00:00Je vous parle de solidarité avec les étudiants et les ouvriers et vous me parlez de travail et de gros plans !
00:07Vous êtes en dehors !
00:17Le Festival de Cannes, c'est l'histoire de plusieurs histoires.
00:20Celle des années d'espérance de l'après-guerre,
00:24celle des années de croyance dans l'idée que le cinéma allait changer le monde
00:29et celle de la perpétuation de cette croyance, car nous pensons toujours que le cinéma va changer le monde.
00:38Pour trois semaines, Cannes est devenue la capitale du cinéma international
00:43et le festival, projeté avant-guerre, a rendu à Cannes l'animation des temps heureux.
00:52Il s'agit de manifester avec un retard d'une semaine et demie
00:56la solidarité du cinéma sur les mouvements étudiants et ouvriers qui se passent en France.
01:02La seule manière pratique de le faire est d'arrêter immédiatement toute projection.
01:13Quand on dit que le festival est politique, ce sont les artistes qui le sont.
01:17Et encore heureux, les artistes ne se vivent pas hors du monde et mettent leur discipline au service de convictions.
01:27C'est la première fois qu'une femme obtient la Palme d'Or.
01:31Je pense qu'il faut dire qu'il y a un sexisme inhérent dans l'industrie.
01:36Je suis une championne à tous les attributs. C'est la première réalisatrice à avoir été Palme d'Or.
01:42La première réalisatrice à avoir été présidente du jury.
01:46Elle a gagné la Palme d'Or du court-métrage et la Palme d'Or des longs-métrages.
01:53L'initiative est une première, alors les projecteurs ont un peu de mal à s'habituer à l'air du port.
01:58Le directeur du festival retrousse les manches de son smoking pour faire quelques réglages.
02:02Et le film de Coppola commence vraiment.
02:05C'est très surprenant parce que le lieu est complètement artisanal, presque improvisé.
02:10Et les gens sont venus là comme s'ils allaient à un concert de rock.
02:13C'était l'année où Gilles Jacob m'a appelé à ses côtés et j'apprenais le métier comme le petit scarabée.
02:19Il m'a appris ce métier-là et je suis toujours là alors que je ne pensais pas que je resterais très longtemps.
02:26J'étais un grand festivalier et j'aimais bien être festivalier, être à l'intérieur de la machine.
02:33Ça me faisait un peu peur.
02:34Vous avez ressenti quoi quand vous avez eu ce fameux coup de téléphone ?
02:37J'ai pensé que c'était un grand privilège et je le pense toujours.
02:50Je comprends Hitler. Je pense que je comprends l'homme.
02:55Il n'est pas ce que vous pourriez appeler un brave type, mais oui, je comprends beaucoup du personnage.
03:04C'est génial. Ce qui nous arrive, c'est génial. Et puis on a tellement donné sur ce film.
03:08Je sais pas si vous savez, mais il y a un film qui s'appelle « L'Homme ».
03:12C'est un film qui s'appelle « L'Homme ».
03:14C'est génial. Ce qui nous arrive, c'est génial. Et puis on a tellement donné sur ce film.
03:18Je suis au courant que le film plaît énormément aux jurys.
03:22Le jury est au courant qu'il n'est pas question de donner un prix d'interprétation aux actrices s'ils donnent la palme d'or au film,
03:28puisque le règlement l'interdit.
03:30Et Steven Spielberg me dit qu'il faut qu'on trouve une solution.
03:35Et la solution fut celle qu'on a eue, c'est-à-dire pour la première fois et la seule fois,
03:40car il n'y a de bonnes exceptions que quand elles sont uniques.
03:43Le réalisateur a eu la palme d'or.
03:46Et ces deux actrices considéraient comme, d'une certaine façon, les co-auteurs du film.
04:13Il était important de donner cette parole, de donner la possibilité à ce que le tapis rouge puisse servir à une idée exprimée par celles qui souhaitaient le faire.
04:31Et en effet, toutes ces femmes sont venues.
04:34Les 82, c'était aussi une critique en creux du festival, puisque c'est le nombre de femmes venues en compétition.
04:42Très peu, très très peu.
04:48Les marches du Palais des festivals désespérément immaculées, orphelines de leur emblématique tapis rouge,
04:53cannent vite un mois de mai.
04:55Son festival, c'est une première depuis mai 68.
04:58La traditionnelle affiche qui orne le toit du Palais a été remplacée par une immense banderole d'hommages aux soignants.
05:04On n'a pas mal vécu ça parce que la situation épidémique française et mondiale était grave
05:09et qu'il y avait donc des choses plus graves que de se lamenter que le festival de Cannes, le plus grand festival de cinéma au monde, soit-il, n'avait pas lieu.
05:19C'est les conséquences qui nous ont attristés pour cette ville, pour les artistes, pour un certain nombre de gens qui perdaient leur travail.
05:33C'est une renaissance, ce sont les retrouvailles.
05:39Marion Cotillard, il y a un an, alors qu'on pensait que Cannes aurait quand même lieu,
05:44elle me disait si Cannes a lieu, ça va être une de ses fêtes.
05:48Et on s'est parlé il y a quelques jours et on s'est dit, on se dit la même phrase,
05:52mais un an plus tard, Cannes a lieu, il faut que ça soit une de ses fêtes.