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  • 25/03/2025
"On était dans des voitures officielles, on entendait leurs conversations…"

En cherchant des caméras de surveillance en Ukraine, les journalistes de Reflets se sont invités dans les voitures de police de Kyiv, obtenant des informations sensibles. Voici ce qu'ils en ont fait.

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Transcription
00:00On s'est retrouvé d'abord avec une voiture qui roulait dans les rues de Kiev
00:07avec une caméra pointée vers l'extérieur à travers le pare-brise.
00:11Puis à force de regarder un peu plus précisément,
00:14on est tombé cette fois sur des policiers ou des membres de services de sécurité.
00:20C'est comme ça qu'on a vu qu'on était dans des voitures, en tout cas officielles.
00:23Pourquoi ? Parce qu'elles passaient tous les barrages sans s'arrêter
00:26et que les soldats leur faisaient des petits coucous de la main.
00:29Les policiers, quand les voitures roulaient,
00:32les caméras montraient des barrages sur les routes à certains endroits.
00:37Donc c'est un problème. Pourquoi ?
00:38Parce que ça donne une information sur les défenses de Kiev
00:44et ce qu'ils se disaient ou ce qu'ils pouvaient dire aussi quand ils téléphonaient.
00:48On entendait leurs conversations.
01:00Ça nous a pris 48 heures.
01:02On a testé dans les 60-70 000 caméras connectées.
01:06Sur ce total-là, 2 000 diffusent un flux accessible.
01:11Les autres sont protégées par des logins, mots de passe compliqués.
01:16Là, celles qui sont accessibles, en fait,
01:18sont des caméras qui sont restées telles que le fournisseur les a configurées.
01:24Elles ont un mot de passe qui est admin, admin, 1, 2, 3, 4.
01:29On a scanné l'ensemble de l'Internet ukrainien
01:32à la recherche de certains objets connectés qui sont des caméras de vidéosurveillance.
01:37Sur Internet, les machines qui sont connectées ont une adresse IP
01:41et généralement répondent quand on leur pose des questions de manière polie.
01:46On leur dit « est-ce que tu es une caméra de vidéosurveillance ? »
01:50et elles répondent oui ou non.
01:51À partir de là, on relance une deuxième couche qui est
01:55« est-ce que ton flux de vidéos est accessible à distance ? »
02:01Elles répondent oui ou non.
02:02Si c'est oui, à ce moment-là, nous, on commence à regarder, cette fois à la main,
02:06quel type de flux elles diffusent.
02:16Par exemple, le deuxième article que l'on a fait sur ce sujet,
02:20c'est un visiophone qui lui est aussi connecté à Internet.
02:24Le visiophone, c'est l'interphone que vous avez en bas de votre immeuble.
02:29Et là, ce visiophone, en fait, pointait sur un blindé
02:33qui était stationné à un endroit particulier.
02:36Et donc, cet endroit, il est assez facilement reconnaissable
02:41aux façades des immeubles qui sont autour.
02:44Ça pose évidemment un souci,
02:45puisqu'on voit qu'il y a beaucoup de militaires qui font des allées-venues dans cet immeuble.
02:51Là, c'est une cible évidente pour les Russes.
02:54Il y a un agressé et un agresseur.
03:03On va plutôt aider la personne qui est agressée que l'agresseur.
03:09On s'est aussi dit que si nous, on pouvait faire ce genre de choses
03:14en 48 heures avec des tout petits moyens,
03:16certainement, les services de renseignement, notamment russes,
03:20pouvaient avoir fait la même chose.
03:22Un émissaire de Reflet.info est allé à l'ambassade d'Ukraine à Paris,
03:29demander à rencontrer un officier de sécurité
03:33qui, effectivement, est arrivé à regarder le document qu'on avait compilé.
03:39Il nous a chaleureusement remercié et est parti en courant
03:42en disant qu'il allait envoyer un message à Kiev tout de suite,
03:47ce qui a visiblement été fait,
03:48puisque quatre heures après, les caméras étaient dotées de véritables mots de passe.

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