50Stratégie et développement à l'association SADMénage.
08:53Merci, belle journée.
08:54Merci à vous.
08:54Sous-titrage Société Radio-Canada

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