La France comptait en 2024 plus de 31 000 centenaires, 30 fois plus qu'au siècle dernier. Parmi eux, 400 vivent en Martinique, valant à l'île la qualification de « zone bleue » : une région du monde où la longévité des habitants est très nettement supérieure à la moyenne. Face à ce constat, quels sont les modes de vie qui favorisent la longévité de nos centenaires ?
Pour en discuter, Jean-Pierre Gratien reçoit : Céline Bittner, journaliste et réalisatrice du documentaire « Martinique, terre de centenaires », Michel Poulain, démographe et Olivier de Ladoucette, psychiatre et gériatre.
LCP fait la part belle à l'écriture documentaire en prime time. Ce rendez-vous offre une approche différenciée des réalités politiques, économiques, sociales ou mondiales....autant de thématiques qui invitent à prolonger le documentaire à l'occasion d'un débat animé par Jean-Pierre Gratien, en présence de parlementaires, acteurs de notre société et experts.
Pour en discuter, Jean-Pierre Gratien reçoit : Céline Bittner, journaliste et réalisatrice du documentaire « Martinique, terre de centenaires », Michel Poulain, démographe et Olivier de Ladoucette, psychiatre et gériatre.
LCP fait la part belle à l'écriture documentaire en prime time. Ce rendez-vous offre une approche différenciée des réalités politiques, économiques, sociales ou mondiales....autant de thématiques qui invitent à prolonger le documentaire à l'occasion d'un débat animé par Jean-Pierre Gratien, en présence de parlementaires, acteurs de notre société et experts.
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00:00:16Bienvenue à tous. La France comptait l'an dernier plus de 31 000 centenaires et c'est à eux que nous allons aujourd'hui consacrer ce débat doc.
00:00:24Avec pour commencer le documentaire qui va suivre, Martinique, terre de centenaire. La Martinique où réside 400 centenaires, soit proportionnellement deux fois plus que dans l'hexagone.
00:00:35Pourquoi un tel constat ? Grâce à quel mode de vie ? A quel environnement ? Je vous laisse découvrir les réponses avec ce film et je vous retrouverai juste après en compagnie de sa réalisatrice,
00:00:46la journaliste Céline Bittner, le démographe Michel Poulain et le psychiatre et gériatre Olivier Deladoucette.
00:00:54Avec eux, nous nous interrogerons sur les secrets de la longévité de nos centenaires. Bon doc.
00:01:00C'est une partie de notre histoire, c'est un patrimoine qu'il faut protéger.
00:01:21C'est vraiment une chance pour la Martinique, c'est une vraie richesse.
00:01:38C'est une force pour nous, d'avoir nos aînés, d'avoir nos parents à côté, toujours.
00:01:55Ça nous renforce.
00:01:56En Martinique, nos grands-mères ou nos grands-pères, ce sont les piliers.
00:02:22Comme on dit, ce sont les potomitans et ce sont nos trésors.
00:10:05Le bonheur est là, le bonheur est avec nos aînés.
00:10:09On est dans la motivation d'exister, on a des objectifs, dans la projection de vivre.
00:10:14Il y aura un meilleur.
00:10:17Je suis là aujourd'hui, mais je ne baisse pas les bras.
00:10:20Ils sont debout et fiers de l'être.
00:10:28Ce sont des centenaires qui sont au plus près aussi de la nature.
00:10:32La nature est luxuriante, elle est évidente.
00:10:40Ça alimente aussi toutes ces pensées, cette positivité.
00:10:45La zen attitude, c'est peut-être plus facile de l'avoir en pleine nature qu'en zone urbaine.
00:10:57L'eau, c'est la vie.
00:10:58L'eau, c'est la vie, dont la Martinique est entourée de mer.
00:11:04Et vous allez voir que des personnes âgées, souvent le soir, vont prendre un bain de mer.
00:11:08Mais il n'y a pas que la mer, il y a également des rivières.
00:11:12Les gens vont prendre un bain à la rivière.
00:11:17En fait, c'est une cure de jouvence.
00:11:19Ces centenaires sont des personnes, en tout cas quand on regarde ceux de la Martinique,
00:11:27qui ont vécu plutôt dans le monde rural.
00:11:30C'est des personnes qui ont vécu en harmonie avec l'environnement,
00:11:33qui ont travaillé dans l'agriculture.
00:11:37Et je me dis, est-ce que c'est cette vie dans la nature,
00:11:40c'est cette vie en milieu rural qui préserve,
00:11:42qui leur a permis de vivre aussi longtemps en bonne santé.
00:11:45Et quand on se déplace dans les zones rurales en Martinique,
00:11:50on se rend compte qu'il y a une forme d'authenticité
00:11:54qui a été conservée pendant des années.
00:11:56Ici, on se trouve sur le Goumonde, au nord de l'île.
00:12:13C'est-à-dire qu'on est dans la partie verdoyante de l'île.
00:12:19Au Goumonde, nous avons 16 centenaires dans la doyenne à 110 ans.
00:12:23Et c'est une commune qui prend soin
00:12:26et qui a la chance d'avoir autant de centenaires.
00:12:30Bonjour, bonjour.
00:12:33Je m'appelle Gladys, j'ai 42 ans.
00:12:36Et ça fait 4 ans que je suis au sein de l'équipe Sentinelle.
00:12:41Bonjour, ma petite famille.
00:12:44Comment ça va ?
00:12:45Comment tu vas ?
00:12:47Ça va, merci.
00:12:49En tant que Sentinelle, je crée des liens avec nos centenaires.
00:12:52L'objectif, c'est épauler la famille
00:12:57via notre présence, notre sourire, notre soutien.
00:13:03Voilà.
00:13:04C'est comme je dis dans notre jarre aux Antilles,
00:13:06ce sont nos potos mi-temps.
00:13:07Donc c'est une maison avec la poutre centrale.
00:13:11Si on n'a pas ces poutres centrales, on n'a rien.
00:13:14La maison, elle s'effondre.
00:13:15Moi, je les vois comme ça, en fait.
00:13:17Je vois mes centenaires comme les poutres centrales de la commune.
00:13:20Ah, d'accord.
00:13:22Je préfère le verre.
00:13:23Elle préfère le verre.
00:13:25Le verre.
00:13:26Donne-moi le secret qui fait que tu sois déjà aussi radieuse,
00:13:31aussi belle,
00:13:32et le secret que tu as par rapport à ton âge.
00:13:35Parce que cette année, il te donne 101 ans.
00:13:37Tu prends la monnaie ?
00:13:39Tu mets dans ma ton secret.
00:13:41Aïe, aïe, aïe.
00:13:42Et si je veux arriver jusqu'à là ?
00:13:43Mon secret, c'est de marcher à pied.
00:13:47Monter, descendre, voyager, tout, pas, tout.
00:13:50D'accord.
00:13:52Et là, tu me montres le petit circuit que tu fais le mat.
00:13:57C'est toi qui m'as dit, hein ?
00:13:58L'activité physique est aujourd'hui bien connue
00:14:01comme un marqueur du bien-vieillir.
00:14:05Sans forcément être de sportif de haut niveau,
00:14:07leur quotidien était fait de marche
00:14:10pour aller aux chambres, pour aller au travail.
00:14:13Dans ces territoires,
00:14:14on n'avait pas toute la route qu'on a aujourd'hui
00:14:16pour cette génération de centenaires.
00:14:18La sédentarité était très peu inscrite dans le quotidien.
00:14:21Monsieur Eloua, bonjour.
00:14:29Oui, je pense qu'on va faire.
00:14:31Bonjour.
00:14:32Ça va.
00:14:33Ça va bien, merci.
00:14:35Comment tu vas ?
00:14:36Comment t'as passé ton week-end ?
00:14:37Parce qu'on avait un grand week-end.
00:14:39Comment t'as passé ton week-end ?
00:14:41Moi, j'étais dansant avec Marvin.
00:14:44Je l'ai accompagnée.
00:14:45Ah, bon ?
00:14:46Mais oui.
00:14:47Je suis prêt par la maison.
00:14:49J'étais là.
00:14:50Il y avait 1 400.
00:14:52Maman !
00:14:53Donc, tu as été danser dimanche ?
00:14:54Hein ?
00:14:55Tu as été danser dimanche ?
00:14:56Ah, je fais pas beaucoup.
00:14:5720 morceaux.
00:15:02Oui.
00:15:03Tu as fait quoi comme morceau ?
00:15:04Tu as dansé quoi avec madame ?
00:15:05Je fais le salsa, le vase,
00:15:10le mazoukwa, c'est mon plaisir,
00:15:12le mazoukwa.
00:15:14Avec tous les morceaux.
00:15:16Tous les morceaux ?
00:15:17Ah oui.
00:15:17Compas, zouk.
00:15:19Ah oui, le compas.
00:15:20Ah oui, j'étais là.
00:15:23C'est ma passion.
00:15:26Qu'est-ce que tu aimais le plus dans la vie ?
00:15:28Dans la vie ?
00:15:30Ah bon, ça va, j'aime.
00:15:32C'est la santé que j'aime.
00:15:34Le plus, la santé.
00:15:35Si vous n'avez pas la santé,
00:15:36je ne peux rien faire.
00:15:38Voilà.
00:15:38Il faut avoir la santé pour travailler.
00:15:40Tout à fait.
00:15:41J'ai un ouvrier, j'ai un ouvrier,
00:15:42un bâtiment, je vais le faire ailleurs.
00:15:44Ce qu'on constate chez eux,
00:15:48c'est que le travail a été leur pilier, en fait.
00:15:53Ça a été leur moteur.
00:15:54Ma passion.
00:15:55Ça a été leur force.
00:15:57Ça a été leur moyen de s'extirper de la vie
00:16:00et de tous les problèmes.
00:16:03Même si ça n'a pas été évident tous les jours pour eux.
00:16:05Mais voilà le résultat.
00:16:07Travail acharné.
00:16:09Monsieur 99 ans, il est debout.
00:16:12On ne voit pas, en fait, l'usure.
00:16:15On ne ressent pas l'usure.
00:16:17Lorsqu'on regarde ses mains,
00:16:18on se dit, bon, c'était un homme de bureau.
00:16:20Et pourtant, ce n'est pas ça.
00:16:22Il y a eu de l'agriculture dans ses mains.
00:16:24Il y a eu de la ferraille dans ses mains.
00:16:26Il y a eu un coutelas dans ses mains.
00:16:28Et tout est marqué sur le faciès.
00:16:31Tout est vu sur le faciès.
00:16:35Mon papa, il aime travailler.
00:16:55Il a eu une vie très difficile.
00:16:58Il a commencé à travailler très jeune.
00:17:00Entre l'âge de 10, 13 ans, il était dans les chambres.
00:17:03Il a travaillé à l'usine du Galion,
00:17:06l'usine qui produit le sucre et le rhum.
00:17:17Et puis, il a travaillé aussi dans le bâtiment, en fait.
00:17:21Il a été ferrailleur.
00:17:22Et à son âge, il continue à œuvrer toujours.
00:17:25qui arrive en faisant le rhum.
00:17:36Par le Рéas Reforest ?
00:17:38Vous avez vu Grèce ?
00:17:39Ah oui, je veux le faire.
00:17:41Vous l'-, Arnait ?
00:17:41Si, si, si.
00:17:42Ah ?
00:17:43Oui, je veux le faire.
00:17:43Je veux le faire.
00:17:44Oui, oui.
00:17:44Attache, attache-la pour moi.
00:17:46Celui-là.
00:17:47ah tu fais faire deux tours ok moi j'ai compris ça ouais j'ai compris le matin il se lève il
00:17:57se lève comme si il allait au boulot en fait il a un programme dans la journée il faut qu'il fasse
00:18:03sa déboussailleuse il fera de l'herbe il donnera à manger à ses bêtes à ses poules à ses coques
00:18:09voilà ce sens et rituels de tous les jours je pense que c'est ça qui le maintient puisqu'il est
00:18:18toujours en activité c'est quelqu'un qui tout le temps qui bouge tout le temps d'ailleurs qui
00:18:22reste pas dans la maison qui est pas il a il est très physique mon père à son agent très très physique
00:18:32je pense que mon père il a bon il a la chance il ya il a encore sa maison ma mère est encore là et la
00:18:38famille on est soudés autour de lui et je pense que ça c'est très important ne pas être éloigné ne
00:18:44pas être en ehpad on habite tous à côté de nos parents moi j'ai ma maison à côté il ya mes soeurs
00:18:49mes nièces il est assez bien entouré en fait c'est comme un petit village mais il ya que la famille
00:18:55autour de lui je pense que ça aussi ça et puis à ma mère qui est encore là c'est le je dirais c'est
00:19:01l'homme le plus heureux parce qu'il ya tout le monde à côté
00:19:08la tradition martini qui est quand même d'avoir des liens intergénérationnels c'est normal parce
00:19:19que la famille elle est élargie ce n'est pas simplement la famille nucléaire papa maman
00:19:23et les enfants c'est la famille élargie papa maman les oncles les tantes les grands-mères voilà donc
00:19:29tout le monde joue un rôle dans la famille chacun une place dans la famille finalement nos parents se
00:19:34sont occupés de nous nous devons à notre tour nous occuper d'eux et très souvent dans la
00:19:40conception martinicaise mettre dans ses parents dans un ehpad c'est quasiment les mettre dans
00:19:45un asile c'est les rejeter c'est leur enlever leur humanité et c'est faire d'eux des morts en
00:19:51permission je m'occupe de papa depuis 15 ans depuis que je suis rentré en retraite dès que j'ai pris ma
00:20:14retraite j'ai dit je reste avec mon père je ne voulais pas le laisser seul ici étant donné que
00:20:20maman est décédé il était complètement perdu c'était un c'était grand bonheur pour moi c'est
00:20:30un grand bonheur pour moi parce qu'elle est là et j'ai quelqu'un pour s'occuper de moi
00:20:36elle fait tous les affaires pour moi je veux tous mes affaires mais il ya des choses que
00:20:44ne fait pas comme sa maman il ya des repas il ya des choses comme ça qui n'a pas même le goût
00:20:49le même goût avec celle de sa maman mais je deviens alors que je suis obligé
00:20:55madame il met beaucoup son mari à lui fallait pas papa ne devrait pas avoir souffri de quoi que
00:21:08ce soit donc elle préparait le petit déjeuner pour papa voyez ce que je fais là exactement ce qu'elle
00:21:14faisait une salade de concombre voilà et ensuite on va lui mettre ceci et la papaye je lui mets tous
00:21:24les jours une vitamine c je lui ai fait ce matin le matité avec de la farine de manioc c'est bon
00:21:34pour le transit papa a toujours mangé équilibré toujours il ne mange pas de plat préparé il ne veut
00:21:42pas de plat industriel dès que vous mettez sur la table il vous a vu ouvrir ça il vous regarde et
00:21:50dites vous bien qu'il ne mangera pas pour ne pas m'offenser il ne me dira rien du tout mais il ne
00:21:58prendra qu'une pointe de fouchette le plat reste là quand on pense à la cuisine créole on est dans
00:22:08l'alimentation de base elle est riche elle est diversifiée elle est consistante on est dans cette
00:22:15idée de bien manger qui n'est pas les plats transformés d'aujourd'hui mais qui sont dans
00:22:22la confection de la nourriture et de faire au mieux avec des éléments naturels ce soit le fruit à pain
00:22:28que ce soit la farine de manioc il ya des choses c'est des alimentations de base qui sont oui bonnes
00:22:33pour la santé le régime caribéen c'est un régime qui est très proche du régime méditerranéen puisqu'on
00:22:42est quand même dans un environnement où il ya la mer forcément il ya du poisson et de tous les
00:22:49bienfaits de certains poissons et des produits issus de l'agriculture locale et du saisonnier
00:22:54on consomme local on consomme la saison et on consomme des produits que l'environnement que la
00:23:03nature nous produit
00:23:31Je m'appelle Vladimir, j'ai 37 ans, je suis chef cuisinier.
00:23:35Je suis originaire de la Martinique.
00:23:37J'ai grandi en banlieue parisienne, à Saint-Nyre, en 1993.
00:23:40Ça fait maintenant 8 ans que je suis de retour sur mes terres natales.
00:23:43Je vais rajouter de l'eau, non ?
00:23:44Le feu, le charbon, tout bon, il diminue beaucoup.
00:23:49Je suis revenu en Martinique justement pour revenir à la découverte de mon terroir et de mes racines.
00:23:54Et en fait, ça me permet un peu de voir et de comprendre l'alimentation qu'avaient mes anciens, ma grand-mère, etc.
00:24:02Et de comprendre un peu leur mode de vie, leur mode de consommation à l'époque.
00:24:05Notre propre bouillon qu'on va faire avec le petit plantain.
00:24:09Il y a ma grand-mère qui est là, qui va avoir 96 ans.
00:24:13Et puis il y a ma maman aussi qui est là, sa fille.
00:24:16Ce sont les deux femmes, mes deux piliers vraiment qui m'ont appris à faire à manger
00:24:22et qui m'ont bercé vraiment dans la culture martiniquaise.
00:24:24Je vais mettre un peu de sel parce que le sel va lui faire cracher son eau.
00:24:51Alors là, je suis en train de faire un caladou.
00:24:56C'est une soupe locale et en fait, c'est une soupe qui est verte et qu'on fait avec toutes les feuilles du jardin.
00:25:02Donc les feuilles de choux.
00:25:03Si tu as de la pâte à douce, tu as des grandes feuilles avec la pâte à douce, tu peux prendre les feuilles de pâte à douce.
00:25:08Si tu as du dachine, qu'on appelle le tarot aussi en Guadeloupe, ça fait aussi des belles feuilles qu'on peut consommer aussi.
00:25:13Et qui sont là de façon un peu ancestrale, le manioc aussi, où les premiers habitants vraiment de la Martinique consommaient du manioc.
00:25:19Il y en a certaines qui peuvent être considérées comme des mauvaises herbes.
00:25:23Et nos anciens, eux, les consomment et les consommaient.
00:25:25C'est une soupe traditionnelle que tu manges.
00:25:27Elle va te faire du bien aussi, tu vois, va un peu nettoyer ton organisme.
00:25:30Ça fait limite comme une espèce de purge intérieure, tu vois.
00:25:39Ça, c'est super, ça.
00:25:43Voilà.
00:25:46Là, tu as mis quoi, maman ?
00:25:47Alors, poivre blanc, bois d'haine.
00:25:50Tu as mis ça, maman, le clou du rof ?
00:25:52Oui, j'ai mis, j'ai mis.
00:25:53D'accord.
00:25:54C'est une cuisine qui est riche d'épices.
00:25:55De par notre histoire et par rapport à toutes les civilisations qui ont succédé et qui sont venus ajouter leur pierre à l'édifice.
00:26:03C'est une cuisine qui est métissée.
00:26:04Tu as une touche européenne, tu as une touche aussi africaine.
00:26:08Et après, un peu plus tard, une touche après l'esclavage, tu as une touche indienne.
00:26:12Et en fait, c'est eux, par exemple, qui ont apporté les épices.
00:26:14Tout ce qui est colombo, etc., les Africains aussi.
00:26:17Et en fait, tout ça, en fait, est venu se jumeler pour pouvoir créer cette cuisine-là.
00:26:22La noix de muscade.
00:26:23Tout ce qui est épices, curcuma, gingembre, là, on a du clou de girofle.
00:26:29Tout ça a poussé autour de nous, dans la Martinique.
00:26:34Voilà, c'est fantastique.
00:26:35Et toutes ces choses-là, en fait, vont venir s'additionner, vont nous apporter des bienfaits.
00:26:40On va regarder comme ça.
00:26:41On va mettre dedans.
00:26:44Voilà.
00:26:46Ça va donner du goût et en plus de ça, ça va être bon pour le corps.
00:26:49Il y a beaucoup d'aromatiques, ici.
00:26:53Il y a aussi beaucoup de piment.
00:26:55Ça remonte en goût et c'est des oligo-éléments qui renforcent le plat.
00:27:01Voilà.
00:27:02Et là, après, on va laisser la magie au péril.
00:27:03C'est bon, c'est chaud.
00:27:16C'est chaud ou pas, maman ?
00:27:16C'est chaud.
00:27:18C'est pas bon, maman ?
00:27:19Ça va ?
00:27:20C'est très bon.
00:27:22Un petit coup de cuivre est moitié.
00:27:23Ah, non, non, non, c'est bon.
00:27:25Pour comprendre les vertus des produits que je cuisine, j'aime bien aller me fournir à la ferme Petit Cocotier.
00:27:43C'est une ferme qui se trouve au pied du volcan de la montagne Pelé, dans le nord de Lille.
00:27:48Et ici, ce qui est intéressant, c'est qu'elle cultive des produits et des légumes, comme le faisaient nos anciens,
00:27:52en respectant la tradition locale de nos aînés.
00:27:54Ah, t'as vu, Branimien, la saison quand les pommes d'eau arrivent ?
00:27:58Ouais.
00:27:59Ouais.
00:27:59Ici, ça, ça couvre de rose.
00:28:00Il y a vraiment la neige rose, tellement tout ça, c'est des pommes d'eau, tu vois ?
00:28:04C'est le même.
00:28:04Et donc, quand ça rentre en fleurs, ça n'arrose pas autour.
00:28:08Tout le chemin devient rose.
00:28:09C'est le même.
00:28:10Tiens, regarde, les fleurs, voilà.
00:28:12Tu vois, il y en a déjà quand même, hein ?
00:28:13Magnifique.
00:28:14En période des fleurs, ça s'effrite et ça vole partout.
00:28:17Ouais, la saison, on va pas tarder.
00:28:18On a huit fois plus de centenaires ici que dans d'autres régions dans le monde.
00:28:26Parce qu'en fait, la réponse est aussi dans notre alimentation.
00:28:2985% de la biodiversité de la planète est en zone tropicale.
00:28:34Dans cette zone tropicale, il n'y a que 36 hotspots au monde.
00:28:40Hotspots, dans le jardin rouge scientifique, c'est là où la biodiversité est la plus concentrée.
00:28:44La martinique fait partie de ces 36 hotspots.
00:28:47On a une diversité immense ici, avec des nutriments, un apport nutritif, sans comparaison, en fait.
00:28:55Tu vois la cocoterie au fond, là ?
00:28:57Oui.
00:28:57Lorsque mon arrière-grand-père est arrivé, il a commencé par ça.
00:29:02Voilà.
00:29:02Ça fait 4 générations.
00:29:04Mon arrière-grand-père est venu ici.
00:29:07Il n'y avait personne, c'était des paysages, comme tu vois derrière.
00:29:10Et on a repris le flambe avec mon frère il y a plus de 10 ans maintenant.
00:29:14Ici, justement, on renoue avec l'agriculture de toujours.
00:29:19On fait du vivrier, du maraîcher et du fruitier.
00:29:22Là, on arrive vraiment dans le berceau de ce qu'on fait ici.
00:29:25Là, tu es dans un champ d'ananas.
00:29:27Quand tu arrives, tu te dis, bon, ça ne ressemble pas à un champ.
00:29:30Voilà.
00:29:31Par contre, tu as vu comment il y a de la vie déjà.
00:29:33Il y a des papillons par autour, il y a leur essai de tout.
00:29:35Pourquoi ? On ne met pas d'intranschimiques de synthèse, on ne met pas de pesticides.
00:29:39Voilà.
00:29:39Un ananas, c'est un polyfrui.
00:29:41C'est un lego de fruits.
00:29:43C'est des fruits différents.
00:29:44C'est-à-dire, chaque œil que tu vois là est un fruit indépendant.
00:29:48D'accord ?
00:29:49Chaque fruit a besoin de nutriments.
00:29:53Et comme tu préserves ton sol à la sortie, tu as quelque chose de nutritif incomparable.
00:29:57La nature fait bien les choses.
00:30:00C'est-à-dire que s'il faut 13 mois pour qu'un ananas puisse pousser, on lui laisse 13 mois.
00:30:04On lui crée les conditions nécessaires pour que lui puisse pousser sainement
00:30:08et pour nous apporter aussi le maximum de nutriments, de bienfaits et de goûts.
00:30:14On voit tout de suite la différence.
00:30:16La première fois que j'ai mangé un ananas de petit cocotier,
00:30:19mais ils sont sucrés, ils sont fantastiques.
00:30:21Et du coup, je suis tombé amoureux.
00:30:22Regarde, maman.
00:30:30Roku.
00:30:32Regarde le Roku.
00:30:33Regarde le Roku.
00:30:39Ils sont beaux, hein ?
00:30:40Alors, les Roku sont fleurs au fond, mais je ne veux pas aller jusqu'aux fleurs.
00:30:43Ils sont fraîches comme ça, ils sont magnifiques.
00:30:45Le Roku que tu vois là,
00:30:48puisque c'est très joli, voilà, c'est très joli le Roku.
00:30:51Voilà la couleur magnifique que ça te donne.
00:30:54Comment c'est beau.
00:30:55Et voilà.
00:30:56Et cette scène-là est assez connue.
00:30:58Voilà, c'est cette scène que les Indiens font.
00:31:02Parce que les gens de l'Alaska jusqu'au Brésil, au Mexique et tout, connaissent le Roku.
00:31:07Les Améridiens, on les appelle les peaux rouges parce qu'ils mettent ça toute la journée sur eux.
00:31:11Ça te nourrit la peau, ça te protège du soleil, ça te donne un bon mosaïe et ça éloigne les moustiques.
00:31:16Non, c'est quand même assez puissant.
00:31:19Le Roku n'a pas forcément de goût, on va dire, mais on pourra le confirmer.
00:31:23C'est pas comme le poivre ou le sel, mais de manière, dans la coutume,
00:31:28on le mettait avant que la sauce tomate débarque, dans les années 50.
00:31:31On faisait du beurre rouge.
00:31:33Le courbouillon de poisson en Guadeloupe ne se fait pas sans Roku.
00:31:37Et cette chose qui finalement ne donne pas tellement de goût, juste une couleur rouge,
00:31:43c'est l'un des plus grands antioxydants du monde.
00:31:45Je pense que beaucoup du secret de l'âme antinique, c'est qu'on n'a peut-être pas écrit,
00:31:56mais on a entendu, on a su et on a répété certains gestes,
00:32:01certains rituels qui nous préservent jusqu'à maintenant
00:32:03et jouent très fortement dans notre logévité.
00:32:06Et en effet, qu'est-ce qu'on dit souvent, c'est que ton repas, c'est ton premier médicament,
00:32:10l'aliment, c'est le premier médicament.
00:32:12C'est le secret dans le jardin de Guadeloupe.
00:32:25Les gens ont toujours eu à côté de chez eux un petit jardin avec des tomates, avec des bananes,
00:32:30l'oignon pays, du persil, une poule.
00:32:33Alors là, vous aviez un piment, là vous aviez des ignames.
00:32:36Sur un espace comme celui-là, on pouvait manger toute une année.
00:32:40Quand on a arrêté l'esclavage, si vous voulez, pour expliquer l'histoire,
00:32:43quand l'esclavage s'est arrêté, ça veut dire que finalement,
00:32:47il fallait que les gens soient rémunérés.
00:32:51Mais tout le monde ne trouvait pas du travail.
00:32:53Donc ils se sont retournés vers la terre.
00:32:55L'histoire du jardin créole, c'est ça, l'histoire du jardin créole,
00:32:58c'est le jardin de la maison où finalement, on sait qu'on a besoin de choses,
00:33:01on sait qu'on n'a pas d'argent, et bien on plante ce dont on a besoin pour se nourrir.
00:33:06C'est la notion de l'autosuffisance.
00:33:07Ah oui, c'est bon, c'est sucré.
00:33:13C'est oui.
00:33:14Tiens.
00:33:16Fais du chien, moi, là.
00:33:17Oui.
00:33:18C'est propre.
00:33:26Merci.
00:33:29Ah, c'est la conne, je vais gagner la conne.
00:33:33C'est comme ça, ça t'en est à l'autre.
00:33:35C'est bon.
00:33:35On est sur l'exploitation de mon père,
00:33:43puisqu'il a hérité quand même pas mal de terrain de son père.
00:33:48C'est bon, hein ?
00:33:49Mon père, il était déjà à l'âge de 10, 13 ans,
00:33:53sur les champs, ici, à cultiver la terre.
00:33:56Et je pense que ça lui a permis aussi de tenir jusqu'à maintenant,
00:34:00puisqu'il ne mangeait que des produits du terrain.
00:34:03C'est ça qui nourrissait tout le monde.
00:34:04Même nous, nous, on ne mangeait que des choses qui ont été plantées par mon père, en fait.
00:34:10Là aussi, c'est du...
00:34:12C'est du basilic, ça ?
00:34:15Oui, oui, oui.
00:34:15Basilic.
00:34:16Ah, j'en dis bon.
00:34:17Le jardin créole, c'est aussi des plantes pour nous soulager.
00:34:23La toumo, l'anis, des choses, du patchouli, la cannelle.
00:34:29Et qui fait que derrière la maison, à proximité de main, on va pouvoir se soigner et manger aussi.
00:34:36Alors, la toumo, elle est utilisée de la racine à la feuille.
00:34:42Elle peut même se manger comme ça.
00:34:43Et elle porte bien son nom, à tous mots, guérit tous les mots.
00:34:47Nous avons ça systématiquement dans tous les jardins.
00:34:50C'est une plante très utilisée pour ses vertus sur plusieurs problématiques de santé.
00:35:00Certains parlent des problématiques infectieuses, des problématiques digestives.
00:35:04Et se consomment parfois sous forme de thé.
00:35:06On va vous faire l'infusion de l'après-midi, après le repas.
00:35:21Vous avez la toumo que l'on met dans toutes nos effusions.
00:35:25Peu importe l'effusion que vous avez à faire, vous prenez de la toumo.
00:35:31Les personnes âgées ont beaucoup confiance en leur plante médicinale.
00:35:36Parce que c'est des transmissions orales.
00:35:38J'utilisais ça quand j'avais une blessure.
00:35:40Papa me donnait ça dans mon enfance, quand j'avais une infection, quand j'avais mal au ventre.
00:35:46Et les gens le reproduisent.
00:35:47Eh bien, il a déjà refroidi.
00:35:49Tu peux...
00:35:51Maintenant, sur les travaux sur la longévité, que ce soit le modèle animal ou autre,
00:35:56je n'ai pas d'éléments qui montrent que ces plantes ont un impact majeur sur la longévité.
00:36:06Le Martiniquais, enfin, pour beaucoup de ceux qui viennent d'Afrique,
00:36:15mais qui viennent aussi d'Inde, les pays asiatiques,
00:36:18les gens ont toujours été en lien avec la nature.
00:36:21Ce sont toujours soignées avec les plantes, avec la nature.
00:36:24D'ailleurs, il faut parler de ça.
00:36:26La société Martiniquais est multiforme, multiculturelle, elle est multiethnique.
00:36:35Donc, cet apport culturel, ce mode de vie, les saveurs, la connaissance des plantes qui est différente,
00:36:43tout ça a apporté des éléments supplémentaires,
00:36:45à la fois sur les modes de vie, sur les habitus,
00:36:50et probablement sur la résistance, à la fois psychologique et la résistance physique.
00:36:55La population Martiniquaise a souvent été une population mélangée,
00:37:12avec des gens qui ont pour beaucoup vécu la misère et la souffrance.
00:37:17Mais cette misère et cette souffrance, aussi tenace qu'elle ait pu être,
00:37:22leur a donné la force, le courage, la volonté, et puis une santé de fer.
00:37:26Papa, tu t'es vu ? Regarde, il y a ton casque colonial.
00:37:33Il est très jeune, là, notre papa.
00:37:36Voilà ma mère.
00:37:39À notre avis, la longévité vient de la famille,
00:37:43parce que le père de papa, il est né en Martinique,
00:37:45de deux parents indiens qui revenaient de Pondichéry,
00:37:50et c'est eux qui ont raconté à mon père comment ils sont arrivés en Martinique.
00:37:55À la fin de l'esclavage, les planteurs de canne à sucre avaient besoin de main-d'oeuvre au marché,
00:38:00ils sont allés la chercher en Inde.
00:38:02Sa grand-mère lui a raconté que c'est comme ça qu'elle est arrivée en Martinique.
00:38:06Ils ont chargé un bateau,
00:38:08et après le commandant du bateau leur a demandé de venir le soir,
00:38:12ils vont faire une petite fête,
00:38:13pour, comme ils avaient très bien travaillé,
00:38:18donc on fait une petite fête,
00:38:19et emmener vos amis, emmener vos voisins, si vous voulez.
00:38:23Ça, c'est ce qui s'est passé,
00:38:24ils ont emmené leurs voisins et leurs amis,
00:38:26et le bateau a levé l'encre.
00:38:29Ça s'appelait des raptes.
00:38:31Alors, ils sont arrivés en Martinique,
00:38:33à ce moment-là, ils ont été enrôlés par les béquets qui n'avaient plus d'esclaves.
00:38:36Donc, ils ont été enrôlés,
00:38:39et ils avaient promis qu'on leur a fait des contrats de cinq ans,
00:38:43et dans cinq ans, le bateau reviendrait les chercher.
00:38:45Et le bateau n'est jamais pour eux.
00:38:47Si nous sommes là,
00:38:48c'est parce que nos grands-parents indiens,
00:38:51c'est des gens très résistants.
00:38:53Ce sont les plus résistants qui sont arrivés,
00:38:55les plus résistants qui ont vécu,
00:38:57qui ont survécu dans les cales de bateaux infestées,
00:38:59de toutes sortes de microbes,
00:39:00c'est parce qu'ils étaient très résistants.
00:39:03En fin de compte, nous avons ça en nous.
00:39:09Je crois que cette résilience,
00:39:10elle vient de l'espoir
00:39:11que l'on met dans ce que l'on vit,
00:39:14en se disant que demain sera meilleur.
00:39:16Et c'est ça, cette forme de résilience que nous avons ici.
00:39:21En dépit des souffrances,
00:39:23en dépit des défis,
00:39:24et de ce qui se passe,
00:39:26on a cette volonté d'exister, de faire,
00:39:27et de montrer que l'on peut encore.
00:39:29Et ça, en Martinique, c'est vrai que
00:39:31les gens, malgré les difficultés,
00:39:33ont trouvé les moyens de rebondir et d'exister.
00:39:37La résilience est indéterminante.
00:39:41J'en suis convaincu de la longévité.
00:39:46Quand on discute avec ces centenaires,
00:39:48quand des choses sont négatives,
00:39:50ils banalisent et ils passent au-dessus.
00:39:53Ils arrivent finalement à ne prendre que le positif.
00:39:56Ils ont eu beaucoup d'obstacles dans leur vie,
00:40:01qui, pour certains,
00:40:02auraient été le début de la fin
00:40:04ou la fin de la vie.
00:40:06Ils ont su passer au-dessus.
00:40:07Les gens qui vont vivre très longtemps,
00:40:09c'est des gens qui ont échappé
00:40:12à toutes les situations de stress
00:40:14qui précipitent vers la mort.
00:40:16On peut penser aussi à une période
00:40:26très difficile pour nos aînés,
00:40:29la Seconde Guerre mondiale.
00:40:30Et ça, c'était une précarité,
00:40:32une difficulté de vie,
00:40:34où il y a eu vraiment des liens
00:40:35qui se sont resserrés
00:40:36et on était en mode de survie.
00:40:39Je venais ici parce que mon père faisait des bateaux.
00:40:49Je venais ici avec mes frères.
00:40:51On se baignait dans la baie.
00:40:53Alors, je sais nager.
00:40:56Avec mes parents,
00:40:57j'étais heureuse parce qu'on sortait,
00:40:59on allait au cinéma.
00:41:01Et puis, à 12 ans,
00:41:04la guerre a commencé.
00:41:07Alors, c'était pas la même chose.
00:41:09Tout était fermé.
00:41:11Il y a rien à manger.
00:41:14Il y avait un repas par jour,
00:41:15à 4 euros, que l'on mange faisait.
00:41:17Et on mangeait tout ce qu'on rencontre.
00:41:20Il n'y a rien.
00:41:21Pas de pari pour faire du pain.
00:41:23Nien du tout.
00:41:24Ce qu'on a à la maison au jardin,
00:41:26c'est ce qu'on mangeait.
00:41:27Il n'y avait rien.
00:41:28Et puis, il y avait beaucoup de militaires
00:41:31dans la commune.
00:41:33Et...
00:41:34On a souffert, on a souffert.
00:41:41Si il y a du bien, on prend du bien.
00:41:42Si il y a du mauvais, on prend du mauvais.
00:41:44On vit quand même.
00:41:47On prend la vie comme elle est.
00:41:49Je crois que cette résilience,
00:41:57elle vient aussi de l'espoir.
00:42:00L'espoir, ça a été que la nature,
00:42:03et plus tard,
00:42:05que Dieu veille sur nous,
00:42:08nous protège pour un meilleur demain.
00:42:09En Martinique, il y a...
00:42:22Mais...
00:42:23Comment vous dire, monsieur ?
00:42:24Être sec à la population,
00:42:26la croyance, la spiritualité.
00:42:28Être sec.
00:42:33C'est une manière de mettre l'espoir
00:42:35dans quelque chose.
00:42:37D'immatériel.
00:42:38Parce qu'on est quoi, à l'immatériel ?
00:42:40Alléluia !
00:42:45Alléluia !
00:42:51Alléluia !
00:42:53Alléluia !
00:42:57Que Dieu dans son amour,
00:42:58miséricordeur,
00:42:59nous fasse,
00:43:00nous éveilleur,
00:43:01qu'il nous pardonne,
00:43:02nos péchés,
00:43:02nous conduise à la vie.
00:43:04Amen.
00:43:06Ça me fait plaisir
00:43:07d'aller à la baisse du dimanche.
00:43:10J'aime beaucoup entendre
00:43:11ce que le Père dit à l'Homélie.
00:43:14Après l'Évangile,
00:43:15il parle de ce que...
00:43:17Le passage de Jésus, quoi,
00:43:18de tout.
00:43:19Pour voir comment on vit,
00:43:21puisqu'il faut aimer les prochains.
00:43:23Notre Seigneur a été conçu.
00:43:27La religion, c'est aussi prendre un temps pour soi.
00:43:30Alors, médicalement ou scientifiquement,
00:43:32on le sait, par exemple,
00:43:34la méditation a été prouvée.
00:43:36La méditation qui ressemble à la prière.
00:43:39Et nous voulons aussi.
00:43:41Ce sont des endorphines,
00:43:43c'est la sérotonine,
00:43:45ce sont des neurotransmetteurs positifs
00:43:48qui va donner du bienfait au cerveau.
00:43:52Donnez-nous la paix.
00:43:55Donnez-nous la paix.
00:44:02Appartenir à une communauté
00:44:03fait que tu as une identification,
00:44:06mais tu luttes contre l'isolement social.
00:44:08Tu vois du monde
00:44:09avec une sollicitation des fonctions cognitives.
00:44:13Et les interactions sociales
00:44:15sont un bienfait sur la santé.
00:44:17Les secrets de la longévité,
00:44:21c'est quelque chose de plurifactoriel.
00:44:23On vit bien parce qu'on s'alimente bien,
00:44:25parce qu'on a une activité physique,
00:44:28parce qu'on a un environnement favorable.
00:44:30Des facteurs liés à l'environnement
00:44:31et à tout autre.
00:44:33Mais il y a également des facteurs intrinsèques
00:44:35qui sont des facteurs liés à l'individu,
00:44:38qui sont liés à la génétique.
00:44:39Mais ça, on ne l'a pas encore.
00:44:40C'est le temps de la recherche
00:44:41qui peut être un peu plus long.
00:44:47Est-ce que la génération de demain,
00:44:50on aura autant de centenaires ?
00:44:53On voit que sur le territoire,
00:44:56le mode de vie a totalement changé.
00:44:58Alors, comment s'est passée la journée ?
00:45:07Eh bien, pas trop mal.
00:45:09Toujours en pleine forme.
00:45:11Les gens comme toi qui sont passés,
00:45:12il n'y en a pas dix mille.
00:45:14C'est vrai, c'est vrai.
00:45:14Qui ont traversé le temple.
00:45:16Et pourquoi tu as 97 ans ?
00:45:18Pourquoi tu as tenu ?
00:45:19Et pourquoi ?
00:45:22Je ne sais pas.
00:45:23Ah oui, d'ici 50 ans,
00:45:24il n'y a plus de gens de 100 ans.
00:45:26Moi, je ne vais pas prendre ton âge.
00:45:28Ça, c'est sûr.
00:45:29Si je veux faire un parallèle
00:45:31avec le taux d'obésité
00:45:33qu'il y a à Martinique aujourd'hui...
00:45:34Oui, je me demande pourquoi
00:45:35cette taux d'obésité.
00:45:38C'est parce qu'on mange mal.
00:45:39C'est parce qu'on mange mal.
00:45:41Parce que dans mon temps,
00:45:42je vous disais,
00:45:44venez manger.
00:45:45Mais actuellement,
00:45:47les parents disent à leurs enfants
00:45:48qu'est-ce que tu veux manger ?
00:45:50Je ne connais pas ça.
00:45:53Moi, je disais,
00:45:54je fais ce que je dois faire.
00:45:56Venez manger, c'est tout.
00:45:57En tout cas,
00:45:58les choses ont bien changé
00:45:59depuis 50 ans à Martinique.
00:46:02On est passé d'un monde
00:46:04à un autre,
00:46:05à une vitesse,
00:46:06mais pharaonique, quoi.
00:46:07C'est extraordinaire.
00:46:09Je ne suis pas si vieux que ça.
00:46:12Quand je me revois
00:46:13allant au lycée à 12 ans,
00:46:15et aujourd'hui,
00:46:16c'est un autre monde.
00:46:18Moi, je passe dans la nature,
00:46:19je prenais une canne
00:46:20de guayave, etc.
00:46:21C'était ça la différence.
00:46:22Tous les enfants, aujourd'hui,
00:46:23sont vers les fast-foods,
00:46:24vers le repas facile.
00:46:26Ce n'est pas du tout la même vie.
00:46:28Et je ne crois pas
00:46:28que ce record que nous avons
00:46:30dans le monde de longévité,
00:46:32qu'on va le garder longtemps.
00:46:34Je ne pense pas.
00:46:35Le modèle est en train de disparaître
00:46:47parce que nous sommes
00:46:48dans un processus de socialisation
00:46:49qui s'appelle l'assimilation.
00:46:51Et ce processus de socialisation
00:46:53dit qu'il veut harmoniser,
00:46:55c'est-à-dire que tout le monde
00:46:56doit avoir le même comportement.
00:46:58Nous sommes dans une société
00:47:03qui s'y urbanise de plus en plus.
00:47:12Qui s'oxyditalise à outrance.
00:47:15Et puis les fast-foods
00:47:18qui arrivent
00:47:18et qui encombrent
00:47:20jusqu'au jardin.
00:47:24Ce mode de vie-là
00:47:25nous conduit
00:47:26à remettre en cause
00:47:27ce que les anciens faisaient
00:47:30qui leur a permis
00:47:31sans aucun doute de vivre
00:47:32encore pendant des années.
00:47:39Les menaces,
00:47:40elles sont multifactorielles.
00:47:42C'est ce qu'on appelle
00:47:43la malbouffe,
00:47:44les snackings.
00:47:45Ce stress,
00:47:46ce burn-out.
00:47:47Les maladies chroniques
00:47:48sont prévalentes
00:47:50sur le territoire.
00:47:51Quand je dis maladies chroniques,
00:47:52c'est l'hypertension,
00:47:53c'est l'insuffisance rénale,
00:47:55c'est le diabète,
00:47:56les accidents vasculaires.
00:47:57Il y a une prévalence
00:47:58supérieure à l'hexagone.
00:48:016 personnes sur 10
00:48:02sont en surpoids
00:48:03sur le territoire,
00:48:05dont 30%
00:48:063 sur 10
00:48:08en obésité.
00:48:10La sédentarité s'est installée.
00:48:12La jeune génération
00:48:14a été longuement
00:48:15également exposée
00:48:16à certains produits
00:48:17phytosanitaires.
00:48:25La société d'aujourd'hui
00:48:26est touchée
00:48:27par le chlordécone.
00:48:31C'est un produit
00:48:32qui était fait
00:48:33pour tuer
00:48:33les charançons
00:48:34dans la banane
00:48:34qui est extrêmement violent.
00:48:36la conséquence
00:48:38c'est que ça a créé
00:48:39des cancers.
00:48:44Le chlordécone
00:48:45est un pesticide
00:48:47qui a été
00:48:48diffusé
00:48:49à partir des années
00:48:5170-80,
00:48:53qui a une durée
00:48:55de vie malheureuse
00:48:56de plusieurs siècles.
00:48:57qui fait que
00:49:04la pêche
00:49:04aujourd'hui
00:49:05est interdite
00:49:05aussi bien
00:49:06en rivière,
00:49:07même la consommation
00:49:08d'eau
00:49:08en rivière
00:49:09et la pêche
00:49:10à proximité
00:49:11du littoral.
00:49:12C'est une incidence
00:49:17sur les cancers,
00:49:19certains cancers
00:49:20qu'on appelle
00:49:20hormonodépendants,
00:49:22dont celui
00:49:23de la prostate.
00:49:24Le taux d'incidence
00:49:25est nettement
00:49:26plus élevé
00:49:26qu'en hexagone.
00:49:34Tout ça
00:49:35peut contribuer
00:49:36à modifier
00:49:37la trajectoire
00:49:38et peut-être
00:49:39ralentir
00:49:40la dynamique
00:49:41de la longévité
00:49:42qu'on a
00:49:42sur le territoire.
00:49:45Mais ce n'est pas
00:49:45une fatalité.
00:49:47Bien vieillir
00:49:47se prépare
00:49:48quand on est jeune.
00:49:49Il faut qu'on puisse
00:49:50avoir de la promotion
00:49:51de la santé,
00:49:52qu'on puisse mettre
00:49:52de l'énergie
00:49:53chez les jeunes
00:49:54puisque c'est ces jeunes
00:49:55aujourd'hui
00:49:55qui sont les centenaires
00:49:56de demain.
00:49:57Un grand marché
00:49:58à
00:50:00bout de sa belle
00:50:02loup
00:50:03La nuit
00:50:05toute caltée
00:50:05coulait
00:50:06Les têtes marées
00:50:07qu'a calentée
00:50:08Tout vent d'ailleurs
00:50:10a sous-côté
00:50:11Les centenaires
00:50:19en Martinique
00:50:20moi je les considère
00:50:22comme
00:50:22les bibliothèques
00:50:24Ce sont des références
00:50:30c'est un exemple
00:50:31à suivre
00:50:31à la fois
00:50:32sur l'alimentation
00:50:32sur le mode de vie
00:50:34sur les rapports
00:50:35intergénérationnels
00:50:35sur la famille
00:50:37sur la joie de vivre
00:50:40et puis sur l'espoir
00:50:42sur l'espoir
00:50:43Grâce à eux
00:50:46nous avons encore
00:50:48un lien avec hier
00:50:50Si nous perdons
00:50:55des liens
00:50:56avec nos racines
00:50:57nous sommes comme
00:50:58des arbres
00:50:59sans racines
00:50:59et donc nous sommes
00:51:00joués
00:51:00à mourir
00:51:01et à disparaître
00:51:02à mon avis
00:51:12je suis de moulin
00:51:13je suis bien
00:51:15je suis de moulin
00:51:17comme n'importe quelle
00:51:18C'est belle moune
00:51:19C'est belle l'étip
00:51:22J'ai à m'a donné
00:51:24le courage
00:51:25pour vivre
00:51:26avec les équipes
00:51:26depuis longtemps
00:51:27mais je sais bien
00:51:28qu'il va me prendre
00:51:29je n'en ai pas encore
00:51:32arrivé
00:51:32C'est belle l'étip
00:51:36C'est belle l'étip
00:52:06C'est de vivre toujours
00:52:11C'est de vivre
00:52:18C'est de vivre
00:52:19C'est belle l'étip
00:52:23C'est de vivre
00:52:29C'est de vivre
00:52:31Nous quittons avec regret
00:52:45les paysages enchanteurs de la Martinique
00:52:47où vous venez de le voir et peut-être de l'apprendre
00:52:50résident aujourd'hui 400 centenaires
00:52:53soit proportionnellement deux fois plus
00:52:55que dans l'Hexagone. De quoi s'interroger
00:52:58plus au-delà après ce documentaire
00:52:59sur les secrets de la longévité
00:53:01de nos centenaires, une population
00:53:03grandissante puisqu'ils étaient
00:53:05l'an dernier plus de 31 000 en France
00:53:07soit 30 fois plus
00:53:09qu'il y a un demi-siècle.
00:53:11Nous allons en parler maintenant avec nos invités
00:53:14présents sur ce plateau de débats d'hoc
00:53:15en commençant par celle qui a réalisé
00:53:18le documentaire dont nous
00:53:19venons de voir ensemble à l'instant
00:53:21la journaliste Céline Wittner.
00:53:23Bienvenue à vous Céline Wittner.
00:53:25Vous êtes réalisatrice et documentariste
00:53:28notamment sur les thématiques de santé
00:53:30comme c'était le cas à l'instant
00:53:32pour ce film et vous êtes aussi
00:53:33une ancienne journaliste de notre chaîne
00:53:35LCP. Également avec nous Michel Poulin.
00:53:38Bienvenue à vous. Vous êtes démographe,
00:53:40professeur honoraire de l'université de Louvain
00:53:42en Belgique bien entendu.
00:53:44On vous dénomme parfois le chasseur
00:53:46de centenaires et c'est vous
00:53:48qui avez introduit le concept
00:53:50de zone bleue, les concernant
00:53:52dont il est bien sûr question
00:53:54dans ce film et sur lequel nous allons
00:53:57revenir ensemble dans un tout petit instant.
00:54:00Olivier Deladoucette enfin est avec nous.
00:54:03Bienvenue à vous.
00:54:03Vous êtes psychiatre et gériatre
00:54:05attaché à l'hôpital parisien
00:54:07de la Pitié-Salpêtrière.
00:54:09Vous êtes aussi chargé de cours
00:54:11à l'université Paris 5
00:54:12où vous enseignez la psychologie
00:54:14du vieillissement et vous présidez
00:54:16par ailleurs la fondation IFRAD
00:54:18pour la recherche sur la maladie
00:54:20d'Alzheimer, maladie à propos
00:54:23de laquelle vous avez récemment
00:54:25publié ce livre
00:54:25Alzheimer n'est pas une fatalité.
00:54:28Un ouvrage disponible
00:54:29chez Harper Collins.
00:54:32Céline Bittner, donnez-nous peut-être
00:54:33tout de suite des nouvelles
00:54:34des quelques centenaires
00:54:36que vous avez rencontrés sur place
00:54:37en Martinique au moment
00:54:38où vous avez tourné ce reportage.
00:54:40Eh bien les trois centenaires vont bien.
00:54:41Je prends encore bien sûr
00:54:42des contacts régulièrement avec eux.
00:54:44Ils sont en bonne santé.
00:54:46Eloi qui avait 99 ans
00:54:47lors du tournage
00:54:48a fêté ses 100 ans
00:54:49en décembre dernier.
00:54:51Il a organisé bien sûr
00:54:51une grande fête de famille
00:54:52et c'est ce que je voulais mettre
00:54:53un petit peu en parallèle.
00:54:54C'est-à-dire qu'au début du siècle,
00:54:56au début du XXe siècle,
00:54:58il y avait une poignée de centenaires.
00:54:59En France, une centaine.
00:55:01Et à chaque fois
00:55:02qu'un centenaire passait
00:55:03ce cap fatidique,
00:55:05on éditait une carte postale
00:55:06à leur gloire.
00:55:08Et donc on leur demandait
00:55:09de s'habiller avec des beaux habits.
00:55:10Et c'est ce que j'ai voulu
00:55:11reproduire aujourd'hui
00:55:12dans ce documentaire
00:55:14puisque finalement,
00:55:16même si vous l'avez dit,
00:55:17Jean-Pierre,
00:55:17il y a encore 30 000 centenaires
00:55:19aujourd'hui en France,
00:55:20ça reste toujours un événement,
00:55:22une fête pour ces gens-là.
00:55:24On a envie de comprendre
00:55:25quels sont leurs secrets
00:55:26pour atteindre le cap des 100 ans.
00:55:30Et puis aussi,
00:55:30pour revenir sur le recensement,
00:55:33vous l'avez dit,
00:55:33les chiffres sur la Martinique,
00:55:36400 centenaires,
00:55:37alors il y a eu plusieurs vagues,
00:55:38vous allez en parler,
00:55:39j'imagine, Michel Poulin,
00:55:40de recensement,
00:55:41puisque vous étiez allé,
00:55:42mais il y avait trois vagues
00:55:43de recensement
00:55:43entre 2013 et 2023,
00:55:46et c'est 400 centenaires
00:55:47cumulés sur toute cette période-là
00:55:49qui ont été recensés en Martinique.
00:55:51Et c'est une association locale
00:55:52au départ martiniquaise
00:55:53qui, en fait,
00:55:54s'est rendue compte
00:55:55qu'il y avait une présence
00:55:57exceptionnelle,
00:55:59une concentration exceptionnelle
00:56:00de centenaires à la Martinique
00:56:02et qui a fait appel à vous,
00:56:04c'est ça, Michel Poulin ?
00:56:05Oui, c'est comme ça
00:56:05que j'ai eu vraiment
00:56:07le plaisir de visiter
00:56:08pour la première fois
00:56:09la Martinique.
00:56:10On faisait une réunion
00:56:11des centenaires
00:56:11et on m'a invité
00:56:12à y participer
00:56:13et puis j'ai commencé
00:56:14à faire des villages
00:56:15les uns après les autres
00:56:16pour voir les centenaires
00:56:18mais aussi pour voir
00:56:18les documents
00:56:20prouvant qu'ils ont 100 ans
00:56:21parce qu'il faut savoir
00:56:22que dans bien des régions
00:56:23du monde,
00:56:24on parle de centenaires
00:56:25alors que les gens
00:56:25n'ont pas nécessairement 100 ans.
00:56:27Or, à la Martinique,
00:56:29les registres d'état civil existent
00:56:31et nous avons pu,
00:56:32dans dix villages,
00:56:33notamment,
00:56:33les feuilleter,
00:56:34voire vérifier
00:56:35que l'âge des centenaires
00:56:36était véritablement
00:56:38supérieur à 100 ans.
00:56:39Alors, pour bien comprendre
00:56:40pourquoi vous êtes allé
00:56:41en Martinique
00:56:41et pourquoi vous aussi,
00:56:42Céline Wittner,
00:56:43êtes allée en Martinique,
00:56:44c'est parce que vous avez
00:56:45introduit le concept,
00:56:47je l'ai dit dans votre présentation,
00:56:48des zones bleues.
00:56:50Autrement dit,
00:56:50ce sont les zones
00:56:51qui, selon vous,
00:56:53comprennent le plus
00:56:53de centenaires au monde.
00:56:55Il y en a cinq.
00:56:56On va voir cette carte
00:56:57à l'instant.
00:56:59Il s'agit d'Okinawa
00:57:01au Japon,
00:57:02Ikaria en Grèce,
00:57:04Loglastria.
00:57:06J'espère que la prononciation
00:57:07est à peu près bonne.
00:57:08Merci de me rectifier.
00:57:10C'est en Sardaigne.
00:57:10C'est la première zone,
00:57:11d'ailleurs,
00:57:11que vous aviez identifiée,
00:57:12faisant partie
00:57:13de ces fameuses zones bleues
00:57:14que vous avez définies.
00:57:16C'était à la toute fin
00:57:18des années 90.
00:57:20La Martinique,
00:57:20bien sûr,
00:57:21nous y étions.
00:57:22Et puis,
00:57:23Nikoya,
00:57:24pardon,
00:57:25en Costa Rica.
00:57:26Voilà les cinq zones bleues
00:57:27que vous avez définies.
00:57:28Selon quels critères ?
00:57:30Parce qu'il faut bien
00:57:30nous expliquer
00:57:31ce que sont ces zones bleues
00:57:32et les critères,
00:57:33vous avez définis
00:57:34pour spécifier
00:57:36ces zones bleues
00:57:37aujourd'hui dans le monde.
00:57:38Je vais vous expliquer
00:57:39un petit peu le début
00:57:40parce que c'est assez étonnant
00:57:41comment ça a démarré.
00:57:43On était parti
00:57:44de l'idée
00:57:44qu'il fallait prouver
00:57:45que les centenaires
00:57:47en Sardaigne
00:57:48avaient bien 100 ans.
00:57:49Parce qu'on était venu dire
00:57:50à Montpellier,
00:57:50à une réunion en 99,
00:57:52qu'il y avait beaucoup
00:57:53de centenaires
00:57:53en Sardaigne.
00:57:56Donc je suis arrivé
00:57:57comme seul candidat
00:57:58pour aller vérifier ça
00:57:59et on a validé
00:58:0140 centenaires
00:58:02sur la région
00:58:03de l'Oliastra.
00:58:04On aurait pu s'arrêter là.
00:58:06On avait démontré
00:58:07la longévité individuelle.
00:58:09Mais c'est à ce moment-là
00:58:10qu'est venue l'idée
00:58:11de dire,
00:58:12regardez,
00:58:12quand il y a des centenaires
00:58:13dans un village,
00:58:14il y en a dans le village voisin
00:58:15et encore dans le village voisin.
00:58:17Et c'est à ce moment-là
00:58:18que j'ai pris mon crayon bleu,
00:58:20que j'ai crayonné en bleu
00:58:21les villages
00:58:21où il y avait des centenaires
00:58:22et depuis lors,
00:58:24ça s'appelle
00:58:24les zones bleues.
00:58:26Imaginez-vous,
00:58:27si je n'avais pas eu
00:58:28de crayon bleu
00:58:28à ce moment-là,
00:58:29si j'avais eu
00:58:30un crayon rouge
00:58:31sous la main,
00:58:32ce seraient des zones rouges
00:58:33et on n'en discuterait
00:58:34pas aujourd'hui.
00:58:36Alors,
00:58:36à partir de la Sardaigne,
00:58:38on a démarré,
00:58:38on a été voir d'autres pays.
00:58:40C'est comme ça
00:58:40qu'on a fait Costa Rica
00:58:42parce que j'avais un professeur
00:58:43qui m'a dit
00:58:43qu'il y avait assez bien
00:58:44de non-ingénieurs.
00:58:45Je dis,
00:58:46alors il doit y avoir
00:58:46beaucoup de centenaires
00:58:47et puis on est allé
00:58:48à Icaria
00:58:49qui est une île perdue
00:58:50de Grèce
00:58:50et que personne ne connaissait.
00:58:52Personne ne la connaissait.
00:58:52On parlait de la Crète
00:58:53mais Icaria,
00:58:55c'était très bien.
00:58:56Pour bien comprendre,
00:58:57pour faire partie
00:58:57de ces zones bleues,
00:58:58il faut répondre
00:58:59très exactement
00:58:59à quels critères,
00:59:00à vos yeux ?
00:59:01Alors,
00:59:01pour être une zone bleue,
00:59:02il faut que la région
00:59:03affiche une longévité,
00:59:06c'est-à-dire
00:59:06une probabilité
00:59:07de devenir centenaire.
00:59:09Je ne parle pas
00:59:10d'une proportion
00:59:10de centenaire.
00:59:11Je parle d'une probabilité
00:59:13qu'un nouveau-né
00:59:14atteigne cent ans.
00:59:15Eh bien,
00:59:16il faut que cette probabilité
00:59:17soit de 50% supérieure
00:59:19à la moyenne du pays
00:59:20et deuxièmement,
00:59:21qu'elle soit semblable
00:59:22à celle qu'on a observée
00:59:23au tout début
00:59:24en Sardaigne
00:59:25qui était une probabilité.
00:59:27Pour vous donner un chiffre,
00:59:28actuellement,
00:59:29en Sardaigne,
00:59:30on en est à 1,5%
00:59:32de chances
00:59:32d'arriver à cent ans
00:59:33mais à la Martinique,
00:59:35on en est maintenant
00:59:35à 2%.
00:59:36On est donc
00:59:37à la Martinique,
00:59:38supérieure
00:59:39à la longévité
00:59:39actuelle de la Sardaigne.
00:59:42Alors,
00:59:42j'ai vu qu'il y avait
00:59:42un universitaire britannique
00:59:43qui ne croyait absolument pas
00:59:45dans les zones bleues
00:59:46et dans ce concept
00:59:47que vous avez introduit
00:59:48il s'appelle
00:59:48Saul Junstein Newman
00:59:50et il dit par exemple
00:59:52le vrai secret
00:59:52d'une longévité extrême
00:59:53semble être
00:59:54de s'installer
00:59:55là où les actes
00:59:56de naissance sont rares
00:59:57et d'apprendre
00:59:58à ses enfants
00:59:58à frauder
00:59:59pour percevoir
00:59:59une pension de retraite.
01:00:02Autrement dit,
01:00:02pour que vos chiffres
01:00:05soient scientifiquement
01:00:06établis,
01:00:07reconnus,
01:00:07il faut aller contrôler
01:00:08les actes de naissance
01:00:10par exemple.
01:00:11C'est ce que vous avez fait
01:00:11en Martinique,
01:00:12en l'occurrence,
01:00:12il a fallu faire
01:00:13un travail de contrôle
01:00:14très poussé
01:00:15concernant ces fameux
01:00:16actes de naissance
01:00:17pour que la Martinique
01:00:22rentre dans ces fameuses
01:00:23zones bleues ?
01:00:24Oui,
01:00:24je vous dirais
01:00:24que tout d'abord
01:00:25ce fameux Newman,
01:00:26je l'ai rencontré
01:00:27pour la première fois
01:00:28en 2018
01:00:28en Australie
01:00:29et peut-être qu'il a assisté
01:00:30à une de mes conférences
01:00:31et qu'il a dit
01:00:32que ce serait peut-être
01:00:32intéressant
01:00:33de s'opposer
01:00:34aux blues zones,
01:00:34je n'en sais rien,
01:00:35de trouver un centre
01:00:36d'intérêt.
01:00:37Parce que tous les démographes
01:00:38savent très bien
01:00:39que l'on doit être rigoureux
01:00:41sur la détermination
01:00:43de l'âge
01:00:43de ces centenaires.
01:00:44On le sait,
01:00:45on a tout un comité
01:00:46qui s'occupe rien
01:00:47que de ça,
01:00:47de vérifier l'âge
01:00:48des centenaires
01:00:49et notamment
01:00:49des personnes
01:00:50les plus âgées
01:00:50du monde.
01:00:51Alors qu'est-ce
01:00:51qu'on fait pour ça ?
01:00:52On va voir
01:00:53les registres
01:00:54d'état civil
01:00:54et dans le registre
01:00:55de naissance,
01:00:56il y a une annotation
01:00:57marginale
01:00:58donnant le décès
01:01:00de la personne
01:01:01en question.
01:01:01Et en vérifiant ça
01:01:02à la Martinique,
01:01:03j'ai visité
01:01:0410 villages
01:01:04de la Martinique,
01:01:0510 communes sur 34,
01:01:06c'est-à-dire
01:01:07une large proportion,
01:01:08j'ai pu constater
01:01:09que ce sont
01:01:10effectivement
01:01:11des centenaires.
01:01:12Vous y croyez
01:01:12à ces zones bleues,
01:01:13professeur ?
01:01:14Oui, tout à fait.
01:01:15Ça vous paraît crédible,
01:01:16scientifiquement établi,
01:01:17ces zones bleues ?
01:01:18Oui, ça a été dit,
01:01:19redit.
01:01:19Moi, j'ai regardé
01:01:20de près ce qui se passait
01:01:21à Okinawa
01:01:22parce que ce n'est pas
01:01:24par hasard
01:01:25que c'est une zone bleue.
01:01:27On va sûrement en parler.
01:01:28Il y a des dénominateurs
01:01:29communs
01:01:30dans toutes ces îles,
01:01:31toutes ces régions
01:01:32que l'on retrouve
01:01:33à peu près systématiquement.
01:01:34Vous pouvez les citer ?
01:01:36Alors, les citer,
01:01:37oui, on va dire
01:01:38que ce qui est important
01:01:40à la base,
01:01:40c'est de bien comprendre
01:01:41que le vieillissement,
01:01:43c'est un processus
01:01:44qui est biologique,
01:01:46psychologique
01:01:47et social.
01:01:48Beaucoup de gens
01:01:49s'imaginent
01:01:49que le vieillissement,
01:01:50c'est juste biologique.
01:01:52Pas du tout.
01:01:52On vieillit dans un lieu
01:01:54et on interagit
01:01:55avec les gens.
01:01:56Et donc,
01:01:56dans tous ces coins,
01:01:57vous avez,
01:01:58dans chacun
01:01:59de ces domaines,
01:02:01eh bien,
01:02:01des situations
01:02:02optimales.
01:02:04Sur le plan biologique,
01:02:05par exemple,
01:02:06eh bien,
01:02:06ce sont des zones
01:02:07où on mange
01:02:08toujours très bien,
01:02:09des aliments sains,
01:02:11où il y a habituellement
01:02:12quand même un contrôle
01:02:13qui est bien fait
01:02:14sur la santé,
01:02:15avec donc une prévention
01:02:17qui est effectuée.
01:02:19Et puis,
01:02:19on a aussi des gens
01:02:20qui sont actifs,
01:02:21qui bougent,
01:02:22qui font des choses
01:02:23tout au long de leur vie.
01:02:25Ça, c'est le côté,
01:02:25on va dire,
01:02:26biologique.
01:02:26Alors,
01:02:27il est vrai
01:02:28qu'on n'est pas centenaire
01:02:29par hasard.
01:02:31Pour être centenaire,
01:02:32il faut avoir
01:02:33des bons parents
01:02:34qui ont eux-mêmes,
01:02:35si vous voulez,
01:02:36en général,
01:02:37une longévité
01:02:37un peu supérieure
01:02:38à la moyenne,
01:02:39quand même.
01:02:40Il y a une part génétique
01:02:41de la longévité extrême,
01:02:43mais qui n'est pas totale.
01:02:45La proportion,
01:02:46elle reste un peu
01:02:47sujette à débat,
01:02:49mais peut-être
01:02:49que vous avez
01:02:50un avis là-dessus.
01:02:52Vous dites combien,
01:02:53vous, à peu près,
01:02:54la part génétique
01:02:56de la longévité ?
01:02:57Il y a des débats
01:02:59là-dessus.
01:02:59Mais en tout cas,
01:03:00la génétique joue
01:03:01via l'épigénétique.
01:03:03C'est-à-dire que là,
01:03:04nous avons la relation
01:03:05entre, d'un côté,
01:03:06les gènes
01:03:07et leur activation ou non.
01:03:08Et donc,
01:03:09on revient sur
01:03:09le fameux style de vie
01:03:11et l'alimentation,
01:03:12l'exercice.
01:03:13Le comportement à jouer.
01:03:14Donc,
01:03:14on va dire qu'il y a
01:03:15la partie biologique.
01:03:16Après,
01:03:17vous avez la partie sociale.
01:03:19Et ça,
01:03:19c'est déterminant.
01:03:21dans toutes ces communautés,
01:03:23les personnes âgées
01:03:25et très âgées
01:03:25sont d'abord valorisées.
01:03:28On leur propose
01:03:29souvent des activités.
01:03:31On donne un sens
01:03:32à leur vie.
01:03:33C'est tout à fait
01:03:34indispensable.
01:03:35Et enfin,
01:03:35il y a la dimension
01:03:36psychologique,
01:03:37qui est un peu
01:03:38le corollaire
01:03:38de la dimension sociale,
01:03:40où,
01:03:41eh bien,
01:03:41comme ils ont une valeur,
01:03:43ils sont heureux
01:03:44et ils ont une manière
01:03:45d'interagir
01:03:46avec l'ensemble
01:03:48qui est très positive.
01:03:49C'est effectivement
01:03:50ce que vous avez,
01:03:51semble-t-il,
01:03:51constaté sur place.
01:03:52C'est environnement général,
01:03:54environnement social.
01:03:55Environnement social,
01:03:55je pense que ça,
01:03:56c'est vraiment une clé.
01:03:57C'est-à-dire que
01:03:57les centenaires
01:03:57que j'ai rencontrés,
01:03:59pour les enfants,
01:04:00c'est inconcevable
01:04:01de les placer en EHPAD.
01:04:02Déjà,
01:04:03il n'y a pas beaucoup
01:04:03d'EHPAD en Martinique
01:04:05et, voilà,
01:04:06ils ne sont pas forcément
01:04:06dans les meilleures conditions.
01:04:08Mais surtout,
01:04:08en fait,
01:04:09ils ne l'envisagent
01:04:09même pas.
01:04:10C'est-à-dire que
01:04:11les parents
01:04:11continuent d'habiter
01:04:13avec leurs enfants.
01:04:15Soit,
01:04:16là,
01:04:16avec Eloi,
01:04:17qu'on voit là,
01:04:18l'image,
01:04:19mais c'est toute la famille,
01:04:20en fait.
01:04:20C'est comme un petit village
01:04:21qu'ils ont reconstitué
01:04:22où ce centenaire
01:04:24et son épouse
01:04:25sont au cœur
01:04:26de la vie familiale.
01:04:28Donc,
01:04:28tout le monde habite
01:04:28dans un petit hameau
01:04:29en Martinique.
01:04:30Ou alors,
01:04:31quand les parents
01:04:34ou les aînés
01:04:35sont seuls
01:04:36ou veufs,
01:04:37les enfants
01:04:37peuvent venir vivre
01:04:38avec les aînés.
01:04:40Ils ne conçoivent pas
01:04:41de les placer
01:04:42dans des institutions.
01:04:43Pour eux,
01:04:43ce n'est pas envisageable.
01:04:45Et ça,
01:04:45je pense que c'est
01:04:45quand même une différence
01:04:46avec l'Hexagone,
01:04:48la France hexagonale
01:04:49où on a peut-être
01:04:49un peu plus tendance
01:04:50à placer nos anciens
01:04:52dans les institutions,
01:04:53même s'il ne faut pas
01:04:54cracher,
01:04:54bien sûr,
01:04:55sur toutes les institutions.
01:04:55Mais du coup,
01:04:56je pense que
01:04:57ces centenaires,
01:04:58ils se sentent encore
01:04:59à la fois entourés,
01:05:00mais ils ont en effet
01:05:01une place
01:05:01au sein de la famille.
01:05:03Et cette place,
01:05:03je pense que ça,
01:05:05chaque jour,
01:05:05voilà,
01:05:06ils continuent.
01:05:06Ils continuent à avancer.
01:05:07Ils ont des perspectives.
01:05:09C'est travailler dans le jardin,
01:05:11c'est faire le potager,
01:05:12c'est une fête de famille.
01:05:14Et je pense que ça,
01:05:14c'est un moteur.
01:05:15Un moteur pour tous
01:05:17ces centenaires
01:05:19en Martinique,
01:05:19en tout cas.
01:05:20Et je pense que c'est
01:05:21un peu la même chose
01:05:21partout dans le monde.
01:05:22Moi, ce qui m'a frappé
01:05:23dans votre film,
01:05:23c'est que finalement,
01:05:24les trois centenaires
01:05:25que vous avez rencontrés
01:05:26racontent une vie simple,
01:05:28faites de labeur.
01:05:30Et ça,
01:05:30dès le plus jeune âge,
01:05:31ils racontent un travail
01:05:32de la terre,
01:05:33du fer,
01:05:33de la mécanique,
01:05:34avec des gestes répétitifs
01:05:36qui, a priori,
01:05:37abîment le corps.
01:05:38Oui, c'est paradoxal.
01:05:39On se dit que c'est...
01:05:40En effet,
01:05:41c'est un peu des...
01:05:41Voilà,
01:05:42c'est des anciens ouvriers,
01:05:43des anciens agriculteurs.
01:05:45Beaucoup ont travaillé
01:05:46dès le plus jeune âge,
01:05:4712, 13 ans.
01:05:49Donc, on peut se dire
01:05:50que c'est quand même,
01:05:51en effet,
01:05:51des activités
01:05:53qui abîment les corps.
01:05:55Et en fait,
01:05:56pour eux,
01:05:57je pense que ça a été
01:05:58un moteur dans leur vie.
01:05:59Je pense que aussi,
01:06:00c'est des gens
01:06:00qui viennent de conditions sociales
01:06:02un petit peu défavorisées,
01:06:04souvent dans des endroits
01:06:05un peu reculés,
01:06:06dans des milieux ruraux
01:06:08de la Martinique.
01:06:09Et je pense que
01:06:10cet ascenseur social,
01:06:11le fait d'avoir,
01:06:12finalement,
01:06:12peut-être réussi
01:06:13dans leur vie professionnelle,
01:06:15a été aussi un élément
01:06:16qui leur a permis
01:06:17de tenir
01:06:18et aussi peut-être
01:06:20une activité physique
01:06:22de fait
01:06:23via ces activités professionnelles.
01:06:26Mais en effet,
01:06:27on pourrait croire
01:06:28que c'est paradoxal
01:06:29puisque,
01:06:30a priori,
01:06:31on sait que ça peut aussi,
01:06:33en effet,
01:06:34avoir des conséquences
01:06:35importantes
01:06:36sur les corps.
01:06:37Oui,
01:06:38c'est vrai,
01:06:39dès lors que cette activité
01:06:41est éprouvante,
01:06:42mais il y a aussi
01:06:43des métiers manuels
01:06:44où on ne s'abîme pas
01:06:45trop le corps
01:06:46et où on a l'habitude
01:06:48de l'effort.
01:06:49Or,
01:06:49l'activité physique
01:06:51est probablement
01:06:52l'activité la plus efficace
01:06:55pour bien vieillir.
01:06:56Le sport
01:06:57ou l'activité physique,
01:06:59c'est vraiment
01:07:00ce qu'il y a de mieux
01:07:00si on veut vivre longtemps
01:07:02et en santé.
01:07:03Donc,
01:07:03ces personnes,
01:07:05je ne sais pas
01:07:05quel était leur métier
01:07:06exactement,
01:07:07comment elles ont usé
01:07:08leur corps,
01:07:09mais si elles se sont
01:07:10entretenues
01:07:11par une activité
01:07:12quotidienne,
01:07:14elles ont continué
01:07:15tout au long de leur vie,
01:07:17c'est ce qu'on voit
01:07:17dans le film,
01:07:18eh bien,
01:07:19elles font ce qu'il faut faire
01:07:21pour vivre longtemps
01:07:23en bonne santé.
01:07:24C'est un exemple
01:07:25pour nous tous
01:07:26et qu'on devrait suivre.
01:07:27Autre critère peut-être,
01:07:28je l'ai lu ici ou là
01:07:29en préparant ce dossier,
01:07:30la résilience,
01:07:31la capacité
01:07:32à la résilience,
01:07:33c'est-à-dire à passer
01:07:34les épreuves de vie
01:07:35et de croire à la vie
01:07:37plus que tout autre chose.
01:07:38Quelles que soient
01:07:39les épreuves
01:07:39qu'on a pu traverser
01:07:40dans la vie,
01:07:41ce sont en général
01:07:42les centenaires
01:07:42des personnes
01:07:43qui aiment la vie
01:07:44et qui ont une capacité
01:07:45de résilience
01:07:46supérieure aux autres.
01:07:47C'est quelque chose
01:07:48que vous observez ?
01:07:49C'est tout à fait clair.
01:07:51Et quand on s'interroge
01:07:52sur le secret
01:07:53des centenaires,
01:07:54on a cherché
01:07:55qu'est-ce qui peut
01:07:57définir
01:07:58le secret des centenaires.
01:08:00Alors,
01:08:00on s'est demandé
01:08:00est-ce que c'est
01:08:01au niveau biologique,
01:08:02est-ce qu'ils ont
01:08:03quelque chose
01:08:04en particulier,
01:08:05est-ce que c'est
01:08:06au niveau psychologique,
01:08:07est-ce que c'est
01:08:07au niveau social.
01:08:09Le démunateur commun
01:08:10qu'on retrouve toujours
01:08:12chez les centenaires,
01:08:13que ce soit
01:08:14dans les blue zones
01:08:15ou ailleurs,
01:08:16c'est au niveau mental.
01:08:18Ils ont tous,
01:08:19on va dire,
01:08:20un logiciel
01:08:21qui est à peu près
01:08:22le même
01:08:22et qui repose
01:08:24autour de la résilience
01:08:25entre autres.
01:08:26Parce qu'il ne vous aura
01:08:27pas échappé
01:08:28que plus vous vivez
01:08:29longtemps,
01:08:30plus votre risque
01:08:30d'assumer
01:08:32des ennuis
01:08:33augmente.
01:08:35Donc,
01:08:35il est rare
01:08:36que nos centenaires
01:08:37aient eu des vies
01:08:38totalement tranquilles.
01:08:39Il y en a qui ont eu
01:08:40des vies très compliquées
01:08:42et qui sont centenaires
01:08:43aujourd'hui.
01:08:43Pourquoi ?
01:08:44Parce qu'ils sont
01:08:45résilients.
01:08:46C'est la résilience
01:08:47qui est très importante.
01:08:48Ce qui est drôle,
01:08:49c'est vrai que
01:08:49je crois que tout le monde,
01:08:51peut-être vous aussi,
01:08:52Michel Pellard,
01:08:52mais tout le monde
01:08:53a essayé de percer
01:08:54le secret des centenaires.
01:08:55C'est ce qu'on essaye
01:08:56de faire, là.
01:08:56Oui, oui.
01:08:58Mais du coup,
01:08:58certains ont dit,
01:08:59par exemple,
01:08:59est-ce que ce ne serait pas
01:09:00l'ail que les Grecs
01:09:01mangent ?
01:09:02Est-ce que ce ne serait pas
01:09:03ça l'aliment secret,
01:09:05miracle ?
01:09:06Est-ce que ce ne serait pas
01:09:06le fromage de brebis
01:09:08en Sardaigne ?
01:09:09En fait, je ne pense pas.
01:09:10Je pense que c'est
01:09:10multifactoriel.
01:09:11La longévité,
01:09:12elle est multifactorielle.
01:09:13Et en effet,
01:09:18quand on me demande
01:09:22quel est le secret
01:09:23de la longévité,
01:09:25j'ai l'honnêteté
01:09:26de dire
01:09:26qu'on ne sait pas.
01:09:28Et on n'est pas encore
01:09:29près de savoir pourquoi.
01:09:31Parce que toutes les disciplines
01:09:32qui sont impliquées,
01:09:33le nutritionniste,
01:09:35la personne qui s'occupe
01:09:37de la santé physique,
01:09:38ils ne peuvent pas
01:09:40avoir le même langage.
01:09:41Moi, j'ai des réunions
01:09:42où on ne se comprend pas.
01:09:44Donc, il faudrait pouvoir
01:09:44travailler ensemble,
01:09:46parler simplement
01:09:46et observer beaucoup.
01:09:48J'ai rencontré
01:09:48les personnes
01:09:49les plus vieilles du monde
01:09:50comme Emma Moreno
01:09:51qui est morte
01:09:52il n'y a pas longtemps,
01:09:52qui avait 117 ans.
01:09:54Je la vois encore
01:09:55dans l'interview.
01:09:56On était en train
01:09:56de parler
01:09:57et à un moment donné,
01:09:58elle ne disait rien.
01:09:59Elle répondait tout simplement
01:09:59en hochant la tête.
01:10:01On est ensuite
01:10:02allé faire une photo.
01:10:03On était tous
01:10:04alentours de Maria.
01:10:05J'ai pris la main
01:10:06de Maria.
01:10:07Elle s'est tournée
01:10:08vers moi
01:10:09et je n'ai jamais vu
01:10:10quelqu'un me regarder
01:10:11comme ça.
01:10:12Il y a vraiment
01:10:12une dimension
01:10:13que l'on apprend
01:10:14quand on rencontre
01:10:15les centenaires.
01:10:16Ils nous donnent
01:10:17autant qu'on leur donne
01:10:18et donc cette dimension-là,
01:10:20elle est aussi...
01:10:21On ne parvient pas
01:10:22à la mettre
01:10:22dans cette équation
01:10:23complète de la longévité
01:10:25où on oblige...
01:10:27J'ai essayé de courir
01:10:28derrière un berger
01:10:29de 84 ans
01:10:31dans la montagne de Sarney.
01:10:32Je n'ai pas pu le rattraper.
01:10:33Je n'ai pas pu le rattraper.
01:10:34Moi aussi,
01:10:35j'ai cherché
01:10:35et finalement,
01:10:37on tombe aussi
01:10:38sur un système de santé
01:10:40qui a beaucoup progressé,
01:10:42des luttes
01:10:42contre les maladies
01:10:43telles que le cancer,
01:10:45les maladies cardiovasculaires,
01:10:46le diabète.
01:10:47Et là,
01:10:48on a considérablement
01:10:49progressé.
01:10:50Est-ce que les progrès
01:10:51de la médecine
01:10:51n'expliquent pas
01:10:52tout simplement
01:10:53une très bonne partie
01:10:54de la longévité
01:10:56des centenaires ?
01:10:57Alors,
01:10:57peut-être pas uniquement
01:10:58en Martinique,
01:10:58mais des centenaires en général
01:10:59dont on va parler maintenant
01:11:00avec quelques chiffres après.
01:11:01Les progrès de la médecine
01:11:03sont une des clés
01:11:04pour expliquer
01:11:05l'augmentation
01:11:06de la longévité de vie,
01:11:07non ?
01:11:08Mais bien sûr.
01:11:09Mais bien entendu.
01:11:10C'est peut-être
01:11:10l'argument numéro un,
01:11:11non ?
01:11:11Alors,
01:11:12c'est l'argument numéro un,
01:11:13mais là,
01:11:13on ne parle pas de la longévité,
01:11:14on parle des centenaires,
01:11:15c'est-à-dire,
01:11:16on parle des champions
01:11:18de la longévité.
01:11:19On se pose la question
01:11:20de savoir
01:11:20qu'est-ce qu'ils ont en plus
01:11:22ceux-là
01:11:22pour arriver un peu plus loin
01:11:23que la moyenne.
01:11:25Il est vrai que
01:11:26la longévité
01:11:27et l'espérance de vie
01:11:28à la naissance
01:11:28croient inexorablement
01:11:30année après année,
01:11:31à peu près d'un trimestre par an,
01:11:33ce qui est quand même énorme.
01:11:35Il faut qu'on rappelle
01:11:36à nos téléspectateurs
01:11:37que dans ce pays,
01:11:39en 1900,
01:11:40l'espérance de vie
01:11:41était de 50 ans
01:11:42et qu'aujourd'hui,
01:11:45en France,
01:11:46elle est d'à peu près
01:11:4686 ans pour les femmes
01:11:48et 80 ans pour les hommes.
01:11:50Donc, vous voyez,
01:11:51c'est énorme.
01:11:52Ici,
01:11:53dans cette salle,
01:11:54vous êtes beaucoup plus jeunes
01:11:55que nous,
01:11:56mais on peut dire
01:11:56que nous trois,
01:11:58il n'est pas sûr
01:11:58qu'en 1900,
01:12:00on aurait été
01:12:01très en forme.
01:12:02Et tout ça
01:12:03parce que,
01:12:04justement,
01:12:05la médecine,
01:12:06mais pas uniquement
01:12:06la médecine,
01:12:08par exemple,
01:12:08le niveau économique,
01:12:10le PIB d'un pays
01:12:11est directement corrélé
01:12:13à sa longévité.
01:12:14La pauvreté
01:12:15est un des premiers
01:12:16facteurs de risque
01:12:17de mauvais vieillissement.
01:12:19Donc,
01:12:19pour que la longévité croie,
01:12:21il faut effectivement
01:12:22un système de santé,
01:12:24mais il faut aussi
01:12:25la paix,
01:12:26une paix sociale,
01:12:27il faut un niveau économique
01:12:28de qualité
01:12:29et puis,
01:12:31il faut peut-être aussi
01:12:32des éléments culturels,
01:12:33etc.
01:12:34Mais là aussi,
01:12:34c'est un peu paradoxal
01:12:35puisque finalement,
01:12:36quand on voit
01:12:37ces centenaires,
01:12:38souvent,
01:12:40finalement,
01:12:40ils ont eu
01:12:40un mode de vie
01:12:41assez chiche,
01:12:42on va dire,
01:12:43loin du modernisme actuel.
01:12:45Ce qu'on me disait
01:12:45en Martinique,
01:12:46finalement,
01:12:46ils avaient 50 ans de retard
01:12:47par rapport à l'Hexagone.
01:12:49C'est pour ça
01:12:49qu'ils marchaient énormément
01:12:50puisqu'il n'y avait pas
01:12:51beaucoup de routes,
01:12:51il n'y avait pas
01:12:52beaucoup de voitures,
01:12:53ils ne mangeaient pas
01:12:53d'aliments ultra-transformés
01:12:55qu'on peut manger aujourd'hui
01:12:57et qui d'ailleurs
01:12:57fait des ravages.
01:12:59Désormais,
01:12:59sur l'île de la Martinique,
01:13:00il n'y avait pas
01:13:00de hamburgers.
01:13:01Donc finalement,
01:13:01c'était une vie
01:13:02qui était loin
01:13:03du modernisme actuel,
01:13:05qui était finalement
01:13:05assez simple,
01:13:06une vie simple.
01:13:07Et peut-être que c'est
01:13:08l'alliance avec
01:13:09les progrès de la médecine,
01:13:10en effet,
01:13:10les deux,
01:13:11l'alliance avec
01:13:11le progrès de la médecine
01:13:12et une vie simple.
01:13:14Mais est-ce que demain,
01:13:15notre mode de vie actuel,
01:13:17est-ce que ça ne va pas faire,
01:13:18finalement,
01:13:19ça va bouleverser
01:13:19cette tendance,
01:13:20je ne sais pas,
01:13:20à la longévité,
01:13:21c'est peut-être la question ?
01:13:22Alors on va voir,
01:13:23je vais vous donner
01:13:23quelques chiffres,
01:13:24je vous donne la parole
01:13:25pour répondre à ce
01:13:25qu'il vient de dire
01:13:26Céline Wittner.
01:13:27C'est les centenaires
01:13:27en France et leur évolution.
01:13:29Pour revenir à ce que
01:13:29vous avez dit,
01:13:30nous, on a retenir
01:13:30d'autres chiffres.
01:13:32Ils étaient 1 122
01:13:33en 1970,
01:13:358 161 en 2000,
01:13:3731 644 en 2024.
01:13:41Et voici les projections,
01:13:43cette fois,
01:13:44jusqu'à 2070.
01:13:46Regardez cette courbe,
01:13:47elle est très parlante.
01:13:49et on voit cette progression
01:13:51exponentielle
01:13:52depuis le début
01:13:53des années 2000
01:13:54avec la possibilité
01:13:57de voir,
01:13:58en France en tout cas,
01:13:59plus de 2 200 000 centenaires
01:14:02en l'année 2070.
01:14:05Quelle réaction
01:14:06vous avez par rapport
01:14:07à ces projections à venir
01:14:08concernant les centenaires
01:14:10par rapport à ce qu'on s'est lié avant ?
01:14:11Il faut bien faire la part
01:14:12entre deux choses.
01:14:14Il va y avoir une augmentation
01:14:15du nombre de centenaires,
01:14:17mais l'âge limite de la vie,
01:14:18lui,
01:14:19n'évolue pas.
01:14:21Et donc,
01:14:21on est en train de,
01:14:22à part Jeanne Calment
01:14:23qui a fait 122 ans,
01:14:24on est en train de stagner
01:14:25entre 117 et 118.
01:14:27Et chaque fois,
01:14:28on espère qu'il y a quelqu'un
01:14:29qui va arriver à 120,
01:14:30mais on n'y arrive pas.
01:14:31Donc,
01:14:31il y a un tassement
01:14:32de la vie
01:14:34qui fait que finalement,
01:14:35tout le monde va mourir.
01:14:37On imagine
01:14:38qu'il y aurait une courbe
01:14:39de mortalité
01:14:39où tout le monde
01:14:40commence à mourir
01:14:40à 110, 112 ou 114 ans.
01:14:42Voilà vers quoi
01:14:43on est en train de partir.
01:14:44Mais je voudrais quand même...
01:14:46Il y a d'autres éléments
01:14:47dans la discussion
01:14:49qui sont apparus
01:14:51dans cette relation
01:14:52avec ces personnes âgées.
01:14:56Je crois que c'est fondamental
01:14:57de voir comment
01:14:59ils appréhendent la vie.
01:15:00C'est un paradoxe,
01:15:02comme tu le dis,
01:15:03Céline,
01:15:03c'est un paradoxe
01:15:04de voir que ce sont
01:15:05les gens qui ne sont pas
01:15:06au top de la société,
01:15:08qui n'ont pas
01:15:09une richesse impressionnante.
01:15:10Donc notre richesse
01:15:11n'est pas favorable
01:15:12à la longévité,
01:15:14du moins pour devenir centenaire.
01:15:15Nous avons de la longévité
01:15:17dans des régions
01:15:18qui ne sont manifestement
01:15:20pas les plus développées.
01:15:21Alors comment va-t-on faire demain ?
01:15:23Comment va-t-on faire demain ?
01:15:25C'est une balance
01:15:25entre les progrès
01:15:26de la médecine
01:15:27et le maintien
01:15:28de la vie traditionnelle.
01:15:31Comment va-t-on balancer
01:15:32les deux ?
01:15:33Si l'un l'emporte sur l'autre,
01:15:34eh bien on va arriver
01:15:35dans une situation
01:15:36qui me paraît défavorable.
01:15:37Est-ce que la logique
01:15:38voudrait qu'on ait donc
01:15:39de plus en plus de centenaires ?
01:15:40Les chiffres,
01:15:41les projections actuelles
01:15:42semblent l'affirmer.
01:15:44Mais est-ce que la question
01:15:46n'est pas de savoir
01:15:47si on va avoir
01:15:47de plus en plus de centenaires
01:15:48mais en bonne santé ?
01:15:49Voilà.
01:15:50C'est ça.
01:15:50Dans quel état ?
01:15:52Dans quel état ?
01:15:52Oui, oui, bien sûr.
01:15:53Le nombre de centenaires
01:15:54est corrélé au nombre
01:15:56tout simplement
01:15:56de personnes âgées.
01:15:58C'est proportionnel.
01:15:59Peut-être que cette proportion
01:16:00croît de décennies en décennies
01:16:02mais c'est directement proportionnel.
01:16:04Plus vous avez de personnes âgées,
01:16:05plus vous aurez de centenaires.
01:16:07Bon, ça c'est une chose.
01:16:08Et la question c'est
01:16:09effectivement
01:16:10aujourd'hui
01:16:12les centenaires
01:16:12qui sont en vie en France
01:16:14et pas uniquement en Martinique,
01:16:16quel est leur état de santé ?
01:16:18Alors, ce qui est très frappant
01:16:20c'est qu'il semblerait
01:16:21qu'en Martinique
01:16:22ils soient tous
01:16:23en très bonne santé
01:16:24ce que vous avez observé,
01:16:26n'est-ce pas ?
01:16:26Exactement.
01:16:27Tout simplement vous dire
01:16:28que dans les zones bleues,
01:16:30la proportion de déments
01:16:31sur base de listes exhaustives
01:16:33de centenaires
01:16:34est inférieure à 5%.
01:16:35Donc, vous qui connaissez
01:16:37un peu le problème,
01:16:38moins de 5% de déments
01:16:40sur 35 centenaires
01:16:41visités à Costa Rica,
01:16:43deux déments.
01:16:44Le ratio est là aussi
01:16:45extraordinaire.
01:16:47Il faut savoir que le ratio
01:16:48aujourd'hui malheureusement
01:16:49pour un centenaire,
01:16:51à peu près 50% d'entre eux
01:16:52ont une maladie neuroévolutive
01:16:54à un stade déjà
01:16:55probablement assez avancé.
01:16:57Donc, on passe de 5% à 50%.
01:16:59Donc là, il y a vraiment
01:17:00quelque chose
01:17:00de très exceptionnel
01:17:01et qui fait que
01:17:03c'est une zone bleue
01:17:04et qu'elle est différente
01:17:05de toutes les autres.
01:17:06Mais en France,
01:17:06on n'a pas à rougir,
01:17:07on est un des pays
01:17:08avec le Japon
01:17:09qui a le plus grand nombre
01:17:10de centenaires
01:17:10par nombre d'habitants.
01:17:12Donc, on est quand même
01:17:13très très bien placé.
01:17:14Et ce n'est pas par hasard
01:17:15qu'on est aussi
01:17:16le pays de Jeanne Calment,
01:17:17je crois,
01:17:18et qu'on a eu
01:17:19des super centenaires.
01:17:20Toujours est-il que...
01:17:21Jeanne Calment
01:17:21qui a été jusqu'à 122 ans
01:17:24et quelques mois.
01:17:24Et quelques mois.
01:17:24Et 5 mois.
01:17:25Voilà, bravo.
01:17:27Donc, c'est incroyable
01:17:28parce qu'avant elle,
01:17:28on pensait qu'on s'arrêterait,
01:17:30la vie s'arrêtait à 120.
01:17:31Ben non, elle a dépassé.
01:17:32C'est extraordinaire.
01:17:33Toujours est-il que
01:17:34aujourd'hui,
01:17:37l'objectif,
01:17:37c'est que
01:17:38ces centenaires
01:17:39qui vont être
01:17:39de plus en plus nombreux
01:17:40arrivent à ces âges
01:17:42très avancés
01:17:43en forme.
01:17:45Et a priori,
01:17:45on va y arriver.
01:17:47A priori,
01:17:47on va y arriver
01:17:48parce que
01:17:49ce qu'on observe aujourd'hui,
01:17:51c'est que
01:17:51l'espérance de vie totale
01:17:53croît moins vite
01:17:56que l'espérance de vie
01:17:58sans incapacité.
01:18:00Elle est nettement inférieure.
01:18:01L'espérance de vie
01:18:02sans incapacité,
01:18:03elle est d'à peu près
01:18:0410 à 15 ans inférieure
01:18:06à l'espérance de vie totale.
01:18:07Mais petit à petit,
01:18:09elle se rapproche
01:18:10de l'espérance de vie totale.
01:18:11Ce qui veut dire
01:18:12que cette période de vie
01:18:13où on commence à avoir,
01:18:15on rentre dans la fragilité,
01:18:16comme on dit,
01:18:17avant le décès,
01:18:19eh bien,
01:18:19elle a tendance
01:18:20à petit à petit diminuer.
01:18:22Donc,
01:18:22ce qui est valable
01:18:23pour les octogénères
01:18:25le sera probablement
01:18:26également pour les centenaires
01:18:27parce que
01:18:28ce qui va se passer
01:18:29en 2050
01:18:30ou 2070,
01:18:32quand on aura
01:18:32200 000 centenaires,
01:18:34c'est qu'être centenaire
01:18:35sera évidemment
01:18:36magnifique,
01:18:37on sera très content,
01:18:39mais en réalité,
01:18:39ce qui va fasciner
01:18:40les gens,
01:18:41il y aura une émission
01:18:42de télé à ce moment-là,
01:18:43comme la nôtre ce soir
01:18:45où on parlera
01:18:45des super centenaires,
01:18:47c'est-à-dire
01:18:47ceux qui arrivent
01:18:48à 110.
01:18:49Les super centenaires
01:18:51de 2070
01:18:52seront probablement,
01:18:55si vous voulez,
01:18:55les centenaires d'aujourd'hui.
01:18:56C'est que ça va encore
01:18:58remonter comme ça,
01:18:59vous voyez.
01:19:00Peut-être,
01:19:01on ne dépassera
01:19:02les 118 à ce moment-là,
01:19:05j'en sais rien.
01:19:05C'est vrai que c'est un mystère.
01:19:07Mais après,
01:19:08entre-temps,
01:19:08il y aura sur nous
01:19:10sans doute
01:19:10l'homme augmenté,
01:19:11l'homme...
01:19:12Justement,
01:19:13c'est marrant
01:19:14ce qu'on disait
01:19:14parce que finalement,
01:19:15il y a aussi aujourd'hui
01:19:16certains,
01:19:16et notamment
01:19:17dans toute la biotech
01:19:18américaine,
01:19:19je pense notamment,
01:19:20je ne sais pas
01:19:21si vous le connaissez,
01:19:21mais Brian Johnson
01:19:22qui tente,
01:19:23qui a 45 ans
01:19:24et qui est un multimilliardaire
01:19:26de la tech américaine
01:19:28et qui dépense
01:19:292 millions de dollars
01:19:30chaque année
01:19:31pour tenter
01:19:31de repousser la mort,
01:19:33totalement.
01:19:34C'est-à-dire qu'il fait
01:19:35des thérapies géniques.
01:19:35Pour soigner sa névrose.
01:19:36Oui, peut-être.
01:19:37Il s'injecte
01:19:38des cellules souches,
01:19:40il a un régime
01:19:42hyper calibré.
01:19:45Avec cet espoir fou
01:19:46de prolonger la vie.
01:19:47Voilà,
01:19:47de rajeunir.
01:19:49Il dit qu'il a réussi son...
01:19:50Il n'y a qu'une seule chose
01:19:51qu'il ne fait pas,
01:19:52c'est de vivre.
01:19:53Il passe tellement de choses
01:19:54à faire autre chose,
01:19:55à compter combien de calories,
01:19:56combien de...
01:19:57Mais est-ce qu'il ne va pas
01:19:57y avoir un gouffre
01:19:58entre justement
01:19:59ces gens
01:20:00qui pourront se payer
01:20:01finalement
01:20:02toutes ces nouvelles
01:20:03cellules souches
01:20:04ou thérapies géniques
01:20:05et les gens
01:20:07un peu plus modestes...
01:20:07C'est un vrai sujet.
01:20:08C'est un vrai sujet
01:20:09et on ne sait pas
01:20:09où on va avec ça.
01:20:10On ne sait pas.
01:20:11Mais ceci dit,
01:20:12je crois qu'il y a une chose
01:20:12aussi qu'il ne faut pas oublier.
01:20:14C'est que pour vivre longtemps,
01:20:16voire très longtemps,
01:20:17il y a quand même
01:20:17une chose indispensable,
01:20:18c'est qu'il faut aimer la vie.
01:20:20Et ça, on le voit
01:20:21dans le reportage.
01:20:22Ils aiment la vie.
01:20:23On ne peut pas vivre longtemps
01:20:24si on n'aime pas la vie.
01:20:25Et ce n'est pas évident
01:20:26d'aimer la vie.
01:20:27Ce n'est pas facile.
01:20:28Il faut être très résilient
01:20:29parce que c'est compliqué.
01:20:34que la courbe
01:20:36que nous avons vue
01:20:37tout à l'heure
01:20:37s'effondre.
01:20:40Et finalement,
01:20:41il y a un retour en arrière
01:20:42parce qu'on s'alimente
01:20:43moins bien,
01:20:44parce qu'on habite
01:20:46des agglomérations
01:20:47plus polluées.
01:20:49Ça peut arriver,
01:20:50potentiellement,
01:20:50si on se projette un peu
01:20:51dans les années à venir.
01:20:52On peut arriver
01:20:53à peut-être une forme
01:20:54de régression
01:20:54par rapport aux chiffres
01:20:55dont nous avons parlé.
01:20:55On pourrait avoir
01:20:56une régression.
01:20:58Concrètement,
01:20:58on n'a pas de Nouvelle-Jean
01:20:59de Calment qui est arrivée.
01:21:01Et au passage,
01:21:02je signale que quand même,
01:21:03on a pu valider,
01:21:05c'est Jean-Marie Robin
01:21:06de Montpellier
01:21:06qui a pu,
01:21:07avec son équipe,
01:21:07valider l'âge
01:21:09de Jeanne Calment.
01:21:10Exceptionnel,
01:21:10parce que 122,
01:21:12c'est largement au-dessus
01:21:13des 119 et 118
01:21:15qu'on observe maintenant.
01:21:17C'est comme s'il y avait
01:21:17un maximum
01:21:19qu'on va difficilement
01:21:21dépasser.
01:21:23Notre doyen en France,
01:21:24aujourd'hui,
01:21:25s'appelle
01:21:25Marie-Rose Tessier
01:21:28et elle a 114 ans
01:21:29et elle aura
01:21:30bientôt 115 ans.
01:21:31effectivement,
01:21:34on est assez loin
01:21:34des 122 ans
01:21:35de ce qui était
01:21:36notre doyen
01:21:37de la fin des années 90
01:21:39par rapport
01:21:39à ses comportements
01:21:41alimentaires
01:21:42à venir,
01:21:43etc.
01:21:43Je pense que c'est
01:21:44en Martinique,
01:21:45c'est vraiment
01:21:45une préoccupation majeure.
01:21:47On le sent
01:21:47dans votre film.
01:21:48Oui,
01:21:48parce que déjà,
01:21:49il y a la problématique
01:21:49de la pollution
01:21:50au chlordécone
01:21:50qui a quand même
01:21:51abîmé les terres,
01:21:53les rivières
01:21:54et qui a empoisonné,
01:21:55on peut le dire,
01:21:56l'utilisation de ce pesticide
01:21:58dans les champs de bananes
01:21:58qui a eu des conséquences
01:21:59quand même
01:22:00sur l'augmentation
01:22:00des cancers,
01:22:01mais aussi
01:22:01sur ce mode de vie
01:22:02qui change.
01:22:04C'est-à-dire,
01:22:04aujourd'hui,
01:22:04en effet,
01:22:05les fast-foods,
01:22:07les aliments ultra-transformés,
01:22:08les supermarchés
01:22:09ne font plus
01:22:09d'activité physique.
01:22:10C'est vrai qu'il y a
01:22:11des routes
01:22:12et des voitures,
01:22:13tout le monde
01:22:13finalement va
01:22:16d'un point
01:22:16à l'autre
01:22:17en voiture
01:22:17et donc il n'y a
01:22:18plus d'activité physique
01:22:19et tout ce qui faisait
01:22:19un peu le secret
01:22:21et ce micro-climat
01:22:23très favorable
01:22:24aux santé en Martinique
01:22:25est en train
01:22:25de plus ou moins
01:22:27disparaître.
01:22:27Alors,
01:22:28est-ce que les nouvelles générations
01:22:29vont suivre
01:22:30le chemin
01:22:31de leurs aînés ?
01:22:32Ça,
01:22:32je ne sais pas.
01:22:33Ça va voir.
01:22:34Il va falloir attendre,
01:22:34bien sûr,
01:22:35les années à venir.
01:22:36Je voudrais rebondir
01:22:36sur la chlordécone.
01:22:38La chlordécone
01:22:39va avoir des effets
01:22:39certainement très négatifs.
01:22:41C'est ce fameux pesticide
01:22:42utilisé notamment
01:22:43pour les bananiers.
01:22:43Pour les bananiers.
01:22:44Il faut savoir
01:22:45que les centenaires
01:22:46actuels de la Martinique
01:22:48ont fini de travailler
01:22:50lorsque la chlordécone
01:22:52en 1972
01:22:52a été introduite.
01:22:53Donc,
01:22:53ils ont été très peu
01:22:54soumis
01:22:55à la chlordécone.
01:22:56Et donc,
01:22:57on peut s'attendre
01:22:58à ce que les générations futures
01:23:00qui devraient produire
01:23:00des centenaires
01:23:01arrivent en moins grand nombre
01:23:03au niveau du futur.
01:23:05Donc,
01:23:05la blue zone de Martinique
01:23:06pourrait disparaître
01:23:08à terme.
01:23:09Est-ce que notre société
01:23:10doit se préparer
01:23:11à cette augmentation
01:23:12exponentielle
01:23:13des centenaires
01:23:13qu'on va assister
01:23:14dans les prochaines années ?
01:23:16Et si oui,
01:23:16comment ?
01:23:17Parce que Céline Bittner
01:23:18l'a souligné tout à l'heure.
01:23:20Dans ce film,
01:23:21il y a beaucoup de personnes
01:23:21qui accueillent leurs aïeux,
01:23:24qui en prennent soin
01:23:25au quotidien,
01:23:25tous les jours.
01:23:27Bon,
01:23:27ça,
01:23:28c'était des pratiques
01:23:29qu'on avait
01:23:29jusqu'à la première moitié
01:23:33du XXe siècle.
01:23:34Ce n'est plus au bout du jour
01:23:35aujourd'hui,
01:23:36dans beaucoup de familles
01:23:37françaises notamment.
01:23:38On va avoir besoin
01:23:39de mettre en place
01:23:40des structures particulières,
01:23:41des comportements particuliers
01:23:43pour accueillir
01:23:44les futurs centenaires,
01:23:45les centenaires de demain,
01:23:46d'après vous ?
01:23:47Ah oui,
01:23:48clairement.
01:23:49En fait,
01:23:50le monde est confronté
01:23:52à trois révolutions.
01:23:54On connaît bien
01:23:54les deux premières,
01:23:56c'est le changement climatique
01:23:57et, on va dire,
01:23:58la révolution numérique.
01:23:59Et la troisième,
01:24:00on en parle très peu,
01:24:02c'est la révolution démographique,
01:24:04mais qui va transformer
01:24:06profondément nos sociétés.
01:24:08Et les centenaires
01:24:10sont, on va dire,
01:24:10la partie immergée
01:24:11ou le porte-drapeau
01:24:12de cette révolution démographique.
01:24:16Le nombre de gens
01:24:17de plus de 65 ans
01:24:18dès aujourd'hui,
01:24:19je crois qu'il y en a plus
01:24:20que des jeunes
01:24:20de moins de 20 en France.
01:24:22Et ça va aller en croissant.
01:24:24Et donc,
01:24:25notre société va être obligée
01:24:26de s'adapter.
01:24:28Et aujourd'hui,
01:24:28on est encore un peu
01:24:29dans le déni.
01:24:30On attend,
01:24:31on voit venir.
01:24:33Ce n'est pas une chaîne
01:24:34parlementaire que je vais dire
01:24:35qu'il y a quand même
01:24:36un petit problème
01:24:37à ce niveau-là.
01:24:37n'est-ce pas ?
01:24:38Que les lois
01:24:39n'ont pas été votées
01:24:40quand il fallait
01:24:40et qu'on n'a pas
01:24:43de secrétaire d'État
01:24:44aux personnes âgées,
01:24:45par exemple,
01:24:45aujourd'hui.
01:24:46Bon.
01:24:47Par exemple.
01:24:48Mais toujours est-il
01:24:49que notre société
01:24:50va devoir s'adapter,
01:24:52va devoir trouver
01:24:53des solutions
01:24:54pour créer peut-être
01:24:55plus de passerelles
01:24:56intergénérationnelles,
01:24:57pour donner plus de sens
01:24:59aux personnes qui vieillissent,
01:25:00les intégrer davantage,
01:25:02trouver des moyens
01:25:03de s'adapter.
01:25:05Merci vraiment
01:25:06à tous les trois,
01:25:07spécialement à vous,
01:25:08Céline Wittner,
01:25:08pour ce film
01:25:09des centenaires
01:25:10en Martinique.
01:25:12Vos réactions,
01:25:12ce sera bien sûr
01:25:13sur Hashtag
01:25:13Debats Docs.
01:25:14J'espère que vous serez là
01:25:15pour réagir
01:25:16à ce que seront
01:25:16ces réactions.
01:25:18Merci à Félicité Gavalda,
01:25:20Yasmine Benaïssa,
01:25:21qui m'ont aidé
01:25:22comme à l'accoutumée
01:25:22à préparer cette émission.
01:25:24Prochain rendez-vous
01:25:25avec Debats Docs,
01:25:25ce sera tout simplement
01:25:26à la même place,
01:25:27la même heure
01:25:28et toujours
01:25:28avec son documentaire
01:25:30et son débat.
01:25:30A très bientôt.
01:25:31– Sous-titrage ST' 501