“J’ai été violée en 1993”. Avec 19 autres femmes, la journaliste Hélène Devynck a témoigné sur Mediapart accusant PPDA de viols et d’agressions sexuelles.
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00:00Moi, je suis arrivée en 89 à TF1. J'ai été violée en 93.
00:04C'était inimaginable de parler de pouvoir
00:07de Patrick Poivre-Darvor dans la rédaction,
00:09où l'abus de son pouvoir était tel
00:12qu'on avait aucune chance de se faire entendre.
00:16Marie-Laure, par exemple, elle a essayé de porter plainte en 85.
00:19On l'a découragée, on l'a découragée avec raison.
00:21Elle était montée dans la chambre d'hôtel, c'était fini.
00:24Personne ne l'aurait écoutée.
00:25Caroline, elle a parlé à des journalistes.
00:28En 89, il y avait un article qui est sorti sur son témoignage.
00:32Il s'appelait un satire à TF1 sur un viol de lycéenne.
00:35Parler, c'était exploser son avenir professionnel,
00:39si ce n'est pas son avenir personnel aussi.
00:42Donc, le silence était imposé,
00:44et était imposé par la structure de TF1 et par la société autour.
00:49Et d'ailleurs, ce silence, on le voit encore aujourd'hui.
00:59C'est témoignage.
01:00Patrick Poivre-Darvor y a répondu
01:02par une plainte en dénonciation calomnieuse
01:04qui vise 16 d'entre vous.
01:06Patrick Poivre-Darvor est présumé innocent.
01:09D'ailleurs, il nous fait savoir par la voix de son avocat
01:11qu'il, je cite,
01:12conteste toute violence sexuelle ou non à l'égard des femmes
01:16qui l'ont accusée.
01:17Des enquêtes judiciaires sont en cours.
01:19La justice fera son travail de son côté
01:21et de l'enquête judiciaire.
01:22C'est une enquête judiciaire,
01:25sont en cours.
01:26La justice fera son travail de son côté.
01:28Ici, nous ne nous substituons pas à la justice.
01:30Nous faisons un travail journalistique
01:32en apportant à la connaissance du public des témoignages,
01:35les vôtres.
01:36Certaines d'entre vous parlent pour la première fois,
01:38mais aussi la version de Patrick Poivre-Darvor
01:40qui n'a pas souhaité nous répondre malgré nos sollicitations.
01:43Ce qui est sidérant, c'est la concordance de nos témoignages.
01:45On décrit le même homme.
01:47On ne se connaît pas, on n'a aucune raison de mentir.
01:49On ne va pas revenir là-dessus, on n'a aucune raison de parler.
01:52Et on décrit exactement les mêmes gestes, les mêmes mots,
01:55les mêmes circonstances.
01:57Par exemple, ce qu'on appelle le coup du plateau,
01:59c'est-à-dire le fait de faire venir des jeunes femmes
02:01qui viennent absolument pour autre chose sur le journal.
02:05Ils ne leur parlent pas.
02:06Ils les mettent dans un état où elles sont hyper mal à l'aise.
02:09Ensuite, quelqu'un les monte dans le bureau.
02:12Ils arrivent dans le bureau et ils leur sautent dessus.
02:14On en a...
02:15Là, vous avez... On est 20,
02:18mais en vérité, des gens qui nous ont parlé,
02:21qui nous ont raconté, on doit être à une soixantaine de témoignages.