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Philippe Juvin : « L'euthanasie et le suicide assisté, je pense qu'il y avait d'autre priorité»
Europe 1
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08/04/2025
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News
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00:00
19h21, Pierre de Villeneuve.
00:03
Avec mes camarades de la première heure, bonsoir Gilles-William Golnadel.
00:06
Merci d'être avec nous.
00:08
Bonsoir Jules Thores, journaliste politique au journal du dimanche
00:12
et nous accueillons le député des Hauts-de-Seine, médecin et chef des urgences à Pompidou.
00:16
Bonsoir Professeur Juvin.
00:18
Merci d'être avec nous. Le débat reprend là où il était resté.
00:22
François Bayrou voulait scinder le texte en deux textes sur la fin de vie.
00:28
Juste une question au préalable, est-ce qu'il est important de débattre de ce texte aujourd'hui ?
00:34
Je cite quelques observateurs alors qu'on a Trump, on a les droits de douane,
00:39
on est dans une situation économique qu'à votre place ici même hier soir,
00:44
Alain Madelin a décrit comme un espèce de tsunami où en gros on n'est pas très loin de la crise de 19h.
00:50
Il a raison en plus.
00:52
Est-ce qu'il y a encore une place pour débattre de ça parce que c'est important ?
00:57
Écoutez, moi je pense qu'il y avait d'autres sujets.
00:59
La question des soins palliatifs n'est pas un petit sujet aujourd'hui.
01:02
La moitié des Français qui ont besoin de soins palliatifs n'y ont pas accès.
01:06
Donc oui, il faut poser ce sujet.
01:07
En revanche, sur l'euthanasie, le suicide assisté, je pense qu'il y avait d'autres priorités.
01:14
Comment est-ce que vous voyez le texte arriver en deux textes ?
01:18
Est-ce que c'était une volonté de votre part ?
01:19
Est-ce que vous suivez François Bayrou sur cette scission ?
01:21
Oui, c'est plutôt une bonne idée parce que moi, par exemple, je suis très favorable au développement des soins palliatifs
01:25
qui sont encore une fois très insuffisants et très opposés, pour les raisons qu'on va pouvoir exposer,
01:30
à la mise en place de l'euthanasie du suicide assisté.
01:33
Mais du coup, j'étais pris en otage avec un seul texte,
01:35
puisque je voulais voter pour les soins palliatifs mais pas pour l'euthanasie.
01:38
Donc le fait qu'il y ait deux textes permet à chaque député de voter en conscience pour l'un ou pour l'autre.
01:42
Mais est-ce que c'est parce que vous êtes médecin que vous faites cette scission,
01:46
contrairement à des politiques, entre guillemets, classiques ?
01:49
C'est probable qu'étant médecin, ayant vu des morts et voyant des morts,
01:53
parce qu'aujourd'hui plus personne ne voit des morts, la mort a disparu.
01:57
Il est sûr que je suis probablement un peu plus concerné par cette affaire.
02:02
J'ai rencontré dans ma vie de médecin beaucoup de gens mourants,
02:05
beaucoup de gens qui demandaient à être soulagés.
02:08
Oui, j'ai probablement une susceptibilité, une sensibilité qui est un peu différente de celle de mes collègues.
02:13
Jules Torres ?
02:14
Non mais c'est vrai qu'il y a une question qui se pose,
02:16
c'est qu'Emmanuel Macron avait promis que ce texte se ferait avec des conditions qui seraient très strictes.
02:23
On a vu en commission que tous les gardes fous pouvaient sauter,
02:27
que les gardes fous avaient sauté dans d'autres pays, on pense par exemple aux Pays-Bas.
02:31
Est-ce que finalement, la promesse initiale d'Emmanuel Macron,
02:34
quand bien même il y a deux textes qui sont scindés,
02:36
eh bien elle n'est pas caduque aujourd'hui ?
02:38
Absolument.
02:39
Le texte qui nous est présenté, je l'ai sous les yeux,
02:41
parce que quand on parle d'un texte de loi, il faut lire la loi.
02:44
Ce n'est pas un sentiment qu'on a.
02:46
Le texte, aujourd'hui il y a des critères extrêmement flous, très subjectifs.
02:50
Par exemple, le pronostic vital engagé à court terme n'est plus un critère.
02:55
La procédure est très expéditive.
02:57
En quelques jours, ça peut se faire, mais c'est moins de 15 jours.
02:59
C'est entre, en gros, et il n'y a pas de collégialité.
03:02
C'est-à-dire que vous pouvez être euthanasié, puisque c'est le mot,
03:05
en n'ayant vu qu'un seul médecin, un seul,
03:08
et celui-ci entre 0 et 15 jours, mais ça peut être 0, pour vous dire oui.
03:14
Et après qu'il vous ait dit oui, vous avez...
03:16
Avec un seul avis.
03:17
Un seul avis.
03:17
En fait, pour être très clair, l'article 5 et l'article 6 dit
03:23
vous devez voir un médecin.
03:25
Ce médecin peut prendre avis d'un deuxième médecin
03:28
qui n'est pas obligé de vous voir,
03:30
donc physiquement vous n'en en aurez vu qu'un,
03:32
et peut prendre conseil, d'autres conseils, mais peu.
03:36
Et quand il aura pris sa décision, il prend sa décision en fait tout seul.
03:39
Et une fois qu'il a pris sa décision entre 0 et 15 jours,
03:42
vous avez 48 heures de réflexion ultime,
03:43
et ces 48 heures peuvent être réduites à moins
03:47
si le médecin l'estime nécessaire.
03:48
Donc on voit bien qu'on a une procédure qui est très expéditive,
03:51
avec encore une fois des critères qui ne sont pas du tout rigoureux,
03:53
quoi qu'on vous dise.
03:54
Mais pardonnez-moi, pour revenir sur ce que vous venez d'exposer,
03:57
qui a écrit ça ? Qui fait ce truc-là ?
04:00
C'est un de mes collègues, M. Falorni, qui est député,
04:04
qui est membre d'honneur de l'association de droit de mourir pour la dignité,
04:07
qui est une association qui promeut l'euthanasie depuis des années,
04:10
et qui a fait l'exercice qui consiste à prendre le texte
04:15
là où nous l'avons laissé au moment de la dissolution.
04:18
C'est pour ça qu'on a un texte avec beaucoup de garde-fous
04:20
qui ont d'ores et déjà sauté.
04:22
Et vous avez raison de dire que dans les pays où ça a été légalisé,
04:24
en fait, tous les garde-fous sautent au fur et à mesure des années.
04:28
Là, le désavantage ou l'avantage,
04:30
selon qu'on se place à un endroit ou à un autre,
04:32
c'est qu'ils ont déjà sauté avant même qu'on commence la discussion.
04:35
J. Willingone-Ladel, qu'est-ce que ça vous inspire ?
04:37
Écoutez-moi, philosophiquement, j'ai toujours été très favorable à l'euthanasie.
04:43
Ce n'est pas pour ça que je ne souhaite pas que les soins palliatifs ne soient pas améliorés.
04:47
Mais en ce qui me concerne, à titre philosophique,
04:50
je suis très favorable à ça.
04:52
Je reste modeste parce que je suis en face d'un médecin que j'estime particulièrement.
04:58
J'ai tous les défauts sauf la flagornerie.
05:00
et je ne suis pas le plus mal placé pour dire qu'il s'est montré très humain
05:05
à l'égard de membres de ma famille.
05:09
Donc, je l'écoute vraiment avec respect et gratitude.
05:12
Il n'en demeure pas moins
05:13
que pour moi, la vie n'est pas absolument sacrée.
05:18
Je n'ai pas été un partisan acharné de l'abolition de la peine de mort.
05:22
Je suis favorable à l'avortement,
05:24
même si je considère que c'est un drame absolu.
05:29
Et en ce qui me concerne,
05:30
je souhaite effectivement avoir la faculté de mourir quand je le veux.
05:34
Et j'ajoute,
05:36
Philippe, même si je ne suis pas malade.
05:39
Voilà, Philippe Juin.
05:40
C'est une position...
05:41
Moi, j'ai deux, trois principes.
05:42
Le premier, c'est que quand j'entre dans une chambre en blouse blanche,
05:46
je ne veux pas que le patient ait à se poser la question de pourquoi je viens.
05:49
Donc, ça, c'est un premier élément.
05:51
Le deuxième élément, c'est que j'ai rencontré des gens qui m'ont demandé de mourir.
05:54
Parmi mes patients, durant ma carrière.
05:57
Et ce que j'ai observé, c'est quand on arrivait à donner une réponse à leur demande d'aide,
06:02
parce qu'en réalité, il y a toujours une demande derrière.
06:05
Eh bien, en fait, la demande de mort disparaît.
06:08
C'est quoi les demandes ?
06:08
C'est évidemment la souffrance physique,
06:10
c'est l'isolement social.
06:11
Les gens qui sont tout seuls,
06:13
quand vous commencez à leur dire,
06:15
vous comptez pour moi,
06:16
vous leur tenez la main,
06:18
eh bien, les demandes de mort disparaissent.
06:20
Moi, ma crainte, si vous voulez,
06:21
c'est qu'à la fois compte tenu du fait que
06:23
les soins palliatifs soient aussi difficiles à obtenir en France.
06:27
C'est qu'il y ait des demandes d'euthanasie par défaut,
06:30
parce que les gens n'ont pas accès aux soins palliatifs.
06:32
Et aussi, dans tous les pays où ça a été légalisé,
06:36
on observe une chose, quoi qu'on le dise,
06:39
c'est que ce sont d'abord les plus pauvres
06:40
qui bénéficient, entre guillemets, de l'euthanasie.
06:43
Et pourquoi ? Parce que quand on est riche,
06:45
la fin de vie, elle est moins compliquée que quand on est pauvre.
06:48
Quand on est riche et qu'on est entouré,
06:50
quelqu'un pour vous laver, vous aider à manger,
06:52
vous entourer, vous soigner,
06:54
vous porter dans la baignoire la douche,
06:57
c'est plus facile que quand vous êtes tout seul dans votre studio,
06:59
au quatrième étage,
07:01
et que personne ne vient vous voir.
07:02
Il n'en demeure pas moins que m'aide à vivre
07:08
le fait de savoir que je pourrais mourir
07:11
quand je le voudrais, en étant aidé.
07:13
Je comprends.
07:14
Et je t'ai dit en aparté que si ça se trouve,
07:16
au dernier moment, j'aurai la trouille et je changerai d'avis.
07:18
D'ailleurs, c'est intéressant, dans l'Oregon,
07:20
qui est un état en Amérique du Nord,
07:22
eh bien, il y a un suicide assisté.
07:24
Mais ça se passe comment ?
07:24
Le médecin fait une prescription,
07:26
vous allez à la pharmacie acheter la pilule,
07:28
et vous rentrez chez vous, vous l'avalez.
07:29
Mais en fait, une personne sur deux,
07:32
qui a acheté la pilule,
07:33
la met dans sa table de nuit,
07:34
il ne l'avale pas.
07:36
Ça peut me ressembler.
07:37
Et donc, voyez, voyez...
07:39
Il y a tous les cas de figure,
07:41
il peut aussi vivre dans la crainte
07:43
de savoir qu'il y a cette pilule dans son tiroir.
07:45
Tant qu'il ne la donne pas à sa belle-mère,
07:46
vous me direz, ça n'est pas mal.
07:47
Vous donnez des mauvaises idées,
07:49
pour les gens, à nos auditeurs.
07:51
Ce que je veux vous dire,
07:51
c'est que la loi que nous allons voter,
07:54
ce n'est pas ça du tout.
07:55
C'est qu'on vous donne un rendez-vous.
07:57
Rendez-vous mercredi prochain à 15h pour l'injection.
07:59
Et voyez, il y a une pression qui vous élise.
08:01
Et moi, je crois qu'une loi comme ça,
08:03
elle doit être avec des critères très rigoureux.
08:06
Et encore, on voit qu'il saute.
08:08
Il n'y a pas de critères rigoureux.
08:09
C'est une loi qui est en réalité
08:10
qui va s'attaquer aux plus vulnérables.
08:12
19h26.
08:13
On va marquer une pause, professeur Juvin.
08:14
On vous retrouve dans quelques minutes.
08:16
J'annonce juste à nos auditeurs
08:17
que maître Christophe Ingrin,
08:19
l'un des avocats de Nicolas Sarkozy,
08:21
sera avec nous tout à l'heure
08:22
à partir de 20h10.
08:24
Nicolas Sarkozy,
08:24
fixé sur son sort
08:25
dans le procès du financement présumé libyen
08:29
de sa campagne présidentielle en 2007.
08:31
Fixé sur son sort le 25 septembre prochain.
08:34
C'était aujourd'hui les plaidoiries de la défense.
08:36
A tout de suite sur Europe.
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