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00:00Le livre de Perrault se base essentiellement sur la découverte de ce fameux pullover rouge qui a donné son titre au livre.
00:06Perrault donne une version très particulière de son utilisation par les enquêteurs.
00:11Gilles Perrault prétend que les gendarmes, ça c'est important, que les gendarmes ont fait sentir aux chiens le pullover rouge
00:21qui venait quelques minutes avant d'être découvert dans la champignonnière.
00:25Mais ce pullover rouge, personne ne pouvait imaginer et rien ne permettait de dire que ce pullover rouge avait un rapport quelconque avec l'affaire.
00:36Le petit Jean Rambla, lorsqu'il a parlé du monsieur qui était venu en disant « j'ai perdu mon chien » et qui est parti ensuite avec Maria Dolores,
00:46il n'a jamais dit que l'homme était vêtu d'un pullover rouge.
00:49Alors Gilles Perrault, il dit « on lui a fait sentir le pullover rouge ».
00:53Mais en fait, quand vous regardez le rapport du maître de chien, lui, il ne le dit pas du tout ça.
00:57Indice de départ, ça s'appelle. Autrement dit, qu'a-t-on fait sentir au chien ?
01:02Et le maître de chien explique qu'on l'a fait partir de l'emplacement où se trouvait la voiture de Ranucci dans la champignonnière 48 heures avant.
01:11Alors ça, quand Gilles Perrault l'entend, il s'exclame, il dit « c'est impossible, on ne peut pas avoir fait partir un chien du sol, ça ne ressemble à rien ».
01:22Il se trompe qu'il se renseigne auprès de professionnels et il verra « je suis d'accord, c'est pas l'indice de départ idéal, c'est sûr, mais quand vous n'avez pas autre chose, comment vous faites ? »
01:33Et aujourd'hui, des maîtres de chien, j'en connais moi, de la gendarmerie, de la police, s'ils n'ont vraiment rien d'autre, ils essayent en partant du sol, en se disant « voilà, à tel endroit, il y a eu peut-être telle personne qui pourrait… ».
01:46C'est pas l'idéal, mais ça se fait toujours.
01:48Cette histoire de pullover rouge, c'est après qu'elle est venue parce qu'un homme au pullover rouge s'en était pris à deux fillettes dans une autre cité de Marseille, etc.
01:55Gilles Perrault, lui, il fait le rapprochement entre les deux et il dit « donc, comme on a trouvé un pullover rouge dans la champignonnière, ça ne peut être que celui de l'homme qui, 3-4 jours avant, ça n'était pris à des fillettes,
02:08et comme on a fait sentir ce pullover rouge au chien et que le chien est allé vers le cadavre, eh bien, il y a un rapport entre le pullover rouge et le corps de la petite.
02:17Le chien a pris le chemin, en effet, qui montait vers le cadavre de la fillette sur la route.
02:23Il a mis 40 minutes pour faire le parcours, et moi je l'ai calculé, c'est très simple, il a fait du 1,8 kilomètre à l'heure.
02:31Je peux vous dire, pour l'avoir vérifié, que lorsqu'un chien prend une piste, qu'il est vraiment sur une piste, il avance à 5-6 à l'heure, il tire sur la laisse,
02:41et le maître chien, lui, il le retient, mais le maître chien ne va pas se mettre à courir, sinon ça irait même peut-être un peu plus vite.
02:47Donc, le parcours aurait dû être fait en un quart d'heure.
02:50Si vraiment il avait été sur une piste, il met 40 minutes, il dépasse de 30 mètres l'endroit où se trouve le corps, et là on dit qu'il s'arrête.
03:03En fait, dans le rapport du maître de chien, celui-ci explique qu'il ne s'arrête pas.
03:09Il dépasse de 30 mètres, et lui, le maître de chien, le ramène.
03:13C'est lui qui le ramène à la hauteur du cadavre, autrement dit, qui a déjà été découvert, qui a déjà été découvert,
03:21parce que le cadavre est découvert avant l'arrivée du chien.
03:25Simplement, voilà, le chien va-t-il aller là-bas ou pas, c'est quand même intéressant de le savoir.
03:29Mais le chien, il dépasse de 30 mètres.
03:31On le ramène sur le bord de la route, et là le chien, il ne fait plus rien, il ne bouge pas.
03:36Il n'y a aucun rapport entre cette recherche du chien et le cadavre de Maria Dolores.
03:44Il semblerait donc que l'auteur du pulau vert rouge n'ait pas lu le rapport du maître chien,
03:48ou bien qu'il l'ait interprété à sa manière, pour en tirer une histoire qui ne correspond pas vraiment à la réalité.
03:55Et ce n'est pas la seule liberté que prend Perrault dans cet ouvrage.
03:58La découverte de l'arme du crime est également mise en doute par Gilles Perrault.
04:05Selon lui, le fait que les gendarmes aient simplement été prévenus que le couteau devait se trouver dans leur secteur,
04:13indique que Ranucci n'était pas forcément conscient de l'endroit où se trouvait l'arme du crime.
04:18Par conséquent, l'arme retrouvée, qui est bien celle de l'assassin, aurait pu ne pas appartenir du tout à Ranucci.
04:25Ranucci dit « J'ai mis ce couteau dans un tas de fumiers, qui se trouvent quelques mètres avant l'entrée de la Champignonne-Yembre,
04:35et il est probable, c'est ce que m'a dit le commissaire Alessandra d'ailleurs, que les policiers seraient prêts à partir.
04:41Avec Ranucci, on le met dans une voiture, on va sur place et on cherche avec ses propres indications.
04:46Mais la juge préfère que ce soit les gendarmes qui aillent sur place et, elle, en attendant, se fait présenter Ranucci à son bureau pour l'inculper, comme on disait à l'époque.
05:00En effet, le juge d'instruction chargé de l'affaire, Inadi Marino, a estimé qu'après les aveux de Ranucci et la localisation qu'il a faite du couteau,
05:10il n'y avait nul besoin de le maintenir en garde à vue, ni même de l'amener sur les lieux.
05:14La juge a immédiatement inculpé le jeune homme, probablement pour permettre à Ranucci de disposer très vite d'un avocat,
05:21comme il était fréquent à l'époque où la présence d'un conseil n'était pas autorisée durant la garde à vue.
05:26Alors, ils y vont avec une poêle à frire.
05:31Le tas de fumier, il faut quand même rappeler qu'il fait à peu près 25 mètres de long sur 7 ou 8 mètres de large.
05:37C'est un gros morceau.
05:39Et donc, les gendarmes cherchent, cherchent.
05:42Au bout de deux heures à peu près, ils finissent quand même par trouver le couteau.
05:49Les gendarmes, donc, qui sortent du tas de fumier.
05:52L'officier l'explique, ils ouvrent avec précaution le couteau.
05:57C'est un couteau dit à cran d'arrêt, couteau automatique.
06:01Et ils s'aperçoivent que sur la lame, il y a encore des taches de sang.
06:05Ce couteau, taché de sang, trouvé sur les indications de Ranucci,
06:11c'est l'argument majeur numéro un qui démontre la culpabilité de Ranucci.
06:18Moi, si quelqu'un peut m'expliquer comment on peut dire qu'un couteau se trouve à tel endroit,
06:24qu'il a servi à tuer un enfant à coup de couteau, donc, taché de sang,
06:27et que quand on le retrouve, il est taché de sang,
06:30si quelqu'un peut m'expliquer comment ça, ça peut s'inventer, je suis preneur.
06:34Mais moi, je suis incapable.
06:35Moi, si maintenant je décide que je vais vous dire qu'un couteau est à tel endroit,
06:39vous pourrez aller chercher si vous voulez, je ne suis pas sûr que vous le trouverez.
06:41Autre élément fort dans la thèse de Perrault, le témoignage de Janine Matéi,
06:46qui aurait vu le dit personnage avec le pullover rouge la veille,
06:50tenté de kidnapper des enfants.
06:52Mais son témoignage souffre d'une certaine fragilité.
06:58Cette femme vient témoigner de l'existence d'un homme
07:03qui ne serait pas Ranucci, mais qui aurait agressé des enfants.
07:09Je lui demande où elle a rencontré Mme Maton, la mère de Christian Ranucci.
07:17Et elle me répond à la prison des beaux-maîtres.
07:21Je lui dis, Mme, attendez, vous voulez témoigner en faveur d'un accusé
07:28alors que vous avez rencontré la mère à la prison des beaux-maîtres ?
07:34Pourquoi ? Qui est en prison chez vous ?
07:37Et à partir de là, je ne lâche plus.
07:41Je ne lâche plus.
07:43Et tous les commentateurs, tous les journalistes raconteront que j'ai fait voler en éclat le témoignage.
07:51Parce que, bien évidemment, il apparaissait comme un témoignage de connivence
07:56entre deux maires qui se retrouvent à la maison d'arrêt et qui décident de s'entraider.
08:00Sur un procès verbal datant de 1978, on lit la déclaration d'une voisine de Mme Matéi.
08:09Elle dit avoir été approchée par cette dernière.
08:12Selon elle, Mme Maton, la mère de Christian Ranucci, était prête à lui donner la somme de 2000 francs
08:18pour qu'elle livre un faux témoignage sur cette fameuse histoire de l'homme au pullover rouge.
08:23On l'a été prête à lui donner de l'argent pour qu'elle puisse témoigner d'un sens qui convenait à qui ?
08:29À la mère de Ranucci, qui avait fait la connaissance de Mme Matéi.
08:33C'est une évidence.
08:35Héloïse Maton, la mère de Christian Ranucci, aurait donc tenté par tous les moyens de faire innocenter son fils.
08:43Chose compréhensible pour une mère.
08:44Mais les moyens qu'elle a utilisés, peu conventionnels, n'ont pas vraiment plaidé en faveur de son enfant.
08:54Enfin, dernier argument que Perrault met en avant, la déclaration des époux au Baird.
09:01Ils ont poursuivi Ranucci après son accident au carrefour de la Pomme.
09:04Selon l'écrivain, les deux époux auraient déclaré à la police, dans un premier temps,
09:11avoir vu l'automobiliste sortir de sa voiture avec un paquet volumineux à la main.
09:17Et ce serait dans une seconde déclaration qu'ils auraient dit qu'il s'agissait en réalité d'un enfant.
09:24Problème, les Aubert n'ont fait qu'une seule déclaration à la police.
09:28Et, sur cette déclaration, on peut bel et bien lire qu'ils parlent d'un enfant et non d'un paquet volumineux.
09:36Pourquoi avoir masqué ce que disent réellement les Aubert ?
09:41Par ailleurs, si M. Martinez et les époux Aubert avaient vraiment vu Ranucci avec un paquet volumineux,
09:49pourquoi auraient-ils fait le lien avec l'enlèvement de la petite Marie Dolores ?
09:54Et pourquoi Ranucci se serait caché après l'accident, s'il ne portait avec lui qu'un paquet volumineux ?
10:06A l'étude du dossier, quelques questions demeurent.
10:09Mais sont-elles vraiment de nature à remettre en cause la culpabilité de Christian Ranucci ?
10:15S'il fait peu de doute que c'est bien le jeune représentant commerce qui a enlevé et tué Marie Dolores,
10:24pourquoi a-t-on cherché, avec autant d'acharnement, à le faire passer pour un innocent ?
10:29Était-ce un procès anticipé de la peine de mort ?
10:32Le prétexte pour une levée de bouclier contre la police et la justice ?
10:37Jean-Louis Vincent pense avoir également décelé quelques intérêts particuliers dans cette histoire.
10:42Gilles Perrault lui-même le dit dans une émission au cours de laquelle il est interviewé par Laurent Joffrin,
10:53qui lui demande comment il s'est intéressé à l'affaire.
10:56Et Gilles Perrault dit, c'est un ami, Jean-Denis Bredin, qui m'en a parlé,
11:03et qui m'a dit, il y a eu des choses assez curieuses là-dedans, tu devrais aller voir, etc.
11:07Qui est Jean-Denis Bredin ? C'est un avocat, à l'époque, fortement opposé à la peine de mort,
11:16qui est employé par Mme Maton, la maire de Ranucci,
11:21pour les procédures en révision qui ont été mises en œuvre, qui n'ont jamais abouti.
11:27Donc Jean-Denis Bredin, il essaye évidemment d'avoir des arguments pour peser en faveur de la réhabilitation de Ranucci,
11:35mais en même temps, c'est bien connu, il est fortement opposé à la peine de mort,
11:40ce qui est son droit le plus strict.
11:42Et donc, lorsqu'il envoie Perrault, en quelque sorte, travailler sur cette affaire à Marseille,
11:49encore une fois, c'est Perrault qui le dit,
11:52il donne quand même une orientation à son action.
11:55de