00:00Et il y a quelqu'un que vous avez appelé, qu'on aime beaucoup ici, c'est Monsieur Sport de France Télé, c'est Mathieu Larto, qui lui était venu nous parler de son opération et de son cancer du genou, et il a un petit mot pour vous.
00:12Bonsoir à tous, et salut Johan, écoute, je voulais te témoigner toute l'admiration que j'ai pour toi. J'ai lu ton interview, elle m'a bouleversée, elle est d'une intelligence rare, mais bon, te connaissant, ça ne me surprend pas beaucoup.
00:24Très inspirante pour beaucoup de gens, je l'imagine, et en la lisant, je me suis dit que tu avais réalisé un sacré bout de chemin quand même depuis nos premières discussions,
00:33quand tu te posais la question de comment l'annoncer aux gens, sache que tu l'as fait avec beaucoup de force, avec beaucoup de dignité, et voilà, tu es quelqu'un d'admirable.
00:45Et je voulais te poser une question, parce que je sais que c'est affreusement difficile de traverser la maladie, et d'être comme ça, sous la menace d'une évolution assez incertaine.
00:56Donc ma question, elle est très simple, est-ce que tu pourrais me faire la promesse ce soir de m'appeler si jamais tu avais des coups de moins bien ?
01:05Parce que je sais que parfois, tu peux garder les choses un petit peu trop pour toi.
01:08Applaudissements
01:10Non mais, il dit quelque chose de très juste Mathieu, quand ça va pas, quand t'es malade, mais malade de toutes sortes, ça peut être, Mathieu a eu un cancer avec opération,
01:34il s'est fait amputer à partir du genou, mais je pense aux pathologies qui sont des pathologies de la santé mentale, notamment où on a l'impression qu'on est tout seul.
01:43Quand j'ai arrêté ma carrière, je suis passé par une phase compliquée, de quête de sens, de savoir qui on est, et puis le vélo, j'aimais presque plus ça.
01:52J'avais pris beaucoup de poids, et là, avec les corticoïdes, notamment avec les traitements lourds...
01:59Vous avez fait de la chimiothérapie aussi ?
02:01Et maintenant, je suis à un nouveau traitement, et je me suis renfermé chez moi.
02:08J'ai fermé les volets, je réponds pas souvent au téléphone, mais là, je répondais encore moins au téléphone,
02:14et j'avais un processus autodestructeur, jusqu'à tomber, et jusqu'à...
02:19Sur la photo, là, je suis très mec, c'était sur le Tour de France, je devais être à 63-64 kg, je suis monté jusqu'à 90 kg,
02:25et l'envie de se faire mal, l'envie de détruire quelque chose...
02:31Tu parlais de scier la branche sur laquelle tu es assis, c'est souvent ce que j'ai fait, et là, encore plus,
02:36et t'as l'impression que tu touches le fond, t'as l'impression que c'est la fin,
02:39et en fait, non, il y a toujours de la merde en dessous, et plus tu tombes, et plus le vide est abyssal,
02:45jusqu'à un moment donné où tu te regardes dans la glace, et tu dis, je suis gros, déjà que je m'aime pas trop,
02:53il va falloir se réveiller, on est malade, mais on est plein à être malade, et on est plein à pas se sentir bien,
02:59on est plein parfois à pas envie d'ouvrir les volets, et parfois, et ça a été mon cas,
03:06quand tu regardes dans le rétroviseur, tu dis, peut-être que le meilleur, il est derrière moi,
03:10peut-être qu'avant, j'avais un métier qui me plaisait, je vivais avec passion tout ce que je faisais,
03:16j'avais de l'énergie, j'avais une espèce de boule énergétique, et là, d'un coup, j'ai l'impression que tout s'éteint,
03:22et tu te retrouves tout seul, chez toi, dans ton canap', tu te dis, qu'est-ce que je fais ? Je fais quoi ?
03:28Et le petit message comme ça, tu te dis, le moment où ça va pas, je l'appellerai.