00:00Merci Lucie, bonjour à tous. Bonjour Manuel Valls. Bonjour. Merci d'avoir accepté notre invitation.
00:08On parle dans un instant de la situation à Mayotte où vous vous rendrez dans quelques jours avec le président de la République.
00:13Mais d'abord ce matin, les droits de douane avec les Etats-Unis sont au menu d'une réunion à Bercy avec les partenaires sociaux.
00:20Est-ce que vous partagez leurs inquiétudes pour l'emploi ?
00:23Oui, il y a forcément des inquiétudes. Il y a surtout de l'inquiétude parce qu'il y a de l'incertitude.
00:27Et de l'incertitude avec les différents revirements de l'administration Trump créent évidemment, forcément, des risques pour l'économie, pour les investissements.
00:38Et donc aussi pour l'emploi. Cette réunion, évidemment, est bienvenue pour préparer chacun à faire face à ces incertitudes.
00:45Quelles solutions on peut avoir aujourd'hui ?
00:46Laissons les ministres concernés travailler avec les acteurs économiques.
00:51Mais ça veut dire qu'il faut se mobiliser, examiner toutes les situations.
00:55Ça concerne d'ailleurs aussi évidemment les territoires ultramarins qui peuvent être concernés par ces droits de douane.
01:01On rappelle qu'au départ, d'ailleurs, la Réunion et Saint-Pierre-et-Miquelon étaient visés par des projets de douane de 37 et 50%.
01:07Est-ce qu'aujourd'hui vous avez des garanties que ça ne s'appliquera pas ?
01:10Il n'y a aucune garantie de la part de l'administration Trump, sauf que ces droits de douane, pour le moment, ne sont pas mis en œuvre.
01:15Sinon, un niveau de 10% pour trois mois.
01:19Mais nous avons été habitués, depuis l'installation du nouveau président, par un certain nombre de déclarations,
01:24qui créent en effet ce climat d'incertitude.
01:28Il n'y a rien de pire que l'incertitude pour les acteurs économiques, pour les investissements.
01:33Et dans des économies fragiles, comme celle des Outre-mer, ce type d'annonce, évidemment, est inquiétante.
01:39Manuel Valls, le gouvernement est en train de plancher sur le budget de 2026.
01:42Il s'agit de trouver pas moins de 40 à 50 milliards d'euros d'économies.
01:46Tous les ministères sont mis à contribution.
01:48À quoi faut-il s'attaquer en priorité ?
01:51D'abord, je crois que le devoir de vérité, qui a été celui du Premier ministre, est indispensable.
01:57Parce qu'il faut que les Français connaissent la réalité des difficultés financières.
02:02Ensuite, et c'était rappelé au journal il y a un instant, nous sommes face à un climat géopolitique extrêmement préoccupant.
02:12L'Ukraine, la guerre commerciale, nous l'avons évoquée.
02:16Et donc, il va falloir faire un effort, notamment, de soutien à la défense.
02:19C'est vrai en France, c'est vrai pour tous les pays européens.
02:22Vous, Premier ministre, vous aviez gelé les prestations sociales, par exemple.
02:26Oui, mais je pense qu'aujourd'hui, on est face à des défis encore plus importants.
02:29Donc, ça veut dire qu'il n'y a pas de tabou.
02:31François Bayrou le soulignait.
02:33Et donc, que ce soit les dépenses de l'État, celles des collectivités locales, les questions de santé.
02:39Donc, il faut revoir l'ensemble des politiques publiques.
02:42On a un système trop généreux aujourd'hui ?
02:44Pour ceux qui souffrent, pour ceux qui sont en difficulté, pour ceux qui sont au chômage,
02:50entendre que le système serait généreux, je pense qu'ils ne peuvent pas l'entendre.
02:54Mais en tout cas, oui, je pense qu'on peut faire des efforts, des économies et gagner plus d'efficacité.
02:59Dans tous les ministères, vous savez, y compris dans le mien, pourtant, il y a beaucoup d'attentes, de soutien.
03:04On peut revoir les politiques publiques, interroger celles qui sont moins efficaces.
03:08Vous êtes prêt à baisser votre budget cette année ?
03:11Moi, le budget des Outre-mer, c'est 3,5 milliards pour mon propre budget.
03:15Mais c'est 25 milliards pour l'ensemble des budgets.
03:19Il peut baisser ?
03:20Dans un certain nombre de secteurs, il peut baisser, mais dans d'autres, il faut continuer à soutenir la Réunion,
03:25Mayotte, la Nouvelle-Calédonie, qui ont été touchées par soit des émeutes, soit évidemment par des calamités naturelles.
03:31Et puis, il faut lutter contre la vie chère et soutenir des populations qui sont en difficulté.
03:36Mais je crois qu'il ne faut rien s'interdire.
03:38Et puis surtout, il faut moderniser l'action de l'État.
03:40Parce que ce qui ne va pas aujourd'hui, c'est que nous sommes l'un des pays, sinon le pays qui a le taux de prélèvement obligatoire le plus important,
03:47et où les Français s'interrogent pourtant sur l'efficacité des politiques publiques en matière d'école, de santé, de sécurité.
03:55Donc, il faut viser à l'efficacité de ces politiques publiques.
03:58On a parlé de Saint-Pierre-et-Miquelon à quelques instants.
04:00Laurent Wauquiez persiste et signe quant à sa proposition d'envoyer les étrangers dangereux qui font l'objet d'une OQTF à Saint-Pierre-et-Miquelon.
04:07La collectivité lui a répondu avec humour qu'OQTF, ça pouvait être, si on vient en quête de tranquillité familiale.
04:13Comment vous réagissez-vous à ces propos ?
04:15Je crois que l'humour peut être une bonne réponse.
04:17Moi, je me suis indigné parce que je suis ministre des Outre-mer.
04:20Et je ne vois pas pourquoi vous venez de parler de l'administration américaine,
04:23qui, quelque chose avant, avait déjà ciblé Saint-Pierre-et-Miquelon.
04:28Et voilà que, pour des raisons purement internes, parce qu'il y a un congrès des LR,
04:32Laurent Wauquiez, un homme intelligent de culture, décide de cibler ce territoire qui ne demandait absolument rien.
04:39Il faut une politique migratoire, évidemment, efficace.
04:42Il faut renvoyer à la frontière ou dans les pays concernés ces OQTF.
04:46Mais pas à Saint-Pierre-et-Miquelon.
04:47Mais pas en passant par Saint-Pierre-et-Miquelon.
04:50Et en plus, avec une argumentation, comme d'abord, il ne fait pas très beau,
04:53comme il neige, comme il fait froid, on va les envoyer là-bas.
04:56Enfin, tout ça n'a pas beaucoup de sens.
05:00On peut rétablir aussi le bagne en Nouvelle-Calédonie et en Guyane.
05:06Donc, avec ce type d'argument, ça vise à faire du bruit, du buzz.
05:11On sait que ça ne se fera pas.
05:13Donc, ce n'est pas inutile.
05:14Et surtout, ça ne crédibilise pas la parole publique,
05:17qui pourtant, aujourd'hui, est déjà très entamée.