La colère des Libanais, un an après l'explosion à Beyrouth

Brut

Un an après l'explosion sur le port de Beyrouth, de nombreux Libanais sont descendus dans la rue pour crier leur colère. Brut les a rencontrés. #BrutauLiban

Transcript

00:00On a besoin que les choses changent.

00:01Saouda ! Saouda !

00:03Quitte les pouvoirs et qu'ils ne reviennent plus.

00:05Diaspora ! Diaspora !

00:07Menace !

00:08Saouda ! Saouda !

00:10Ils sont tous des gars ici.

00:11Ensemble, nous vivrons !

00:13Ensemble, nous vivrons !

00:14Ensemble, nous vivrons !

00:23C'est une foule immense à perte de vue sur le port de Beyrouth

00:26qui est présente ici pour exprimer sa colère et pour rendre hommage aux victimes.

00:29Il y a un an, j'étais dans un bureau ici juste à côté

00:32qui a complètement sauté, explosé, et moi avec.

00:35Et j'ai dû me faire hospitaliser et j'ai survécu.

00:38Personne n'a été nommé responsable.

00:40Il n'y a aucune justice pour les victimes.

00:41Et c'est pour ça qu'on est tous aujourd'hui pour rendre hommage aux victimes

00:44et pour demander justice pour que nos enfants ne vivent pas ce que nous vivons maintenant.

00:48Nos parents ont vécu la guerre.

00:50Nous, on vit une révolution, une chute libre économique.

00:52Depuis l'année passée, on est très traumatisés.

00:54On est fatigués.

00:55On est de plus en plus fatigués même.

00:58Il y a peut-être une petite lueur d'espoir en voyant tellement de monde

01:03de tous les coins du Liban qui se rejoignent à Beyrouth.

01:07Le gouvernement ne nous respecte pas.

01:08Je vais leur dire qu'ils descendent de leur chaise,

01:11que s'ils ont un minimum d'empathie envers nous, un minimum de pitié,

01:16qu'ils descendent et qu'ils manifestent avec nous, qu'ils se dégagent de leur chaise.

01:20Qu'ils partent, qu'ils partent, qu'ils laissent la place à des gens plus compétents

01:23qui pourraient peut-être prendre en charge le pays,

01:25qui pourraient peut-être nous faire penser à un futur et nous donner un peu d'espoir.

01:29Mais pour l'instant, on demande à ce qu'ils partent et également justice.

01:32Il n'y a plus de futur dans ce pays.

01:35J'ai 21 ans.

01:37Maintenant, j'ai fini mon université.

01:39Je ne peux rien faire.

01:40Je ne peux pas travailler.

01:42Si je veux travailler au Liban, le salaire, je ne peux pas manger dans ce salaire.

01:46C'est très difficile de vivre.

01:48On va commencer par le minimum, c'est de manger.

01:52Si tu vas au supermarché, tu ne peux plus rien avoir dans le salaire minimum.

01:55Plus de la moitié de la population libanaise est sous le seuil de la pauvreté.

02:00La livre libanaise ne cesse d'être dévaluée.

02:04Notre livre ne vaut plus rien, ce qui fait que pour ceux qui vivent au Liban

02:07et qui gagnent leur vie en livre libanaise, ils ne gagnent pratiquement rien.

02:11Passez une semaine à Beyrouth et vous comprendrez faire la queue dans l'essence,

02:15n'avoir pas de médicaments ou trouver des médicaments à des prix hors de prix,

02:20avoir des salaires qui sont vraiment réduits à peau de chagrin,

02:24n'avoir pas de maison, c'est-à-dire ne pouvoir pas chauffer,

02:28ni l'eau chaude, ni avoir des airs conditionnés,

02:31ni avoir des moteurs pour avoir de l'électricité, tout simplement,

02:34puisqu'ils nous coupent l'électricité.

02:36Le gouvernement nous a étouffés d'explosions.

02:41Tout le peuple libanais, à tel temps qu'il est mort,

02:45que sa maison est détruite, sa vie est détruite.

02:48Ma maison n'est pas détruite, mais moi je suis détruite.

02:50On ne peut plus vivre ici, on ne peut plus faire un futur ici.

02:53On ne peut rien faire.

02:54Personne ne peut vivre encore dans ce pays. Personne.

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