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  • 25/03/2025
Ils les soignent, les aident à sortir de la rue, à apprendre le français, à se former à un métier…

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Transcription
00:00La France a besoin d'eux.
00:02Et bien, allez, acceptons-les.
00:06Pendant ce temps-là, à Saint-Brieuc,
00:10Françoise, une infirmière à la retraite,
00:12a monté Cajma 22, un collectif de citoyens
00:15pour héberger et accompagner les jeunes migrants à la rue
00:18dans cette ville de 45 000 habitants.
00:20En fait, on a su un jour que six jeunes mineurs,
00:24isolés, étrangers, étaient à la rue.
00:28Et ça a été un peu du bouche à oreille.
00:30On était trois, quatre, on s'est réunis,
00:32et puis on a dit, qu'est-ce qu'on peut faire ?
00:35Moi, j'ai une grande maison,
00:37j'ai pris ma liste de contacts,
00:39j'ai cherché, et voilà.
00:41Il y a des amis qui ont dit, bah oui, moi je vais prendre,
00:43et moi je vais prendre, et voilà.
00:44Donc ces six, là, ont été hébergés très rapidement.
00:49Depuis 2017, près de 200 familles se sont relayées
00:52pour accompagner une cinquantaine d'adolescents.
00:55On dit, bon, ok, on va voir ce qu'on peut faire.
00:58On ne fait jamais de promesses.
01:00On dit, on va essayer.
01:02Et puis on y arrive toujours.
01:05Au-delà de l'hébergement,
01:06l'association favorise l'intégration des jeunes
01:08en les aidant dans les démarches juridiques,
01:10dans l'accès aux soins, à la scolarité
01:12et aux formations professionnelles.
01:14Des bénévoles donnent également des cours de français.
01:19C'est régulier, on a les mêmes élèves,
01:21donc comme ça, on peut les voir progresser
01:23et continuer le même travail avec eux.
01:25Donc on a plusieurs groupes,
01:27ceux qui apprennent à lire et à écrire,
01:29d'autres qui apprennent plus la grammaire,
01:32la conjugaison, etc.
01:34Ils vont vers des formations de métier
01:37où il y a un manque de personnel.
01:39La France a besoin d'eux.
01:41Eh bien, allez, acceptons-les.
01:44C'est des moments de plaisir, vraiment.
01:47Des moments de découverte, d'échange.
01:50Les jeunes font prendre conscience
01:53d'un tas de choses.
01:56C'est extraordinaire.
02:02Au bout de cette route, au cœur des Cévennes,
02:04dans le hameau de Salagos,
02:06Mamadou apprend le métier de maçon.
02:08Il est venu seul en France, il a 17 ans,
02:10il est burkinabé.
02:12Qu'est-ce que t'es en train de faire, là ?
02:14Ça, c'est un dalle.
02:16Pour vous déposer sur le mur.
02:18Dans le centre Louis-de-Fonds,
02:19ils sont une cinquantaine.
02:20La majorité sont des mineurs isolés et étrangers.
02:23Ils sont hébergés et formés à des métiers manuels.
02:26J'ai passé l'examen, c'est 6 mois,
02:29ou 5 mois comme ça.
02:31Tu as du stress ?
02:32Ah ouais, je pense.
02:34Au bout de 2 ans et après 14 semaines en entreprise,
02:36ces jeunes quittent le centre,
02:38diplôme professionnel en poche.
02:39Ici, le taux de réussite en CAP est de 100%.
02:43C'est des jeunes qui s'intègrent facilement à l'équipe,
02:47qui ne rechignent pas la tâche,
02:49ils en veulent, ils sont sérieux.
02:52Ils ont envie d'apprendre.
02:55Pour optimiser leur chance d'intégration
02:57et de réussite professionnelle,
02:58les adolescents apprennent à lire et à écrire.
03:01Moi, je ne savais pas lire ni écrire,
03:03mais alors là, je vais dire Dieu merci,
03:06parce qu'en tout cas, je me débrouille à écrire
03:10pour s'exprimer aussi.
03:12Les élèves suivent aussi des cours d'éducation civique
03:14et d'histoire de France.
03:16En France, j'ai le droit d'apprendre l'histoire de France
03:18pour savoir comment elle est,
03:20qu'est-ce qui s'est passé aussi.
03:21C'est bien pour moi,
03:23pour connaître l'histoire là où tu es.
03:26Ce sont encore des enfants,
03:28ils sont donc particulièrement vulnérables
03:30et aussi influençables.
03:32Ils seront là confrontés à des violences inouïes pour des enfants.
03:35Daniel Brier est psychiatre
03:37et lui, pour l'ONG Médecins du Monde,
03:39à Saint-Denis,
03:40il s'occupe de la santé mentale des jeunes migrants isolés,
03:43ces enfants qui arrivent en France sans leurs parents.
03:46On n'imagine pas ce que ça peut être
03:48pour eux d'être confrontés comme ça à la mort,
03:50presque quotidiennement au cours du trajet.
03:53Et donc, ils ont besoin d'être entendus,
03:56ils ont besoin d'être, j'ai presque envie de dire,
03:58choyés pendant tout un temps
04:00pour pouvoir émerger de toute cette souffrance.
04:02Leur première expérience en arrivant en France,
04:04ils se retrouvent à la rue,
04:06tous, systématiquement.
04:08Et là, ils se retrouvent à la rue dans un pays
04:10qu'ils ne connaissent pas, dont ils ne connaissent pas les codes.
04:12Et ils sont complètement perdus.
04:14Pour pouvoir les prendre en charge correctement,
04:16il faudrait déjà qu'ils puissent avoir un temps
04:18pour se poser avant toute évaluation,
04:21avant tout entretien,
04:22pour savoir s'ils sont mineurs
04:24ou s'ils relèvent d'un statut de réfugiés.
04:27Le travail à faire avec eux,
04:29c'est de les aider à exprimer toutes ces pensées,
04:32à les verbaliser,
04:33à mettre des mots sur les violences qu'ils ont subies,
04:36à mettre des mots sur leurs inquiétudes,
04:38sur leurs angoisses.
04:39Ils se plaignent d'ailleurs d'une espèce de discontinuité dans leur vie.
04:42Donc de pouvoir refaire un peu le récit de leur vie
04:45remet du lien entre le passé, le présent
04:48et permet d'envisager l'avenir.
04:50Après, il faut pouvoir leur proposer aussi une stabilité.
04:54Souvent, ils sont très en demande,
04:56par exemple pour les mineurs, d'être scolarisés,
04:59de pouvoir bénéficier, pour certains,
05:01d'une formation professionnelle,
05:03de pouvoir vivre normalement, comme tout un chacun.

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