- 10/04/2025
À 9h20, le DJ Laurent Garnier est l’invité de Léa Salamé. Il évoque son retrait progressif du métier, "très bientôt", pour "ne pas arriver dans le côté pathétique" et "devenir une espère de juke-box poussiéreux". Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-interview-de-9h20/l-itw-de-9h20-du-jeudi-10-avril-2025-4816709
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00:00Le 7-10
00:01Et Léa, ce matin vous recevez un des plus grands DJ du monde.
00:04Bonjour Laurent Garnier.
00:05Bonjour.
00:06Bienvenue.
00:07Quel accueil.
00:09Et surtout on vous a mis Bachung.
00:11Merci, vous le saviez.
00:13On le savait.
00:14Pourquoi Bachung est important pour le DJ que vous êtes ?
00:17J'ai eu beaucoup de périodes.
00:21J'ai eu beaucoup de périodes et c'est vrai qu'il y a eu un moment où j'étais un petit peu très obsédé par la musique de Bachung.
00:27Et d'ailleurs j'ai composé un album après qu'il ait fait Fantasy Militaire.
00:32Je ne sais pas, il me touche énormément.
00:35C'est un chanteur qui me touche énormément.
00:36Les paroles et lui, l'humain très fort.
00:40On est très heureux de vous recevoir Nicolas aussi.
00:42Vous êtes assez rare en interview.
00:43Vous n'aimez pas trop parler.
00:44Pourtant vous parlez très bien.
00:46Et on commence par les questions rituelles.
00:48Si vous étiez une chanteuse, un club mythique et une décennie ?
00:51C'est rituel ?
00:52Oui c'est comme ça.
00:53Un club mythique ?
00:54Non, je change parfois.
00:55Voilà, ma chanteuse Nina Simone.
00:59Ça c'est bien.
01:00Un club mythique, peut-être le Yellow à Tokyo.
01:04Alors malheureusement c'est fermé, mais mythique pour moi.
01:08Pourquoi ?
01:08C'est peut-être un des lieux où je me suis senti le plus libre quand j'ai joué.
01:14Puis j'y ai joué vraiment beaucoup pendant très longtemps.
01:17Et j'ai assisté à la fermeture.
01:20Et ça a été un des moments les plus forts dans ma carrière.
01:24où les gens ne voulaient plus partir.
01:27On a joué pendant plus de 24 heures.
01:28Enfin c'était, on se relayait, on était trois DJs, on s'est relayés pendant des heures et des heures.
01:33Et voilà, ça a joué très tard et c'était très émouvant.
01:36C'était très fort.
01:37Et une décennie ?
01:38Un truc que je n'ai pas vécu, les années 60.
01:41Parce que j'aurais bien voulu voir le Swinging London dans les Swinging Sixties.
01:46J'aurais adoré ça.
01:47Puis j'aime beaucoup la musique des années 60.
01:48Donc ça m'aurait bien plu de voir ça.
01:50La vie sans musique est tout simplement une erreur, une fatigue, un exil, écrivait Nietzsche.
01:56Vous qui écoutez jusqu'à 500 disques par jour.
01:59500 disques par jour ?
02:01J'ai lu ça.
02:02Vous devez lire 500 articles par jour.
02:04Non, on ne lit pas 500 articles par jour.
02:06Comment ça 500 disques par jour ?
02:08Il y a tellement de choses qui sortent tous les jours.
02:12Il y a un million de morceaux qui sortent par semaine.
02:16Donc 500 disques, c'est une goutte d'eau.
02:18Je n'écoute rien en fait.
02:20Et comme j'aime découvrir, et j'ai besoin aussi de découvrir,
02:23j'ai besoin de me nourrir pour mon émission sur film,
02:26pour plein de trucs, pour mon boulot de DJ, tout ça.
02:30Je me force à écouter le plus de musique possible.
02:33Laurent Garnier, vous êtes un de nos plus grands DJ.
02:35Vous avez été le pionnier de la musique électro en France,
02:37le porte-parole de la French Touch partout dans le monde,
02:40avant les Daft Punk.
02:42Et vous êtes la référence
02:45pour les jeunes DJ du monde entier.
02:46Il y a un petit côté icône chez vous.
02:49Ça excite un peu les gens
02:51quand j'ai dit ce matin dans les couloirs.
02:54Pourtant, je suis très discret.
02:55Je suis très, très discret.
02:57Non, mais c'est vrai.
02:58Vous êtes le premier DJ à avoir eu une victoire de la musique,
03:00premier DJ à avoir rempli l'Olympia,
03:01premier DJ à avoir eu la Légion d'honneur.
03:03Vous êtes un peu précurseur.
03:04On a un peu essayé de sortir de notre zone de confort
03:08avec les gens avec qui je travaille depuis toujours.
03:11Mais on s'est battus pour une cause,
03:16on y a toujours cru.
03:17On va en parler de la cause.
03:19Vous avez composé la musique de la création mondiale
03:21Helicopter Licht.
03:23Non, pas Helicopter.
03:24Non, non, Helicopter, c'est une musique de Stockhausen
03:28qui est la première partie.
03:30Le nouveau spectacle, la nouvelle création mondiale
03:32d'Angela François de Carache
03:34qui est au Théâtre de la Ville.
03:35La première, c'est ce soir.
03:37Oui, je l'ai vue hier soir.
03:38Et vous avez vu l'avant-première.
03:39Et ça, ça va être une première mondiale.
03:41Oui, ce soir.
03:43Et c'est pour ça que je vous ai invité.
03:45On va en parler.
03:46Mais d'abord, vous avez 59 ans.
03:48Vous vous demandiez dans une interview au Monde
03:49Est-ce bien pertinent d'approcher la soixantaine
03:51et d'être encore aux platines ?
03:53Ben oui, forcément.
03:55Est-ce que c'est bien pertinent de dire
03:57quand je prends un taxi,
03:58quand ils me demandent
03:58« Faites quoi comme métier ? »
03:59Je suis DJ.
04:01C'est là où je me prends des gifs
04:03parce que DJ, c'est tout de suite
04:05le monde de la nuit.
04:07Et forcément, ça parle.
04:08C'est les jeunes pour tout le monde.
04:10Et donc, est-ce bien pertinent
04:11d'être toujours derrière des platines à 60 ans ?
04:13Vous disiez à Libération,
04:14je ne suis pas les Rolling Stones.
04:16Je n'ai pas envie de vieillir sur scène.
04:17Et que la moitié des gens
04:18qui viennent me voir
04:19se demandent si c'est bien
04:20ou si c'est pathétique ?
04:21Non, mais carrément.
04:22C'est vrai que des fois,
04:23quand on regarde
04:24certains artistes vieillissants,
04:26on se demande des fois
04:27« Il ne faut juste pas arriver
04:28dans ce côté pathétique des choses. »
04:30J'ai toujours dit
04:30avec tous les gens
04:32avec qui je travaille,
04:33il faut vraiment me prévenir
04:34le jour où je passe
04:34de l'autre côté de la montagne
04:36où je deviens
04:36une espèce de jukebox poussiéreux.
04:39Je fais très attention à ça.
04:40Tu fais les bateaux de croisière, vous dites ?
04:41Je n'ai pas envie.
04:42Je n'ai pas envie de faire ça.
04:43Donc, je sais que là,
04:46j'arrive à une période
04:47où je vais m'arrêter.
04:49Quand ?
04:50Très bientôt.
04:51Je pense qu'à partir
04:52de l'année prochaine,
04:53je vais mettre
04:54un sérieux coup de frein.
04:56Je vais arrêter de tourner
04:57comme j'ai toujours tourné.
04:59Je ferai encore un peu de date,
05:00mais l'idée,
05:00c'est d'en faire
05:01six, huit, peut-être dix
05:03dans l'année,
05:04mais dans des petits endroits
05:05pour des trucs
05:06beaucoup plus restreints,
05:08conviviales,
05:08où j'ai encore peut-être
05:10ma place et des petites choses
05:11à dire,
05:11mais me retrouver
05:12devant des grosses foules,
05:14non, je ne veux plus.
05:15D'ailleurs, j'ai arrêté cette année.
05:16Je ne fais plus
05:17des gros festivals.
05:17Avant les bateaux de croisière,
05:20on va écouter
05:20certains de vos
05:21très, très gros morceaux.
05:22Bateaux de croisière.
05:24Je vais vous inviter, Léa.
05:25Vous l'avez dit,
05:26je ne me vois pas jouer
05:28Chris Payne-Beyton
05:29sur le bateau de croisière.
05:30Léa et Nicolas,
05:31je vous invite.
05:32On a bien telage.
05:33On va écouter
05:34certains de vos
05:35très, très gros morceaux
05:36qui m'ont emmené
05:36au paradis de la danse
05:37des générations de fêtards.
05:39il y a d'abord
05:39Jacques in the box.
05:51Wake up,
05:51on est en 98.
05:55C'est en 98,
05:56wake up ?
05:57Non, non,
05:59je vous crois.
06:08The man with the red face.
06:10Là, on est en 2000.
06:11Ouais.
06:13Non, wake up,
06:13c'était avant,
06:14je pense.
06:15Je pense.
06:15Je pense, ouais.
06:23Celui-là,
06:24c'est le plus connu,
06:24un man with the red face.
06:25On a très envie
06:26d'aller danser.
06:28Votre renommée
06:29s'est construite aussi
06:29grâce à des prestations longues
06:31jusqu'à 6 heures d'affilée.
06:32Jusqu'à 12 heures.
06:33J'ai déjà joué 13 heures
06:34même, des fois.
06:35Vous voyez,
06:35vous dites
06:36tout l'art
06:36est d'installer un univers
06:37et de les faire voyager
06:39afin que ça reste gravé
06:41dans leur tête à jamais.
06:42C'est ça un bon DJ,
06:43quelqu'un qui fait voyager ?
06:45Bien sûr.
06:46Bien sûr.
06:47Je crois que
06:47la plus belle chose
06:51en tant que DJ,
06:52c'est quand le public
06:53arrive complètement
06:54à s'abandonner
06:54et oublier
06:56tout ce qui se passe autour.
06:57Et c'est
06:58arriver à ce truc-là,
06:59c'est
06:59on cherche,
07:01on cherche,
07:01on cherche tout le temps
07:02à arriver
07:02à ce que les gens
07:03puissent complètement
07:05se livrer
07:06pour qu'on puisse
07:08les emmener
07:09hyper loin.
07:10Et c'est vrai
07:10qu'on a tous
07:11des concerts
07:12qu'on a vus
07:12où on s'est dit
07:14en sortant de la salle,
07:15ça c'est
07:15je vais m'en rappeler
07:16toute ma vie.
07:17C'est pareil
07:18pour les restaurants,
07:19il y a des restaurants,
07:20on s'en rappelle,
07:20il y a des plats,
07:21on se rappelle de ça
07:21toute notre vie.
07:23Et moi j'essaye,
07:25une fois de temps,
07:25enfin c'est pas une fois
07:26de temps en temps,
07:26mais j'essaye toujours
07:27de toucher les gens
07:29et ce qui est bien
07:30c'est quand quelqu'un
07:31vient me voir
07:31en me disant
07:32je t'ai vu il y a 15 ans
07:33et tu avais joué ça
07:34et les gens s'en rappellent.
07:37Moi je vous ai vu
07:37il y a 15 ans
07:38et peut-être un peu plus
07:39au Rex.
07:40Ah bah oui,
07:41à la maison.
07:42Voilà,
07:43à la maison.
07:44Et je m'en souviendrai
07:45toute ma vie.
07:46Le goût ?
07:46Au Nuit Sonore.
07:47C'est vrai,
07:48on s'est rencontrés
07:49au Nuit Sonore.
07:50Et c'était pareil,
07:52le sentiment d'un concert organique
07:55où la foule était là,
07:57complètement traversée,
07:58habitée par la musique.
07:59C'est un moment incroyable.
08:02C'est bien d'arriver
08:03à offrir des petites pastilles
08:04de bonheur aux gens
08:05où ils oublient
08:06leurs emmerdes de tous les jours.
08:08C'est plutôt pas mal aussi
08:09de faire ça.
08:10Le goût pour la musique,
08:11vous la devez un peu
08:12à votre famille
08:12qui ont été forains.
08:14Oui,
08:14mon papa était forain.
08:15Et c'est là,
08:17avant Marcel Campion,
08:18c'était votre père ?
08:19Non,
08:20en fait,
08:20la personne qui a passé
08:22le flambeau à Marcel Campion,
08:23c'était mon grand-père.
08:24Votre grand-père ?
08:24Oui,
08:25tout à fait.
08:25Et donc,
08:26qu'est-ce que vous avez senti
08:28dans l'enfance forain ?
08:30J'étais petit,
08:31mais c'était la musique
08:34jouer forte.
08:35Alors,
08:36les manèges aussi,
08:37il y a ce truc
08:37de la sensation,
08:39de on se fait peur,
08:41on est ensemble.
08:43Et pour moi,
08:44la musique
08:44était plus importante,
08:45peut-être que le manège.
08:46Alors,
08:46j'ai fait beaucoup,
08:47beaucoup de manèges
08:47quand j'étais môme,
08:48puis j'ai eu la chance
08:49d'avoir tous les manèges gratos,
08:52donc j'en ai vachement profité.
08:54J'allais beaucoup aux loges
08:55et j'allais beaucoup au trône.
08:57Mais il y a ce truc jouissif
08:59où il y avait la musique
08:59jouer forte,
09:00et c'est le truc
09:02qui m'a marquée.
09:02Et jeune,
09:03vous préférez écouter des disques
09:04plutôt que descendre jouer au foot.
09:06Vous écoutez Barry White,
09:07Nina Simone,
09:08Diana Ross,
09:09ou encore,
09:10notre chanson préférée
09:11avec...
09:11Donna Summer ?
09:12Ah bah oui,
09:13ça forcément.
09:17Le problème,
09:18c'est qu'on ne peut pas la couper.
09:19Ouais,
09:20alors ça fait 12 minutes.
09:21Ouais.
09:22Et je l'ai encore joué,
09:24j'ai joué à Paris dimanche soir,
09:26je l'ai encore joué.
09:26J'arrive pas à...
09:27Ça marche toujours,
09:28I feel love.
09:29Ah bah c'est un des premiers
09:30morceaux techno,
09:31on va dire.
09:31À l'âge de 14 ans,
09:35vous animez votre première soirée,
09:37c'est votre grand-mère
09:38qui a une auberge
09:38près des temples
09:39le soir du Nouvel An.
09:40Le DJ la lâche
09:42et là,
09:42elle vous regarde
09:43et elle vous dit
09:43« Allez, vas-y ».
09:44Ouais,
09:44tu rêves de ça ?
09:45Viens.
09:46Et donc,
09:46j'ai piqué la sono de mon père
09:47et...
09:48Et vous vous êtes démerdé ?
09:48Ouais,
09:49ouais,
09:49je me suis démerdé
09:50et puis comme je savais
09:51que le public allait
09:52de 7 à 77 ans,
09:54j'ai joué des valses,
09:55du tango
09:56et puis j'ai fini
09:57par leur jouer
09:57des trucs brésiliens,
09:58de la disco
09:59et puis voilà,
09:59la musique de l'époque.
10:00À 13 ans,
10:0113-14 ans,
10:02il faut dire que vous traîniez
10:03les après-midi
10:03parce qu'à l'époque,
10:04il y avait des boîtes de nuit
10:05pour ados,
10:06l'après-midi.
10:07Tous les dimanches.
10:07Et vous,
10:08vous ne dansiez pas,
10:08vous vous plantiez
10:10en face du DJ
10:10avec un petit carnet
10:11et vous notiez
10:14tous les titres
10:15qu'il passait
10:16parce que c'était obsessionnel.
10:18Mais être DJ...
10:20Le mec est barjo
10:20complètement.
10:23Mais être DJ,
10:23c'est pas un métier,
10:24disaient vos parents,
10:25qui vous envoient
10:25fils à faire une école hôtelière,
10:27ce que vous allez faire.
10:28Vous partez à Londres,
10:29gamins,
10:30vous devenez valet de pied
10:31à l'ambassade de France.
10:32Vous avez servi Jacques Chirac,
10:33Raymond Barre,
10:34Valéry Giscard d'Estaing,
10:35mais aussi la reine d'Angleterre
10:36et Lady Di.
10:38J'ai même dansé
10:39la danse de la pluie
10:40avec le manteau
10:40de la reine d'Angleterre.
10:41Mais c'est ce que j'allais dire
10:42parce que vous piquiez
10:43les manteaux.
10:45Vous avez vraiment piqué
10:46le manteau de la reine.
10:47On avait un jeu
10:48avec l'autre serveur
10:50avec qui je bossais là-bas
10:50et on avait un jeu
10:51d'aller piquer les manteaux
10:52des gens les plus importants
10:55et il y avait un énorme miroir
10:56dans le clock room
10:57et donc on se mettait
10:59devant le miroir,
11:00on se prenait des photos
11:00et puis on dansait,
11:02on faisait la danse de la pluie
11:03et j'ai fait la danse de la pluie
11:03avec le manteau de la reine.
11:04C'est pas à Londres...
11:05C'est élégant quand même !
11:06C'est magnifique !
11:07C'est pas à Londres
11:08que ça se passe,
11:08mais à Manchester
11:09dans ces années-là,
11:10dans les années 80,
11:11où se trouve la mec
11:13des boîtes de nuit,
11:13vous l'avez dit Nicolas,
11:14l'Hacienda,
11:15c'est l'équivalent
11:15du studio 54 de New York.
11:17Vous traînez dans le club
11:18et puis un jour,
11:19en 1987,
11:20on vous autorise à mixer.
11:22C'est vraiment la révolution,
11:23la révélation,
11:24la détonation.
11:26Je rêve de ça
11:27depuis que je suis tout gamin.
11:28Moi, j'ai commencé
11:28à faire de la radio
11:29à l'époque où
11:30les radios pirates
11:31arrivent en France.
11:32J'avais 14 ans, 13 ans
11:33et je faisais de la radio
11:34tous les vendredis
11:35avec mon pote
11:36qui avait fabriqué
11:37son émetteur.
11:38Donc on émettait
11:39à peu près à 10 km à la ronde.
11:40Donc on parlait
11:41à nos copains
11:41et nos copines de l'école.
11:43Je rêve de ça
11:43depuis que j'ai 13-14 ans.
11:45J'ai déjà des platines
11:46dans ma chambre,
11:47mais pas les vraies platines
11:49de club.
11:50Et puis un jour,
11:50on me dit
11:50l'Hacienda va faire
11:52une nouvelle soirée.
11:53On a besoin d'un nouveau DJ.
11:54Il y a plein de personnes
11:55qui vont envoyer des cassettes.
11:57Et là,
11:57je passe trois jours
11:58à faire une cassette
12:00que je refais mille fois
12:02et je l'envoie.
12:03Et vous êtes prêts
12:04et ça commence.
12:04Puis il y aura l'orex,
12:05puis il y aura tout.
12:06On est au milieu
12:08des années 80
12:09et arrivent deux musiques
12:12venues des Etats-Unis.
12:13La house d'abord
12:14qui vient de Chicago
12:15et la techno
12:17qui vient de Détroit.
12:18Expliquez-nous
12:19pourquoi ces deux musiques
12:20vont révolutionner
12:21la scène musicale
12:22jusqu'à aujourd'hui,
12:23la house et la techno.
12:24Et expliquez-nous aussi
12:25pourquoi cette musique
12:26est ultra décriée en France.
12:28On vous dit au début...
12:29Au début ?
12:29Oui.
12:30Au début,
12:30c'est une musique de dégénéré,
12:32une musique...
12:33Alors,
12:34déjà parce que c'est vrai
12:35qu'un détonateur aussi
12:37qui a fait que
12:38l'Angleterre
12:39a sauté
12:39à pieds joints dedans,
12:41il y avait de toute façon
12:43un contexte politique,
12:46social
12:46qui faisait que l'Angleterre
12:47était prête
12:48à quelque chose de nouveau
12:49mais il y a aussi eu
12:50l'arrivée d'une nouvelle drogue
12:52qui a fait que
12:52la nouvelle génération
12:54ils ont sauté,
12:55ils ont pris les pilules
12:56et en même temps
12:57ils ont écouté
12:57cette nouvelle musique
12:58qui arrivait.
12:59Et on disait en France
12:59c'est une musique de drogués,
13:01c'est l'expansion.
13:02Et la deuxième chose aussi
13:03c'est l'endroit où...
13:05Alors en Angleterre,
13:06ça a commencé
13:06dans des clubs tout à fait...
13:08des grands clubs
13:09et tout de suite
13:10ça a pris
13:11alors qu'en France
13:12ça a mis des années
13:13et ça a surtout commencé
13:14dans la nuit
13:15dans les clubs gays en France.
13:16Donc en France
13:17c'était non seulement
13:17une musique de drogués
13:18mais une musique de gays.
13:20C'était...
13:21Il n'y a que les PD
13:21qui écoutent ça
13:22et donc c'était toujours
13:23hyper hyper dur.
13:25C'était...
13:26Ça a été l'enfer
13:27en France
13:27pendant des années.
13:28Et vous avez été
13:29un des premiers
13:29à vous battre
13:30pour dire non
13:31c'est une immense
13:32révolution musicale
13:33et vous verrez.
13:34C'est de la musique
13:34comme d'autres choses.
13:35A tel point
13:35que les victoires de la musique
13:36sont obligées de créer
13:38la victoire de la musique électronique.
13:40C'est vous qui l'obtenez
13:40en premier ?
13:40Alors c'était...
13:41Je crois que c'était...
13:42Musique de danse je crois.
13:43Musique de danse.
13:44Je crois que c'était ça.
13:45C'était la victoire de...
13:46Et vous faites un discours
13:48assez politique
13:49Laurent Garnier.
13:50Je voudrais simplement
13:51remercier les victoires
13:52de la musique
13:53pour la création
13:54de cette nouvelle catégorie
13:55en espérant
13:56que les qualités
13:56des nominés
13:57continuera à donner
13:58une image plus juste
13:59de la musique électronique
14:00et de ce qui est vraiment
14:01la dance music.
14:03J'espère simplement
14:04que cette victoire
14:05permettra à la technologie
14:06de s'exprimer
14:08plus librement
14:09sans subir
14:10l'incompréhension
14:11et la répression
14:11rencontrées
14:12ces dernières années.
14:13Merci beaucoup.
14:14Merci beaucoup.
14:15Ça c'était...
14:16Et vous êtes un peu hué
14:18ce jour-là.
14:19Il y a une partie
14:20du public
14:21qui...
14:21Ça a été dur.
14:22Oui, qui eut votre discours.
14:23Ça a été dur.
14:24Mais c'était quand même
14:25assez drôle.
14:25Quand on est arrivé
14:26à l'Olympia,
14:27nous on ne savait pas
14:28qu'on avait gagné.
14:28En fait, les cinq nominés
14:30sont venus pour installer
14:31leur matos.
14:32Donc on était sur des pratiques
14:33à roulettes.
14:34On ne savait même pas
14:35qu'on avait gagné.
14:36Et voilà, ils ont annoncé
14:37mon nom.
14:38Donc je suis arrivé.
14:39Mais l'après-midi,
14:40quand on est arrivé
14:41pour installer notre matos,
14:42on nous a accueillis
14:43en nous disant
14:44qu'est-ce que vous venez
14:44foutre ici
14:45avec votre musique de merde.
14:47Voilà, ça c'était
14:47l'ambiance de l'époque.
14:52Aujourd'hui, tout va bien.
14:54C'est la musique
14:55que tout le monde écoute.
14:56Ça fait 40 ans
14:57que c'est là.
14:57Ou 35 ans.
14:58Vous parlez d'ailleurs
14:59de la technoparade
15:00qui a aidé
15:01dans les années 90.
15:02Oui, il y a plein de choses
15:03qui ont fait accepter la musique.
15:06Laurent Garnier,
15:08dans une interview
15:09accordée au Figaro,
15:11vous réveilliez récemment,
15:12vous réveilliez avoir traversé
15:13une épreuve inconnue
15:15il y a deux ans.
15:16Inconnu pour vous,
15:16c'est le cancer.
15:17Vous voyez un médecin
15:18et il vous dit
15:18qu'on vous opère dans dix jours.
15:20Oui.
15:20Comment vous prenez le truc ?
15:23C'est très difficile,
15:24surtout que mon frère
15:25avait le même cancer
15:25au même moment
15:26et lui, il sortait
15:27de ses traitements.
15:31Je suis parti au Japon,
15:32il y avait un truc
15:33qui n'allait pas
15:33et j'ai été voir mon ORL
15:35et quand je suis rentré
15:36du Japon,
15:37il m'a dit
15:37il faut absolument
15:38que tu fasses un Tepscan
15:40et j'ai fait le scan
15:41et il m'a dit
15:41je t'opère dans quinze jours.
15:44Et là, ça a été
15:44hyper difficile
15:45parce que j'ai perdu mon frère
15:46et donc je n'avais plus
15:47mon repère qui était là.
15:49Votre frère meurt
15:50la semaine où vous vous faites opérer.
15:51Où je me fais opérer, oui.
15:52C'est très violent.
15:53Ah non, mais 2023,
15:55je m'en rappellerai
15:56toute ma vie,
15:56c'est assez clair.
15:57Ça a été extrêmement compliqué.
16:00En plus,
16:01je sors un disque
16:02à ce moment-là
16:02qui s'appelle
16:0333 tours et puis s'en vont
16:04où je voulais justement
16:05commencer à annoncer
16:06à mes fans
16:06bon ben,
16:07je vais bientôt arrêter
16:08d'où le titre du disque
16:10mais là,
16:11je sors le disque,
16:11je suis à l'hôpital,
16:12je ne peux même pas le défendre.
16:13Donc, c'était une période
16:14super difficile.
16:16Et aujourd'hui ?
16:17Ça va très bien.
16:19Ça va bien ?
16:19Oui, ça va bien.
16:21Et du coup,
16:22vous composez la musique
16:23de la nouvelle création mondiale
16:25d'Angelin Prèche-Locard
16:26au Théâtre de la Ville.
16:27C'est la troisième fois
16:27que je travaille avec Angelin.
16:28Il dit de vous
16:29qu'il aime votre vibration,
16:31votre énergie
16:32et surtout
16:32votre immense liberté.
16:34Ben oui,
16:35je suis un artiste libre
16:37et je pense que
16:38il faut absolument
16:40que je le reste.
16:42Mais je crois que c'est bon.
16:43Il n'y a pas de risque.
16:44Je crois que c'est bon.
16:45Les impromptus pour terminer,
16:46vous répondez rapidement
16:47sans trop réfléchir.
16:48FIP ou NOVA ?
16:50FIP, forcément.
16:52Vous avez une émission de radio,
16:53vous êtes revenu
16:53à vos premières amours,
16:54vous avez commencé
16:54dans les radios libres.
16:55Sur FIP,
16:56Deep Search
16:57tous les premiers samedis du mois.
16:58Oui, c'est important.
17:00Aujourd'hui,
17:01avec le nombre de morceaux
17:03qui sortent,
17:04on a besoin de curateurs,
17:05on a besoin de personnes
17:06qui vont défricher,
17:08qui vous emmènent
17:09vers d'autres directions,
17:11surtout avec ce qui se passe
17:12avec l'IA aujourd'hui.
17:12Qu'est-ce que j'allais vous dire ?
17:13L'IA, c'est une menace pour vous ?
17:15Vous vous rendez compte
17:15qu'aujourd'hui,
17:16sur un million de morceaux
17:18qui sortent par semaine,
17:19il y a 20%.
17:20Les plateformes arrivent
17:21à détecter en gros
17:22quasiment 20%
17:24de titres
17:25qui sont à 100%
17:27générés par l'IA.
17:27C'est vrai,
17:30ça fait peur quand même.
17:31Oui, ça fait peur.
17:32Des pêches-modes
17:32ou les Pink Floyd ?
17:35Oh, les Pink Floyd.
17:36Jean-Michel Jarre
17:36ou Kraftwerk ?
17:37Mais Kraftwerk !
17:39Daft Punk ou Air ?
17:40Daft Punk.
17:41Vous votez ?
17:42J'aime bien les deux.
17:43J'aime bien les deux, en fait.
17:44Vous votez ?
17:45Oui, c'est un peu normal, non ?
17:47Et vous ?
17:49Oui, il y a une proposition de loi
17:50qui va interdire les raves.
17:51Vous avez vu ça ?
17:52Il y a une proposition de loi
17:53à l'Assemblée nationale
17:54qui va interdire les raves illégales,
17:55même pénalisés.
17:56C'est vrai ?
17:57Oui.
17:57Je crois que c'était déjà passé, ça, non ?
18:00Ça fait longtemps que ça les énerve.
18:02Non, je n'ai même pas vu passer ça.
18:04Elon Musk, fascinant ou flippant ?
18:06Gros con.
18:07Un conseil pour ceux
18:08qui n'aiment pas l'électro ?
18:11Qui disent que c'est une musique...
18:12Alors, je vais vous dire...
18:13Pour ma mère.
18:14Oui, mais alors,
18:15votre maman ou plein d'autres gens,
18:17j'ai emmené vers le chemin de l'électro
18:21énormément de gens
18:22qui détestaient, soi-disant, cette musique.
18:24Je pense qu'il y a toujours une clé
18:26pour ouvrir les portes.
18:27Il faut juste passer un petit peu de temps
18:29avec la personne et suivant ce qu'il écoute,
18:31il y a toujours une façon de les emmener
18:33pour écouter de la musique.
18:34Parce qu'électro, c'est un grand sac
18:37avec beaucoup, beaucoup de choses.
18:38C'est vrai que vous avez commencé
18:39avec Quentin Dupieux quand il mixait ?
18:41Il ne mixait pas encore.
18:42Quentin, il avait juste...
18:43En fait, son papa était le garagiste en face de chez moi.
18:46Il avait acheté...
18:47Le père tenait le...
18:48avait repris le garage de Coluche.
18:50Et donc, je voyais son père tous les matins.
18:52Et un jour, son père me dit
18:53« Quand est-ce que tu m'achètes une bagnole ? »
18:55Comme tous les jours.
18:56Et je lui dis « Écoute, peut-être un jour. »
18:57Et il me dit « Tu sais, mon fils fait des vidéos. »
18:58Et c'était le début de Quentin.
19:01Et je lui dis « Dis-lui de me mettre une VHS
19:03dans ma boîte aux lettres. »
19:04Et j'ai rencontré Quentin comme ça.
19:06Et c'est pour ça qu'on a fait deux clips ensemble.
19:08Vous avez déjà eu un orgasme lors d'un set ?
19:11J'ai déjà pleuré lors d'un set.
19:12Alors, un orgasme, non.
19:14Enfin, oui, quelque part dans la tête.
19:16Mais j'ai déjà pleuré plusieurs fois.
19:18Dernier coup de cœur musical.
19:19D'émotion.
19:20Dernier coup de cœur musical.
19:21Vous allez pleurer là ?
19:22Non, pas du tout.
19:23Dernier coup de cœur musical à 9h44.
19:25Hier, j'ai écouté un titre du nouvel album
19:30du groupe Wet Legs.
19:32Et ça m'a super excité.
19:34Je veux absolument entendre l'album,
19:35mais je ne l'ai pas encore écouté.
19:36Et Dieu dans tout ça, Laurent Garnier ?
19:39Après, ça, on peut rester longtemps.
19:42Est-ce qu'il existe vraiment ?
19:43Je ne sais pas, je vous pose la question.
19:44Je ne sais pas.
19:46Laurent Garnier était notre invité.
19:47On était ravis de vous recevoir.
19:48On va s'éclater en croisière.
19:49On va partir au bateau de cruitatif.
19:52On va partir ensemble sur le bateau de croisière.
19:54Elle va couler.
19:55Dieu va nous prouver qu'il va la couler.
19:58Merci.
19:59La création musicale d'Angelo Impréjocas,
20:01c'est au Théâtre de la Ville et sur FIP,
20:02le premier samedi du mois.
20:03Tous les premiers samedis du mois.
20:04Tous les premiers samedis du mois.
20:05Merci et belle journée à vous.
20:06Merci à vous.
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