Jean-Marie Vilain, maire de Viry-Chatillon, invité sur RTL pour discuter du couvre-feu pour les moins de 13 ans, instauré dans sa ville.
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00:006h, 9h15, RTL Matin, avec Stéphane Carpentier.
00:04Merci de nous rejoindre, 8h46 et RTL Matin face à l'actualité.
00:07L'actualité c'est ce samedi soir la mise en place d'un couvre-feu pour les mineurs de moins de 13 ans dans la ville de Viry-Châtillon,
00:14commune de l'Essonne, qui fait donc comme Nice, comme Béziers, comme Limoges l'an dernier.
00:19Couvre-feu de 22h à 6h, alors pourquoi prendre une telle décision ?
00:24C'est la question posée en direct à l'invité de RTL Matin, le maire de Viry-Châtillon.
00:28Bonjour à vous Jean-Marie Villain.
00:29Bonjour.
00:30Alors pourquoi ce couvre-feu ?
00:31Alors bon, deux choses. D'abord, on ne fait pas comme Nice ou comme qui que ce soit,
00:36puisque ça fait maintenant 8 ans qu'on prend ce couvre-feu, donc j'ai comme l'impression qu'on a plutôt été...
00:41Mais l'été seulement.
00:42Mais que l'été effectivement, mais d'ailleurs les arrêtés de ce type, on ne peut pas les prendre sur toute l'année,
00:48c'est sur une période bien spécifique, et de la même façon on ne peut pas la prendre sur tout le territoire de la ville,
00:53donc c'est des quartiers spécifiques et des rues spécifiques qui sont déterminés pour cet arrêté,
00:59qui est en fait une restriction de circulation.
01:02Un couvre-feu, c'est ce qu'on avait pendant le Covid, on ne peut pas sortir du tout, personne n'est dehors,
01:06c'est une obligation ferme et définitive.
01:09Là en l'occurrence, ce soir il y a un match à 20h, un match de basket à Viry-Châtillon,
01:13il y aura 250 personnes dans les tribunes, et je peux vous assurer qu'il y aura des gamins de moins de 13 ans qui seront là,
01:18avec leurs parents, et dans ces cas-là il n'y a absolument aucun problème.
01:21Alors je ne dis plus couvre-feu, mais pourquoi vous les placez sous surveillance, quelque part ces mineurs de moins de 13 ans,
01:26entre 22h et 6h du matin ?
01:28Alors je vais vous dire, j'ai réagi plutôt comme un père que comme un mère.
01:36Je le dis volontairement parce que vous posez une question, mais je ne crois pas un seul instant que vous vous la posez en vrai.
01:42Comment on peut imaginer qu'un jeune de moins de 13 ans traîne dans les rues après 22h ?
01:46C'est juste du bon sens en fait.
01:49Alors c'est vrai qu'on pourrait presque se dire que ce n'est pas normal qu'on soit obligé de prendre un arrêté
01:54pour expliquer à des parents qu'effectivement, à partir de 22h, voire avant,
01:59parce que vous savez quand je suis dans la rue, on me dit, mais pourquoi vous avez dit 22h ?
02:02En fait, à partir de 20h, les gamins doivent être chez eux, en train de faire leurs devoirs,
02:06ou de s'amuser avec leurs parents, ou de lire.
02:09Mais sincèrement, c'est juste une question de bon sens.
02:13Et de temps en temps, il faut rappeler le bon sens à tout le monde.
02:15Il y a des parents qui sont occupés, et à juste titre, je veux dire,
02:19quand vous êtes obligé de travailler, parfois même plusieurs emplois,
02:23pour cumuler les emplois, pour pouvoir justement subvenir aux besoins de votre famille,
02:26ça peut être très compliqué.
02:28On parle souvent de famille monoparentale, mais pas que.
02:31Et du coup, les enfants qui peuvent se retrouver de cette façon un peu laissés libres à eux-mêmes.
02:37Donc c'est responsabiliser plus les parents dans l'histoire.
02:39C'est exactement ça, mais moi je veux aider à la parentalité.
02:43C'est aussi le rôle d'ailleurs de la commune, on le fait avec les associations de prévention,
02:47avec la MJC par exemple.
02:49C'est important d'être présent à leur côté, pour parfois...
02:52Vous savez, si on prend des jeunes comme ça dans la rue à partir de 22h,
02:56et que la police municipale ou la police nationale,
03:00d'abord la première des choses, on essaie de les ramener chez eux.
03:02Très souvent, ils ne sont pas très loin.
03:03C'est-à-dire que vous les raccompagnez à la maison, c'est ça ?
03:05Bien sûr, on parle souvent du commissariat,
03:08mais le plus important, c'est qu'ils ne restent pas dans la rue.
03:11Et s'il faut réveiller le maire pour qu'il vienne en mairie,
03:14pour accueillir le jeune en attendant que les parents rentrent,
03:18moi je suis prêt à le faire, ça ne me pose aucun problème.
03:19C'est-à-dire qu'on va avoir la police municipale qui va aller sonner chez les gens, chez les parents.
03:24Oui, pour l'en dire, vous n'êtes pas très malin quoi.
03:26On vous ramène votre fils ?
03:27Bah oui.
03:27Qu'est-ce qu'il fait dehors ?
03:28Qu'est-ce qu'il fait dehors ?
03:29Vous pensez que ça va bien se passer tout le temps ?
03:30Oui, mais oui, je pense.
03:31Les parents sont quand même...
03:33Vous savez, des fois, ils sont un peu débordés.
03:34Ne serait-ce que débordés.
03:35Je fais ce qu'on appelle des rappels à l'ordre dans mon bureau.
03:38Vous savez, c'est pour ces adolescents qu'on fait des petites bêtises, on va dire,
03:41et qu'on ne veut pas justement envoyer dans le système judiciaire immédiatement.
03:46Et c'est bien plus important de les recevoir de cette façon.
03:48C'est très encadré avec le procureur.
03:50C'est en général un substitut du procureur qui vient dans mon bureau avec le commissaire de police.
03:56Et on invite les parents aussi.
03:57Et on explique aux jeunes, on explique aux parents ce qu'il y a à faire.
04:01Et quand vous les responsabilisez comme ça, je vous assure que ça marche plutôt bien.
04:04Il n'y aura pas de sanctions ?
04:05Non.
04:06Le but, il n'est pas là.
04:07Le but, il est surtout de rappeler ce qui semble une évidence pour beaucoup de parents
04:10et qui, parfois, ne l'est un peu moins.
04:12Parce que vous les responsabilisez.
04:14Pourquoi, au lieu de les ramener à la maison, vous ne les ramenez pas au commissariat
04:16pour que les parents viennent les chercher au commissariat ?
04:18Toutes les possibilités existent.
04:21Soit, effectivement, si le jeune est à côté de chez lui,
04:24et on ne va pas en faire des caisses,
04:28on le ramène chez lui, on explique aux parents qu'il était dehors.
04:31Soit il le ramène au commissariat, ça peut arriver aussi.
04:34Soit il le ramène, on trouve un endroit.
04:36Alors, je vous dis la mairie, parce que ça peut être un élu de permanence qui est présent.
04:40Ça, c'est tout à fait possible.
04:41L'important, c'est d'avoir ce dialogue aussi, à un moment donné, avec les parents,
04:44comme vous le dites, pour expliquer que ce n'est pas la place d'un enfant.
04:47Jean-Marie Villain, vous dites pas de sanctions, mais s'il faut le raccompagner une fois, deux fois, trois fois ?
04:52Je vais vous dire, je ne crois pas à ça, et d'ailleurs, ça fait huit ans qu'on prend cet arrêté.
04:57On n'a pas eu ce type de situation où, à plusieurs reprises, on avait le même enfant à ramener.
05:02D'ailleurs, pour la police municipale et pour la police nationale, il n'y aura pas de mise en place particulière.
05:07C'est leur travail qu'ils font très régulièrement.
05:09Non, pas spécifiquement de ramener les enfants, mais d'être dans les rues, d'être au contact des habitants,
05:14c'est quelque chose de tout à fait naturel.
05:16Ce n'est pas du boulot en plus, justement, pour les policiers ?
05:18Non, non, ce n'est vraiment pas du boulot en plus.
05:19Ils ne vous disent pas ça ?
05:20Ah non, mais moi, je peux vous dire que, de la même façon, je travaille en lien très étroit
05:25avec le commissaire de police du commissariat de Juvisy-sur-Orge.
05:30Ils ont bien compris que c'était un outil juridique, parce que ça encadre bien ce principe de dire
05:38qu'il y a un document officiel qui indique ça.
05:42Vous nous disiez tout à l'heure que ça fait des années que vous prenez un coup de feu l'été.
05:45Pourquoi le faire là, au milieu du printemps ?
05:47Alors, tout simplement parce qu'on s'est aperçu qu'il y avait, dès que les beaux jours arrivaient
05:50et qu'il y avait une tendance à sortir plus facilement, c'est la seule raison pour laquelle on l'a augmenté.
05:56Et pourquoi, du coup, vous prenez cette décision ?
05:58Parce qu'au-delà du fait qu'ils se promènent dans la rue et qu'ils ne doivent pas l'être à cette heure-là,
06:04il y a des débordements de plus en plus dans vos communes, dans vos départements ?
06:08Vous savez que le département d'Esson est malheureusement connu,
06:10parce que le nombre de rixes entre quartiers, mais c'est surtout entre villes, sont présents.
06:16Et du coup, moi je n'imagine pas un seul instant qu'un petit garçon ou une petite fille qui traîne dans la rue
06:22se trouve un peu par hasard, tout simplement, confronté à cette situation et qu'on prenne un risque.
06:29Je suis difficilement d'oublier ce qui s'est passé l'année dernière à Viery,
06:33avec ce jeune qui est tombé sous les coudes, peut-être même de ses copains.
06:40Ce n'est pas possible, c'est un truc qui m'a marqué à vie.
06:43Vous ne craignez pas des réactions de la jeunesse, justement, avec une interdiction supplémentaire ?
06:48À 13 ans ?
06:49À 13 ans, non, mais les grands-frères ?
06:50Non, non, il n'y a pas ce genre de... Je ne crois pas qu'il y a ça.
06:54Vous savez, les grands-frères, ils ont tendance à...
06:56Les plus grands qui vont voir justement des policiers municipaux
06:59qui vont prendre un gamin de 13 ans par la main pour le ramener à la maison.
07:02Non, moi je pense que... Vous savez, les plus grands ont quand même tendance à vouloir être plutôt tranquilles,
07:07et y compris d'ailleurs les délinquants, on va dire.
07:10Les délinquants, ils n'ont pas intérêt à ce qu'il y ait de la police ou quoi que ce soit dans les rues.
07:12Donc de toute façon, ils vont se débrouiller pour qu'il y en ait le moins possible,
07:16pour qu'on ne vienne pas les déranger.
07:18C'est une mesure, une de plus, pour éviter que les violences lyriques se multiplient.
07:22Il y a le trafic de drogue qui existe aussi.
07:24Vous avez vu ce qui s'est passé à Rennes cette semaine avec cette fusillade.
07:27Est-ce qu'il n'est pas trop tard face à tout ça ?
07:29Il ne faut jamais dire qu'il est trop tard, sinon...
07:30Là, d'abord, moi je ne serai pas élu, et puis j'aurais déjà démissionné depuis bien longtemps.
07:35Il faut toujours essayer.
07:36Moi, je crois dans les gens, je crois dans les personnes.
07:41Je pense que le bon sens, on doit le retrouver à un moment ou à un autre.
07:44Et si nous, on baisse les bras, je ne sais pas qui va faire quelque chose.
07:48C'est à partir de ce soir, cette surveillance des mineurs de moins de 13 ans.
07:5122h, 6h du matin.
07:53Merci de nous avoir expliqué les choses et la situation dans votre commune.
07:55de l'Essonne à Viry-Châtillon.
07:58Invité de RTL Matin, Jean-Marie Villain.
08:00Entretien qu'on peut retrouver dès maintenant sur notre site rtl.fr.
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