Des sketchs dans le jardin au grand écran, Philippe Lacheau raconte ses débuts

Brut

14 ans, une petite caméra, des sketchs dans le jardin, 0 contact dans le cinéma mais des rêves plein la tête. Ça a commencé comme ça pour le réalisateur d'Alibi.com - Le Film 2, Philippe Lacheau. Pour Brut, il raconte la débrouille de ses débuts.

Transcript

00:00Quand j'avais 14 ans, effectivement, mes parents m'ont offert une caméra.

00:05Plutôt, ils ont cédé à ma demande parce que je n'arrêtais pas de les harceler.

00:10Ils n'avaient pas l'argent pour m'offrir cette caméra.

00:12C'était l'arrivée du numérique.

00:13Donc, des amis ont prêté l'argent à mes parents, m'ont offert cette caméra.

00:17Au début, mes parents, ils avaient un caméscope,

00:19mais qui était pourri parce qu'il y avait un problème d'autofocus.

00:21Je rentre dans les détails, on t'en fout complètement.

00:22Mais en fait, ça faisait des flous, n'importe...

00:25Alors que tu ne demandais pas, tu ne faisais pas le point, ça faisait des flous tout seul.

00:29Donc, j'ai dit, non, il me faut un truc, quand même,

00:30qui filme un peu mieux, avec une meilleure qualité d'image.

00:33Et ils ont investi dans cette petite caméra.

00:34C'était les petites cassettes numériques, à l'époque, les mini-DV.

00:37À partir du moment où j'ai eu cette caméra, là, c'était terminé.

00:40C'est-à-dire que je filmais tout, je faisais des parodies de films d'horreur,

00:42de films d'action, de films d'aventure.

00:45Et je n'avais pas d'acteur au tout, tout début.

00:46Donc, mon frère était un acteur cobaye.

00:49C'est-à-dire qu'il n'avait pas le choix.

00:49Il a quatre ans de moins que moi, du coup, il n'avait pas le choix.

00:51Je lui mettais un faux casque, il faisait le soldat Ryan.

00:54Et je lui dis, alors là, tu t'es pris une balle dans la main et machin et tout.

00:56Bref, mes parents aussi étaient un peu mes acteurs.

00:59Après, c'est devenu mes copains.

01:00On se faisait beaucoup de délires le week-end, quoi.

01:03Et du coup, j'ai tourné des heures et des heures et des heures et des heures.

01:07Et j'ai tout stocké chez mes parents.

01:08Ce qui est incroyable, d'ailleurs,

01:10c'est que tous ces sketchs que je faisais quand j'étais très jeune,

01:14il y a certaines idées que j'ai eues,

01:16qui sont reprises dans les films qu'on a faits après.

01:19Dans Alibi 2, je sais qu'il y a deux vannes

01:22qu'on avait tournées chez moi, chez mes parents quand on était petits.

01:25Et il y a deux vannes qui se trouvent dans le film et qui marchent.

01:28Les gens rient sur ces deux vannes.

01:30Donc, c'est rigolo.

01:31À ce moment-là, quand vous commencez, quand vous avez 14 ans,

01:33vous avez déjà dans la tête que c'est ce que vous avez envie de faire de votre vie ?

01:36Alors, moi, j'ai ce rêve de faire du cinéma.

01:39Après, pour moi, et alors mes parents, j'en parle même pas,

01:42ils semblent un peu inaccessibles sur le papier.

01:44Je ne connais personne dans le cinéma,

01:45c'est ma famille, mais ni de près, ni de loin,

01:48ni même dans la télévision, rien, rien, rien du tout.

01:50C'est tout bête, mais en fait, tu te dis, je m'adresse à qui, je fais quoi ?

01:53Parce qu'à l'époque, il faut se dire que c'était l'arrivée de YouTube,

01:55ce n'était pas encore populaire,

01:56il n'y avait pas les réseaux sociaux, il n'y avait pas tout ça.

01:58Donc, comment tu montres ce que tu fais à qui pour un jour faire un film ?

02:02Tu passes par quelle étape, tu vois ?

02:03Parce que jamais tu ne vas voir un producteur de cinéma.

02:06Déjà, tu vas le voir où, le producteur de cinéma ?

02:08À quelle adresse ? Où tu le rencontres, le gars ?

02:10Et à quel moment le mec, il va te dire,

02:13vas-y, fais un film, ça n'existe pas.

02:15Il y avait quelques écoles de cinéma à l'époque,

02:17mais qui n'étaient pas accessibles pour moi parce que c'était très cher.

02:19Même aujourd'hui, les écoles de cinéma sont quand même très chères.

02:22Donc, je n'avais pas accès à tout ça.

02:24Donc, je me suis dit, comment je vais faire ?

02:26Et à l'époque, j'avais l'exemple de la télévision,

02:28de tous ces humoristes qui passaient par la casse télé pour faire du cinéma.

02:32Donc, il y avait une espèce de plan de carrière comme ça.

02:34Donc, on récupérait toutes les adresses des boîtes de production de télévision,

02:38les adresses de chaînes de télévision.

02:42J'avais un tas de cassettes dans ma voiture.

02:43Donc, j'allais vraiment, je faisais du porte-à-porte, c'était vraiment ça.

02:46Je faisais de la figuration juste pour, à la fin, leur donner une cassette

02:49pour dire, regardez, moi aussi, je fais des trucs rigolos,

02:51moi aussi, j'aimerais bien faire des trucs, machin.

02:52Et jamais vos parents vous ont dit,

02:54bon, t'es bien gentil, mais tu vas aller faire des études pour avoir un vrai métier ?

02:57Euh... Si, ben...

03:00Là où j'ai de la chance, c'est que mes parents,

03:01ils ne m'ont jamais brisé mon rêve d'entrée en disant,

03:03non, non, mais c'est mort, oubliez tout.

03:05Ils n'y croyaient pas, évidemment.

03:08Et ils m'ont dit, bon, il faut quand même que tu aies un diplôme général,

03:12donc passe ton bac, et après, on te laisse un peu de temps, si tu veux,

03:16mais passe quand même ton bac pour que t'aies,

03:18s'il se passe quoi que ce soit, t'aies quand même un minimum de bagage.

03:22Aujourd'hui, le message s'est fait aussi pour un ou une jeune qui dit,

03:25le cinéma, c'est pas pour moi.

03:26Ben, en fait, si, le cinéma, ça peut être pour toi si t'en as envie.

03:29C'est... On ne va pas se mentir, c'est difficile d'y arriver, de percer.

03:36Mais moi, si je n'avais pas eu cette persévérance,

03:39mais mille fois, j'aurais pu arrêter.

03:43En fait, on a essayé de créer notre chose.

03:45Comme on n'est pas venu nous chercher, on a essayé de rentrer par...

03:48On ne pouvait pas rentrer par la porte,

03:49mais on a essayé par la fenêtre, par la cave.

03:51C'est ce qu'il faut essayer de faire.

03:52Mais je pense que dans la vie, c'est un peu comme dans tous les métiers,

03:54si t'as pas les contacts, rien, c'est comme ça qu'il faut essayer de faire.

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