Retoucher son corps sur des photos et vidéos pour paraître plus beau sur les réseaux sociaux, c'est ce que promettent de nombreuses applications. Louise en a testé une, et pour elle, cette mode est nocive pour la santé mentale. Voici pourquoi…
00:00Abs ? Non mais attends, est-ce que ça veut dire que je vais pouvoir me faire des abdos apparents ?
00:05Je peux choisir mon type d'abdos.
00:09Non mais c'est un délire !
00:10Ça fait très vrai ! Et alors si je veux me grossir les seins, je veux me grossir un petit boob.
00:16Allez, on peut y aller en vrai. Je me suis toujours demandé à quoi je ressemblais si j'avais des gros seins.
00:21Ce que je trouve dingue
00:23avec ce genre d'application, c'est que ça perpétue vraiment l'idée qu'il y a une certaine forme de corps à avoir
00:29et qu'il y a une certaine forme de corps à ne pas avoir. Et du coup, je trouve ça hyper toxique parce que
00:34plutôt que de se dire qu'en fait il n'y a pas de problème dans l'absolu avec notre corps, ce qui est le cas,
00:39non, on va essayer de se cacher derrière
00:43ce corps idéal qu'on semble pouvoir atteindre avec une application, alors qu'au fond ce n'est qu'une illusion. C'est une espèce de cercle vicieux
00:50de... Ok, donc il y a des standards de beauté,
00:53évidemment c'est des standards inatteignables,
00:55donc il y a des applications qui naissent
00:57pour nous donner l'illusion qu'on peut les atteindre, donc on les publie.
01:00Donc les personnes qui voient ces photos se disent qu'il y a un problème avec leur corps parce que la personne qu'on voit a cette
01:05taille parfaite, a
01:07cet écart entre les cuisses, a cette parfaite taille de sein, et donc se mettaient aussi à utiliser l'application pour faire croire qu'eux aussi sont parfaits
01:14et en fait au final ça ne sert personne. Limite si les personnes voulaient retoucher leurs photos, leurs vidéos,
01:19mais qu'ils le précisaient,
01:21je pense qu'il y aurait un certain recul qu'on arriverait à prendre en mode, ok bon voilà c'est de la vidéo retouchée, c'est de la photo retouchée,
01:28c'est pas la réalité.
01:29Mais là c'est pas le cas. Là on va voir ces vidéos et on va se dire
01:33qu'en fait il y a des physiques comme ça qui existent
01:35et que du coup si nous on n'arrive pas à ressembler à ça, c'est nous qui avons un problème.
01:43C'est quoi le corps parfait aujourd'hui selon les standards des réseaux sociaux ?
01:46Déjà je dirais qu'ils évoluent très vite,
01:48en fonction des tendances du moment et en fonction des personnalités du moment.
01:53J'ai l'impression quand même qu'aujourd'hui ça va être cette femme qui reste mince
02:00mais qui arrive à avoir quand même une certaine paire de seins, une certaine paire de fesses, donc il y a des formes
02:05mais on va dire des formes aux bons endroits.
02:07Et c'est d'ailleurs pour ça qu'aujourd'hui il y a aussi des critiques un peu parfois envers le mouvement
02:12body positive ou envers les marques qui commencent à avoir des mannequins plus size entre gros guillemets.
02:17C'est qu'en fait ce sont quand même des femmes qui perpétuent des standards de beauté un peu
02:23irréalistes, ou en tout cas réservés vraiment à une minorité de personnes
02:26parce que ça va quand même être des femmes qui ont des formes mais juste aux bons endroits.
02:29Finalement, est-ce que c'est pas mieux de modifier son corps via une application que via la chirurgie esthétique ?
02:33Je pense que la différence repose quand même dans le fait qu'à partir du moment où tu fais la chirurgie
02:38tu te vois différemment dans le miroir, c'est devenu qui tu es.
02:42C'est là où si tu changes ton corps sur une application, un peu comme quand tu mets des filtres,
02:47au final la personne que tu vas voir dans le miroir ce ne sera pas la même.
02:50Et ça je pense que c'est hyper nocif pour la santé mentale
02:54parce que ça ne peut créer que des complexes, c'est-à-dire qu'on ne peut que se trouver laids et repoussants et non désirables
03:01si le soi qu'on montre sur les réseaux sociaux est différent du soi qu'on voit dans le miroir.
03:06Qu'on est toutes et tous capables de reconnaître qu'on aime les personnes autour de nous pour qui ils sont
03:10et pas pour ce à quoi ils ressemblent. Et pourtant, quand c'est par rapport à nous, on a énormément de mal à avoir cette même bienveillance.
03:18Est-ce que les réseaux sociaux créent de plus en plus de troubles mentaux tels que la dysmorphophobie ou les troubles du comportement alimentaire par exemple ?
03:26Je peux en parler parce que j'ai vécu les deux. Et comme je ne suivais que des fit girls au corps parfait,
03:31très no pay no gain, qui partageaient le message qu'on pouvait avoir le corps qu'on voulait
03:37si on travaillait assez, au final si on se restreignait assez, je suis malgré moi tombée dans ce qu'on appelle l'orthorexie
03:43qui est donc la volonté de contrôler vraiment ce qu'on mange, de contrôler le sport qu'on fait et d'essayer de tout faire parfaitement.
03:49Pour moi, il y a un réel enjeu de société dans le fait de déjà parler des troubles alimentaires.
03:55Et il y a un vrai travail à faire sur les retouches, sur l'honnêteté et la transparence.
04:00Je crois que c'est le cas maintenant sur les affiches publicitaires, notamment dans le métro.
04:04Quand on doit préciser quand une photo a été retouchée, j'attendrai de la part des plateformes comme Instagram, TikTok ou autres applications
04:13de faire en sorte que ce soit obligatoire de préciser quand une photo ou une vidéo a été retouchée.
04:19Ce qui m'a aidée à retrouver une image saine de moi-même, de mon corps, c'est de m'en foutre.
04:24C'est de consacrer mon temps et mon énergie à autre chose.
04:28A l'époque, là où j'avais le plus de complexe, c'est là où j'ai commencé à développer mes réseaux sociaux,
04:33où j'ai créé une chaîne YouTube, puis un podcast, puis une marque de sous-vêtements.
04:37Et donc, de m'accomplir en tant que personne, ça m'a vraiment aidée à me détacher de l'obsession du corps.