Vincent vend les produits dont les supermarchés ne veulent pas

Brut

25/03/2025

Fruits et légumes moches, œufs "trop petits", viande mal tranchée, produits dont la date limite d'utilisation optimale est expirée…

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00:00Ce qui est demandé, c'est plus de 53 grammes.

00:02Et ça, vous voyez que c'est un oeuf qui est un peu trop petit.

00:04Ces oeufs qui sont trop petits, aujourd'hui, ils sont jetés.

00:07Et ça représente 9 milliards d'oeufs par an en France qui sont mis à la poubelle.

00:13Pendant ce temps-là,

00:16cet oeuf, on ne le trouve pas dans les rayons des supermarchés.

00:19Pas plus que ces betteraves, ces panets ou ces rutabagas.

00:22Nous, notre combat, c'est la lutte contre le gaspillage alimentaire.

00:25Donc, quel que soit l'origine du produit, s'il est bon, s'il est de qualité

00:29et qu'il est vendable, on le prend et on le propose aux clients

00:33qui ont envie, à travers leur acte d'achat,

00:36d'avoir un impact positif sur l'environnement.

00:38Dans le magasin de Vincent, on vend des produits, fruits, légumes,

00:41oeufs, conserves et viandes censés finir à la poubelle.

00:45Donc là, on est devant le rayon fruits et légumes.

00:48On propose des produits qui ne sont pas tout à fait au calibre,

00:50pas tout à fait aux mêmes normes.

00:52Donc, on a par exemple des pommes comme celles-ci qui sont un peu marquées

00:56et en plus, qui sont trop petites.

00:57Donc globalement, tout ce qu'on propose, c'est des produits

00:59qui sont injustement rejetés

01:02parce qu'ils ne correspondent pas exactement au calibre habituel qui est attendu.

01:06Alors, c'est des produits qui finissent à la poubelle en général.

01:10On récupère, on trie, donc c'est un peu chronophage.

01:12Ça demande plus de temps que sur des magasins habituels,

01:16mais ça permet de sauver.

01:17Là, vous avez une palette entière de citron qui a été sauvée

01:21et les clients, du coup, se retrouvent avec des produits

01:23qui sont vendus 30% moins cher.

01:25Donc, c'est du gagnant pour le producteur.

01:27Il peut vendre ses produits alors qu'ils auraient dû les jeter.

01:30C'est du gagnant pour le consommateur qui paye 30% moins cher.

01:33Et nous, ça nous permet de développer tout un réseau de magasins

01:36où l'impact écologique est réel.

01:38Cette épicerie, c'est Nous Antigaspi.

01:41La première a ouvert en mai 2018 à Meulès, en Bretagne.

01:44Depuis, sept magasins ont suivi.

01:48C'est les mêmes produits qu'on va trouver dans l'enseigne d'à côté,

01:52à un prix beaucoup plus intéressant.

01:54Et au lieu de le jeter à la poubelle,

01:56effectivement, c'est quand même beaucoup plus intéressant de le consommer.

01:59On vient sans liste.

02:00C'est un peu le principe du lieu.

02:02On vient sans liste et on prend ce qu'on trouve en général.

02:04Et on aime bien ce système de consommation.

02:07Chaque année, en France, 10 millions de tonnes de nourriture sont jetées,

02:11soit 30 kilos par habitant, dont 7 finissent à la poubelle

02:14avant même d'avoir été consommées.

02:16Aujourd'hui, les mentalités ont changé et beaucoup de personnes

02:19ont envie de consommer différemment,

02:22ont consommé plus malin

02:24et savent très bien que le gaspillage alimentaire,

02:26c'est une source majeure de problèmes écologiques

02:29aujourd'hui sur notre planète.

02:30Et à travers l'acte d'achat, de pouvoir changer, avoir un impact positif là-dessus.

02:34C'est un enjeu qui convainc de plus en plus de personnes.

02:38Donc là, c'est tous les produits laitiers.

02:40Donc, on explique sur chaque étiquette.

02:41Voilà, par exemple, la différence entre la DLC et la DLUO.

02:46Donc ça, c'est une date limite de consommation.

02:48Ça, on n'a pas le droit de le vendre après.

02:50Par contre, la DLUO, donc date limite d'utilisation optimale.

02:53On peut le vendre au-delà et évidemment, on peut le consommer au-delà.

02:56Donc, par exemple, ça peut être du riz, des pâtes.

02:59Six mois, un an après la date limite, le produit est excellent.

03:03Il a gardé toutes ses qualités gustatives et il peut encore être vendu.

03:08Alors qu'auparavant, c'était des produits qui étaient jetés.

03:11Là, on a l'exemple des oeufs.

03:15Ça, c'est un oeuf qui est un peu trop petit.

03:16Donc ça, c'est des oeufs qu'on achète.

03:17C'est des oeufs bio d'une petite ferme d'à côté.

03:20Je vous montre l'écart par rapport à un oeuf, un oeuf normal.

03:24Voilà, ça, c'est ce qui est demandé.

03:25C'est plus de 53 grammes.

03:27Et ça, vous voyez que c'est un oeuf qui est un peu trop petit.

03:29Ces oeufs qui sont trop petits, aujourd'hui, ils sont jetés.

03:32Et ça représente 9 milliards d'oeufs par an en France qui sont mis à la poubelle.

03:37Donc, quand l'oeuf est trop petit, aujourd'hui, plutôt que d'essayer

03:39de trouver d'autres sources de valorisation, on préfère jeter.

03:43Et ça ne peut pas continuer comme ça, clairement.

03:45Tous les produits, aujourd'hui, sont calibrés.

03:48Il y a des cahiers des charges qui régissent les relations entre les producteurs

03:52et les distributeurs.

03:53Et ces cahiers des charges imposent des formats, des limites.

03:57Ces cahiers des charges vont vers l'esthétique.

03:59Nous, on fait la preuve que les consommateurs,

04:01certains consommateurs sont prêts à agir différemment, à penser autrement.

04:05Ça, c'est du jambon sec.

04:07On travaille avec un trancheur qui, en fait,

04:10prépare les tranches de jambon pour en faire des belles barquettes bien lisses,

04:14comme on trouve dans n'importe quel supermarché.

04:17Et forcément, la trancheuse, elle ne tranche pas toujours bien.

04:19Donc, il y a des produits qui sont mis de côté.

04:22Et donc là, on a travaillé avec lui pour revaloriser

04:25ses produits dans des barquettes spécifiques.

04:27C'est vendu avec une étiquette Nous Antigaspi,

04:30parce que c'est un produit spécifique qu'on a fait.

04:32Et du coup, c'est un produit qui retrouve preneur avec un prix au kilo

04:36qui est de 14 euros le kilo, donc pour du jambon sec,

04:39c'est un prix qui est très faible et qui est super intéressant pour les consommateurs.

04:44On a été mal habitués à croire que tous les produits arrivent calibrés,

04:49arrivent parfaitement lisses, avec une jolie couleur, etc.

04:52Non, la nature est variée.

04:53Et nous-mêmes, dans notre propre vie, on sait qu'il y a toute une variété.

04:57Donc, on essaie, nous, de toutes ces belles natures un peu différentes,

05:01de leur donner une deuxième chance et de proposer aux consommateurs de les acheter.

05:06Petit et moche.

05:07Elle n'a pas l'air stable.

05:09Un peu sourie, on dirait.

05:10Sole et pas présentable.

05:14Bizarre.

05:15À partir des années 70, on a complètement changé de mode de distribution.

05:19Il arrivait des grands hyper, on massifiait la façon de faire ses achats,

05:23et notamment l'offre.

05:25Et en plus des fruits et légumes, tout le reste est devenu très marketé.

05:28Ce que ça veut dire très marketé, c'est qu'on a mis des jolis emballages

05:31et ça a été de plus en plus design.

05:34Et à partir des années 2000, on constate que dans la consommation en général,

05:38il y a eu une volonté d'avoir plus d'esthétisme.

05:41Et donc, à partir du moment où tout le reste avait beaucoup évolué,

05:45avec des paquets de biscuits, des paquets de l'épicerie

05:49qui étaient très jolis, avec beaucoup de dessins, etc.,

05:54où on ne voyait plus le produit du tout,

05:56le consommateur, et ça a été plus vrai en France,

05:58a voulu des produits luisants, avec un joli aspect.

06:02Nous, on pose des enquêtes aux consommateurs.

06:04Qu'est-ce que c'est qu'un aliment de qualité ?

06:06On voit arriver en 2005 des Français qui vous disent

06:09que c'est un produit qui est beau, un produit qui a un joli aspect.

06:13Et donc, ça a touché les fruits.

06:14Donc, l'offre s'est adaptée.

06:15On a fait des pommes toutes du même calibre,

06:18avec de la cire pour qu'ils brillent, etc.

06:20Il faut changer les croyances sur le fait qu'un produit tâché,

06:25eh bien, en effet, peut-être qu'il y a un insecte qui l'a mangé,

06:28mais il est quand même bon à manger.

06:29C'est qu'on a tellement mis de l'hygiène, du sanitaire,

06:32c'est que ça va être compliqué d'expliquer à tout le monde

06:35qu'un fruit qui est un peu mûr ou une banane qui est un peu marron,

06:39il se mange quand même, en fait.

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